Chapitre 50: Le bal de Coriolanus Snow
Les lueurs dorées du soleil réveillèrent Cassiopée à une heure bien trop matinale à son gout. Avec un grognement, elle releva la tête. Sentant la masse de ses cheveux, non coiffés, dévaler son dos nu, elle eut un léger frisson. Clignant des yeux, ronchonnant intérieurement, elle regarda Angelina dormir un moment.
- Encore dans une grande tunique. Je sais que ce n'est pas de la pudeur, c'est de la honte ou de l'embarras ça, marmonna-t-elle en se levant, quittant à regret les bras confortables de la rousse.
Ayant dormi en culotte car il faisait très chaud, elle fouilla dans sa garde-robe pour finalement opter pour une robe bleue d'été à petits volants, très mignonne et agréable à porter. L'étiquette lui gratta la hanche tout de même, seul point négatif.
Elle alla se brosser les dents et les cheveux -ayant beaucoup de cheveux bouclés, elle n'avait pas d'autre choix. Un peu de mascara, un fin trait d'eye-liner qui renforçait son regard effilé, et du rouge à lèvres.
Elle vint agressivement enfourcher le Valet, assise sur elle, et poser ses lèvres sur les siennes ainsi que sur ses joues, avant de prendre une photo de sa tête endormie ainsi.
- Imbécile, dit elle en mettant la photo dans son sac à main, sentant une joie matinale la prendre.
Elle prit son petit déjeuner en regardant la télévision. La veille au soir avait été une triste soirée. Pandora et Morgane étaient celles qui avaient été le plus touchées par la mort de leurs deux tributs, elles avaient souhaité rester seules ensemble pour panser leurs plaies. Ainsi, Cassiopée était rentrée en jet avec sa petite amie, prenant soin de ne pas croiser les employés de son père.
Il fallait avancer. Cassiopée avait prit un chocolat chaud, la veille au soir, touchée par les images qu'elle avait vu. Mais désormais, ce n'était plus le moment de pleurer.
Quelques temps plus tard, Angelina émergea du sommeil. Se levant d'un air pataud et mal réveillé, elle se noya quelques instants dans le café que Cassiopée lui prépara, et s'enferma dans la douche pour en prendre une vigoureuse.
Lorsqu'elle sortit, la blonde, un sourire narquois aux lèvres, lui tendit un petit bout de papier glacé. Angelina, qui avait enroulé une serviette autour de ses cheveux, s'approcha avec un air surpris... Et vit la photo.
- Je me suis permise, ricana la blonde aux cheveux bouclés d'un air très amusé.
- Tu es machiavélique. Cette photo ne sort pas d'ici.
- Elle est trop belle, dommage.
L'air peu convaincu et narquois de Cassiopée convaincu sa compagne qu'elle allait le faire, et elle se contenta de soupirer légèrement.
- J'ai reçu un appel de Morgane hier soir.
- Ah bon ? Elle voulait quoi ?
- Elle m'a dit qu'il y avait un bal aujourd'hui, qu'on ferait mieux d'y aller.
Le regard de Cassiopée s'illumina, faisant disparaitre son air hautain. Elle adorait les fêtes, les soirées, les boites de nuit... Mais les bals, c'était encore mieux. Alors qu'elle se levait d'un air surexcité, elle tapa dans ses mains:
- Trop bonne idée ! Il faut que je me choisisse une robe ! Je vais aller chez mon tailleur et il va me faire...
Alors qu'elle commençait un long monologue sur la tenue parfaite pour être la plus belle à cet évènement, Angelina haussa les épaules en marmonnant qu'elle mettrait sa tunique rouge. A ces mots, Cassiopée se tut pour lui faire les gros yeux.
- Hors de question. Ce soir, tu vas mettre une robe moulante, ou pire. Plus de ces horribles tuniques baggy.
- Je n'aime pas... balbutia la rousse d'un air penaud. Mon corps n'est pas aussi beau que le tien.
- N'importe quoi, coupa Cassiopée d'un ton tranchant.
- Je ne suis pas fine, dit elle en tortillant ses doigts sur la table, gênée.
- Tu es musclée. Tu es rassurante, tu es grande, tu as des poignées d'amour, tu as de beaux seins. On s'en fout que t'aie un bidou. Y'a tes organes dedans.
Cassiopée la regarda un moment, les yeux grands ouverts, avant de rougir et de dire:
- Je t'aime pour ça, Cassiopée.
- Fuck off les standards, chérie.
- Tu peux te permettre de dire ça... Tu es tellement musclée, et fine, et...
Cassiopée la coupa en s'asseyant sur elle pour l'embrasser avec douceur mais passion. Tais toi, imbécile.
- On va aller faire du shopping et je te préviens, on achètera des robes, des top et des short.
*
"Allô, oui ? Est-ce bien le Valet de Coeur à l'appareil ?"
"Hum... Oui ?"
"Vous n'êtes pas seul ? J'ai à vous demander quelque chose, que Morgane Clay et moi... Organisons, disons."
"Qui êtes vous ?"
"Votre dévoué président Coriolanus Snow, chère Angelina."
"Oh...! Oh. Attendez, je m'éloigne de ma fiancée et je suis à vous... Voilà."
"Vous êtes dans un endroit tranquille ?"
"Oui."
"Alors je vais vous dire ce que vous allez faire pendant ce bal."
"Très bien."
*
Morgane et Pandora se tenaient devant le grand miroir de leur chambre, l'atmosphère était imprégnée d'une mélancolie palpable. Le bal de ce soir était censé être un moment de répit, une occasion de s'échapper temporairement de la douleur qui les rongeait. Mais la perte d'Azur et de Salomé planait comme une ombre sur leurs esprits, teintant chaque geste de tristesse.
Morgane soupira doucement, les yeux rivés sur son reflet. Elle portait un chemisier d'un bleu profond, la couleur rappelant les vagues d'un océan en pleine nuit. Le tissu soyeux épousait ses courbes avec une élégance discrète, tandis que des broderies argentées, semblables à des étoiles scintillantes, illuminaient l'ourlet. Les manches longues et transparentes s'achevaient en délicates volutes autour de ses poignets, ajoutant une touche de mystère à l'ensemble.
Pandora, à côté d'elle, ajustait les plis de sa propre robe. Elle avait choisi un rouge grenat riche, une teinte vibrante qui contrastait avec son teint pâle et ses cheveux blonds. La robe, d'une coupe empire, s'évasait doucement à partir de sa taille, la jupe volumineuse formant un halo autour d'elle lorsqu'elle se mouvait. Le corsage était orné de motifs floraux brodés en fil d'or, scintillant sous la lumière douce de la chambre. Ses épaules étaient dénudées, exposant la grâce délicate de son cou, tandis qu'un collier d'émeraudes reposait avec élégance sur sa clavicule.
Pandora jeta un coup d'œil à Morgane, une ombre de sourire sur les lèvres.
- Tu es magnifique, dit-elle doucement, sa voix teintée de tristesse.
Morgane baissa les yeux, d'humeur grognon.
- Mouais. Merci.
Pandora soupira et se tourna vers la coiffeuse, prenant entre ses mains une brosse délicate en argent. Elle commença à démêler les longs cheveux châtains de Morgane, les laissant tomber sur ses épaules.
- C'est une bonne idée d'aller à ce bal. C'est... Enfin je trouve ça tôt. Mais tu as raison après tout. On ne doit pas se laisser abattre pour ça.
Morgane ferma les yeux sous les gestes apaisants de Pandora, mais se crispa en pensant au bal, ses paupières se plissant. Elle grommela quelque chose avant de lui dire un mot doux.
Une fois les cheveux de Morgane arrangés, Pandora s'occupa de ses propres cheveux, les tressant en une couronne complexe qui se mêlait avec de fines chaînes dorées. Morgane la regarda faire d'un air amorphe d'avoir pleuré, et d'être en deuil.
Après avoir terminé, elles se regardèrent dans le miroir, se tenant la main.
- Tu veux vraiment y aller ? Tu n'as pas l'air très bien, demanda Pandora, bien que l'incertitude soit perceptible dans sa voix.
- Allons y, princesse, dit Morgane en introduisant sur son visage un sourire qui vint peu à peu naturellement. On ne va pas arrêter de vivre pour ça.
Elles atteignirent les portes du bal, prêtes à affronter une soirée qui, elles l'espéraient, leur offrirait un bref répit dans le tumulte de leur deuil. Elles ne furent pas déçues.
La première personne qui les accueillit fut Iris, un grand sourire aux lèvres. Il était légèrement faux et sonnait étrange sur son visage très froid et inexpressif, mais le couple ne le fit pas sentir. Cela faisait du bien de sortir un peu, de se changer les idées. La conversation fut banale, joyeuse, Iris faisait des efforts pour leur parler et cela leur fit plaisir.
D'autres personnes, notamment des doyens que Pandora ne connaissaient pas, leur adressèrent des mots gentils de condoléance, rappelant les faits douloureusement cependant. Une femme enveloppée leur adressa affectueusement:
- Ils ont été extraordinaires. Du grand spectacle, j'en ai presque pleuré lorsqu'elle s'est tuée, à la fin. Courage à vous pour le deuil.
Morgane prenait la main de Pandora et hochait la tête, essayant d'être le moins rustre possible et parla gentiment avec des Capitoliens, légèrement superficielle par rapport à son état en ce moment-même.
Dan Lee, qui évidemment ne participait à aucun évènement avec des gens heureux en groupe, eut tout de même la gentillesse de leur envoyer par drone une figurine de cornichon qui avançait sur commande, ce que Morgane apprécia grandement sans avoir à le verbaliser, en jouant avec sur le bar pendant tout le début de la soirée.
Petit à petit, les filles oublièrent leur peine et virent avec joie arriver Cassiopée et Angelina. Elles étaient tout simplement sublimes.
Cassiopée avait théâtralement fait son entrée dans la pièce en jetant son manteau en fourrure par terre, pour que Léonore s'empresse de le ramasser. D'un air de diva, elle avait attrapé une flûte de champagne qu'elle dégusta sous les regards admirateurs. Rouge à lèvres carmin, robe de la même couleur à la longueur presque outrancière, regard ténébreux et hautain. Du Cassiopée tout craché.
Mais à son bras... Une rousse avec un charme à couper le souffle. Coiffée avec un chignon tressé d'une couronne de lauriers, on sentait clairement la pâte "cassiopée-esque" derrière son apparence. Son maquillage faisait ressortir la rousseur de ses traits, ses grands yeux doux et timides baissés vers le sol, ses joues rougies par l'embarras d'être la cible des regards. Elle portait une chemise ouverte, à motifs tricolores, rose, violet et bleu clair. En dessous, un haut si court qu'il ressemblait à un soutien gorge, mais assez masqué par la chemise pour que les regards ne se focalisent pas là dessus. Elle portait un pantalon parachute et d'épaisses bottes qui la rendaient encore plus grandes qu'elle ne l'était.
- J'ai l'impression d'être en soutien gorge, dit elle à l'intention de la blonde qui s'amusait d'être la nouvelle bête de foire.
- Je t'ai vue nue, où est le soucis ?
- Mais pas eux... bafouilla le pauvre et timide Valet. Qui ne savent pas que je suis une femme.
- Viens t'amuser. Trois cent personnes, qu'est-ce que c'est, au fond ?
Au secours. Le regard de détresse qu'Angelina lança à Morgane la fit se plier en deux de rire, les regardant se trainer jusqu'au bar avec beaucoup d'entrain. Mais une chose la fit vite déchanter. Une crinière blanche, une senteur de rose, mêlée à celle du sang, ainsi qu'un smoking violet impeccable. Il est vraiment venu...
Elle eut à peine le temps de voir un éclair blond partir à côté d'elle, et une main lâcher la sienne, qu'une voix héla le président.
- Bonjour, monsieur Snow.
Celui-ci s'arrêta pour regarder Pandora avec intérêt. Il lui sourit d'un air aimable, mais ses yeux reflétaient un certain orage. Contrairement à d'habitude, où il parvenait toujours à maitriser ses émotions, il paraissait aussi soupe au lait que Morgane (ce qui était difficile à faire).
- Mademoiselle Lane. Quelle surprise et quel honneur de vous trouver ici. J'ai fais inviter tout les Mentors des carrières de ces Jeux, mais je ne pensais pas que vous viendrez.
- Nous sommes là, dit sèchement la blonde d'une voix coupante. En effet.
Lorsque Pandora se mettait en colère, il ne fallait pas la regarder dans les yeux. Ils lançaient des éclairs, et foudroyaient sur place le président, ce qui était extrêmement téméraire de sa part. Morgane s'approcha pour regarder Coriolanus d'un air coupable.
- Bonjour, monsieur Snow.
- Chère Morgane... Je me ravis de vous voir ici ce soir. Vous êtes resplendissante.
- Vous aussi, contrattaqua Pandora. Surtout depuis que vous avez reconnu votre fille. Elle avait quinze ans, vous le saviez ? C'est vrai qu'on met parfois du temps à comprendre qu'on est père, mais quinze longues années...?
- Oh, dit simplement Snow, une lueur variant dans son regard.
- Ce qu'elle veut dire, dit Morgane, le dos couvert de sueurs froides, c'est que nous sommes ravies d'avoir connu votre fille, monsieur le président.
- Et la mère ? Vous saviez qu'elle a eu un malheureux "accident" avant les Hunger Games ? reprit Pandora, maitrisant mal sa voix. Comme c'est étrange... Comme si elle s'apprêtait à envoyer la vérité à sa fille dans la lettre qu'elle tenait à la main lorsqu'elle est morte. Quelle... "coïncidence" non ?
- On se pose des questions, c'est tout, bafouilla Morgane.
- Et la mort de Gladys, la véritable gagnante des Hunger Games ? Etrange qu'il y ait eu une publicité à ce moment là, juste après qu'elle décide de dire que vous étiez le père de Salomé.
- Oh... dit Coriolanus, d'un air soudain amusé.
- Etrange, non ? dit Pandora d'un air agressif, les larmes aux yeux.
- Vous vous égarez, mademoiselle. Lane, prenez soin de votre fia...Compagne, l'émotion lui monte à la tête. Je vais aller parler à d'autres Mentors, maintenant. Vous permettez ?
Morgane tira le bras de Pandora qui poussa une exclamation de rage étouffée, ses yeux lançant de la lave. JE LE DETESTE ! murmura-t-elle à l'oreille de Morgane qui hocha la tête d'un air distrait.
- Moi aussi, moi aussi.
Elle prit un mouchoir pour essuyer les larmes de rages de la blonde qui n'ajouta plus rien de plus. Mais une autre blonde, à l'autre bout de la pièce, les regardait avec un air tenace.
- Angelina ? C'était qui, l'appel, tout à l'heure ?
Celle-ci qui était occupée à remettre son haut toutes les cinq minutes, pensant toujours qu'il était soit trop haut, soit trop bas, la regarda soudain en posant sa bière.
- Euh... mentit-elle, ma mère.
- C'était Snow, n'est-ce pas ? Vous avez discuté du bal.
- Non...? essaya la rousse d'un air affreusement coupable.
Cassiopée plissa les yeux d'un air serpentin, et se leva d'un coup, faisant sursauter sa petite amie:
- Tu as la même tête que Morgane quand elle parle à Snow. Vous avez formenté un truc. Je vais de ce pas avertir Pandora.
- Quoi ?! Non !
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