Je paniquais. Bien plus que prévu. Tout les trois me regardaient me préparer en riant. Seul un savait avec qui je sortais. Les autres théorisaient encore. Incapable de voir ce qui était si évident.

Pourtant ils m'aidaient. Chan s'occupait de juger mes tenus. Il remplaçait certains accessoires. Changeait la veste. Approuvait l'ensemble. Alors que Changbin me conseillait sur les étapes pour déshabiller une fille. Il se permettait de mimer. Sortait des statistiques. S'occupait de me détendre. Minho. Fidèle à lui même. Observait le tout d'un oeil amusé. Glissait des indices sur la personne avec qui j'allais passé la journée. Riait lorsque je lui lançais un regard noir.

Ma chambre était un champs de bataille. Et nous étions en conseille de guerre. Mais rien n'était plus plaisant que de décompresser avec eux.

Pourtant. Malgré tous leurs efforts, je ne pouvais m'empêcher de regarder l'heure. Pressé d'y être. Angoissé d'être en retard. Envieux de le revoir.

Je les abandonnais peu après midi. Le ventre vide mais lourd.

Je m'en voulais d'être aussi mal. Alors qu'on avait fait ça des dizaines de fois. Alors qu'on s'était déjà retrouvé seuls des centaines de fois. Je me répétais que cette sortie était juste amicale. Qu'elle était comme les autres. Qu'il n'y avait rien de particulier entre nous. Ou seulement une relation fusionnelle.

Mais les commentaires de mon colocataire. Et ses différentes réactions ne trompait pas.

Il y avait quelque chose de spécial entre Jeongin et moi.

Cela me plaisait d'y penser. Cependant, je ne pus me concentrer sur rien une fois dehors.

Il pleuvait averse.

De fortes ondées traversaient les rues. Partout. Pendant tout le trajet. Les gouttes me traçaient le chemin. Elles semblaient s'éparpiller à perte de vue. Dans tout Séoul. Pour se rejoindre au sol. Sous mes pieds.

Je regardais ce spectacle avec émerveillement.

« Je vais devoir changer mes plans. Dommage. »

Je sursautais en entendant la voix de Jeongin. Mais mes yeux s'étaient déjà habituer à sa présence. Ils ne pouvaient se décoller de lui. Il était magnifique. Vêtu d'une simple salopette qui mettait en valeur son visage enfantin. D'un bonnet rose qui illuminait son sourire. Je ne pouvais que l'admirer.

Il n'avait pas le charisme. La beauté viril. La force brute des autres alphas. Il était beaucoup plus gracieux. Beaucoup plus envoutant. Beaucoup plus éblouissant.

« He bah alors. Tu viens. »

Il me prit la main. Nous entraina en dessous de son parapluie. Dans le jardin. Sous la calme tempête.

Malgré la pluie. On se baladait longtemps. Observait en silence la beauté du paysage. Nos épaules accolées. On riait des passants pressés. En se regardant avec la même complicité. On discutait. Bien loin du monde extérieur. Un sourire heureux sur le visage.

Cependant, l'hiver nous rattrapa. Et bientôt nous migrons vers un centre commercial. Son hall surchauffé nous fit du bien. Nous prirent quelques minutes de repos sur un banc. Avant que Jeongin ne veuille me faire essayer des habits.

Et. Devant une vitrine de rose et de paillette. Il mit enfin mon gage sur le tapis.

Alors nous y entrions. Une femme nous alpaga immédiatement. Sans un commentaire sur notre genre. Aprioris inhabituel dans une boutique pareil. Elle s'entreprit de nous demander nos goûts. Nos attentes. Pour finalement sortir une dizaine de t-shirts. De jupes. Et de robes.

Jeongin exclu tout de suite les deux premières catégories pour se concentrer sur la dernière.

Il les inspecta avec précision. Me lançait des regards. Comme pour se la représenter porté. Mais ne voulait pas que je m'y approche.

« Tu les découvrira bien assez tôt. »

Je me laissais donc à son tri. Parcourant les rayons. Une main traînant derrière moi. Je jugeais. Touchais. Admirais les tissus. Leur forme autant que leur couleur.

Ce n'était pas mon monde. Mais j'appréciais être là.

L'odeur du neuf était nouveau. Des habits sans tâche. Sans imperfection. Bien loin des vieux pull des friperies. Recycler déjà une dizaine de fois.

Ici ils n'avaient encore aucune vie. Ce n'était que de la matière sans âme. Sans propriétaire. Qui n'attendait qu'à être utilisé. Usé. Porté. De mille façons différentes. C'était triste.

A l'autre bout du magasin. Jeongin m'appella. Tout heureux.

Sur son visage. Un sourire magnifique. Dans ses mains. Une robe.

Il me la tendit. À la fois impatient et très calme. M'emmena vers les cabines. Me laissa me changer.

Je découvrais alors l'habit. Un tissus simple. Tout de nuit et de larmes. Prêt du corps. Décolleté. Mais tout en finesse. Loin de certaines tenus vulgaires.

De délicats détails brillaient et tentaient à chaque mouvement. En accord avec les bijoux que Jeongin avait choisi en plus.

Je me sentais beau.

Un peu trop dénudé mais beau.

Et plus encore lorsqu'il me découvrit. Lorsque son regard se posa sur moi. Qu'il épousa mon corps. Comme en admiration. Puis nos yeux se rencontrèrent à nouveaux. Sur nos visages. Un sourire. Sur nos joues. Une flemme.

À ce moment là, je regrettais de ne pas pouvoir sentir ses phéromones. De ne pas pouvoir déterminer ce qu'il ressentait.

Mais il connaissait mon problème. Il y pallia immédiatement.

« Tu es magnifique. »

Je me réchauffais encore un peu. Bien trop heureux.

Et cela, les autres le verraient sûrement bientôt.

Contrairement à eux. Je devinais à ce moment là. Dans ses yeux. L'émerveillement. La fierté. L'admiration. Sur ses joues. La gêne. La timidité.  À la chaleur de ses doigts. L'affection.

Il dut sentir la même émotion émaner de moi. Parce qu'il m'entraina vers la caisse. Puis nous rentrons. Nos mains scellées. Nos sourires partagés. Nos corps avançant du même élan. Je sentais sa peau se réchauffée au fur et à mesure de notre course. Si bien qu'il me lâcha finalement. Près de chez lui.

Il était essoufflé. Son visage était bien plus coloré qu'à l'habitude. Il frissonnait malgré sa température.

« Je suis désolé. Je vais devoir te laisser là. Je. Je ne pourrais pas me retenir très longtemps. »

Je compris rapidement. Cette chose que je ne connaissais pas. Cette contrainte qui m'était inconnue. Ses rutes. Que j'avais déclenché.

Mais si je ne pouvais les avoir. Cela ne m'affectait pas non plus.

Je l'entrainais jusqu'à son appartement. Il hésita. Essaya de me faire renoncer. Refusa que je vienne avec lui.

Mais dans cette robe qu'il avait choisit. Pour ce corps qu'il embrassait du regard. Je me sentais puissant. Fière. Et surtout je voulais l'aider. Aider cette personne qui m'était chère.

Alors j'entrais. Refermais derrière lui. Et ouvris les bras.

« Shut up. And Hug me. »

4 décembre 2024