VI. Entrevue. (II)
Lundi 28 Août, 8h02 :
En haut de son estrade, le chef de formation attendait patiemment que chaque personne cesse tout commentaire sur les événements de ce matin. Ses mains, croisées derrière son dos ajoutaient de la prestance à son physique déjà très avantageux. En l'espace de quelques secondes, le silence s'empara de la vaste salle dont l'écho des dernières paroles se dissipait déjà dans l'air.
Nos yeux étaient rivés sur le visage de Fallsbeck, buvant ses paroles.
— Bonjour à tous. Vous n'êtes pas sans savoir des événements qui se sont déroulés à l'instant. Durant de nombreuses minutes, vous avez ressenti au plus profond de vous les secousses qui ont traversées votre secteur. C'était les premières mais de loin les dernières. Nous les avons créées pour vous entraîner à ce que vous pourriez vivre à la surface.
L'incompréhension se lut sur nos visages déconcertés. Je revoyais encore le regard paniqué d'Hermione, les yeux vides d'une peur viscérale de vivre son dernier jour de la part d'Ayden. Tout ça pour l'entraînement ? Bien sûr dans le futur, nous ne serions pas prévenu mais pour savoir comment réagir, il fallait qu'on soit au courant de l'événement, au moins la première fois.
— Les aliens qui nous ont envahis, il y a un siècle, sont dangereux pour notre espèce. Ils n'ont jamais voulu nous comprendre, nous n'avons pu que riposter à la suite de leurs attaques sans fondement, au prix de nombreuses vies. Ils ont nos terres, notre air, notre temps.
La haine s'entendait dans ses paroles, et elle engrainait celle des autres élèves de la formation.
— Vous êtes là pour nous aider à les stopper ! Votre entraînement a été initié pour que les habitants de tous les Abris du monde puissent sortir pour découvrir la vaste terre qui les entoure. Ce matin n'était qu'une brève idée de ce qui vous attends dans les années à venir. Pour vous amener au niveau le plus élevé de commandant de ligue, vous allez subir des tests à toutes heures du jour et de la nuit. Vous ne serez plus soumis aux règles strictes qui ont été édifiées pour chacune de personnes vivants sous nos toits.
Des contraintes dans des libertés, c'était comme camoufler un serpent parmi des fleurs des champs : dangereux mais visuellement on y voyait que du feu.
— Votre emploi du temps initial comporte deux parties dans votre journée : physique le matin et pratique/théorique l'après-midi. Pour débuter, vous allez être répartis en salle de dix pour approfondir vos compétences. Ensuite, vous verrez. Bonne journée.
Il arbora un sourire de satisfaction, celui qui tire au coin de notre bouche. Nous rompîmes les rangs pour se diriger dans les salles attitrées. Nos bracelets avaient brisé le silence avant d'être suivis par nos multiples pas. J'avais rendez-vous dans la pièce 5-33A.
Après un couloir aux parois transparentes laissant voir l'intérieur des salles de combat, nous nous retrouvâmes à dix dans un espace si vaste et spacieux qu'on pourrait venir à se demander si l'on se trouvait réellement sous terre, confinés comme de vulgaires bêtes en cage. Des vélos avaient pris pied et se faisaient faces. Ils n'attendaient que nous pour se mettre en marche. Chacun avait un écran attitré d'où une couleur symbolique éclairait les alentours. Elles étaient toutes différentes et émettait également un son bien précis : un faible pincement auditif irrégulier pour nous presser de rejoindre notre nouveau jouet d'entraînement.
"Nouveau", cela était bien subjectif puisqu'en effet pour ma part, je n'avais jamais mis les pieds sur un équipement d'une telle beauté mais pour un riche, ce vélo n'était qu'une vague banalité.
La selle était super confortable et c'était sans compter l'effet magnétique qui avait été créé pour qu'on ait l'impression d'être positionné sur un véritable coussin. L'apport de la connaissance scientifique des humains de notre temps avait permis la création
On vint par la suite me placer des électrodes sur mes tempes. Le métal froid vint se déposer sur la surface de ma peau entraînant à leur contact frigorifique, un frisson qui me parcourut l'échine, et remonta jusqu'à ma nuque. Cette sensation me fit grincer des dents et resserrer ma main autour des poignées qui se trouvaient devant moi.
L'assistant qui nous accompagnait pour cet entraînement connecta alors les pastilles grises à son ordinateur. Sur le coup, mon environnement devint sombre et aux courbes bizarres. J'étais désorientée certes mais je ne pouvais qu'aimer cette sensation. Elle m'avait vraiment chamboulée lors de l'examen d'entrée mais maintenant que je connaissais ses effets, je me laissai porter quelques secondes avant de pouvoir me concentrer à nouveau pour passer au-delà des propriétés physique de l'objet.
Mes yeux, qui s'étaient fermés lors de l'initialisation des commandes, s'ouvrirent peu à peu pour me réhabituer à la lumière ambiante.Du coin des yeux, Treegof me narguait. Son sourire qui s'élargissait à la vue de mes difficultés à m'adapter à tout ce nouveau matériel, n'était rien de plus qu'insupportable à vivre. N'était-il donc pas capable de se concentrer que sur sa minable vie de riche ?
Ce jeu, puisque je voyais ceci comme un jeu entre nous deux pour savoir qui était le meilleur, n'était pas prêt de s'arrêter. Lorsque l'assistant lança la séance, le but n'était plus de savoir qui aurait la peau de l'autre en premier mais bien qui tiendrait le plus longtemps pour décrocher la première place. L'endurance était un de mes points forts mais elle semblait également l'être pour Treegof. Échec.
Les secondes se transformèrent en minutes et les minutes duraient des heures. Plus le temps passait, plus la force physique à dépenser était importante. Le souffle se raccourcissait davantage mais pour l'instant, aucune des dix personnes n'avait lâché. Face à moi, je pouvais voir les visages se teinter de rouge par l'effort engendré et la concentration prendre une place bien plus présente dans l'esprit de chacun. Nous ne pouvions pas flancher maintenant, nous étions l'espoir de la nation après tout.
Soudain, l'écran situé au dessus de la tête de l'assistant s'alluma. Les premiers noms, écrits d'un rouge vif presque meurtrier, venaient de tomber. Sur cinquante, cinq tomberaient vers la fin de semaine, cinq la semaine suivante et ainsi de suite pour finalement créer une escouade de quinze agents surentraînés dont la seule mission serait de combattre les extraterrestres et les renvoyer d'où ils viennent. Pour l'instant, les matricules ainsi que les prénoms affichés servaient juste de positionnement. Les derniers devaient remonter la barre avant la fin de semaine pour avoir une chance de continuer l'aventure avec nous.
— Greydale, toujours pas dans la liste ?
Il ne pouvait pas me lâcher ? Même en plein entraînement, il était obligé de se permettre une remarque désobligeante. Cependant, il m'avait tendu une perche que je me devais de saisir.
— Tu diras quand tu souhaiteras arrêter, Treegof ! Je veux pouvoir me préparer mentalement à ma victoire.
Les jointures de ses mains se resserrèrent autour des poignées du vélos jusqu'en devenir blanche. La petite pique envoyée avait frappé dans le mille, juste assez pour qu'il sente monter en lui un désir de vengeance qui prendrait le pas sur sa concentration. Au lieu de faire des fêtes, les jeunes riches devraient penser à s'instruire et à lire. Qui engendre la colère, engendre également la défaite. C'était si jouissif à voir.
Le premier de notre groupe vint à lâcher. Une heure dix et quarante sept secondes... J'étais capable d'aller plus loin, même si la douleur dans mes cuisses se faisait de plus en plus présente et que le souffle manquait de plus en plus. Inspire, expire deux fois... Inspire, expire... J'avais besoin de me créer mon rythme, ma musique, mon espace à moi. L'image me frappa en plein centre. J'imaginai un sentier de craie au milieu de prés de fleurs des champs. Sur mon vélo, je pédalai en sentant de mon nez retroussé les différentes effluves. Cette inspiration permettait à l'oxygène de rentrer dans mon être et un souffle, sur une expiration, de faire voltiger les fins pétales de marguerites, pissenlits ou encore de boutons d'or. Ainsi, j'allais de prés en prairie, en répétant mécaniquement ces actions, attrapant du bout des doigts les quelques fleurs qui longeait le chemin blanc et relâchant dans un coup de vent, les fragrances d'un songe de printemps.
Je continuai ma balade mentale jusqu'au point d'arrivée. Je passai alors de la campagne d'antan à la ville moderne d'une ère nouvelle. Les hauts building, vestiges d'un siècle passé, séparaient les zones de vie et limitaient les mélanges de classes sociales. Ce n'était que les prémices de notre civilisation aujourd'hui. Je remontai les anciennes rues de New-York, une ville si belle l'hiver et tout aussi charmante l'été près de Central Park. Les simulations qui permettait de se remémorer l'ancien temps avait été une superbe invention. L'Histoire était essentielle aux yeux des habitants de L'Abris et c'est grâce à cette quête de l'avenir que la simulation, comme nous aimions l'appeler, avait été permise à chaque personne vivant entre ces murs. Une heure par mois suffisait aux yeux des dirigeants pour qu'on puisse apprendre à vivre à la surface d'un ancien monde.
J'aimais y aller, petite. Découvrir des lieux que je ne connaissais pas m'enthousiasmais. Je me sentais trois fois plus vivante quand je regardais les pierres des immeubles de la cinquième avenue ou quand je visitai l'Europe et les rues londoniennes sous une bruine d'automne. Découvrir la ville, la campagne, la pluie, le beau temps, les animaux autrement que par les livres et les images. Je voulais vivre dans ces lieux, les habiter, jouer à chaque coin de rue, derrière les amas de foins. Il y avait un sentiment d'ennuie quand on naissait dans L'Abris. Il était grand certes, mais il y avait peu d'endroit où s'amuser sans être constamment contrôlé.
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Hello hello ^^
Comment allez-vous ?
Il faudra attendre mercredi pour voir la fin de la bataille entre Raven et Clayton, et j'ai hâte de vous le faire découvrir !! Qui des deux s'arrêtera avant l'autre ?
Avis sur le chapitre, juste ici ➡️
Dites moi ce que vous en pensez et n'oubliez pas que les petites étoiles valent tout l'or du monde dans l'esprit d'un auteur, quelque soit son genre.
Xoxo <3
Ptitgibilin ✧
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