Miyako se sentait plus légère depuis sa conversation avec Kuroko. Ils étaient restés longtemps sur ces balançoires à discuter d'Aomine, de son départ. En perçant à jour les sentiments de Kuroko pour son ancien coéquipier, la jeune fille avait également compris qu'elle n'était pas la seule à souffrir du départ imminent d'Aomine. Kuroko lui avait avoué qu'il était tombé amoureux au collège mais l'As de la Génération Miracle ne l'avait jamais su. Le timide Tetsuya était bien trop impressionné par son ami pour lui avouer et surtout, il avait eu peur de sa réaction.

Miyako finalisait la mise en page de son book en vue de son entretien lorsque son portable vibra et afficha justement un message de Kuroko.

" On organise une soirée, samedi prochain, pour se retrouver une dernière fois tous ensemble avant le départ d'Aomine. Rien d'exceptionnel, un street et des burgers. Tu viendras ?"

" Je sais pas si je suis prête à le revoir."

" Comme tu veux. Mais tu le regretteras peut-être un jour. Viens lui dire au revoir, Nomura."

Miyako poussa un profond soupir. Si elle n'arrivait pas encore à lui pardonner, elle ne voulait pas non plus qu'ils se quittent fâchés, mais au moins amis.

"Ok"

Le samedi arriva à toute vitesse et Miyako se retrouva à soupirer devant son armoire. Elle devait retrouver les autres dans une heure et l'angoisse de revoir Aomine commençait à lui serrer la poitrine. Et pour rajouter à son stress, elle ne savait absolument pas quoi se mettre. Elle ne voulait pas qu'il pense qu'elle s'était faite belle pour lui mais elle voulait tout de même y aller à son avantage. Après plusieurs essais, elle se décida pour la simplicité : une chemise large blanche aux manches retroussées et rentrée dans un short noir, accompagnés de Converse blanches. Elle termina en se faisant un chignon lâche sur le haut du crâne puis attrapa son sac et ses écouteurs avant de filer rapidement au terrain de street.

Plus elle s'approchait, plus son cœur battait fort dans sa poitrine, ses mains devinrent moites et sa respiration s'accéléra. Elle les aperçut la première, au travers du grillage. Lorsque son regard se posa sur Aomine, elle sentit monter une bouffée de colère et de peine. Ils étaient en train de jouer tandis que Momoi, assise sur le banc, les encourageait. Alors que Miyako s'avançait sur le terrain, la rose émit un petit cri de surprise en l'apercevant et se leva, la main plaquée sur la bouche. Les joueurs stoppèrent leur match et se retournèrent comme un seul homme, surpris.

- Miyako ! Tu...tu es venue ! s'écria Momoi en jetant un regard à son ami d'enfance.

Aomine dévisageait la brune comme si elle était irréelle. Pourtant elle était bien là, devant lui, en train de le fixer. Ce fut comme si il recevait une décharge électrique en plein cœur et il se précipita sur elle pour la prendre dans ses bras. Tant pis pour les autres, pour ce qu'ils penseront ou leurs moqueries, tout ce qu'il voulait c'était la serrer contre lui.

- Miya-chan, murmura t-il, tu es là...

Mais plutôt que de lui rendre son étreinte comme il l'espérait, la jeune fille le repoussa délicatement mais sûrement.

- Attends, Aomine. Ce n'est pas...Je suis toujours en colère contre toi.

- Mais alors, pourquoi tu es venue ce soir ?

- Je suis content que tu es décidé de venir, Nomura, lança Kuroko en s'approchant.

- Tu savais qu'elle allait venir, Tetsu ? s'étonna Aomine.

- Bien sûr, c'est moi qui l'ai invité. Je pensais que ça te ferait plaisir de la voir...et je pensais que vous pourriez vous réconcilier, ajouta t-il à voix basse juste pour son ami.

Les autres vinrent également saluer Miyako, un peu sur la réserve et le match reprit encore quelques temps. Momoi en profita pour venir s'asseoir à côté de la brune.

- Miya-chan, commença t-elle, gênée, je suis désolée pour tout ça. Mais tu comprends, on pensait pas à mal, on pensait seulement que c'était à lui de te le dire.

- Je sais, Satsuki.

- C'est gentil de ta part d'être venu lui dire au revoir. Je sais que ça compte pour lui, que tu comptes pour lui...

- Oui, enfin...je veux juste qu'on se sépare bons amis... marmonna t-elle.

- C'est vraiment terminé entre vous, alors ? Tu ne...tu ne l'aimes plus ?

Miyako n'eut pas l'occasion de répondre car les garçons revenaient vers elles, en sueur, pour récupérer leurs serviettes et leurs bouteilles d'eau. Le soleil déclinait lentement et le groupe se mit d'accord pour aller au Maji Burger. Tandis qu'elle marchait légèrement en retrait, Miyako essayait de faire le tri dans ses sentiments, entre la peine, la colère et l'amour.

- Alors ? On en est où ? la sortit de ses pensées la voix d'Aomine.

- Je ne sais pas...admit la jeune fille. Est-ce que c'est vraiment important finalement ? Tu pars dans une dizaine de jours...

- Tu as raison, soupira t-il.

Miyako sentit les doigts du jeune homme s'entrelacer avec les siens. La chaleur et le contact de la peau d'Aomine contre la sienne lui fit monter des larmes qu'elle refoula du mieux qu'elle pût.

- Si j'avais su, reprit-il en serrant plus fort sa main. Si j'avais su que c'était la dernière fois que je t'embrassais, ce jour là, je n'aurais pas arrêté...

La jeune fille ferma les yeux mais ne réussit pas à retenir les larmes qui coulèrent sur ses joues. Elle s'arrêta brusquement au milieu du trottoir et retint Aomine par leurs mains encore enlacées. Ce dernier se retourna et fut pris au dépourvu lorsqu'elle se jeta dans ses bras, le visage enfoui dans son torse.
Après quelques minutes, elle se recula et lui tourna le dos, lui cachant ainsi son visage toujours baigné de larmes.

- Bonne chance, Daiki, murmura t-elle simplement avant de partir et de se mêler à la foule.

Aomine la regarda disparaître sans bouger.

- Dai-chan ? retentit la voix de Momoi à ses côtés. Ça va? Où est Miya-chan ?

- Elle est partie...

- Quoi ? Comment ça ? Mais vous vous êtes même pas réconciliés ! Et elle ne t'a même pas dit au revoir !

- Si, d'une certaine manière, dit Aomine en se retournant pour rejoindre ses amis. Ne t'en fais pas, Satsuki. Allons manger, j'ai la dalle !
  
 
 
Miyako sortit son téléphone pour vérifier que la sonnerie était bien coupée et pour passer le temps jusqu'à ce qu'on l'appelle, elle regarda ses derniers messages. Elle tomba alors sur le message de Momoi, datant de moins de trois jours.

" Au cas où...Vol 456-B de 18h50 - Embarquement à 18h30 porte C. "

C'était aujourd'hui qu'Aomine s'envolait pour les États-Unis et le sort avait voulu que ce soit ce même jour qu'ait lieu son entretien pour l'école de photographie. Cela n'aurait rien changé. Elle n'avait pas eu l'intention d'aller à l'aéroport pour le voir partir, de toute façon. Pour elle, ils s'étaient dit au revoir sur ce trottoir devant le Maji Burger.
" Si j'avais su que c'était la dernière fois que je t'embrassais, ce jour là, je n'aurais pas arrêté...". Comment réagir après de tels mots, que pouvait-elle répondre à ça ? Rien bien-sûr car rien n'aurait changé le fait qu'il partait, pas même un " je t'aime". D'ailleurs, elle ne lui avait jamais dit alors pourquoi maintenant ?

- Mademoiselle Nomura ? l'interpella une femme en tailleur. Le jury va vous recevoir.
 
 
- Daiki? Tu descends, chéri ? Ton père et Satsuki attendent dans la voiture !

- Ouais, j'arrive ! répondit le jeune prodige en attrapant son sac et en jetant un dernier regard à sa chambre.

Le trajet jusqu'à l'aéroport se fit dans le silence. Aomine regardait les rues si familières défiler derrière la vitre, perdu dans ses pensées.

- Tu crois qu'elle viendra? lui demanda son amie d'enfance.

- Hmm...j'en sais rien, Satsuki.

En fait, il savait parfaitement qu'elle ne viendrait pas. Ils s'étaient dit au revoir ce soir là après qu'il est tenté de lui dire qu'il l'aimait. Est-ce qu'elle avait compris ? Il était pas doué pour ces choses, pour parler de ses sentiments profonds et il n'avait pas réussit à sortir ces trois petits mots, " je t'aime".