Chapitre 43: La folie des Hommes
Cassiopée serra les poings en regardant autour d'elle d'un air vide. Rien n'avait changé ici, c'était toujours le même appartement. Toujours l'étage auquel elle ne pouvait pas accéder sans subir la colère de Ange, toujours cette façade que le Valet arborait...
Le voyage avait été horriblement silencieux.
Et elle regrettait peut-être d'avoir quitté la chaleur distante de Andréa. Elle ne savait pas très bien, en fait. Cassiopée était perdue dans ce qu'elle ressentait. Elle savait qu'elle n'aimait pas les femmes, mais avait été fascinée par ce charme rassurant, féminin, de cette femme tranquille et ronronnante. Par rapport à la plombière, Angelina paraissait... Ennuyeuse et sans conversation.
Empêtrée dans ses grandes chemises blanches en toile, Angelina était rentrée et ne s'était pas plus souciée de la blonde que de se débarrasser de ses affaires.
Hors, Cassiopée était la princesse de cette maison. Il était inacceptable que le Valet s'occupe de lui en premier. C'était à la fois vexant et décevant, et le combo des deux rendait peu à peu Cassiopée très soupe au lait.
Après s'être assise sur le comptoir, croisé les jambes et les bras en soufflant du nez d'un air préoccupé elle lança:
- La fille s'appelait Andréa.
- ... Hein ? dit la rousse en relevant les yeux vers elle.
- Mon plan s'appelait Andréa ! La fille que j'ai embrassée.
Elles se regardèrent, le Valet devenant soudain extrêmement silencieux. Cassiopée eut un rictus triomphant en déclarant d'une voix sifflante:
- On allait faire plus quand on a été dérangées.
- Cassiopée...
Cette dernière, la rage aux lèvres, la coupa pour déclarer d'un ton sadique:
- On est allées chez elle. Elle était visiblement plus entreprenante que toi, elle m'a prise par la taille et-
- Mais tu veux que je fasse quoi encore ?!
La rousse parla vite, crachant ces mots avec une colère que Cassiopée ne lui avait encore jamais vue. Comme lorsqu'elle l'avait enfermée dans la salle de bain lors de son accès de colère, Cassiopée prit cela comme une atteinte personnelle -ce qui était le cas après tout-. Elle eut comme un frisson et l'entendit dire:
- Quoi que je fasse, ce n'est jamais assez. Pourquoi tu me racontes ça ?!
Et Cassiopée se rendit compte qu'elle l'avait blessée.
Qu'elle avait dépassé les limites depuis bien trop longtemps.
- C'est qui cette fille ?! Je vais aller la voir, moi.
Alors que le Valet faisait demi tour, enfilant ses chaussures avec une colère démesurée, Cassiopée bredouilla, lui courant après:
- N-non, attend...
- Non !
- Ange... Angelina, reste ! C'était pour t'énerver, ce n'était pas vrai...
Paniquée, elle la prit par la manche et la tira en arrière, les sourcils relevés dans une moue désespérée. Son coeur se serra autant que sa main sur le tissus, elle répéta ces derniers mots, tentant de la retenir. Son pouls s'accéléra encore lorsque le Valet releva son visage masqué impénétrable et dit:
- Tu vois, Cassiopée Price, c'est ça ton problème. Tu n'es pas capable d'aimer.
Cassiopée la lâcha, comme brûlée par ces mots. Les yeux écarquillés, avec une soudaine envie de pleurer toutes les larmes de son corps, elle se sentait engourdie. Un mot de sa bouche l'aurait tuée, un seul mouvement était impossible.
À travers ses yeux figés, elle vit Angelina la bousculer avec rage et aller à la salle de bain.
- Je vais prendre ma douche. Si tu veux te casser et aller voir cette fille, fais ce que tu veux. J'en ai marre.
✺
L'arène des Hunger Games était un enfer verdoyant, ce jour-ci. Le soleil brillait et faisait verdir les arbres qui les entouraient. Dans cette jungle suffocante, Alban et Gladys marchaient, regardant en arrière pour être sûr qu'ils n'étaient pas suivis.
Alban, le visage tendu et les yeux brûlants de colère, ne cessait de jeter des regards noirs vers Gladys. Cette dernière, quant à elle, marchait d'un pas décidé, inspectant les environs.
- Tu es sérieuse ? lâcha soudainement Alban, brisant le silence oppressant de la forêt.
Gladys se retourna, ses yeux bruns se plissant de confusion.
-De quoi tu parles ?
- Salomé, gronda-t-il. Je t'ai vue l'embrasser. Comment oses-tu faire ça alors que nous sommes ici pour survivre ? Tu te préoccupes plus de tes sentiments que de notre sécurité !
Gladys soupira, exaspérée par les accusations.
- Alban, ce n'était rien. Un moment de faiblesse. Ça arrive à tout le monde, non ?
- Tu ne comprends pas. Elle te distrait. Tu devrais penser à notre survie, pas à tes désirs égoïstes.
La tension monta entre eux, palpable comme un orage prêt à éclater. Gladys ouvrit la bouche pour répliquer, mais un vrombissement aigu attira soudain leur attention. Un petit objet volant, au corps noir luisant et aux ailes vibrantes, fondit sur Alban avant qu'il ne puisse réagir. La créature planta son dard dans son cou, injectant son contenu.
Alban poussa un cri de douleur, sa main se portant à son cou.
- Merde ! Il y a des moustiques par ici.
- Euh... Oui, des moustiques, dit Gladys, ses sourcils se fronçant soudainement.
Elle fit un pas en arrière, assez lentement, pour qu'il ne remarque pas son trouble. Inspectant l'insecte qui venait de tomber au sol, sans vie, elle se pencha pour le prendre entre ses doigts. Alban la regarda avec trouble.
- Gladys.
- Oui ? dit-elle, remarquant les rouages apparent sur le corps de la guêpe.
- Gladys...
- Oui ? répéta-t-elle.
- GLADYS !
Elle évita de justesse une abeille qui venait de voler en piqué droit vers son oeil gauche. Avec un sursaut qui lui sauva peut-être la vie, elle l'éclata entre ses deux mains, d'une claque énergie. Le coeur battant, elle regarda autour d'elle d'un air affolé. Alban avait posé ses mains sur ses oreilles.
- C'est ta faute, grogna-t-il, ses mains tremblantes cherchant son arme.
- Alban, tu fais quoi ?dit prudemment Gladys, reculant instinctivement. Pourquoi tu sors ton couteau ?!
Mais il ne l'écoutait plus. Le garçon se jeta sur Gladys, brandissant son couteau. Elle esquiva de justesse, sentant la lame effleurer sa peau. Alban, le visage gonflé et d'une étrange teinte violette, continua son assaut, ses coups devenant de plus en plus désordonnés.
- Elles sont venues à causes de toi !
- De quoi tu parles ? dit Gladys, affolée. Alban, arrête !
- ELLES SONT PARTOUT !
Son cri fit envoler des oiseaux dans les arbres au dessus d'eux, il donnait tant de coup dans le vide que son arme s'enfonça dans un tronc d'arbre et qu'il fut incapable de la récupérer. Ses lèvres étaient bleues et la fille aux cheveux noirs put voir que quelques insectes volants tournaient autour de sa tête enflée.
- C'est à cause de toi... De Salomé, de Ayanda...!
Gladys trébucha en arrière, ses pieds s'emmêlant dans les racines. Il s'apprêta à la frapper à nouveau, levant ses deux poings comme une massue, lorsqu'il inspira profondément et l'un des insectes fut aspiré à l'intérieur.
Le cri qui s'ensuivit fut horrible, il se tordit soudain de douleur, hurlant:
- GLADYS ! GLADYS, AIDE MOI ! GLAAADYYYYYS !
Terrifiée, la jeune femme se leva et le regarda avec horreur, avant de prendre ses jambes à son cou, entendant les gargouillements et le bruit sourd de Alban, qui venait de s'écraser violemment la tête contre la lame plantée dans l'arbre.
Elle jeta un dernier regard à Alban, regrettant la tournure des événements, puis disparut dans l'obscurité de la forêt. Leurs vies étaient plus précaires que jamais, et l'arène ne laissait aucun répit à ceux qui tentaient de survivre.
✺
Le soleil s'était couché, plongeant le District 12 dans une obscurité oppressante, seulement troublée par les lumières artificielles éparses. Primrose Everdeen se trouvait à l'infirmerie, aidant à préparer les fournitures médicales pour les blessés de la dernière bataille. Elle savait que chaque seconde comptait, et bien qu'elle soit encore jeune, elle avait prouvé à maintes reprises qu'elle était capable de tenir tête à la dure réalité qui les entourait.
Soudain, un bruit sourd retentit, faisant vibrer les murs. Prim releva la tête, les sourcils froncés. Ce bruit, c'était une explosion. Une série de détonations suivit, plus proches cette fois, et l'alarme du district se mit à hurler. La panique s'empara de l'infirmerie. Les patients criaient, cherchant un abri, et le personnel médical s'efforçait de maintenir l'ordre.
Prim sentit une poigne glacée lui étreindre le cœur. Sa première pensée alla aux blessés à l'extérieur. Mais elle savait qu'elle devait rester concentrée. Les blessés avaient besoin d'elle.
- Prim ! Par ici ! cria une voix familière.
Elle se précipita vers lui. "Que se passe-t-il ?"
- Le Capitole a envoyé des bombardiers. Ils attaquent directement nos installations. Nous devons évacuer immédiatement.
Les yeux de Prim s'écarquillèrent. Les bombardiers du Capitole, ici ? Cela signifiait qu'ils n'avaient plus de temps. Elle attrapa une trousse de premiers soins et suivit le médecin et les autres à travers les couloirs labyrinthiques du district.
Les couloirs étaient un chaos d'ombres et de bruits de pas précipités. Les murs semblaient se resserrer autour d'eux à chaque instant. Prim entendait les hurlements des blessés, les appels désespérés des médecins, et le martèlement lointain des bombes. Chaque explosion faisait trembler le sol sous ses pieds.
Ils atteignirent enfin une sortie menant à une série de tunnels souterrains. C'était censé être un endroit sûr, un refuge contre les attaques. Mais même ici, Prim ne pouvait s'empêcher de ressentir une peur viscérale. La sécurité était une illusion fragile dans cette guerre.
- Continuez, continuez ! ordonna Dr. Aurelius en poussant les blessés dans les tunnels.Prim aidait à transporter une civière quand une explosion retentit tout près d'eux. Le souffle de la déflagration la projeta contre un mur. Elle se releva en chancelant, le son des alarmes résonnant dans ses oreilles. Elle chercha des yeux le médecin mais ne le vit nulle part.Soudain, le plafond du tunnel s'effondra, piégeant une partie des évacués. La poussière et les débris emplirent l'air, rendant la respiration difficile. Prim essuya ses yeux en larmes et se fraya un chemin à travers les gravats.
- DOCTEUR ! appela-t-elle, la voix éraillée par la poussière.
Une main se posa sur son épaule. Elle se retourna et vit le visage familier de Gale.
- Prim, il faut sortir d'ici. Viens avec moi.
- Je dois trouver le médecin en chef... insista-t-elle, la détermination brûlant dans ses yeux.
Gale la regarda, gorge serrée, avant de céder et de dire d'un ton réticent:
- Faisons vite.
Ils cherchèrent ensemble, déplaçant des débris et appelant à l'aide. Chaque seconde qui passait semblait interminable. Finalement, ils le retrouvèrent coincé sous une poutre métallique. Prim s'agenouilla à ses côtés, examinant ses blessures. Il semblait respirer faiblement, et son corps était couvert d'une poussière dense de débris.
- Il faut le sortir de là, dit-elle à Gale, la voix tremblante mais résolue. On peut le sauver...
Mais malgré leur efforts, les cris qu'ils poussèrent en essayant de soulever la planche, ils n'arrivèrent qu'à l'enfoncer plus encore dans le sol.
- Ca ne sert à rien, Primrose ! dit Gale au bout d'un moment, toussant
Prim le regarda, figée, les yeux brillants de larmes.
- Nous devons sortir d'ici !
Ils se précipitèrent vers la sortie des tunnels, mais chaque pas semblait un défi face à l'horreur qui les entourait. Les explosions continuaient, secouant le sol et projetant des éclats de béton et de métal autour d'eux. Prim sentait son cœur battre à tout rompre, mais elle refusait de céder à la panique. Ils atteignirent enfin une zone plus sûre, loin des décombres et des bombes.
Primrose regarda autour d'elle, voyant les visages terrifiés mais déterminés de ceux qui avaient survécu. Elle savait que ce n'était pas terminé. Le Capitole ne s'arrêterait pas tant qu'ils ne seraient pas tous anéantis. Mais dans ce moment de répit, elle ressentit une lueur d'espoir. Ils avaient survécu à cette attaque. Ils pouvaient encore se battre.
Elle se tourna vers Gale , et, malgré la peur et la douleur, elle esquissa une moue courageuse.
- Nous devons continuer !
Gale posa une main rassurante sur son épaule.
- Ici, nous serons plus en sécurité.
Soudain, un sifflement perçant déchira l'air, un son qu'elle avait appris à redouter. Le bruit d'une bombe en chute libre. Le cœur de Prim s'arrêta un instant, ses yeux cherchant désespérément le ciel à travers les fissures du plafond.
- Non... murmura-t-elle, la panique montant en elle comme une marée.
Le monde sembla ralentir autour d'elle. Elle vit les visages se tourner vers le ciel, les regards se figer dans une terreur pure et brute. L'ombre de la bombe grandissait à vue d'œil, plongeant tout ce qui se trouvait en dessous dans une obscurité glaciale. Prim se sentit paralysée, ses jambes refusant de bouger. Les secondes s'étiraient, chaque battement de cœur résonnant comme un coup de tonnerre dans sa poitrine.
Puis, la bombe toucha le sol. Une lumière blanche aveuglante les enveloppa tous, suivie par une onde de choc qui les projeta en arrière. Le sol se déroba sous ses pieds, et elle se sentit flotter un instant avant de retomber lourdement. La douleur explosa dans son corps alors qu'elle heurtait le sol, le souffle coupé par l'impact.
Le bruit était assourdissant, une cacophonie de métal tordu, de béton brisé et de cris humains. Prim tenta de se relever, mais son corps refusait d'obéir. Tout autour d'elle n'était que chaos et destruction. Les murs s'effondraient, les débris pleuvaient, et la fumée épaisse rendait la respiration difficile.
Elle chercha Gale du regard, mais la poussière et les gravats l'empêchaient de voir à plus de quelques mètres. "Gale !" appela-t-elle, la voix brisée par la peur et la douleur. Mais seul le silence lui répondit.
Prim sentit les larmes couler sur ses joues, mélange de désespoir et de douleur. Elle tenta de se traîner vers ce qui restait de l'abri, mais chaque mouvement envoyait des éclats de douleur dans tout son corps. Son bras gauche pendait mollement à ses côtés, probablement cassé. Elle sentait le goût métallique du sang dans sa bouche.
Alors qu'elle avançait péniblement, elle trébucha sur quelque chose de mou. En baissant les yeux, elle vit des corps inertes, à moitié enseveli sous les décombres. Un sanglot étouffé échappa de ses lèvres. Elle ne pouvait rien pour eux, maintenant.
Un autre bruit sourd retentit, plus proche cette fois. Une nouvelle explosion, suivie d'une vague de chaleur. Les bombardements continuaient. Le Capitole ne montrerait aucune pitié, même pour ceux qui étaient déjà à terre. Prim savait qu'elle devait continuer à avancer, trouver un abri avant que le prochain impact ne les réduise en cendres.
Elle rampa, chaque centimètre gagné étant une victoire sur la douleur. La fumée brûlait ses poumons, mais elle ne s'arrêtait pas. Elle ne pouvait pas. Pas maintenant. Pas alors que tant de vies en dépendaient.
- Prim...
Elle se retourna difficilement, ses yeux cherchant la source du son. C'était Gale, à moitié enseveli sous une pile de débris, le visage tordu de douleur. Un souffle de soulagement la traversa.
- Gale ! cria-t-elle, utilisant ses dernières forces pour pour hurler son nom.
Il respirait faiblement et ses yeux étaient à demi-clos. Mais elle refusait d'abandonner. Elle ne pouvait pas...
- Primrose... Je suis désolé...
Prim ferma les yeux, serrant Gale contre elle, priant pour un miracle. Le bruit assourdissant de l'explosion les enveloppa, et tout devint noir.
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