- Pandora, il faut que nous parlions, murmura Kaloss à son oreille lorsqu'elle dansait près de lui.

La jeune femme était dans les bras de Morgane, avec qui elle avait entamé une valse trainante. Il y a quelques minutes, la brune s'était levée et l'avait rejoint d'un air renfrogné. Sans en prendre compte, Pandora l'avait invitée à danser, mais elles n'avaient guère de conversation et s'ennuyaient simplement à deux.

Ainsi, la blonde fut enchantée de voir son tailleur la convoquer ainsi. Morgane moins. Lorsqu'elle remarqua que Lane voulait s'échapper de ses bras, elle eut un regard de détresse.

- Tu vas où ?

- Juste aller danser avec Kaloss. C'est un problème ?

Devant ses yeux légèrement suspicieux, Morgane fit non de la tête rapidement. 

- On se retrouve après, hein ?

- Okay, répondit la blonde avec douceur, quittant ses bras pour rejoindre ceux de l'homme aux cheveux teints.

- Ma chère enfant.

- Kaloss, dis moi tout.

- Je voulais te parler de ce qu'il s'est passé dernièrement.

Pandora se crispa légèrement, repensant aux évènements qui les avait frappés il y a peu. La fin des Hunger Games marquait une époque bien plus calme pour elles, pour eux tous. Cependant, le sauvetage de la Louve et le suicide des deux dernières combattantes donnaient un aspect tendu à chacune des minutes qu'ils passaient les uns avec les autres.

- Où est Iris ? murmura le tailleur.

- Elle est repartie. 

- Quel district ?

- Je ne te le dirais pas ici. 

- D'accord, répondit il, légèrement soulagé. Je voulais te faire part de mes réflexions. 

- Oui ?

- Lors du combat final. Il ne restait que le district 1 et elle. Gladys s'apprêtait à tuer Salomé. C'était évident, elle l'avait immobilisée et brandissait son arme...

- Mmh, déglutit la blonde, légèrement figée.

- Pourquoi elle se serait tuée alors qu'elle gagnait ? Elle n'avait aucune raison de le faire. Et comment savait elle que Salomé était l'enfant légitime de Snow ? 

- Ne prononce pas ça tout haut ...! Je ne sais pas...

- Le Capitole, murmura le tailleur, approchant leurs corps pour pouvoir murmurer ces mots à ses oreilles. C'est le Capitole qui l'a fait, qui a prit le contrôle d'elle et qui...

- Kaloss Abigail Manson, fit une voix de ténor à côté d'eux.

Ils sursautèrent pour regarder avec surprise Amos Dolorès franchir la piste de danse d'un pas nonchalant.

- Vous m'accordez cette danse ? demanda-t-il en s'inclinant légèrement.

- Oh... Oui !

Il ne lui en fallut pas plus pour laisser Pandora au milieu de tout le monde pour s'accrocher au cou musclé du doyen, qui sourit en le faisant tournoyer sur lui même, prenant sa main au dessus de sa tête. Pandora regarda Amos, Amos regarda Pandora.

Elle y lut une lueur dangereuse. Vous feriez mieux de rester à votre place et de ne pas fouiner dans les affaires du Capitole, vous allez vous en mordre les doigts.

Si elle s'écoutait, la blonde viendrait le confronter directement. Mais elle était fatiguée, en ce moment. Fatiguée d'avoir à se battre alors que c'était une cause perdue... La lumière reflétait dans ses yeux un blanc trop éclatant, elle se sentit soudain défaillir.

- Chérie, ça va ? demanda plusieurs fois Morgane en la soutenant.

Pandora fit "non" de la tête, se sentant portée jusqu'au bar où elle fut assise par un serveur qui remarqua la scène et vint aider la brune.

- Tu te sens pas bien ? répéta plusieurs fois Clay en la fixant de ses yeux inquiets.

- Arrête de me regarder comme ça... Et va me chercher un verre d'eau, marmonna en réponse la blonde qui sentait ses yeux se parsemer de taches violettes.

Le serveur vint poser sur son front une serviette imbibée d'eau qui la fit frissonner de froid. Mais cela lui fit du bien, elle posa son front contre le bar, le torchon entre le marbre droit et sa peau. Sirotant l'eau que la brune lui avait tendu, elle reprit lentement ses esprits.

- Pfiou. Je suis restée trop longtemps debout proportionnellement aux nombres d'heures que j'ai passé au lit.

- Tu n'as dormi ? demanda Morgane.

- Non. J'ai envie d'aller me coucher.

La brune la regarda, indécise, sans rien dire.

- Je vais aller me coucher, en fait, décida-t-elle finalement d'un air décidé.

*

Morgane et Pandora marchaient côte à côte dans les couloirs silencieux du Capitole, leurs pas résonnant faiblement sur le sol de marbre. La soirée touchait à sa fin pour elles, la fatigue commençait à peser sur leurs épaules, alourdie par le poids de leurs pensées. Les souvenirs du bal qu'elles venaient de quitter s'effaçaient peu à peu, remplacés par une tension palpable qui flottait entre elles, une énergie subtile mais irrésistible.

Pourquoi elle me regarde comme ça ? Qu'est-ce qu'il se passe ? L'esprit de Pandora était embourbé dans l'affection de la brune, qui devenait suspect.

Morgane jetait des regards en coin à Pandora, ses yeux captant la lueur douce des chandeliers qui éclairaient le couloir. Il y avait quelque chose dans l'air ce soir-là, quelque chose d'inexprimable mais indéniable. Une attraction magnétique, irrésistible, qui semblait se renforcer à chaque pas qu'elles faisaient ensemble.

Il se passe quelque chose. Ou non. Je ne devrais pas penser ainsi. Je lui fais confiance. Car ce soir, je veux tout oublier. Je veux m'adonner à la fête, à mes sentiments, à ma fatigue. À elle, aussi.

Alors qu'elles atteignaient un croisement, Morgane ralentit, son cœur battant un peu plus vite. Elle attrapa doucement la main de Pandora, ses doigts entrelaçant les siens avec une délicatesse infinie. Pandora se tourna vers elle, surprise, mais il y avait une douceur dans ses yeux, une ouverture qui encouragea Morgane à poursuivre.

"Viens avec moi," murmura Morgane, sa voix à peine audible, mais teintée d'une chaleur qui fit frémir Pandora.

Sans attendre une réponse, Morgane la guida vers une porte discrète, à l'écart du passage principal. Pandora suivit, son cœur accélérant tandis qu'une anticipation électrique montait en elle. Elles n'avaient pas besoin de mots pour se comprendre, et Pandora marcha plus vite.

Elle aurait dû se douter.

Morgane ouvrit la porte, révélant une chambre intime, éclairée seulement par la lueur vacillante de quelques bougies dispersées. La lumière douce jetait des ombres dansantes sur les murs, créant une atmosphère à la fois paisible et envoûtante. Pandora entra lentement, observant la pièce avec curiosité. Morgane referma la porte derrière elles, laissant le silence les envelopper. Le calme de la chambre contrastait avec le tumulte de la soirée, offrant un refuge où le temps semblait suspendu.

Morgane s'approcha de Pandora, ses mains glissant doucement le long de ses bras jusqu'à atteindre ses épaules, lui faisant de petites caresses. Elle la tourna pour lui faire face, ses yeux brillant avec intensité.

- Juste nous deux. Loin de tout.

Pandora hocha la tête, incapable de détourner le regard de Morgane. Il y avait une profondeur dans les yeux de cette dernière, une promesse d'intimité et de réconfort dont elles avaient toutes deux désespérément besoin. Après tout, c'est cette nuit qu'on oublie tout, non ? pouvait-on lire dans leurs yeux. Morgane se pencha légèrement, ses lèvres frôlant celles de Pandora dans un baiser léger, presque hésitant, mais chargé de toute l'affection et le désir qu'elles avaient retenus jusque-là. Pandora répondit avec la même tendresse, leurs baisers s'intensifiant progressivement, devenant une danse silencieuse de réconfort et de passion.

Elles s'approchèrent du lit, leurs mouvements doux et précautionneux, comme si elles craignaient de briser l'instant fragile qui les unissait. Morgane, les mains toujours sur les épaules de Pandora, la guida doucement pour s'asseoir sur le bord du lit, la lumière des bougies révélant les contours de leurs visages, accentuant la beauté de l'instant.

Pandora leva les yeux vers Morgane, son souffle court mais calme. 

- Ça va aller, murmura-t-elle, ses mots lourds de sens.

Une larme roula sur la joue de la brune qui hocha la tête silencieusement, en posant à nouveau ses lèvres contre les siennes.

Les baisers qui s'ensuivirent eurent un gout de sel, d'amertume et de peine. Cependant, Pandora n'avait jamais senti Morgane aussi pressée, aussi brulante. Même après tant de temps, tant d'années passées à être brisée, réduite au silence et à la peur, Morgane Clay s'éteindrait jamais.

C'était la femme dont Pandora était tombée amoureuse qui se montrait en ce jour. Une femme complexe, remplie de vie, de combat, de déception, mais qui se relevait toujours. Son coeur battrait vite ce soir, aussi vite que l'ampleur de leurs baisers, de leurs langues et leurs mains qui se mouvaient, de leurs bassins qui s'alliaient dans une danse secrète dont seule elles avaient le secret. 

Les vêtements de Pandora furent de trop pour le feu qui la consumait, les baisers de Morgane lui rendirent hommage, tout se passa sous le voile tendre et chaud d'un érotisme doux mais puissant.

Perdue dans les sensations, Pandora ne pensait qu'à ses ressentis, le toucher rugueux et lisse de la brune, à son extase passée et à venir. Elle n'avait pas remarqué que celle-ci n'avait enlevé aucun de ses propres vêtements, et que la blonde était toujours en culotte. Ce qui était inhabituel n'avait pas encore sonné suspect...

Jusqu'à ce que des Pacificateurs fassent irruption dans la chambre.

- Personne ne bouge !

Morgane se plaqua contre Pandora, lui tenant les poignets.