III. Résultats... (III)
Jeudi 24 Août, 15h33 :
Nous arrivions enfin à la dernière épreuve du jour. La dernière certes, mais ce n'était pas la plus courte. Les règles étaient simples. On était appelé les uns à la suites des autre à monter sur le ring, on devait se battre et celui qui gagnait, affrontait le gagnant d'un autre ring. Si elle ressortait encore gagnante, elle se battait de nouveau et ainsi de suite pour arriver à la finale. Le classement des duels permettait de savoir combien de point serait ajouté à notre classement et à quelle place on finissait à la fin de la journée. Seulement cinquante pouvaient être sélectionnés pour débuter les entraînements et subir de nouveau des éliminations jours après jours pour arriver à un nombre final de quinze personnes dans le groupe six d'agents externes.
Nous fûmes tous amenés dans une dernière grande salle. Une sorte d'immense complexe aux parois métalliques et à l'ambiance froide. De part et d'autre de la salle, on pouvait voir des arènes émerger du sol pour prendre place sous la lumière tamisée d'une ampoule fixée au plafond. On aurait pu croire à un décor de film d'action, avec les cordes qui encerclaient les rings, les sacs de frappe qui lévitaient à quelques centimètres du sol et l'odeur du cuir. Cette odeur avait quelque chose de magique. Le cuir était un matériau qui avait en quelque sorte disparu de notre civilisation. Trop coûteux, trop noble, nous nous étions réduits au vulgaire métal et aux nouvelles nano-technologies. Les riches continuaient à l'utiliser mais avec parcimonie. Le retrouver dans une salle comme celle-ci était donc magnifique et revigorant pour la suite des événements. J'avais des frissons d'extase à force de respirer cet air ambiant.
Mais bref. Nous retrouvâmes Fallsbeck fils sur le sommet d'une estrade prêt à faire son speech. Cette épreuve était ma préférée et loin de là, elle était celle que j'attendais depuis ma naissance.
— Vous voici aux portes de la délivrance. Cette dernière épreuve ne compte pas uniquement au classement final. En effet, pour ceux qui arriveraient dans le dernier quart, vous serez automatiquement éliminé. Nous ne serons pas là pour vous apprendre à vous battre. Nous serons, dans le futur, présent pour vous perfectionner. Nous allons vous répartir sur les rings selon vos classes sociales d'appartenance et selon notre classement préliminaire. Ensuite, vous combattrez votre adversaire jusqu'à immobilisation de plus de dix secondes. Si au bout de cinq minutes nous ne voyons aucune évolution de la situation, l'affrontement sera stoppé et la personne qui aura immobilisé le plus grand nombre de fois sera qualifiée de vainqueur. Aussi, les coups au-dessus de la poitrine sont interdits. Bonne chance !
Il afficha un sourire forcé et non rassurant avant de se retourner et de descendre de son podium. Mon bracelet de montre s'alluma, tout comme ceux de mes adversaires. Les numéros de ring venaient de s'afficher holographiquement et je ne fus pas surprise du mien : 24/25. Nous n'étions que peu d'orphelins à rester encore en course.
Je pris place dans l'arène. Face à moi, je tombais face à un Orphelin. Il n'était pas de mon quartier mais je l'avais déjà croisé quelques fois. Il se mit en garde une première fois mais les tremblements traduisaient son anxiété à l'idée de combattre. Il fit donc le premier pas et d'un geste mal assuré, il tenta de me frapper. Je lui saisis son bras puis sa main. Je fis tourner le tout et me placer dans son dos. D'un coup sec, je l'emmenai au sol et l'immobilisai.
Je passai ma jambe droite par dessus son corps allongé et encerclai de mes membres son bassin de manière à ce qu'il ne puisse effectuer un seul mouvement. De ma main libre, je maintenais sa tête au sol tandis que l'autre, servait à bloquer son dos par la seule prise que j'avais sur son bras. La rage bouillait en moi et je n'avais qu'une seule idée en tête. Faire de ma promesse une affirmation définitive et total.
Ce fut ainsi que je montai deux à deux les rings. J'affrontai des adversaires plus ou moins coriaces, plus ou moins sûrs d'eux. Rapidement, les premiers rings me firent faces. La passion mêlée à la souffrance exaltaient mes sens, et mon énergie. Prête à faire mon entrée dans l'arène 4, je m'épris de jeter un coup d'oeil en face de moi. Treegof se tenait fièrement debout, appuyé aux cordes. En un regard, nous comprîmes l'autre. Il n'y avait pas de mot à mettre sur ce qu'on ressentait. Néanmoins, je savais que ma présence ici le surprenait. Cette lueur dans les orbes témoignaient de la violence qui faisait rage dans son esprit. Je n'étais donc pas la seule à vivre de l'adrénaline que procurait ce genre de combat.
Sans le quitter du regard, j'enchaînai la bataille suivante. Mes coups étaient sûrs et précis. J'anticipai chaque pas de mon adversaire, jusqu'à le mettre à terre. Treegof fit de même avec le sien, en gardant cette tension profonde qui nous liait. Notre compétition, bien singulière, prit le dessus sur nos mouvements, presque robotiques.
Tour à tour, nous abattions nos concurrents, devenus une cible trop facile à éliminer. Jusqu'à ce que nous nous fassions face. Pour la première fois, j'affrontais quelqu'un de bien plus dangereux. Sans que lui ou moi ne détourne les yeux, je décidai d'être celle qui engagerait. Je m'approchai à pas lent, faisant monter la tension, déjà à son paroxysme, entre nous.
En un instant, tout bascula. Il s'approcha plus vite que moi de la droite et exerça l'idée de me frapper d'un coup sec dans les côtes. Il parvint à me frôler alors que j'esquivai son attaque. Je m'abaissai et reculai de quelques pas pour remettre de la distance.
D'une oeillade, j'analysai mon environnement. Les cordes du ring ne permettaient pas de faire grand-chose mais en une fraction de seconde, je sus que par la suite, elles se rendraient utiles. Je me concentrai à nouveau sur mon adversaire. Tentant une offensive, je le contournai pour le prendre de dos. Il fit volte-face et me piégea. Il prit mon bras et me retourna avec force. Je me retrouvai bloquée contre son torse, sa main dernière ma nuque, le pli de son coude contre ma gorge.
— Tu ne fais pas le poids, murmura-t-il à mon oreille.
Je ne répondis pas et profitai de son discours pour relâcher mes muscles du haut du corps. Brusquement, je renforçai mon appui pour lui asséner un coup dans les côtes. Il me lâcha et recula de quelques pas. Le choc lui arracha un cri de douleur, qu'il s'empressa de camoufler. Il reprit son masque de rage et releva les yeux vers moi. Son visage emplit de haine ne fit qu'élever en moi un sentiment de certitude. Je devais le mettre plus bas que terre et le faire goûter au sentiment d'humiliation.
Je m'élançai vers lui, prête à prendre l'avantage. Il tenta de contrer mon attaque en tendant son poing dans ma direction. S'il savait qu'il me facilitait la tâche en me sous-estimant... Je profitai de cette action pour passer son bras derrière son dos. De la paume de ma main, je pris la puissance nécessaire pour l'amener au sol. Il fut plus rapide et se dégagea de mon étreinte. Il prit appui sur le pilier en face de lui pour sauter par dessus moi.
D'abord surprise, je me retournai avec fureur. J'avais envie d'en finir.
Ensemble, nous revînmes au centre de l'arène. J'ancrai mes pieds dans le sol et relevai mes orbes vers lui. Chacun se transperçait du regard mais aucun ne flanchait. La motivation restait la même entre nous : battre l'autre.
Une fraction de secondes plus tard, nous étions de nouveau proche. Trop proche. Si proche, que je me pris un coup dans le sternum. L'insulte partie d'elle-même dans sa direction. La douleur que j'avais reçu était indescriptible. Elle s'était diffusée de manière cinglante le long de ma cage thoracique. Un deuxième choc vint à l'encontre de ma poitrine. Cette fois-ci, il était plus doux, moins brutal mais tout aussi écrasant.
Mon corps, encerclé des bras de mon adversaire, vint à la rencontre du sol froid. Je crus d'abord que c'était la fin. Il n'aurait pas dû parler. Sa voix me fit remonter à la surface aussi vite que j'étais descendue.
— C'est bon, tu en as eu assez ?
Je fis la seule chose possible en ma possession : tourner la tête et lui faire face.
— Tu crois ?
J'esquissai un petit sourire de victoire au moment où je sentis ses bras se relâcher légèrement. Je ne comptais plus le nombre de fois où on avait pensé m'enterrer. C'était bien trop facile de battre une femme. Je me remis sur mes pieds et décidai de changer de technique. Après tout, je n'étais pas ici pour perdre. Je refusai cette possibilité.
Je mis en pratique des heures d'entraînement. Pour une fois, je laissai de côté mes mains et utilisai mes jambes. Dans un ultime espoir de victoire, je changeai le rythme, oscillant entre une esquive lente puis une attaque rapide. Ce changement le déstabilisa. Je pris l'élan nécessaire pour venir lui enfoncer mon tibia à proximité de son bassin. Sans toucher l'os, je lui arrachai une nouvelle fois un grognement. Je l'immobilisai à mon tour et dos à lui, je demandais :
— Ça doit être dur d'être mis à terre par un rang inférieur, non ?
Je venais de toucher la corde sensible. Il se démena pour se dégager, nous faisant tomber à terre. Dans la chute, je lâchai la prise que j'avais sur lui et fis tout ce qui était en mon possible pour me remettre debout le plus rapidement. Cette fois-ci, aucun de nous deux ne prit le temps de reprendre sa respiration.
Treegof attaqua le premier, tentant un énième coup de poing par la droite. Je m'agenouillai et attendis de voir où sa force le mènerait. Il se trouvait désormais dos à moi, me laissant le temps de glisser mes jambes entre les siennes. Violemment, je les écartai, ce qui le surpris de trouver le sol aussi rapidement. Je parvins à le maîtriser une seconde fois.
— Ne me dit pas que tu fatigues déjà, Treegof...
— Non, je me demandais comment tu réagirais quand tu remarquerais que tout le monde nous observe.
Un coup d'oeil vers l'extérieur de l'arène me permit d'apercevoir une masse noire de monde nous encerclant. Je perdis de ma concentration et une fois encore, je ne parvins pas à le maintenir assez longtemps pour espérer une victoire.
Il se détacha de moi si vite que je peinai de mon côté à me remettre sur mes jambes. J'engageai l'attaque suivante mais trop anticipée, mon adversaire bloqua mon bras et me fit basculer par dessus son épaule. La violence atteint son maximum lorsqu'à bout de souffle, mon corps fût brutalement lâché à quelques centimètres du sol dans un fracas monstrueux.
Ma respiration s'arrêta nette, laissant en suspens le temps. Plus personne ne parlait, le silence absolu régnant dans cette immense salle. Je ne bougeais plus, je restais immobile, j'avais perdu.
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Hello hello ^^
Oh la la ! J'avais tellement de hâte à publier ce chapitre-là ! Il contient ma première écriture d'un combat.
Alors réussi ou pas ce chapitre ?
Dites moi ce que vous en pensez et n'oubliez pas que les petites étoiles valent tout l'or du monde dans l'esprit d'un auteur, quelque soit son genre.
Xoxo <3
Ptitgibilin ✧
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