Chapitre 37: Craquage
Cassiopée sentit son rythme cardiaque s'affoler alors qu'elle reculait précipitamment en remontant son décolleté qui avait eu tendance à tomber -ce qu'elle n'avait pas trouvé grave au vu de la tournure des événements avec Andréa-. Il fallait qu'elle sorte d'ici, elle était en train de faire quelque chose d'illégal ! Cette fille était déjà en couple...
Son affolement se lut dans ses gestes saccadés et sa terreur se lisait sur son visage confus. Andréa regarda tour à tour la fille aux cheveux bleus, et la blonde.
- Hé... Est-ce que tout va bien ?
- Oh... Pardon, je te dérange ? dit la fille à la teinture.
- Désolée... dit Cassiopée en reprenant son sac à main, l'air terrorisée.
- Tu vas où ? J'ai fais quelque chose de mal ? demanda la brune en retenant Cassiopée par le bras.
- Je suis la soeur d'Andréa, se présenta la fille, visiblement embarrassée.
Le coeur de Cassiopée rata un battement. Alors comme ça, elle venait de se tromper en croyant que cette fille était sa petite amie et qu'Andréa la trompait avec elle... C'était si bête. De plus, les deux femmes avaient les mêmes yeux et les mêmes mimiques. La terreur qui s'était installé en elle retomba d'un coup alors que la soeur filait à l'étage, voyant bien qu'elle dérangeait.
C'était toujours dans ces moments là de roller-coaster émotionnel que Ness et Franck revenaient. Ils étaient là, à la fenêtre, en train de la regarder.
"T'es gouine maintenant ?" Franck avait toujours été homophobe, ou particulièrement ignorant à ce propos. "Je ne pensais pas que tu nous trahirais ainsi" murmurait Ness, plongeant ses yeux morts dans ceux de la blonde qui frissonna.
Son angoisse montant, elle voyait sur le canapé en face les membres déchiquetés de Ness, mort sous les bombes, ou les murs couverts du sang de son premier copain...
- Est-ce que tout va bien ? Désolée de ne pas t'avoir prévenue, disait Andréa, l'air affectée par l'air vide et terrifié de la blonde.
Il n'en fallut pas plus pour que Cassiopée se raccroche à ces paroles gentilles. La première personne qui lui avait dit ce genre de choses était Pandora Lane, sa meilleure amie. La deuxième, Angelina Coeur. Et cette fille ressemblait trop à Ange pour que la tristesse ne la submerge en un clin d'oeil.
Elle explosa en sanglots, ne pouvant retenir les éclats de son coeur qui se brisait en mille morceaux. Andréa fut d'abord surprise, puis la prit contre elle avec un air aussi compatissant que consterné. Cassiopée enfouit sa tête contre son cou et pleura pendant une dizaine de minutes, sans s'arrêter.
Au bout d'un moment, Andréa s'assit sur le canapé et Cassiopée se blottit contre elle, des larmes dans ses yeux déchirés. Le câlin qui s'ensuivit était dépourvu de sensualité, c'était une étreinte réconfortante et agréable dans laquelle Cassiopée se perdit en larmes et en sanglots enfantins.
- J-je suis désolée.
- Pas de problème, dit la brune avec une infinie patience.
- Tu sens comme ma maman.
Andréa se pencha pour lui caresser les cheveux avec un sourire bienveillant.
- Elle est morte, marmonna la blonde en enroulant ses bras autour de sa taille. D'ailleurs, je suis désolée. Je n'aime... enfin, c'est pas mon truc les filles.
- Oh... J'avais remarqué, ne t'inquiètes pas. Ce n'est pas grave.
- J'ai... Je crois que la seule fille que j'ai jamais aimé ma traité de salope aujourd'hui.
Cassiopée ne releva pas le regard avant d'exploser à nouveau en sanglots, Andréa la regardant avec pitié, caressant ses cheveux.
- Oh non... C'est horrible.
- Et elle était avec une femme qui lui tourne autour.
- Tu devrais la laisser tomber. Je vois très bien ce genre de filles, et elles ne valent pas la peine.
- Mais elle était... Vraiment bien.
La blonde renifla en se pelotonnant plus encore contre elle, essuyant ses yeux.
- Au fait, je m'appelle Cassiopée Price.
- Price ! Oh, je ne t'avais pas reconnue. Je croyais que tu étais morte dans l'arène, il y a trois ans...?
- Trop compliqué à expliquer.
Cassiopée sourit légèrement, son souffle ralentissant au rythme de la conversation plus légère qu'elles avaient là. La blonde se laissa aller en fermant les yeux avant de se relever et de demander d'une petite voix:
- Je peux t'embrasser ?
- Tu as dit que tu n'aimais pas trop.
- Tu me fais penser à elle.
- Alors ce n'est pas moi que tu devrais embrasser, déclara t elle en riant. C'est elle.
- Elle me déteste.
- Oh...
La blonde posa ses lèvres sur les siennes, sentant le parfum de sa mère à pleins poumons, goutant aux lèvres d'Andréa comme si c'était celles d'Ange. Le baiser fut court mais apaisa la douleur de Cassiopée qui dit d'une petite voix:
- Il faut que je parte.
- Pas de soucis, Cassiopée. Tu peux rentrer seule ?
- Je suis torchée... Mais je pense que ça ira. Merci beaucoup Angeli-
- Andréa, coupa la brune avec bienveillance.
- Andréa. Tu es une super fille.
✺
- Pour célébrer nos trois ans de relation, j'inaugure aujourd'hui... Euh...
- Nos trois ans de relation, compléta Morgane avec un doux sourire.
Pandora avait posé un genou à terre, le regard pétillant. Sa petite amie était assise sur le canapé, un grand sourire aux lèvres, juste en face d'elles. La blonde tenait dans sa main un petit boitier ouvert, en velours, où une petite bague trônait royalement.
- Exactement.
- Quelle belle bague, c'est pour moi ? ronronna Morgane en s'emparant de la petite bague.
- Elle se met au petit doigt, c'est le seul doigt où tu n'as pas de bijoux, déclara fièrement la blonde en posant ses mains à plat sur ses genoux.
- J'ai l'impression que je vais me marier. Tu n'es pas en train de me marier contre mon gré, là ?!
Les deux rirent alors que Pandora s'extasiait:
- Mon dieu, j'ai choisi exactement la bonne taille.
- Tu es sûre que marquer "gay et prise" sur toutes les bagues que tu m'offres fera de moi quelqu'un de plus fidèle ? ricana légèrement Morgane avec une moue amusée.
- Parce que tu ne l'es pas ?!
- Evidemment que si. Tu es la femme la plus belle du monde.
Ce compliment fit rougir Pandora. C'était souvent elle qui en faisait aux autres, et il y avait des gens comme Léonore, Cassiopée ou Valentin qui lui rendaient volontiers. Seulement, les gens plus renfermés comme Iris ou Morgane restaient indéniablement plus compliqués à avoir en terme de points positifs.
- Merci. Toi aussi.
- On va devoir se battre pour la première place ?
- Non, je te la laisse volontiers, dit Pandora en riant de cette compétitivité que Morgane pouvait mettre dans tout ce qu'elle faisait.
Morgane échangea un sourire charmeur avec elle et caressa sa joue, replaçant une mèche blonde pour la mettre derrière son oreille qu'elle trouva charmante. Leurs lèvres se trouvèrent presque naturellement, les mains de Pandora s'enroulant autour de la nuque de sa belle.
Alors que Pandora grimpait sur ses genoux et que des mains se perdaient, la porte s'ouvrit à la volée et elles sursautèrent.
- Cassiopée ! Ça devient une habitude ! gronda Morgane en lâchant sa belle avec fureur.
Mais Cassiopée semblait être dans un état pire que la dernière fois. Alors qu'elle n'avait été que d'une froideur extrême, elle était maintenant d'une horrible pâleur, et semblait complètement bourrée. De plus, son cou était parsemé des suçons d'Andréa.
- Mon dieu Cassy ! s'exclama Pandora en se levant, refroidie, et en lui prenant les mains.
- J'ai besoin d'un endroit où dormir, les copines, déclara Cassiopée d'un air barbouillé.
- Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?
Cassiopée rit d'un ton amer:
- Je suis pas lesbienne, Morgane. J'ai fais le test, je t'assure. Et puis du coup, j'ai trompé Ange. Vous auriez des toilettes...?
Elle se rua vers la cuvette des WC les plus proches pour déverser le contenu de tout ce qu'elle avait avalé de nocif à cette soirée. Morgane et Pandora se regardèrent, Morgane énervée à cause du comportement égocentrique de la blonde, et Pandora inquiète de son état mental.
- On va te préparer un lit, dit la petite blonde en regardant sa petite amie d'un air perdu.
- Toi, t'as des comptes à nous rendre, bougonna Morgane en préparant la chambre d'amis, regardant avec déception la petite bague qui trônait sur le canapé, désormais gage d'une soirée érotique gâchée.
- Tu ne vas pas faire tout un flan pour ça, dit Pandora en levant les yeux au ciel, tenant les cheveux de la malade qui vomissait encore.
- Ben si ! Il y a vie privée et vie amicale. Elle est trop envahissante en ce moment.
- Elle ne va pas bien. On peut faire une exception pour ça, quand même. Arrête de faire ton coeur de pierre.
- Ne me dit pas ça, c'est blessant !
- Ne nous disputons pas pour ça, coupa autoritairement Pandora Lane en détournant les yeux, essayant de ne pas écouter le bruit du vomi dans le tréfonds des toilettes.
- N'empêche que je veux une explication et des excuses pour avoir gâché notre soirée, dit sévèrement la brune.
✺
Valentin enveloppa sa petite amie dans une écharpe chaude malgré son air de désapprobation. Elle mit ses mains dans ses poches en le regardant avec ses yeux très clairs.
- Je peux m'habiller toute seule.
- Ça me faisait plaisir de te donner mon écharpe, déclara-t-il avec un sourire.
Elle n'y répondit pas, plongée dans ses pensées. Ce n'était clairement pas le moment pour plaisanter: ils étaient en train de prendre des risques. Le train qui les amènerait au Capitole pouvait très bien renfermer des espions et mercenaires du Capitole qui les tueraient ou feraient dérailler le train. Pour se protéger de cela, Iris avait mis des lentilles vertes, couvert ses cheveux d'un châle et cachait désormais sa bouche et le bas de son visage avec l'écharpe.
- Excusez-moi ? Pouvons nous monter en première classe ? Ma femme est enceinte, déclara le brun au chauffeur de la locomotive qui prenait un café avec ses collègues.
Il le regarda un moment avec un air suspicieux.
- Très bien. Montez maintenant, m'sieur. Nous partons maintenant pour l'Capitole.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro