Chapitre 28: Je ne courtiserais plus Cassiopée Price
Cassiopée eut l'étrange impression qu'elle venait d'entrer sur un champ de bataille, ou les ruines de celle-ci.
Une jeune adolescente pleurait, enlacée par Pandora. -Quelle douceur, cette fille, tout de même- et Morgane regardait la scène avec un air figé, en face de la porte que Cassiopée venait de franchir
Un petit adolescent était aussi penché sur elle, l'air affligé. Il avait des cheveux blonds bien brossés, et ses yeux remontèrent pour regarder la nouvelle arrivante, Cassiopée.
- J'étais dans l'optique de venir et d'hurler un truc pour les majeurs, mais je crois que je me fais voler la vedette, dit la blonde plantureuse avec un sourcil levé.
Morgane franchit la pièce pour venir se poster devant elle et dire dans un chuchotis un peu énervé:
- C'est pas le moment de faire ta star.
- C'est toujours le moment de faire ma star.
Elle fit tomber son manteau au sol en levant coquettement son épaule droite à son menton, tel Marilyn Monroe, sous l'oeil agacé de son amie.
- Laisse-moi deviner: la petite vient de se rendre compte qu'elle va caner dans cette arène et qu-
- Cassy, ce n'est VRAIMENT pas le moment, intervint gravement Pandora, en serrant la pauvre Salomé dans ses bras.
Refroidie, Cassiopée s'assit dans un des canapés en grommelant. Elle tenait une petite boite dans sa main, et l'agita devant les yeux de Morgane qui la suivait pour s'asseoir aussi, l'air dépassée par la situation.
- J'ai trouvé ça devant votre porte.
Cassiopée ne se fit pas prier pour l'ouvrir, et découvrir des bijoux de tout genre, tous plus beaux les uns que les autres.
- Sympa. C'est Iris qui vous l'envoie.
Morgane la regarda sortir un bijou, un collier d'ambres. En effet, les parures étaient particulièrement décorées et bien faites. C'était un travail d'artisant habile, sans aucun doute.
- Étrange, dit elle en fronçant ses sourcils noirs.
- Tiens, il y a une lettre au fond de la boîte, dit Cassiopée avec un air légèrement étonné.
Elle sortit une jolie feuille avec le sceau du Capitole dessus. En le voyant, Morgane eut un moment de bug. C'était un colis de Iris, alors pourquoi...? Elle reposa lentement les bijoux qu'elle avait pris dans ses mains, au cas où.
Cassiopée l'ouvrit avec curiosité pour découvrir avec excitation l'écriture caractéristique du président Snow -ou tout ce qui s'en rapprochait-.
"Ceci est un avertissement adressé à tout ceux qui aideront les traîtres, les Rebelles. Snow."
La blonde releva les yeux vers Morgane, très excitée de voir sa réaction. Celle ci s'était figée sur place, tenant encore dans ses grandes mains baguées un bracelet.
- C'est les bijoux de la m... du cadavre ?! s'exclama Morgane avec un haut le coeur.
Elle se leva soudainement pour se précipiter dans la salle de bain, ce qui eut l'avantage de faire relever la tête de Pandora vers elles. La Capitolienne lui fit un petit "coucou" du bout des doigts.
- Vous avez donc aidé des Rebelles, dit Cassiopée en se levant, bras croisés.
- Non, dit Morgane en revenant, s'essuyant la bouche avec un mouchoir.
- Visiblement si: Snow le sait. Vous savez bien qu'il sait tout !
Elle tendit la lettre à qui voulait la voir. Pandora plissa les yeux pour lire ce qu'il était écrit dessus, et eut la même froide expression horrifiée que Morgane.
- Casse-toi, putain Cassiopée ! réagit Morgane, avec énervement.
Alors que Cassiopée lui tendait la lettre, l'air de dire que c'était mal et fatal, la grande brune la prit par le col et, malgré ses plaintes, la balança dans le couloir avant de fermer la porte.
- Et bien, que se passe-t-il ?
La voix grave, suave, dangereuse de Amos Dolorès, le petit ami du moment de Kaloss, fit sursauter tout le monde, y compris Salomé qui n'avait pas fini de pleurer de désespoir.
Mais sa présence, son pantalon noir, son maquillage noir, sa voix noire, son charisme noir, son torse nu, fit taire tout le monde. Morgane se retourna vers eux comme un ours prêt à charger. Pandora, qui tenait Azur et Salomé dans ses bras, dit avec sa gentillesse habituelle:
- Bonjour, Amos. Bien dormi ?
- Moi oui. Tout va bien ?
- Oui, affirma Morgane avec un ton un peu plus mordant que sa compagne.
- La jeune fille...
L'homme tendit le cou pour regarder Salomé, prostrée contre sa Mentore. Sa position supposait bien qu'elle pleurait contre son épaule. Pourtant elle releva la tête et dit d'une voix enjouée, sans aucune trace de larmes sur ses joues:
- Merci, ça va bien. J'ai une allergie aux lilas et une femme en a amené...
- En effet, c'est dommage, dit l'homme en dardant son regard suspicieux sur elle.
Ils se rendirent compte que l'homme ne partirait pas sans être sûr de cette réalité. Pandora serra les dents et agita ses doigts contre ses côtes pour la chatouiller.
Salomé, comme prévu, écarquilla les yeux et se mit à rire.
- J'ai... Vous savez ce que j'ai répondu à la femme ? "Je croyais que c'était vous Lila, mais vous n'êtes qu'une Muette. Et... C'était les fleurs qu'elle m'amenait !"
- C'était très drôle ! Dit Azur en forçant son rire.
Amos Dolorès ne se rendit pas compte que la plupart des personnes de la salle se forçaient à rire. Il eut un sourire en coin, tapota la tête de Salomé.
- Prend des anti allergiques.
- Elle y pensera, dit Pandora avec un petit sourire amusé. Bonne journée, Amos.
- À vous aussi.
Leur sourire niais s'effaça à la seconde même où le danger s'éloignait en haussant les épaules.
- Je dois y aller... Courage à vous, hein.
- Toi aussi, dit Pandora avec un respect teinté de crainte, suspicieusement.
✺
Cassiopée rentra ce soir-là d'une humeur atroce. Elle passa le reste de la journée vexée par le refus à son avis incompréhensible de ses amies. Elle avait pourtant tant à leur raconter ! Cette histoire avec le Valet, l'étrange manie de celui-ci de se cacher ou d'éteindre les lumières. La façon dont ils s'étaient parlés dernièrement et surtout... Leur nuit. Cette nuit si fantastique où la blonde avait senti son coeur et son corps s'embraser d'une façon formidable.
Et voilà qu'on la repoussait vulgairement ! Elle s'était vengée sur un Capitolien qui passait par là, en lui faisant un croche-pattes. L'homme s'était étalé de tout son long et Cassiopée avait continué son chemin en souriant, contentée. Puis, elle s'était posée à une cantine qui servait de bons cafés, et avait appelé Ange.
"Ange ? Oui, c'est Cassiopée. Je reviens ce soir, finalement, je ne dormirais pas chez Pandy. Elles ne veulent pas de moi. Non... Pas comme ça. Je te raconterais ce soir. Bisous."
Elle avait vraiment dit "bisous". Mon dieu... Une rougeur envahit son visage alors qu'elle disait entre ses dents:
- Mon dieu, Cassy, que tu es gênante.
Un jeune homme qui était passé plusieurs fois devant elle s'arrêta finalement pour se pencher vers elle. Cassiopée, qui avait posé son sac à main sur son ventre, s'était affalée au fond de sa chaise, des lunettes de soleil relevées dans ses cheveux et les deux pieds croisés sur la table, releva les yeux.
- Bonjour, dit le garçon.
Il avait les dents aussi blanches que son teint était brun. C'était un grand jeune homme aux cheveux frisés coupés court, et soigné. Il arborait un sac de travail et une tenue réglementaire que Cassiopée voyait souvent, sans parvenir à se rappeler où.
- Salut.
- Je peux m'asseoir ?
Il s'assit.
- Désolé de te déranger.
Sa voix était profonde, agréable. Il était charmant en tout point, et beau garçon. Cassiopée leva un sourcil en l'examinant. Pas trop de muscle, mais bien proportionné. Hum.
- Je te trouve superbe. On peut prendre une boisson ensemble ?
- Mmmmh... Okay, dit-elle avec un sourire satisfait, avant de regarder ses ongles.
- Je m'appelle Jay. Et tu dois sûrement être Cassiopée... Price.
Il sourit et rit. Joli rire, aussi.
- Exact, confirma la Price en connaissant la renommée de sa famille, et donc indirectement d'elle.
- Je t'ai vu et je m'étais dit...
- Je sais, j'ai vu. Tu es passé plusieurs fois devant la vitre.
Il eut l'air embarrassé, ce qui le rendait encore plus mignon. Cassiopée se sentit sourire aussi, amusée par son air désolé et son rire contagieux. Cependant, elle sortit un rouge à lèvres écarlate et déclara d'un ton de femme fatale:
- Ce n'est pas grave, Jay. J'ai l'habitude que les hommes me remarquent.
- Oh ! Oh... Okay.
- Et bien ?
Elle passa le maquillage contre ses lèvres avec un sourire satisfait. L'homme la dévorait des yeux, et elle prit soin d'entrouvrir ses bras le plus grand possible pour regarder si ses yeux descendaient vers son décolleté. Et évidemment, ce fut le cas. Déçue, Cassiopée agita la main:
- Jay, commande nous des boissons. Si elle me plait, tu as gagné.
- Gagné quoi ? demanda le jeune homme, étonné.
- Moi. Tu me gagnes moi.
Fière de son effet, elle vint se lever en roulant des hanches, et se posta devant lui, avant de lever une cuisse pour s'asseoir sur ses genoux contre lui. Sa robe moulante remonta sur sa jambe découvrant la blancheur de sa peau. Elle se cambra pour que leurs corps se touchent assez pour que son esprit soit troublé.
Pauvre petit homme dont la vue se troublait entre ce corps charnu et ces yeux d'aigle dont seul les Price avaient le secret. Cassiopée sourit, envoutante, et caressa sa joue du bout du doigt:
- Et bien ?
Elle avait toujours son rouge à lèvres dans l'autre main, qu'elle tenait devant son propre visage, figé. Jay était aussi figé, résistant à l'envie de se reculer légèrement pour qu'elle arrête de toucher d'une façon atrocement aguicheuse la bosse sur son pantalon, ou à celle de l'embrasser passionnément.
- J-je pense que deux cafés noirs seraient...
Cassiopée le regarda avec un visage changeant, ses yeux passant de la sensualité débridée à une lueur de pitié dénigrante en quelques millisecondes.
- Oh... Désolée, petit Jay. Ce n'était pas la bonne réponse.
Comme conséquence de ses paroles, le lipstick de la blonde s'écrasa sur sa joue, humide, humiliant. Les yeux de la femme lui intimaient le silence, le réduisaient à peu de choses.
- Je me rappelle d'où vient ce costume... Tu travailles chez mon père, toi.
Elle écrasa plus encore le bâtonnet de maquillage contre son visage. L'homme la regardait, figé. Il avait posé ses mains sur ses cuisses en prononçant sa commande, qu'il avait pensé judicieuse... Et n'avait qu'une envie, c'était de les retirer.
- La réponse était que Cassiopée Price ne voulait PAS de café puisqu'elle vient d'en boire un.
Elle prit son menton entre ses mains et le releva vers lui avec violence.
- Enlève tes sales mains.
Jay s'exécuta avec un peu de terreur. Cette expression mortelle sur son visage le terrifiait soudainement.
- Regarde. REGARDE !
Cassiopée cracha ces mots avec haine, les yeux écarquillés de colère. Il suivit le mouvement de son regard, entrainé par sa main qui enserrait violemment sa mâchoire. Sous les mains de l'homme, des suçons serpentaient entre les cuisses de Cassiopée, ceux du Valet de Coeur.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Es...Espèce de folle... dit Jay entre ses lèvres, réprimant l'envie d'essuyer son visage des postillons qu'elle lui envoyait peut-être intentionnellement.
- CA VEUT DIRE QUE JE SUIS PRISE ! lui cria Cassiopée dans les oreilles. PRISE !
Il retint un hurlement de surprise et de douleur lorsqu'il sentit une vive douleur au centre de sa paume. En ouvrant les yeux, qu'il avait fermé lorsqu'elle avait hurlé, il se rendit compte que quelque chose était planté dans sa main.
Cassiopée avait sorti un couteau et l'avait plongé là... Traversant sa chair et le bois de la chaise. Elle se releva chastement alors qu'il hurla de douleur, transcendé par la violence de cet acte.
- Répète. Je ne dois pas courtiser Cassiopée Price pour la simple et bonne raison qu'elle n'a aucune envie de baiser un connard.
- J-je... Je ne dois pas courtiser... Cassiopée Price, haleta l'homme alors que des larmes de douleur envahissaient sa vue.
- C'est bien, dit elle en lui tapotant la joue comme si c'était un petit chiot obéissant.
Elle se pencha pour embrasser les lèvres tordues de douleur de Jay, dont la main était brûlante de sang et de douleur.
- Connard.
Elle leva la jambe pour pousser le dossier de la chaise sur lequel il était cloué, et le fit basculer en arrière. Le poignard se détacha de la chaise avec un horrible bruit, et la tête de l'homme toucha le sol avec un bruit sourd. Il poussa un nouveau hurlement de douleur, l'arme bougeant dans la plaie.
Lorsque Cassiopée se pencha sur lui pour ramasser son poignard qu'elle arracha sans pitié de la plaie béante, elle prit soin de poser une main sur sa poitrine pour ne pas lui laisser le "plaisir" supposé de regarder ses seins en même temps.
Elle repartit d'une humeur encore plus massacrante, la lame pleine de sang à la main.
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