Vendredi 25 Août, 15h28 :

J'avais éteint chacune des lumières de ma chambre. Je laissai une fois de plus mon masque se briser en ce jour. J'étais détruite. Je m'étais détruite toute seule. Je n'étais qu'une bombe à retardement, prête à exploser pour faire effondrer chaque espoir de ma vie. Je serrai davantage la peluche que je tenais dans mes bras. Le seul lien restant avec ma famille. Un orkan noir aux yeux dorés. Il ressemblait vaguement à un lapin mais en plus touffu et plus mignon.

Mes yeux habitués à l'obscurité ne mirent pas longtemps à discerner chaque meuble de la pièce. Je profitai de ce moment calme pour balancer un de mes oreillers sur le mur. Je déversai toute la colère que j'avais contre moi.

Attiré par le bruit qui émanait désormais de ma chambre, Ayden passa le bout de son nez à travers la porte. Inquiet de la situation, il ne tarda pas pour venir me rejoindre et m'encercler de ses bras. Il essaya tant bien que mal de me maîtriser. Mais ma force, bien supérieure à la sienne, ne put s'empêcher de le projeter quelques pas plus loin.

Le choc que j'entendis me fit redescendre sur terre à une vitesse folle. Je courus vers Ayden pour vérifier que tout allait bien. Il se frotta la tête puis tapa deux fois dans ses mains pour éclairer la pièce. Il souriait bêtement dans ma direction, les yeux pétillants de malice.

— J'ai tout fait foirer ! M'écriai-je. Et je foire encore tout maintenant... Je suis désolée crevette...

Ce fût à mon tour de le prendre dans mes bras. Je fermai les yeux et enfouis mon visage dans son coup. C'était si chaud et si agréable que pour rien au monde, je n'aurais voulu échanger ma place. Dans ses bras, je me sentais protégée du monde qui m'entoure, à l'abris de toute menace, tout jugement. Il se mit à caresser ma tête ce qui me berça avec tant de facilité. Il savait exactement quoi faire et comment le faire pour me calmer. Mes yeux se fermèrent progressivement au rythme de son contact, jusqu'à ce que je tombe dans les bras de Morphée

Mes yeux s'ouvrirent peu à peu. Ma vision, encore brouillée par le sommeil, mit plus de temps à s'éveiller que mes autres sens. Je clignai plusieurs fois des yeux avant de bouger légèrement mon corps. Je ne compris pas tout de suite ce que je faisais à cet endroit. Les draps de mon lit couvraient encore mes membres endormis. Je remontai la couverture moelleuse jusque sur mon menton. La chaleur qui se propageait en moi me faisait un bien fou. Je voulus me replonger dans mes songes, un endroit qui pour une fois me semblait paisible.

Je fis abstraction de mon environnement pendant quelques instants, profitant du moment présent. Néanmoins, mon regard fut accroché par un clignotement rouge sur l'avant de mon bras. Mon état psychique retarda la montée de l'information au cerveau.

Je m'assis d'un coup dans le lit, consciente de ce qui était en train de se passer. Faisant tomber les couvertures de moi en sortant du lit, je remarquai que l'air était bien plus frais que d'ordinaire. Dans la précipitation, je découvris également que je ne portai plus mes vêtements de la journée mais seulement un débardeur et mon pantalon sombre du rendez-vous, retroussé au niveau des mollets.

Je m'approchai du bureau où un mot avait été laissé. Je reconnus immédiatement l'écriture en italique d'Ayden. Une typographie fine et pleine d'authenticité comme à son image.

"Je ne voulais pas te réveiller. Tu paraissais si calme et tranquille que j'ai préféré te laisser continuer ton sommeil. Je pense que tu en avais besoin. Ah oui ! Au fait, si tu es en débardeur, ne t'inquiète pas ! La chemise semblait juste trop serrée pour que tu la gardes en dormant...

Viens me voir dans ma chambre quand tu te réveilles, je m'ennuie sans toi.

Coeur, Ayden"

Son écrit me fit sourire le temps d'un instant. C'était donc lui qui m'avait déshabillée, installée dans ce lit, et bordée. Je passai un pull par dessus moi et appuyai enfin sur le bracelet à hauteur de mon poignet.

"Message du commandant. Demande d'un scan rétinien."

Toujours plus de sécurité à ce que je vois... J'atteins le seul boîtier qui contenait un décodeur. Je pianotai l'espace de deux secondes sur le clavier qui s'y trouvait. Je fis apparaître la notification en question, en cliquant sur l'écran holographique qui s'était déplié. Je m'approchai ensuite de l'appareil qui envoya un rayon invisible à la surface de mon œil. En un rien de temps, et franchement sans plus de fiabilité qu'un déverrouillage classique et manuel, le texte apparu sous mes yeux.

Mon regard s'agrandit, laissant place à la surprise. Des larmes montèrent en moi mais ce n'étaient pas les mêmes que d'habitude. Celles-là étaient de joie et de bonheur, si ce n'était pas de satisfaction. J'avais enfin réussi.

Je sautillais sur place depuis maintenant cinq minutes. Mes yeux pétillaient, tout comme mon être et j'acceptai pour une fois de me laisser aller à ce type de sentiments. C'était bon de se sentir à la hauteur de ses espérances. Mes rêves allaient enfin devenir réalité.

Je retrouvai Ayden dans sa chambre mais j'avais repris mon éternel masque anti-émotion. Il était d'ailleurs difficile à maintenir pour une fois. Je ne voulais pas informer tout de suite ma petite étoile. Je voulais lui faire la surprise demain, lors du départ pour la zone 5, lieu de formation.

Je ne pus m'empêcher de lui faire tout de même un câlin, pour le remercier de ce qu'il avait fait pour moi.

— Merci, glissai-je dans son oreille.

— Pour ? demanda-t-il l'air de ne pas comprendre mes propos.

— D'être toujours à mes côtés.

Je le sentis sourire avant d'enchaîner :

— On part manger ? Je meurs de faiiiim !

Il était insupportable et si spontané. Il venait de casser un moment rare, je n'offrais qu'exceptionnellement ce genre d'instant. Il se détacha de moi et entreprit de sortir hors de sa chambre. Je le retins par son col de tee-shirt et passai devant lui pour refermer la porte qu'il venait d'entrouvrir.

— Le premier arrivé, lançai-je, a le droit de manger le dessert de l'autre !

— C'est pas du jeu... Tu vas encore gagner...

— Bah alors dépêche toi à verrouiller la porte en sortant ! conseillai-je avant de me retourner.

Je me mis en route en marchant d'abord puis lorsqu'il arriva à ma hauteur, j'accélérai ma foulée. Je lui mis une bonne minute dans la tête avant de décélérer. Je regardai derrière moi l'espace de quelques secondes avant de reprendre mon rythme normal. J'arrivai devant l'entrée de la cantine, légèrement essoufflée certes mais première.

— Tu feras attention à ce que tu prendras comme dessert, je veux pouvoir le manger !

J'entendis une voix arriver derrière moi. Je me retournai et le découvris, plateau déjà en main, me sourire. J'étais abasourdie. C'était nouveau ça. Ayden qui gagnait une course jusqu'à la cantine...

— Co-comment ?

Je clignai des yeux et vérifiai par deux fois qu'il se tenait bien devant moi. J'en vins même à lui tapoter la joue pour vérifier que ce n'était pas un hologramme.

— C'est bon petit escargot ? Tu as fini de jouer ?

Il accentua bien comme il fallait le surnom qu'habituellement je lui donnais après une défait de ce genre. Je restai sans voix. Aucun mot ne pouvait décrire la situation à laquelle je faisais face.

— Co-comment ? Comment tu as fait ça ?

— Raven, Raven, Raven ... Voyons... Tu n'as pas la moindre idée ?

— Le raccourci...

Il fit claquer ses doigts devant moi l'air de dire : "évidemment !".

— Mais, comment tu as su ?

Je me tapai la tête contre la paume de ma main. En piratant mes données. Je regardai vite fait ses vêtements et distinguai très précisément des grains de poussières logés sur son chandail. Il n'y avait plus aucun doute. Ce n'était pas par lui-même qu'il avait découvert les couloirs sombres mais par mes anciens trajets.

— Bien joué, annonçai-je l'air blasée.

— Accepte ta défaite, rétorqua-t-il, un sourire victorieux aux lèvres, et prend ta nourriture que je puisse goûter à ton dessert.

Nous nous assîmes à notre éternelle table. Je tendis à Ayden son trophée qu'il accepta avec plaisir, se léchant les lèvres. Adieu petit gâteau au chocolat. Repose en paix dans son estomac.

— Des nouvelles du rendez-vous de cet après-midi ?

Il me fut dur de me contenir. J'avais envie d'exploser. Non pas de colère comme il pourrait penser si je lui disai ceci, mais de joie.

— Non, non. Rien.

Fuyant ses yeux un instant, je me ressaisis et ajoutai l'air un peu attristée :

— De toute façon à quoi bon ? Demain tu pars d'installer là-bas, un orphelin est toujours plus facile à contrôler que deux.

Avant qu'il n'ait eu le temps d'ouvrir sa bouche entre deux fourchettes, je détournai la conversation. Une question banale devrait suffire pour l'occuper le temps du repas, voire même avec de la volonté, jusqu'au coucher.

— Sinon, tu as fait quoi pendant que je dormais ?

Il partit dans un monologue sans fond, ni forme, où la principale explication que je retenue fut : j'ai travaillé sur mon projet. Tandis que moi, sachant mon avenir en lieu sûr, je réfléchissais au moyen de confirmer mes pensées envers la société. Pour cela, il fallait que j'aille sur le terrain.

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Hello hello ^^

Comment allez-vous, malgré les conditions actuelles ? Mes cours restent en présentiels (privilège d'étudiant en diplôme d'état) donc rien ne change pour moi.

Ça y est Raven est acceptée, définitivement, dans la formation. AkitchiMeier, tu peux être soulagée. Elle ne va vraiment pas être séparée d'Ayden mais la surprise qu'elle lui prépare risque d'être mémorable. Je n'en dis pas plus, le nouveau chapitre arrive mercredi.

Avis sur le chapitre ➡️

Dites moi ce que vous en pensez et n'oubliez pas que les petites étoiles valent tout l'or du monde dans l'esprit d'un auteur, quelque soit son genre.

Xoxo <3

Ptitgibilin ✧