IV. ... Et interférences. (I)
Vendredi 25 Août, 5h16 :
Allongée dans le noir, les yeux rivés vers le plafond, je me remémorai la fin de soirée. Je revoyais encore les écrans afficher les cinquante noms sélectionnés et les vingt-cinq autres personnes recalées. Une larme coula le long de ma joue. J'avais lu chacune des appellations, chaque numéro, chaque point reçu. J'avais cherché l'erreur, appris par coeur et mémorisé toutes les lignes. Mais rien n'était apparu. Rien ne m'avait sauté aux yeux. Ayden avait réussi là où j'avais échoué. Treegof m'avait battu là où j'avais espéré gagner. Les secondes semblaient être des heures la veille, mais aujourd'hui, elle était seulement des grains de sable dans mon désespoir.
Je n'étais pas apparue sur le tableau. J'avais disparu de la civilisation, comme mes parents avaient disparu de ma vie et j'allais moi-même disparaître de la vie de mon meilleur ami dans les jours qui suivraient.
Trois heures s'étaient écoulées. Trois heures que je tournai en rond dans ma minuscule chambre. Trois heure que je me demandai ce qui se passerait par la suite. J'étais incapable d'imaginer retourner à ma faible vie d'orpheline. Je ne pouvais pas renoncer à ce rêve. Je l'avais touché du bout des doigts et il m'avait si vite été retiré... C'était injuste.
J'entendis toquer doucement à ma porte. Je fis une moue bizarre. Ayden ne toquait jamais de cette façon. J'allais pour ouvrir la porte lorsqu'une petite tête se détacha de l'encadrement. Je n'avais donc pas verrouillé hier soir. Mon esprit avait sûrement dû prendre le pas sur mes habitudes.
— Entre vas-y...
Il vint s'asseoir sur le lit tandis que je pris place sur la chaise de mon bureau. Les yeux rivés vers le sol, je ne pouvais aligner un seul mot.
— Pourquoi ? Demandai-je d'une voix tremblante. Pour-quoi...
Je fis tomber le masque. Je l'avais gardé si souvent face à Ayden pour ne pas qu'il s'inquiète et pour la première fois, je n'avais pas su garder mes sentiments pour moi. Des larmes perlèrent dans le creux de mes yeux. Je les écrasai rapidement d'un revers de main jusqu'à ce qu'elles furent trop nombreuses pour être effacées. Je sentis une vague de chaleur me submerger et me caresser la tête.
— Pleure, ça va te faire du bien crois moi...
Je me laissai aller et les sanglots doublèrent d'intensité. Ayden me prit dans ses bras et me souleva pour me déposer sur le lit. Il m'encercla du plus possible. Je calai ma tête contre son épaule et déversai à la fois ma colère et ma tristesse. Il resserra son emprise sur moi et continua ses mouvements de haut en bas le long de mon dos. Si les larmes ne diminuaient pas, mon souffle reprit peu à peu un rythme régulier.
Ayden me prit le menton et me força à le regarder dans les yeux. Il essuya du bout des doigts mes joues qui se voyaient dans le ruissellement de mes pleurs. Il se mit à inspecter chaque parcelle de mon visage et s'arrêta sur mes yeux.
— Je suis affreuse, n'est-ce pas ? Supposai-je.
— A faire pâlir un monstre! Rigola-t-il.
Sa remarque me fit esquisser un faible sourire qui se transforma en sourire franc lorsque j'entendis un énorme gargouillis émaner de son ventre.
— Tu as faim je suppose ?
— Ne me dis pas que ce n'est pas ton cas !
— Je ne suis pas un ventre sur patte, moi, Monsieur !
Ne lui laissant pas le temps de se défendre, je me dirigeai vers l'armoire pour prendre mon uniforme de travail. Je caressai du bout des doigts mon habit de la veille. Avant d'observer avec dégoût celui que je devrais mettre aujourd'hui. Mon esprit rêveur avait cessé de fonctionné à la seconde où on avait eu les résultats. J'avais cessé de voir en cet uniforme la possibilité d'accomplir mon rêve.
Un dernier regard dans le miroir avant de sortir de la salle de bain où je m'étais enfermée. Ce court coup d'oeil me permit de déceler deux informations quant à mon masque interne défaillant. Mes yeux et mes pommettes étaient rougies et légèrement gonflées. L'autre forme de faiblesse se trouvait sur mon cou. Je portai encore la marque de ma défaite de la veille. Une trace rosée sur le devant et violacée sur les côtés avait pris possession de ma peau.
— Raveeeeeen ! J'ai faiiim !
Ayden... L'espace d'un instant je l'avais oublié. Pourtant il était inoubliable. Il était comme l'oxygène face à un humain : indispensable et inséparable. Il était ma force et ma faiblesse...
— Raveeeeeen !
Rectification, l'oublier pouvait faire du bien. Pas forcément au moral, mais au moins aux oreilles. Il vint se coller à la porte séparant ma chambre de ma salle de bain. Une idée migra jusqu'à mon cerveau et réveilla mon petit démon qui dormait déjà trop depuis le début de cette journée.
— Ayden ? Feintai-je. Je peux pas sortir de la salle de bain...
Je jouai avec la poignée de la porte pour faire croire qu'elle était bloquée. Immédiatement, ses sens se mirent en alerte et je l'entendis se relever. Il tapota contre le battant pour tenter d'ouvrir la salle de bain, ce qui fut vain.
— Qu'est-ce que je peux faire Rav' ?
Il commençait à s'affoler, ce qui me fit rigoler quelque peu. J'essayais d'être discrète mais c'était dur quand je l'entendais se démener pour me délivrer. Le coup de grâce vint assez rapidement puisqu'il tenta de donner un coup d'épaule puissant dans l'issue de séparation. Sentant qu'il reculait de quelques pas, je décomptai un total de deux secondes avant d'ouvrir la porte.
Il s'étala à mes pieds après une chute phénoménale. Ses bras avaient tourné dans le vide tandis que ses pieds s'étaient mélangés. Un éclat de rire perçant déchira l'air. Mon ventre se tordait et mes abdos commençaient à me faire souffrir. D'un souffle, je sortais :
— Leçon du jour : une porte fermée s'ouvre en appuyant sur le bouton. Tu avais raison tout à l'heure.
Il me regarda en fronçant les sourcils, l'air de ne pas comprendre là où je voulais en venir.
— Ça m'a fait du bien.
✷ ✷ ✷ ✷ ✷ ✷ ✷ ✷ ✷
Hello hello ^^
Voilà. Après le chapitre de mercredi dernier, on adoucit un peu les choses. Une chose est sûre, Raven pourra toujours compter sur Ayden dans les pires comme dans les meilleurs moments !
Avis sur le chapitre -->
Dites moi ce que vous en pensez et n'oubliez pas que les petites étoiles valent tout l'or du monde dans l'esprit d'un auteur, quelque soit son genre.
Xoxo <3
Ptitgibilin ✧
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