Chapitre XXII
« Non. »
« Mais vous pourriez au moins... »
« Non. »
« S'il vous plaît ! »
« Non. »
« Bon sang, Peter, soyez humain pour une fois, aidez-nous. »
Un moment de silence s'écoula.
« Non. »
Scott jura tandis que June se ratatinait sur le canapé du loft de Derek. Brett lui caressa le dos de la main avec son pouce, fusillant en même temps l'oncle Hale du regard pour son entêtement. Ils lui avaient demandé - et même supplié - de les aider à apprendre à June à se contrôler, mais ils faisaient à présent face à un refus catégorique de sa part. Affalé sur un siège dans une position définissant clairement son ennui face à l'insistance du Vrai Alpha, il ne les regardait même pas. Son regard bleuté fixait un point inconnu à l'extérieur.
« Les amis, ce n'est pas grave si il ne veut pas. » argumenta June, lasse. « Je demanderai à... »
« Ne prononce même pas son nom. » trancha le blond à ses côtés en serrant les dents. « J'en ai eu assez de lui pour les dix prochains millénaires. »
La jeune fille sourit tristement.
« Je le sais, mais à part ce monsieur... »
« Peter Hale, ma chère. » interrompu le concerné.
« À part ce Peter Hale, on ne connaît personne d'autre qui pourrait m'aider. »
« Deucalion en connaît un rayon sur les autres créatures surnaturelles. » intervint de nouveau l'ancien Alpha.
Derek lui frappa l'épaule, lui lançant une œillade emprunte de mépris et de colère.
« Je ne pense pas que faire appel à Deucalion est la meilleure chose à faire. » répondit Scott.
« Sinon, je connais un gars qui pourrait peut-être vous aider. C'est un loup-garou, il s'y connait pas mal en surnaturel. » ajouta Peter après un moment de réflexion. « Il s'appelle Tony. »
« Et c'est un psychopathe lui aussi ? » railla Stiles. « Parce que, si oui, ça ne nous intéresse pas. »
« Non, il est plutôt clean. Il avait une fille, mais elle s'est faite enlevée quelques mois après sa naissance, alors il s'est beaucoup renfermé sur lui-même. Ne l'agressez pas comme vous le faites avec les autres, sinon ça risque de compliquer les choses. »
Les membres de la meute acquiescèrent.
« Il habite où ? » questionna Brett, impatient.
« Dans une grande maison au milieu de la forêt. Ça ne m'étonnerait pas qu'il soit milliardaire, vu l'endroit. »
Légèrement perplexes mais tout de même heureux d'avoir trouvé une solution, ils sortirent enfin du loft pour rentrer tous chez eux. Ils iraient trouver ce Tony le lendemain.
« Tu viens June ? »
La rousse s'était stoppée en plein milieu de la route, les yeux écarquillés. Brett lui prit la main, tentant de la ramener vers le trottoir, mais elle semblait comme hypnotisée par quelque chose. Elle murmura presque indistinctement :
« Il est là. »
« Qui ? Qui ça, June ? » paniqua Brett, les sourcils froncés.
« Félix. Je le sens. Il m'appelle. Ou alors... »
Elle ne termina pas sa phrase, absorbée par ses mains. Elles s'étaient mises à trembler. Soudain, elle reconnût la sensation qui la tiraillait.
« Brett, j'ai envie... J'ai envie de crier. »
Le blond haussa les sourcils. Lydia était à quelques mètres d'eux et ses pouvoirs de Banshee ne semblaient pas faire effet, alors pourquoi sa petite amie était-elle si ennuyée par ce besoin de crier ? Il lui prit néanmoins la main et murmura :
« Crie, peut-être que ça t'aidera. »
Elle hocha la tête et ouvrit la bouche, mais rien ne sortit. Ses yeux prirent tout à coup une teinte rouge et ses canines s'allongèrent. Elle se mit en marche vers les bois.
« Il utilise mon don de Banshee pour me conduire jusqu'à lui. » expliqua-t-elle, à moitié pour Brett, à moitié pour elle-même.
Ils marchèrent pendant plus de cinq minutes, jusqu'à arriver à un arbre coupé. Il était gigantesque, faisant probablement deux à trois mètres de diamètre. Ses racines apparaissaient à la surface du sol terreux en de longs sillons tordus. Allongé au centre de la souche de l'arbre se tenait un cadavre encore chaud. Et, juste derrière, droit comme un I...
« Félix. » souffla June du bout des lèvres.
Elle fixait le mort avec des yeux ronds.
« Je suis heureux de te revoir June. » dit-il avec un sourire tout sauf joyeux. « Enfin, non, c'est faux, mais que puis-je dire à la fille qui a délibérément tenté de me tuer alors que je lui ai donné un pouvoir extraordinaire ? »
La jeune fille s'avança vers le cadavre. C'était un petit garçon qui ne devait pas avoir plus de cinq ou six ans.
« Il était si jeune... » murmura-t-elle en trempant inconsciemment le bout de ses doigts dans le sang épais qui coulait de son cou.
Il se mit soudainement à pleuvoir. Brett se souvint d'une parole de Deaton : « L'eau est liée à la tristesse, la foudre et le vent à la colère. ». Il redoutait ce qui se passerait par la suite. Une nouvelle crise de la part de June n'était vraiment pas souhaitable en ce moment. Félix mit sa main sur l'épaule de la Trybride, le blond grogna. Il l'ignora, portant toute son attention sur celle qu'il avait transformé.
« Tout ça c'est de ta faute June. C'est toi qui l'a tué. »
« Tu mens. » répondit-elle faiblement. « C'est toi. »
« Non, c'est toi qui est partie. C'est toi qui a tenté de me tuer, n'est-ce pas ? C'est à cause de toi que j'ai dû faire ça. »
La pluie s'arrêta pour laisser place au vent. Brett regarda le ciel avec inquiétude, n'osant pas bouger de peur d'aggraver la situation.
« Arrête de mentir. » cracha June avant de se retourner, les yeux larmoyants de rage. « Arrête de faire ça ! »
Le loup-garou comprit soudain avec horreur ce qui se déroulait sous ses yeux. Félix essayait de mettre June en colère. Il voulait qu'elle s'énerve. Un grondement de tonnerre retentît.
« Réfléchis June. Si tu n'étais pas partie, aurais-je eu besoin de tuer ce pauvre gosse pour te faire revenir ? »
« Ne l'écoute pas June ! » cria soudainement Brett, paniqué. « Crie pour alerter les autres et allons-nous en ! »
Elle l'ignora. Ou alors ne l'avait-elle pas entendu, trop absorbée par sa colère. Dans tous les cas, elle n'eût aucune réaction. Ses yeux étaient toujours rouges, tout n'était pas perdu.
« June, je t'en prie, calme-toi. » supplia-t-il.
Félix et elle n'étaient qu'à quelques millimètres l'un de l'autre, se fixant avec haine.
« Vas-y June. Laisse-toi emporter par la rage. Tue-moi, tu en as tellement envie. »
Une lueur argentée traversa ses iris rouges, mais ils ne changèrent pas de couleur.
« Garde le contrôle June, pitié... » continua Brett, malgré l'inutilité de ses paroles ; personne ne l'écoutait.
La Trybride serra les poings. Ses canines rétrécirent, mais cela n'annonçait rien de bon. Sa partie Fée refaisait surface. Le tonnerre résonna plus fort.
« Allez June. Montre-moi le monstre que tu es. Tu as tué ce pauvre enfant. Tu le sais, n'est-ce pas ? »
« Arrête. De. Mentir. » grogna la rousse.
Ses iris se colorèrent d'argent. Félix sourit.
« Voilà, c'est bien. Continue. Je veux voir ça. »
Puis, soudain, elle hurla. Son cri de Banshee propulsant le vampire contre un autre arbre bien plus loin. Sa tête claqua contre le tronc, une tâche de sang apparaissant derrière lui. Une autre blessure à ajouter à la liste des dernières causées par June. Il s'évanouit sous le choc, mais cela ne stoppa pas la jeune fille. Brett plaqua ses mains sur ses oreilles, les dents serrées et les paupières closes comme si cela pouvait empêcher les cris de l'assourdir. Décidément, son hurlement était bien plus puissant que tous les autres. Cependant, le bruit s'arrêta soudain. Un spectacle étonnant se tenait là lorsque le blond ouvrit les yeux. Un homme - qui avait probablement la quarantaine - se tenait face à June, les bras levés en signe de paix. Cela semblait l'avoir stoppée net. Les yeux de l'homme étaient rouges, tout comme le devinrent ceux de la rouquine. Elle avait toujours la bouche ouverte, comme si son hurlement était simplement mit en pause. Il posa sa main sur son épaule et elle se relâcha tout à coup. Brett la soutint par l'épaule, veillant à ce qu'elle ne s'écroule pas comme la dernière fois. Elle murmura :
« Qui êtes-vous ? »
« Mon nom est Tony. » expliqua l'homme avec un sourire triste.
« J'ai l'impression de vous connaître... »
Il baissa les yeux avant de les replonger dans les siens.
« C'est normal. »
« Pourquoi ? Et comment est-ce que vous... ? » balbutia Brett.
« C'est parce que je sais comment l'aider à se contrôler. Et aussi parce que... »
Un long moment de silence s'écoula.
« ... Parce que je suis son père. Son véritable père biologique. »
***
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