Chapitre 25: Tension dans l'obscurité moite
/!/Présence de Lemon à la fin de ce chapitre ! Ames sensibles s'abstenir /!/
Trois jours, c'était la durée du voyage d'affaires que le Valet avait fait. La veille du jour où Cassiopée rentrait, il partait. Avec un pincement au coeur, elle était partie dans son jet en se demandant comment la jeune femme le prendrait. Elle ne l'avait pas appelé depuis son départ.
Elle plaça correctement son masque pour qu'aucune de ses mèches folles ne s'en échappe. Redevenir Ange, le Valet de coeur et non pas la sous-fifre de la reine, la poupée avec laquelle elle s'amusait cruellement. Essayer d'être la plus bavarde possible avec sa "femme", même si ça paraissait impossible.
Elle ouvrit la porte et voulut dire simplement "je suis là", mais une tornade blonde s'abattit sur elle. Angelina serra son sac contre elle, sursautant.
- Ange ! s'écria Cassiopée.
Elle voulut la serrer dans ses bras mais remarqua le peu d'entrain, même le rejet du Valet. En réalité, c'était par crainte qu'elle ne sente dans son étreinte les formes féminines, les hanches ou la poitrine de celle-ci.
- Hum, je veux dire, enfin tu es là, dit elle avec un air excédé et perdu.
Elle se recula finalement, et Ange la regarda. Ses cheveux blonds soyeux ondulaient jusqu'à ses épaules et dans son dos, ils avaient poussés. Elle était maquillée et semblait moins en colère et aigrie qu'à son habitude. Ses yeux étaient émotifs, elle la regardait en biais.
- Oui, répondit Angelina, à court de mots.
Elle était heureuse de la revoir.
- Ca faisait longtemps.
Elle vit Cassiopée rougir légèrement et sentit elle-même un sourire pointer sur son visage couvert de l'objet. Mais pas question de se laisser aller. Elle savait ce qu'elle risquait en laissant Cassiopée adopter cette attitude avec elle, la reine Prudence la tuerait pour cela.
- C'est vrai.
- Je t'ai fais un café.
- Merci... répondit Ange.
Elle franchit le pas de la porte pour poser son sac. Elle garda son lourd manteau que Cassiopée regarda avec appréhension.
- Mais il est un peu tard pour un café, Cassiopée.
Le Valet la sentit frissonner lorsqu'elle prononça son nom. Mon dieu qu'elle ambiance particulière. Angelina sentait les extrémités de son corps en ébullition, comme si son sang avait été remplacé par du soda. Ses joues lui brûlaient, pas de honte, mais de... De ...?
- Oh ! Oui, tu as raison, dit la blonde.
Elle se tourna pour vider la tasse dans l'évier. Angelina passa son regard sur son dos nu, puisqu'elle portait un top tube à ce moment-là. Un frisson la traversa. Pense à la reine Prudence.
- Désolé...
- C'est moi. J'ai été occupée toute l'aprem, je n'avais pas vu que le soleil se couchait.
- Pourtant, la véranda est grande.
Elles se tournèrent vers la baie vitrée où une lueur dorée rose se répandait doucement comme un drap de soie sur un lit.
- Allons voir le coucher de soleil, murmura Cassiopée comme si elle révélait un secret confidentiel.
Leurs regards se croisèrent presque comme si le masque n'existait pas. Angelina se sentait nue sous ces beaux yeux fatals. Elle n'avait jamais remarqué à ce point que Cassiopée sentait si bon...
- Tu as mis du parfum ? demanda la plus grande en posant sa botte sur le plancher du balcon.
La blonde eut un sourire en coin et elle posa son index sur ses lèvres roses recouvertes d'un peu de gloss.
- Chhhht.
Angelina eut un nouveau frisson. Le malaise qui la prenait était égal à l'étrange attraction qu'elle ressentait pour ces lèvres qui s'étaient déjà posées sur son cou, qui l'appelaient étrangement... Mais comme à son habitude lorsqu'elle avait ces pensées-là, elle ne fit rien et resta plantée devant le soleil.
- C'est magnifique, déclara Cassiopée.
Il y eut un silence pendant lequel elles humèrent l'air frais et se détendirent sans se parler.
- Dit, Ange, pourquoi tu ne peux pas enlever ton masque ? Il est coincé ?
- N...on, pas vraiment.
- Tu peux l'enlever quand tu veux.
- Oui.
- Pourquoi tu le fais pas ? T'es moche ?
Elle se tourna vers la rousse en plissant les yeux, incapable de la voir sous ces traits.
- Tu sais, je m'en fous si t'es un mec dégueu.
Un homme... Non, elle ne pourrait même pas dévoiler sa véritable identité à cette jeune femme qui était tout ce qu'il y a de plus hétéro. Mais elle aurait préféré mille fois être un homme, même défiguré, que quelqu'un que Cassiopée ne regarderait même plus une fois dévoilé.
- Mmh.
- J'ai froid.
- J'ai un sweat à l'intérieur.
- Non, je veux ta cape.
- Je ne peux pas te la donner.
- Pourquoi tu caches ton corps ?! Je ne vais pas te sauter dessus non plus ! Putain, s'énerva rapidement Cassiopée. Ca sert à quoi tout ça ? Je croyais qu'on se faisait un peu plus confiance, mais visiblement j'ai pissé dans un violon !
Drôle d'expression. Angelina la regarda partir, figée. Fait quelque chose, merde. Arrête d'être lâche, vis ta vie à fond et tant pis si elle te repousse.
- Quelle tension sexuelle... marmonna Cassiopée en se frottant les bras, cherchant à se réchauffer.
- Je t'ai entendue, lui signifia Ange en fermant la porte, rentrant elle aussi.
Cassiopée écarquilla les yeux avant de déclarer d'un coup:
- Ouais ben j'assume. Y'a que toi pour pas l'avoir vu. C'est vraiment un truc de mec d'être con.
C'est tellement frustrant... pensa Angelina en se mordillant la lèvre. Une colère étouffée naissait dans son coeur alors qu'elle faisait un pas vers Cassiopée.
- Possible.
- Tout ça m'ennuie. Arrêtons de faire semblant.
Cassiopée fit un pas en avant à son tour et elles se retrouvèrent face à face. Le Valet de Coeur se mit à paniquer. De quoi parlait-elle ? Sa couverture était-elle si facilement devinable ?
- Embrasse-moi ! dit Cassiopée avec colère.
- Attend... De quoi tu parles ?
- De la tension entre toi et moi ! Comment tu peux être aussi... Raaaah !
Vexée de ne pas avoir eu le baiser qu'elle attendait de son "prince charmant" qui était en réalité une princesse aussi timide que la mort, elle se tourna et croisa les bras, furieuse.
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda le Valet, dérouté.
- Je te boude.
Le Valet retint un rire et s'approcha d'elle. Il enroula ses mains autour de sa taille fine et posa sa tête sur son épaule. Cassiopée avait l'air énervée mais eut soudain un sourire et rit légèrement. Elle posa ses mains sur celles gantées de son "mari" et l'entraina vers l'entrée de l'appartement pour éteindre la lumière.
- 22 heures, dit Ange en lisant l'horloge avant qu'elle ne soit plus visible.
- Tu ne veux pas que je te voies ? Très bien. On est dans le noir, alors maintenant mon coco, c'est moi qui commande.
Le cerveau d'Angelina tournait à vive allure. Au vu de la tournure des choses, de la façon dont elles s'étaient rapprochées, le danger était proche. Il fallait reprendre le contrôle des choses avant qu'elle ne se doute ou sente le poids de sa poitrine contre son dos si elle se collait à elle.
- Non, je ne crois pas, murmura Ange à l'oreille de la blonde.
- Ah !
Le Valet de coeur la poussa gentiment contre le lit pour qu'elle bascule. Cette dernière rit, surprise et excitée de la tournure des événements. Elle entendit le petit bruit de clapet, signe que le Valet avait enlevé son masque. Il s'allongea à côté d'elle et la blonde ne put réprimer l'envie de toucher ce visage inconnu, désiré.
Un nez cassé, romain, poète. Une bouche charnue, des traits finalement assez féminins... Ange ferma les yeux pour la laisser toucher ses paupières, ses sourcils, son front soucieux. Elle caressa ses cheveux avant de l'embrasser.
Un baiser timide. Étrange, inconnu. Le noir et le bruit du frigo les entouraient comme un voile de brume. Cassiopée adora la façon dont "il" se laissait faire, trouva cela si délicat, si gentil. Le baiser dura le temps qu'il leur plaisait de durer. Leurs langues discrètes, timides, se rencontrèrent avec plus d'ardeur et Cassiopée caressait le chignon du Valet entre ses doigts pressants.
- Je ne savais pas que tu avais les cheveux longs-
Angelina coupa sa phrase par un baiser. Ne pas lui laisser le temps de constater ses traits physiques... Elle devait rester sur cette limite que la reine Prudence lui avait dit, sans pour autant réprimer ses envies ardentes et maladroites.
- Tu t'appelles Angelo ? demanda Cassiopée, à bout de souffle, au bout d'un moment.
La rousse chassa gentiment la main de celle-ci qui essayait de se faire un chemin jusqu'à son corps, malgré un petit soupir de réprobation de sa part. En échange, elle posa sa main sur le ventre de la blonde et caressa sa peau tiède.
- Non.
- Angel ?
- Non.
La faire taire. Angelina passa son autre main sous son tee-shirt pour toucher sa poitrine tandis qu'elle continuait à l'embrasser. Cassiopée cambra son corps dont elle connaissait tout les secrets de séduction, et sourit, soupirant à présent de bien-être contre ses lèvres. Cela faisait tourner la tête à Angelina, la pauvre qui ne pouvait retenir ses mains.
Une main entre les cuisses, un jeu de doigt fastidieux qui dût être malheureusement recommencé plusieurs fois -quel dommage !- pour être bien sûr que Cassiopée ressentait bien cette sensation, des souffles haletants, des extases douces et enivrantes... La nuit se passait exactement comme elles le voulaient.
Cassiopée se laissa tomber sur le matelas, éreintée. Elle était sur le bord du lit, une main posée sur la tignasse détachée du Valet, qui faisais des suçons sur ses cuisses ouvertes. La blonde caressa sa joue en relevant son menton vers elle, dans le noir le plus total.
- Pourquoi on ne le ferait pas maintenant ?
- Le... Faire ? dit Angelina, à bout de souffle elle-aussi.
- Enfin, on n'a fait que des préliminaires... dit Cassiopée, perplexe.
Oh... Evidemment, Cassiopée s'attendait à une pénétration masculine. Angelina n'avait même pas pensé à ça avant de s'embarquer dans sa première partie de jambes en l'air. Qu'est-ce qu'elle était en train de faire... Elle ne pourrait repousser les mains hasardeuses de Cassiopée toute la soirée qui cherchaient en vain un sexe masculin dressé. Oups... Elle n'en verrais pas de sitôt. Pourquoi gâcher sa première soirée sexuelle avec ce genre de choses... Ange devrait mentir pour s'en sortir.
- Non mais... J'ai pas trop envie, déclara la rousse en sentant sa gêne déborder de tout son corps. Et il est tard.
- Oh... Okay. Plus tard, murmura Cassiopée.
Elle se plaça au milieu du lit, son corps nu enveloppé dans le drap blanc, et marmonna d'un ton ensommeillé:
- Tu nettoieras, Angelo.
- Mmh. Ne m'appelle pas Angelo.
- Okay. Bonne nuit, Angelo.
- ...
La rousse déposa un baiser sur ses lèvres. Elle savait très bien que dorénavant, elle ne pourrait plus le faire, ou dans de brèves circonstances comme celles-ci.
- C'était ta première fois ? Toucher une fille.
- Euh...
Oui et non.
- ...Oui.
Cassiopée rit légèrement, et Angelina trouva qu'elle était vraiment mignonne.
- Ça se sentait. On aurait dit que tu avais peur de déranger.
Elles rirent légèrement.
- Désolée, murmura Angelina.
- C'était mignon. Et doux. Dors tranquille.
Le Valet se releva pour poser le masque sur son oreiller. Le lendemain matin, il se réveillerait tôt pour remettre son masque et dormir tranquille pour ne pas craindre qu'elle ne s'aperçoive qu'"il" était en réalité "elle".
Cassiopée passa une nuit agréable, elle dormit extrêmement bien et n'eut pas un seul souvenir de cauchemar en vue au matin. Juste une agréable sensation... D'un rêve romantique. Mais évidemment, elle ne pouvait pas tomber amoureuse d'Ange. Cet homme ressemblait trop à Ness et à Franck. Elle ne faisait que jouer avec les sentiments du Valet, bien sûr. Bien sûr.
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