Chapitre 3
Mes yeux parcouraient les partitions. Mais aucun son ne sortait de la guitare. Je séchais. Je n'arrivais à rien. Pourtant je refusais d'abandonner. Il manquait juste un petit quelque chose. Quelque part. Cela faisait des jours que je travaillais dessus. Je n'avançais pas.
Je soupirais. Une furieuse envie de pleurer me pris. Je posais ma guitare et m'allongeais. Luttant contre les larmes. Je me concentrais sur le sol froid sous mon dos. Sur les pas de Minho dans le couloir. Sur l'odeur douce du soir.
« Merde. »
L'injure rebondit dans la pièce.
A côté, mon colocataire m'interrogea d'un cri.
Et le silence revient.
Il s'étendit. Beau. Agréable.
Sur le plafond. Les notes se mélangeaient en une partition. La partition. Dans le vide. Elle résonnait encore. Son manque de matière aussi.
Puis il y eut un son. Aigus. Une notification. La seule que je n'éteignais pas depuis plusieurs mois.
Je me laissais déconcentrer. Envoya à Jeongin ce qu'il voulait. Un selfie de mon visage déconfit. Une photo de mes activités du moment. Et j'abandonnais la musique pour sa voix.
Il me raconta sa journée. Je lui expliquais mon problème. On laissa le temps se perdre. Entre les rires et les conseils. Les anecdotes et les débats. C'était devenu une routine. Chaque jour. A l'heure qu'il voulait. Il y avait une sonnerie. Une image. Parfois des nouvelles. Parfois un simple remerciement. Parfois une date. Une heure. Une rencontre.
C'était sa façon à lui de se rassurer. De s'assurer que j'étais là. En vie. C'était ma façon à moi de reprendre pied. De moins m'enfoncer dans la musique. De prendre du recule. Mais c'était aussi une façon de se rapprocher. Parce qu'on s'appréciait.
Un peu.
Trop.
Du moins c'était mon cas.
Je confiais tout à mon colocataire. Le seul au courant de l'histoire. Le seul à savoir à qui j'envoyais ces photos. Il voyait mes sourires niais. Mes soupires. Mes remises en questions. Il entendait nos conversations. Nos rires. Nos confidences. Et il m'encourageait malgré mon hésitation. Malgré mon incertitude. Malgré ma peur.
Les autres ne savaient rien. Ils étaient curieux. Mais de piètres détectives.
Ils posaient des questions. Interprétaient les réponses. Faisaient des suppositions alors que l'intéresser était à leur côté. Gêné ou hilare.
« Tes photos se dégradent d'ailleurs. Va falloir que tu te reprenne.
- Dit celui qui n'en envoie jamais. »
Je répondais au toc au tac à ses provocations. J'aimais cette façon qu'on avait de se taquiner. Par message c'était souvent lui qui ouvrait les hostilités. Alors que lorsqu'on se voyait il évitait de m'embêter. De peur des bisous que j'essayais de lui donner.
« Voudrais-tu. »
J'hésitais derrière mon écran. Oui. Bien sûr. Mais je ne voulais pas le forcer. Ou même le mettre mal à l'aise.
Face à mon silence. Une image arriva. Simple. Sans explication. Un torse. A peine musclé. D'un beige clair. Magnifique. Et un visage. A demi caché. Pourtant pourvu d'un grand sourire. A la fois gêné et fier de sa blague. Il était splendide.
Mais la photo disparu rapidement. Bien trop rapidement. Effacée par son propriétaire.
Je ne savais que répondre de plus.
De l'humour. De l'admiration. De la moquerie. Des plaintes. Rien ne semblait approprier. Pourtant il fallait que je réponde.
Alors. Dans un élan de courage et d'égarement. Je lui proposais une sortie en ville.
Je regrettais instantanément mon geste. Et reposais mon téléphone pour la journée. J'allais m'enfuir sous ma couette. Avec l'envie de changer ces quelques phrases qu'il avait surement déjà vu.
Je restais là encore longtemps. A trouver ce que j'aurais pu dire à la place. A revoir l'image de ce corps. A l'imaginer derrière son portable. A supposer ce qu'il avait répondu à mon invitation. Sans pour autant oser regarder.
Jusqu'au lendemain. Où une notification me réveilla. Je devais me confronté à ce que j'avais écrit.
Après une photo de mes yeux bouffis, de mes peluches et de ma couverture. J'ouvrais ses multiples messages. Il y avait au début de enthousiasme. Un grand oui à ma proposition. Puis de l'interrogation sur mon silence. Pour finir avec une blague déguisée en menace. Sur le fait que je regretterai de l'avoir abandonner sans prévenir.
Je riais. De son message et de ma gêne de la veille.
De la chambre d'à côté Minho me cria d'arrêter de ressembler à un psychopathe. Cela m'amusa suffisamment pour retourner à ma musique après avoir décider d'une date avec Jeongin.
Je n'avançais toujours pas. Mais me permettais d'aller chercher un peu plus loin dans la mélodie. Passer sur quelque chose de plus joyeux. De plus doux. Toujours avec de la guitare. Mais emplie de délicatesse.
Je n'avançais toujours pas. J'avais complétement réinventer quelque chose. Une chanson d'amitié. D'amour peut-être. Je n'avais pas encore de parole. Mais j'avais la voix. Celle de Jeongin. Je voulais qu'il la chante. Je voyais déjà ses yeux plissés. Son sourire. Son timbre s'accordant parfaitement à la balade.
Les jours suivants je continuais la mélodie.Seules ses notifications me sortaient de la musique. Elles me permettaient une petite pose. Avant de continuer à composer.
J'avais commencer à écrire quelques paroles. Rien de fixer. Des petites blagues. Des phrases bateaux. De quoi m'amuser. De quoi être sûr de la mélodie. Du chemin que j'empruntais. Je voulais lui présenter quelque chose de construit. Qui lui plairait.
« Cela ressemble tout de même beaucoup à une chanson d'amour tout cela. »
C'est Minho. Peu avant notre entre-vue. Qui me le fit remarqué.
Je rougis à sa réflexion. Et me mis à douter.
Voulais-je vraiment lui demander ça. Voulais-je vraiment qu'il sache que je l'appréciais. Voulais-je vraiment officialiser cela. Voulais-je vraiment briser notre amitié. Comment allait-il réagir. Un rire nerveux. Un sourire enthousiaste. Allait-il ignorer ma demande. L'accepter. Ou mettre fin à notre relation.
En partant de l'appartement. Bien habillé. Ma guitare sur le dos. Je n'avais toujours pas décider ce que j'allais faire. Tout s'entrechoquait. Mon envie. Ma peur. Sa future réaction.
Les paroles dans les mains. Je chiffonnais le papier pendant les quelques minutes de trajet. Les yeux fixés sur un point au sol que je ne voyais pas.
J'étais tellement incertain. Terrifié d'être l'acteur de notre éloignement. Que je ratais presque le café.
Mais lorsque je le vis à travers la vitre. Je pris une décision.
Avant de rentrer je respirais. Me calmais.
Et écrivis rapidement un titre.
Hug me.
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