Jeudi 14 Septembre, 18h11 :

Je m'isolai autant que je pouvais, seule dans cette salle de combat. Assise contre le sol, le regard planté sur le sac de cuir, je tentai de lancer une discussion avec moi-même. Oui. Vous avez bien lu. Je ne suis pas schizophrène ou atteinte d'une autre maladie. Lancer une discussion avec moi-même était juste un moyen de confronter mes pensées, avec seulement une projection mentale de ma personne face à moi, allant de mon passé à mon présent, traversant mes souvenirs et mes émotions.

Les paroles d'Isaac suivies de celle de Treegof alternaient encore dans mon esprit. Tantôt l'une prenait le dessus, tantôt l'autre essayait d'annihiler celle qui se montrait. J'étais faible. C'était indéniable. J'étais un fantôme aussi. Je me raccrochais à un passé qui n'avait plus lieu d'être. Le moment présent était là pour me rappeler que quoique je fasse, la disparition de mes parents n'était pas ma faute. Je ne cessais de leur reprocher leur absence mais, à l'inverse, je faisais tout pour me raccrocher à ce qu'ils étaient. Mes parents avaient fait cette formation, ils étaient devenus forts et puissants, quasiment imbattables, ils avaient foulé la surface. Tout ça, j'allais le faire. J'en étais convaincue.

Je me plongeai dans mes souvenirs, et ça me déchirait. Trois heures que j'attendais d'être seule pour pouvoir libérer les quelques larmes qui m'abritaient. Trois heures que je patientais pour pouvoir revivre mes cinq ans.

— Quand mes parents reviendront ? avais-je demandé à McMadlock, la gouvernante de l'orphelinat.

Il m'avait fallu trois ans pour comprendre que jamais je ne connaîtrais ce que c'est qu'était qu'être aimé par une famille, une mère, un père. Deux de plus pour apprendre, à travers une lettre, que mes parents étaient morts, qu'ils étaient agents externes et qu'à peine ma naissance passée, ils étaient retournés sur le terrain. Je n'avais pas mérité le poids d'un secret qu'ils avaient posé sur ma conscience.

Un secret dont je n'étais pas la seule au courant apparemment. Isaac Rudd me l'avait bien fait comprendre. Pendant des années, j'avais gardé ce que je connaissais avec une force mentale bien supérieure à la moyenne, faisant attention aux moindres gestes que je faisais, aux moindres paroles que je prononçais. En une fraction de seconde, je n'étais plus le maître de ce passé. En une seconde, il m'avait fait comprendre que me déstabiliser était une chose facile à faire en cette zone 4-B.

Je balançais mon poing contre le sac de cuir. À quel point point Isaac connaissait mes parents ? A quel point en était-il proche ? Juste assez pour détenir mon attention, ou appeler ma curiosité. Mes questions étaient sans fondement car je possédais déjà les réponses. Isaac Rudd était leur gardien. Il possédait leurs souvenirs, leur vie, et l'instant de leur mort.

Je ressemblais tant que ça à mes parents ? La question me taraudait depuis maintenant deux heures. Deux heures complètes à me demander si mon faciès collait à celui de mes géniteurs. Je connaissais mon esprit. Sans la réponse, tout tournerait en boucle jusqu'à comprendre. Je ne dormirai alors plus du tout.

Et s'il savait ? En fait. Isaac savait. Là n'était pas la question. Mais s'il savait réellement qui j'étais, pourquoi ne pas le clamer haut et fort ? Pourquoi s'en tenir à me le glisser dans l'oreille juste avant de tirer ? Je m'étais efforcée à garder le secret, jour et nuit, sur mon rang, sur mes parents. Il ne pouvait pas arriver et tout gâcher.

En fait la réponse à ma question paraissait logique. Il les avait vu grandir à travers la formation. Il les avait formés au tir du Sarkeï-4B. Il n'était pas si connu à l'époque. Isaac était la cible parfaite pour passer incognito. Il voyait passer beaucoup de personnes chaque jour, discutait avec beaucoup de monde mais savait exactement comment contourner chacun des mécanismes de L'Abri. Il n'était pas la première personne qui serait interrogé pour connaître les détails de l'opération qui avait mal tournée car il n'était pas allé sur le terrain. Les services de renseignement se serviraient de lui comme d'une personne lambda. Ils n'iraient pas fouiller dans sa mémoire, car cela serait inutile.

Je balançai une seconde fois mon poing droit contre le sac de cuir. Comment avais-je pu être aussi idiote ? Isaac ne voulait pas me déstabiliser. Il voulait me protéger, savoir quelles étaient mes limites avant de laisser apparaître le secret. Je connaissais ma première limite, elle ne devait plus jamais apparaître. Elle devait s'enfouir loin dans mon esprit pour qu'à l'avenir je ne réagisse plus à la divulgation d'une information telle que celle-ci.

Une tête châtain dépassa de l'encadrement de porte, puis une deuxième mais blonde cette fois-ci.

— Tu vois ! affirma Ayden. Ça marche !

Je le regardai interdit. Qu'est-ce ce qu'il avait encore fait ? Il me fixa de son éternel sourire avant de sortir sans contexte préalable :

— Ma montre te capte à nouveau !

Je fermai les yeux et soufflai discrètement.

— Ayd', tu peux former des phrases logiques s'il te plait ? Je comprends rien !

Jace frotta les cheveux de mon meilleur ami avant de me préciser en un seul souffle :

— Il a modifié le code source de son bracelet pour avoir accès à la localisation de n'importe qui dans l'Abri. Et il a aussi associé son numéro à ceux qui gèrent toute la sécurité pour passer inaperçu, en ajoutant je ne sais quel lettre pour devenir invisible.

Jace avait l'air d'avoir appris ce monologue par coeur ou alors il était vraiment à l'aise sur ce sujet. L'informatique n'était vraiment pas pour moi. Il m'avait perdu après sa première phrase. Je pense que le tout se lisait sur mon visage puisque les deux loustics se captèrent du regard et rigolèrent ensemble.

— Merci quand même pour l'explication.

J'étais gênée en leur présence. Ils troublaient l'instant que je m'étais octroyée pour répandre leur bonne humeur, même si cette dernière était largement contagieuse.

— Tu faisais quoi ici ?

— Un peu de nettoyage. Y en avait besoin !

Je détournai mon regard vers le sac de frappe. J'avais eu besoin de nettoyage, mais maintenant, je me motivai à fond. La fin de semaine était proche et il n'était pas envisageable que je parte sur un coup de fatigue ou un coup de mou.

J'étais forte, j'en valais la peine.

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Hello hello ^^

Comment allez-vous ?

Bientôt les vacances pour moi (dans deux semaines) mais qui dit vacances, dit période de stage et pour l'instant, c'est la m*rde car j'en ai pas ^^' Comme quoi, on peut avoir de très bonnes notes, être bien classée et rien trouver...

Bref, parlant de Human, Raven se sent de plus en plus en danger face à son passé, et son secret. Sans oublier Treegof Clayton, et Isaac. A votre avis, il est gentil ou méchant ?

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Dites moi ce que vous en pensez et n'oubliez pas que les petites étoiles valent tout l'or du monde dans l'esprit d'un auteur, quelque soit son genre.

Xoxo <3

Ptitgibilin ✧