VII. Avec classe. (II)
Ainsi, je me frayai un chemin pour rejoindre celui qui se croyait tout permis. Je reçus de la part de mes camarades des mécontentements, mais je n'avais que faire, Treegof devait recevoir une leçon. Arrivée à sa hauteur, il ne put s'empêcher de me toiser d'un air narquois.
— Tu ferais mieux de retourner à l'arrière, s'empressa-t-il de me signaler.
— Tu as peur que je blesse ton ego surdimensionné ?
Il broya du noir mais ne se laissa pas faire pour autant. Il n'eut pas le temps de répliquer qu'un référent nous coupa par sa puissante voix.
— Treegof, Greydale !
Je me mis en place sur la ligne de départ pour m'élancer. Un pied devant, un pied derrière, je devais faire vite pour le dépasser. Treegof tourna sa tête pour me décourager une deuxième fois, sans savoir que j'avais plus de cartes en main que n'importe qui dans cette pièce.
— Prête à te faire massacrer ?
— Redescends un peu... Lexie...
En un souffle, je réussis à faire tout ce dont j'avais rêvé. Remettre quelqu'un à sa place sans violence physique. La tête de Treegof se décomposa immédiatement. Elle était devenue livide puis avait repris de ses couleurs et désormais c'était le rouge qui prédominait. Le rouge de la colère, de la honte ou de la haine. J'étais fière de moi et m'élançai pour réussir au mieux le parcours qui glissait alors sous mon corps.
A vive allure, j'enchaînai les premiers obstacles qui n'étaient qu'une banalité. J'avais pris de précieuses secondes d'avance, ce n'était pas pour les perdre dans des futilités. Je restai à l'affût des moindres dangers potentiels. Un pied mal placé, un bras mal accroché ou un buste trop relevé et c'était des secondes qui filaient.
Les trois premiers obstacles passés, je m'accordais enfin un coup d'oeil en arrière pour évaluer la distance, et le temps, qui me séparait de Treegof. Passable. Ni trop, ni trop peu. J'avais juste assez d'avance pour me permettre d'agir avec souplesse et élégance sur le saut d'obstacles qui arrivait.
Des rondins de trois hauteurs différentes me faisaient face. Ils étaient suffisamment larges pour que j'y emploie à la fois ma force et mon agilité. D'un bond, je passai au-dessus du premier et me réceptionnai avec aisance sur mes pieds, amortissant du mieux que je pus la redescente. L'élan que j'avais eu pour la première poutre, avait disparu pour les deux suivantes. Je devais me hisser à la seule force de mes bras et de mes jambes sur un obstacle qui dépassait fortement une moitié de ma taille.
Treegof me talonnait de peu, mais lui aussi passait avec difficulté la structure. Mes cuisses étaient en feu et je ne souhaitai qu'une chose, que la fin du parcours se dessine enfin devant mes yeux, ce qui n'était pas prêt d'arriver.
Deux cordes se profilèrent devant nos yeux et ne laissaient aucun doute quant à la suite qui ne fut qu'une formalité. Avec légèreté, je me hissai au-delà de la poutre qui retenait en un noeud la lanière de chanvre. J'appuyai sur la surface lisse positionnée tout en haut pour valider la réussite de l'ascension et redescendis bien plus vite que j'avais grimpé. À un mètre du sol, je me laissai retomber sur mes pieds et plaçai un genou à terre pour plus d'amorti.
Le paysage défilait devant mes yeux mais je ne prenais pas la peine d'admirer la beauté du travail réalisé ou la présence de chaque arbre, à l'harmonie quasi surnaturelle. Je continuai mon chemin sur le parcours tentant de prendre le plus d'avance possible malgré mes muscles qui brûlaient à force d'être utilisée sur chacun des obstacles. Ramper, grimper, sauter, ou soutenir mon poids, je ne laissais aucun répit à chacun de mes membres.
Il ne me restait plus que trois obstacles à surmonter. Un mur d'escalade avait été installé. J'avoue, ce n'était pas ce qui me mettait en danger. Il suffisait que j'agrippe avec force et agilité les différentes prises pour pouvoir grimper au sommet de la pente inclinée. Mais si sur le bas, les prises étaient nombreuses, elles étaient de plus en plus distantes et absentes au fur et à mesure de mon ascension.
Au terme de plusieurs secondes d'effort, je vis au loin la ligne d'arrivée où une dizaine de personnes patientaient, essoufflée et pliée en deux. Il n'était pas question que je me fasse doubler par Treegof avant d'être passée devant Fallsbeck qui gardait l'arrivée. Faisant fi de l'autre pan de mur, je me fis glisser le long de la paroi avant de sauter pour atterrir quelques mètres plus loin. Je repris ma course effrénée, alors que Clayton me talonnait sans remords. Se livrant une bataille des plus formidables, nous avançâmes en rythme entre les croisillons de cordes qui s'élevaient à soixante-dix centimètres au-dessus du sol. Sans se prendre une fois les pieds dedans, nous filâmes à la poutre où l'équilibre n'eut aucun secret pour nous.
Aussi vite descendue de la barre de bois, je m'élançai dans un sprint épuisant contre le temps et les secondes qui défilaient. La fatigue se faisait ressentir dans chacun des pores de ma peau. Mes muscles me tiraillaient et, positionnant mon buste vers l'avant, je franchis la ligne tant espérée en même temps que Treegof. J'avais réussi mon objectif. Un sourire s'était figé sur mon visage alors que j'essayais de reprendre mon souffle tant bien que mal.
— Tu vas payer très cher l'affront, Greydale ! cria Treegof à bout de souffle.
— Essaie toujours ! On verra qui se cassera les dents à la fin.
Mes jambes étaient en compote mais le repos ne serait pas pour tout de suite. Les classements étaient mis à jour au fur et à mesure de la progression de chaque groupe mais personne n'arrivait à dépasser notre record. La haine mutuelle qui avait guidé nos esprits, nous avait également conduit à dépasser les limites du temps. Notre place indiquait l'effort sans mesure qui nous avait habité durant le parcours.
Nous étions recouverts de boue et bons à passer sous la douche dès notre arrivée dans les vestiaires, mais les dirigeants de la formation occultèrent notre condition physique et se dépêchèrent d'annoncer la suite de la matinée.
Je retrouvais rapidement ma petite étoile accompagnée de Jace. J'en connaissais un qui était au bout de sa vie. Malgré son visage d'ange, il était aisé de voir qu'Ayden était épuisée. Des perles de sueur dégoulinaient avec délicatesse sur son mince visage et accompagnaient ses joues rosies par la course endiablée qu'il venait d'effectuer.
— Je n'aurais... vraiment... jamais... au grand jamais... pu te suivre... s'exclama-t-il avec difficulté.
Je ris à sa remarque. C'est vrai que quand j'avais un os à ronger, je m'y mettais à fond et sans remords. Je vins lui claquer dans les mains et il manqua de s'écrouler à mon contact.
— Pourquoi j'ai voulu te suivre dans cette formation ?
— Parce que tu ne peux pas te passer de moi, assurai-je.
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Hello hello ^^
Comment allez-vous ?
Bientôt le changement d'année ! 2020 a eu ses bons et ses mauvais côtés mais 2021 est à accueillir avec encore plus de satisfaction. 2020 c'est : 80 000 mots d'écrit sur Human, une quarantaine de chapitres postés (enfin 40 parties, pour 7 vrais chapitres, le découpage c'est plus agréable quand les chapitres font 10 000 mots), des connaissances qui se sont vues tisser des liens. Merci pour tout votre amour, on se retrouve demain soir pour le bonus du Nouvel An ! ❤️
Avis sur le chapitre, juste ici ➡️
Dites moi ce que vous en pensez et n'oubliez pas que les petites étoiles valent tout l'or du monde dans l'esprit d'un auteur, quelque soit son genre.
Xoxo <3
Ptitgibilin ✧
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