X. Ami(e)s ? (II)
Vendredi 6 octobre, 23h42 :
Je ruminai dans mon lit. Deux heures que je tournai en boucle sans jamais trouver la bonne position pour dormir. Mes pensées oscillaient entre ma victoire et sa défaite. Je n'arrivai pas à me fixer sur une image apaisante car tout ce que je voyais c'était ma présence en ces lieux qui chamboulait l'ordre naturel.
Je fixai le plafond, le mur, le lit vide d'Hermione et ainsi de suite, passant sur chaque objet de la pièce. Le sommeil ne me prenait pas et plus le temps passait, plus je perdais patience, jusqu'à repousser les draps et me lever d'un coup sec. Foutue sieste et foutus résultats ! J'enfilai un pantalon de sport et ma brassière pour partir en quête d'une salle qui me permettrait d'évacuer mes pensées. Si seulement, je pouvais.
Pour une fois, je n'avais pas besoin de sortir en douce. Hermione n'étant pas dans son lit, il était beaucoup plus facile de marcher dans notre chambre sans avoir peur de faire trop de bruit. J'ouvris les placard et sortis le doux sweat sur lequel était inscrit notre formation et l'année où elle se déroulait. Dans une couleur beige qui s'accordait parfaitement avec la matière et la nuance de mon pantalon, le tissus en polaire caressa la surface de ma peau et m'emplit d'une douce chaleur. D'un geste ample, je fis passer mes longs cheveux bruns par dessus avant de les attacher en un chignon rapide sur le dessus de ma tête.
Je déverrouillai la porte et sortis dans le couloir après avoir vérifié que la lumière tamisée s'était bien éteinte. Tournant sur ma droite et longeant les parois, j'hésitai à aller réveiller Ayden comme je le faisais du temps de ma misérable vie en zone 15, lorsque vers trois heures du matin, un cauchemar me secouait et que seul mon meilleur ami était capable de calmer.
— Z4-B-29, murmurai-je.
Ma main face à la porte, j'hésitai. Décidément, c'était mon jour. Pas une once de courage à dix-huit heures et pas une once de motivation à déranger mon meilleur ami. Après tout, si Jace était également dans la chambre, je risquai de le réveiller également et je ne souhaitais pas ça.
Je repris ma marche et restai sur ma première idée d'aller combattre un sac ou lancer une simulation pour me changer les idées. Je ne fis pas trois mètres que je me figeai sur place. Je pouvais reconnaître la voix qui parlait entre mille. Au vu de la direction qu'elle prenait, il n'y avait aucun doute sur l'appartenance.
Un groupe de deux personnes apparut près du tournant du couloir, riant aux éclats et faisant fit de tout respect envers ceux qui essayaient de dormir. Les murs étaient, certes, épais mais ce n'était pas une raison pour briser le silence qui régnait depuis plus d'une heure. Un blond aux yeux malicieux et aux pommettes rosées par l'alcool qui avait légèrement pris le contrôle de son sang était accolé à un châtain par le passé sensible et timide, dont le regard empli de joie contrastait avec les moments que j'avais gravé dans ma mémoire.
Ma gorge se serra mais je ressemblais tout ma force pour ne pas craquer.
— Oh ! Raven !
— Vous revenez d'où ? demandai-je amère.
Mon ton évoquait sans conteste les émotions qui se mélangeaient en moi. Le silence revint dans le couloir et l'incompréhension qui se peignait sur le visage d'Ayden énonçait parfaitement ce que je craignais.
— Tout va bien ?
— Tu ne réponds pas à ma question.
— Je pensais que tu voulais dormir, alors...
— Alors quoi, Ayden ?
Pas un bruit ne rythmait la scène. Tout s'était figé sur place.
— Je vais vous laisser je crois, osa annoncer Jace tout en tapotant sur l'écran de déverrouillage de sa chambre.
— Toi, indiquai-je du bout du doigt, tu restes ici.
Il jeta un coup d'oeil vers Ayden et je savais très bien ce qu'il était entrain de faire. D'ailleurs, mon meilleur ami n'allait pas tarder à lui répondre de vive voix.
— Elle est sérieuse, chuchota-t-il.
Jace se replaça à ses côtés et de concert, ils baissèrent la tête.
— À en déduire votre état, et bien qu'il soit léger, vous êtes allé au bar. Quand je pense, Ayden, que tu avais peur de ne pas être intégré au groupe, maintenant tu dois être rassuré. Tu n'as pas pensé une seule fois à me demander si j'étais tentée d'y aller ?
Il s'apprêta à ouvrir la bouche quand d'un mouvement de ma main je lui fis comprendre que je n'en avais pas terminé avec lui.
— J'étais à deux doigts de venir te déranger, comme je le faisais il y a plus de deux mois, pour que tu puisses chasser mes pensées, faire en sorte que j'aille mieux. Mais apparemment, monsieur était bien trop occupé à boire des coups avec son nouvel ami !
Mon regard noir, assassin, se planta dans ceux de Jace. Je serrai ma mâchoire pour ne pas sortir de mots encore plus violents que ceux que je pensais déjà. J'avais du mal à remettre l'intégralité de mon esprit en ordre. Tout se mélangeait, émotions passées et présentes, sentiments et souvenirs.
— Je vous laisse, puisque vous savez vous occuper sans moi.
La température avait sûrement chuté de plusieurs degrés en quelques minutes, mais je ne pouvais rester devant ces deux-là. Et dire que je les trouvais mignons il y a moins d'une semaine...
Je fis demi-tour et les laissai en plan. J'avais cassé l'ambiance joyeuse qu'ils avaient en rentrant, mais clairement, je m'en fichais. Je sentais le regard qu'Ayden me portait. Je sentais que j'avais cassé en deux son moral, mais à quel moment avait-il pensé à moi ? Je me trouvais égoïste d'admettre ça, mais depuis qu'il avait fait la rencontre de Jace, j'étais mise de côté, prise en dernière recours.
Je ne fus pas rattrapée pendant que je déambulai dans les couloirs de métal laqué blanc, la lumière s'allumant à mon passage et s'éteignant juste après. Lorsque je trouvais la salle que je cherchais, je ne pris pas la peine de fermer la porte et vins simplement m'asseoir contre le mur en observant ce qui m'entourait.
J'essayai de me fondre dans l'espace, jouant sur ma petite taille pour disparaitre dans la pièce circulaire. Au centre, un cylindre poussait hors du sol pour éclairer d'une faible luminosité la pièce, permettant en même temps à la plante qui grandissait au milieu de bénéficier d'un apport naturel en lumière et en eau. La colonne s'élevait jusqu'au plafond et disparaissait dans une fluidité sans nom, mêlant le verre et le métal entre eux.
Prenant ma tête entre mes mains, je relâchai la pression et me laissai pleurer un bon coup pour ensuite remettre de l'ordre dans mon esprit. Je voulais pouvoir tout ranger dans des boites et ne jamais rouvrir ce surplus d'émotions et de pensées. Les larmes salées et amères de ces dernières jours coulèrent le long de mes pommettes encore sèches de toute douleur. Elles roulèrent jusqu'à s'arrêter au bord de ma mâchoire. Sautant dans le vide, elles vinrent s'entacher sur mon pull et s'imprégner dans la matière soyeuse.
Mon souffle tressautait tout autant que mes épaules dans une anarchie complète où aucun de mes mouvements n'étaient controlés. Je craquai totalement et à la seconde où j'avais pu relâcher tout ce qui m'abritait, je me sentais faible et fragile, comme un bouton de fleur à la rosée du matin.
— Tout va bien ? me demanda une voix singulièrement rauque.
Je relavai ma tête et dévoilai mon état. J'en avais que faire de ce qu'il pouvait penser. Il m'avait ouvert son coeur à la piscine, je devais lui rendre la pareille. Mes yeux étaient rougis, tout comme mes joues. Son regard grave me fit prendre conscience de la situation. Je devais être horrible à voir.
— Je suis là si tu veux en parler.
Sa voix douce et mielleuse me prit par les sentiments. Jamais je n'aurais pensé parler de ça à mon ancien ennemis. Jamais je n'aurais imaginé que Clayton serait un support mental. Pourtant, il le devenait plus que mon meilleur ami. J'avais l'impression d'avoir bien plus discuté avec lui ces derniers jours qu'avec celui que je considérai comme ma famille.
Il vint s'asseoir à mes côtés, apportant la bienveillance dans ses mouvements.
— Il semblerait que ce soit à moi de m'ouvrir ce soir, rigolai-je en reniflant.
Le silence envahit la salle une fois de plus en cette nuit. Quand ma respiration reprit son cours normal, je relevai enfin la tête.
— Ayden est tout pour moi. Il est ma seule famille.
Ma gorge se serra en repensant à ce soir.
— J'ai tout vécu avec lui, mes pires comme mes meilleurs moments. Alors... le voir avec Jace... Je me sens délaissée.
Je reniflai en même temps que je prononçai ces mots, me retenant de pleurer. J'aimais cette nouvelle facette de Clayton. Il ne m'interrompit pas une seule fois, me laissant vider mon sac à ma façon.
— Est-ce que, est ce que... j'ai mal réagi ? Est-ce que j'aurais du être plus conciliante ?
Je sentis les épaules de Clayton se soulever et se rabaisser avec fluidité.
— Je ne suis pas le mieux placé pour donner des conseils... murmura-t-il. A vrai dire, j'aurais réagi de la même manière avec 'Mione. Je suppose que la jalousie est difficile à garder pour soi...
Je refoulai un sourire. Il n'avait pas tord. Nous étions loin d'être de ceux qui pouvaient donner des conseils, voire même de les appliquer. Après plusieurs minutes à rester là sans rien se dire, nous finîmes par me lever. Même sans nous parler, je sentais qu'on échangeait. Je ne pouvais pas déterminer ce sentiment, mais jamais nous n'avions besoin de dire tout ce à quoi nous pensions. Le silence le disait pour nous. Il me tendit sa main.
Une alerte retentit dans ma tête. Mode panique enclenché. Je répète. Mode panique enclenché ! Je mis quelques secondes à réagir. Cette main était un nouveau départ entre nous. Je ne savais pas où ça allait nous mener, et j'avais peur de la suite. Jusque là, c'était facile de le détester mais pourrais-je un jour l'accepter ?
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Hello hello ^^
Comment allez-vous ?
Les émotions de Raven : un grand chapitre. Est-ce que ça vous est déjà arrivé de se sentir de trop auprès d'une personne alors qu'elle était celle qui rythmait vos humeurs ? Ce que vit Raven est bien souvent ce qui se passe auprès de nombreuses personnes... Alors comment évoluera la suite entre eux, seul l'avenir nous le dira.
Ici pour les avis sur le chapitre et vos théories :
Dites moi ce que vous en pensez et n'oubliez pas que les petites étoiles valent tout l'or du monde dans l'esprit d'un auteur, quelque soit son genre.
Xoxo <3
Ptitgibilin ✧
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