La douleur que Pandora ressenti ne pouvait être décrite avec des mots. Instantanément elle perdit tout son souffle, ses moyens, oubliant comment réfléchir, comment respirer.
Elle aurait dû se douter.
Elle aurait dû comprendre que le comportement de Morgane cachait une réalité qu'elle se faisait violence d'oublier.
Aussi violent que la façon dont Morgane attrapa ses poignets et la plaqua contre le lit, moite de leurs ébats. La bulle d'intimité qu'elles s'étaient créées éclata alors que trois Pacificateurs armés les mettaient en joue.
- Morgane ...! gémit Pandora, le coeur battant.
Dans une autre situation, se faire tenir les poignets dans ce genre de moment aurait été tout à fait agréable. Mais de cela découlait une simple et pure panique, elle commençait à respirer plus vite. Essayant de bouger, elle sentait le poids du corps de Morgane sur elle se faire plus lourd, plus menaçant. La vue brouillée par l'angoisse, elle regarda la brune dire aux Pacificateurs.
- N'approchez pas !
- Nous n'obéissons pas à vous, Clay, répondit l'un deux en regardant le corps presque nu de Pandora d'une façon qui mit les deux femmes extrêmement mal à l'aise.
Morgane se rendit compte que tout ceux qui étaient présent les regardaient de cette façon, et elle poussa brusquement l'arrière de la tête de Pandora contre le matelas, l'empêchant de voir. Cette dernière poussa un cri étouffé par le tissus.
- Morgane !!!
- Enfin ! J'imagine qu'il vous fallait ça pour endormir ses soupçons, fit la voix mielleuse de Snow qui regarda le couple comme un aigle regarde sa proie.
La brune déglutit, détachant lentement les boutons de sa chemise en relevant son regard vers lui.
- Ou alors c'était simplement récréatif.
Les Pacificateurs rirent, et le regard de Morgane se fit plein de haine. Ses mains se resserrèrent sur les poignets de Pandora à lui en faire mal.
- Où est Salomé.
- Vous êtes bien pressée. D'abord, rendez vous.
Morgane enleva sa chemise, ne manquant pas de se faire siffler au passage par quelques Pacificateurs qui ricanèrent. Elle enveloppa une Pandora tremblante, et se leva, en soutien gorge, défiant avec un regard à glacer le sang tout ceux qui voudraient faire une remarque.
Tenant Pandora par les mains, elle se laissa menotter, sans rien dire, fixant Snow avec toute sa haine. Une fois entourées par la police de Panem, Snow s'approcha pour dire avec un grand sourire.
- A propos de Salomé... Elle est morte.
- QUOI ?! rugit Morgane en se jetant sur lui, voulant lui donner un coup de poing dans le visage.
Elle fut maitrisée en deux secondes et mise à terre par des Pacificateurs moqueurs, qui singèrent ses gestes sous le regard amusé du président. Alors que des larmes de détresse envahissaient ses yeux, elle rugit:
- Vous aviez promis !!! Vous aviez dit qu'elle était encore en vie !
- Avec tout mon regret et ma colère, si. Elle est morte, de sa propre main, dit il tranquillement en inspectant ses ongles. Veuillez mettre cette furie et sa pute derrière les barreaux.
Morgane lui cracha dessus, un filet de salive qui atteignit son nez, coula sur sa joue. Le regard de Snow, jusqu'ici plus que concupiscent d'avoir réussi son coup, se transforma en dégout puis en haine. Un Pacificateur affolé sortit un mouchoir et essuya le visage bien conservé de son supérieur.
- N'hésitez pas à le faire par la force s'il le faut.
Pandora serrait la chemise contre elle, les yeux écarquillés d'horreur, alors que Morgane poussait un cri, deux hommes la relevant avec des mouvements brusques. Son bras fut tordu dans un angle anormal, et des larmes de douleur apparurent dans ses yeux furibonds.
Ils les poussèrent en dehors de la pièce, laissant les lumières allumées, les draps encore imprégnées de leur odeur.
Pandora ne jeta pas un regard à Morgane.
Elle aurait dû savoir.
*
Cassiopée tapota les barreaux avec un léger soupir ennuyé, puis se tourna vers le coin plus sombre de la cellule.
- Faisons l'état des lieux. Lugubre, insalubre, vide, froid... Bon, au moins, le sol a l'air propre.
Elle passa un doigt expert sur les barreaux, sur les murs, sur le sol, avant de regarder sa phalange qui n'avait pas changé d'aspect.
- Pas de poussière. Pas de bruit, par contre. Ca manque de bruit !
Angelina, recroquevillée dans un coin, la tête entre les mains et les genoux repliés contre le corps, marmonna:
- Tu ne veux pas rester tranquille deux minutes ?
Une lueur de colère froide passa dans les yeux de Cassiopée qui s'avança pour se retrouver devant sa fiancée, poings serrés contre les hanches. Celle-ci vit ses pieds, et releva les yeux jusqu'à son visage pour se prendre une énorme gifle.
- Ca c'est pour m'avoir menti.
Une seconde, au revers de la première, qui sonna encore plus magistrale que la précédente.
- Ca c'est pour nous avoir fourrés dans le pétrin.
Une troisième qui sonna comme une caresse.
- Ca c'est pour être rousse.
Un sourire amusé commença à se dessiner sur les lèvres de Cassiopée qui s'apprêtait à continuer. Ca c'est pour être jolie quand tu dors, ça c'est pour la tête que tu fais quand tu manges un brugnon, ça c'est pour ton peignoir avec des motifs pingouin... Mais le Valet de Coeur attrapa sa main en lui lançant un regard qui la fit s'asseoir sur ses genoux bien sagement devant elle en la regardant, la bouche en coeur.
- T'es une connasse, dit elle d'une voix aimante.
- Je comprend que tu m'en veuilles. Mais on peut éviter de se frapper ?
- C'est pas drôle. Comment j'exprime ma colère, alors ? répondit Cassiopée avec un air de petite pimbêche.
- Tu communiques ?
- J'ai envie de te baffer une nouvelle fois.
- Si tu le fais, je serais fâchée.
Cassiopée se releva avec une mine furibonde, donnant un coup de pied dans les barreaux. Cela lui fit mal et déforma sa chaussure, elle eut un petit cri de mécontentement.
- Vous êtes vraiment trop connes, Morgane et toi ! Nan mais sérieusement, à quel moment vous vous êtes dit "oh oui, quelle bonne idée de faire confiance au président Snow"...
Angelina l'interrompit pour la regarder, les yeux écarquillés, posant un doigt sur ses lèvres pour demander:
- Tu ne fais pas confiance au président Snow ?
- Bien sur que non !
- Attend... Pour de vrai ?! Est ce que tu fais confiance au Capitole ?
- Non...?
- Et aux rebelles ?
- Oui...?
- A ton père ?
- Non.
- A moi ?
- Oui.
- A Iris ?
- C'est pas fini les questions ?! Ca rime à quoi tout ça...?
Angelina ressentait une joie immense, une euphorie qui l'envahissait complètement. Ses yeux brillaient d'une lueur intense, et un sourire radieux illuminait son visage. Ses joues étaient légèrement rosies par l'émotion, et elle sentait son cœur battre plus vite, comme emporté par cette vague de bonheur. Ses mains tremblaient doucement tandis qu'elle serrait sa partenaire dans ses bras avec une tendresse infinie. Ses doigts s'enroulaient autour de ses épaules, et elle fermait les yeux, savourant cet instant. Son souffle était court, presque saccadé, mais rempli de bonheur. Leurs corps pressés l'un contre l'autre, Angelina cherchait à prolonger cette sensation de plénitude, comme si cet instant suspendu dans le temps était tout ce qu'elle avait toujours désiré.
Cassiopée ne s'attendait tellement pas à ce câlin qu'elle se tut, bouche grande ouverte, complètement confuse. La rousse prit son visage dans ses mains en lui disant simplement:
- Tu n'es plus endoctrinée, mon coeur.
- Mais j'ai jamais été endoctrinée !!
- Pense à combien tu étais heureuse que la Louve soit enfermée.
- Oh... Tu marques un point. Mais hé ! Arrête de me regarder avec ce regard. Je suis sensée être fâchée contre toi.
- Parce que si je te regarde, tu ne peux rien me reprocher ?
- Non, mais avec ces yeux, ça me donnerait envie de tout quitter pour toi.
Angelina rougit et marmonna que derrière les barreaux d'une prison lugubre sans lumière, elle préférerait que Cassiopée arrête de dire des bêtises.
- Mais non, au contraire, susurra la blonde en dardant ses yeux de serpent sur elle. Toi et moi, dans une pièce, seules avec des barreaux... Ca fait pas donjon SM ?
Alors que Cassiopée s'écroulait de rire en voyant Angelina rougir, être confuse, puis pâlir en balbutiant "aidez-moi, pitié", elle se releva au bout de quelques minutes pour recommencer à l'engueuler à propos de cet emprisonnement forcé.
Mais elles se turent lorsque des gens firent irruption dans la prison, bruyamment. Le silence qui régnait dans les couloirs fut soudain brisé par un grondement sourd de bottes militaires frappant le sol. Les Pacificateurs, vêtus de leur sinistre uniforme blanc et armés de matraques, s'avançaient avec une détermination froide.
Pandora, encore hébétée, tenta derésister mollement, mais deux Pacificateurs la saisirent brutalement par les bras, lui arrachant un cri de douleur.
- Lâchez-moi ! Vous me faites mal ! s'écria-t-elle, sa voix vibrante de panique.
Morgane, toujours sous le choc, fit un pas en avant pour aider Pandora, mais un coup brutal à l'estomac la coupa net dans son élan. Elle tomba à genoux, le souffle coupé, se pliant en deux sous la douleur. Deux autres Pacificateurs la saisirent sans ménagement, la relevant violemment pour la trainer à sa suite, ses pieds à peine en contact avec le sol.
- Morgane ! haleta Pandora, se débattant contre la poigne de fer qui l'écrasait.
Le chef des Pacificateurs la fixa un instant, son visage impassible, avant de s'approcher lentement.
- Elle est mignonne, grogna-t-il, avant de lui asséner un coup de matraque à l'arrière des jambes, la forçant à s'effondrer sur le sol.
- Tu crois qu'elle est obéissante ? demanda un autre, la tenant par les cheveux malgré ses poignets liés et les deux hommes qui la tenaient.
Pandora laissa échapper un cri étouffé alors qu'elle chutait, ses genoux heurtant le sol froid et dur. Morgane, incapable de rester silencieuse face à cette violence, lutta contre ses ravisseurs, son regard enragé fixé sur ceux qui malmenaient Pandora.
- Arrêtez ! Laissez-la tranquille ! cria-t-elle, mais un autre coup à ses côtes la fit taire, une douleur déchirante l'empêchant de respirer correctement.
- Ouvrez la cellule. On les met avec les autres, lança un Pacificateur en jetant un regard dédaigneux vers les deux jeunes femmes.
Ils les traînèrent sans ménagement, ballotant les deux femmes. Le sol était glissant sous leurs pieds, et chaque tentative de résistance était réprimée par des coups de matraque ou des torsions violentes de leurs bras.
Pandora trébucha plusieurs fois, chaque chute étant suivie d'un coup brutal pour la relever. Morgane, quant à elle, ne pouvait plus lutter, tenue par trois officier tous plus forts et brutaux les uns que les autres. Mais ce qui lui faisait le plus mal n'était pas les coups, c'était la vue de Pandora, sa compagne, maltraitée sans aucune pitié.
Par sa faute et sa naïveté.
Arrivées à la porte de la prison, elles furent jetées dans le cachot, leurs poignets menottés dans le dos, leurs corps meurtris pliés contre les parois métalliques froides. Pandora, le souffle court, fut réceptionnée par une Angelina inquiète.
- Pourquoi elle n'a qu'une chemise ? dit la rousse à sa compagne qui époussetait Morgane.
- C'est ma faute, répondit Morgane d'une voix faible, sa main cherchant à atteindre celle de Pandora malgré les chaînes qui les retenaient.
La blonde repoussa sa main avec violence, mettant Angelina entre elles, sans rien dire, sans lui adresser un regard.
- J'aurais dû me douter, murmura Pandora Lane en leur tournant le dos, couvrant son visage de leur vue.
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