S07 - EP 52 ✧ part III
Partie 3/3
Le soir venu, Duncan réclama son gage comme ils profitaient de leur terrasse balayée par la brise venue de l'océan. En short, allongé sur le ventre sur une table de massage, Blacky servirait de sujet d'expérience.
— Je te rendrai la monnaie de ta pièce, Bratzy, rumina Mikael entre ses dents.
— Silence.
Duncan lui asséna une tape dans la nuque. Curieux, Rudy demanda :
— Comment tu l'as appelé ?
— J'ai entendu quelque chose comme « Brasil », fit Rey, devant le silence de Mikael.
Révisant son mutisme, ce dernier arbora un sourire mesquin au moment d'expliquer.
— C'est...
— Ta gueule ! intima Duncan.
Sa réaction exacerba la curiosité des plus jeunes.
— C'est un surnom trop « honteux » ? se moqua Rudy.
Duncan devint songeur.
— Ça dépend pour qui. C'est « Bratzy », révéla-t-il finalement.
Rey et Rudy comprirent le pourquoi de ce changement de position lorsqu'il développa :
— Connaissez-vous les poupées Bratz ? Elles sont fines et petites avec des têtes disproportionnées. Il jouait avec, enfant, il les préférait à Barbie. Puisqu'il m'adore comme il les adorait, je suis devenu « Bratzy ».
Mikael se redressa vivement, outré. D'où ce connard sortait-il cette explication fallacieuse ?! Rudy le dévisagea, incapable d'exprimer l'ampleur de son incrédulité.
— J'aurais jamais cru le penser de toi, mais c'est trop mignon !
Il réprima son hilarité comme Mikael fusillait Duncan du regard.
— C'est faux ! Et tu le sais.
Rudy céda au rire. Pour sa part, Rey estimait qu'il n'y avait aucune raison d'en faire un sujet de honte.
— Voyons, mon petit Mika, nous n'allons pas remettre ce vieux contentieux sur la table, balaya Duncan, condescendant. Tu es en âge d'assumer tes goûts maintenant. Nul ne te juge ici.
— Va te faire foutre !
— On avait convenu que ce serait ton tour aujourd'hui, après que tu m'as laissé le cul en feu hier.
Cette fois, Rudy prit Mikael en pitié. Duncan n'avait aucun filtre. Il tenta de réconforter son garde du corps.
— Te sens pas embarrassé pour « Bratzy », c'est lui qui porte ce surnom mignon en attendant. Tu l'appelles comme ça pour te venger de « mouton noir » ?
— « Mouton noir » vient d'un vieux dessin animé qui passait sur le Canal 3, révéla Duncan.
— The Little Black Merry ! s'exclama Rey. Je regardais ça, enfant. Et je le trouvais irritant. Infichu de se défendre seul, cet agneau au poil noir. Il fallait toujours que la petite bergère le protège quand les autres l'embêtaient. Il ne ripostait jamais, c'était frustrant !
— On est deux, grogna Mikael, aigre. Il me donnait des envies de le secouer. J'ai arrêté de suivre au bout de quelques épisodes.
Rudy, qui n'avait jamais suivi cette animation, s'interrogea. Mikael avait-il été infichu de se défendre tout seul par le passé, pour que Duncan l'affuble du surnom Black Merry ? Il n'arrivait pas à visualiser la chose. Le jeune homme lui semblait aussi solide que l'acier. Difficile de l'imaginer dans la peau de l'opprimé. Il questionna Duncan.
— Pourquoi tu l'appelles comme ça ?
Mikael s'impatienta.
— Es-tu obligé de tout savoir ?
Il sentait qu'après ce soir, le garnement ne le respecterait plus comme avant. Peu désireux de rentrer dans le détail, il soupira :
— Contente-toi du fait que c'est ironique.
— En contractant « Black » et « Merry », tu obtiens « Blacky ». C'est moi qui l'ai trouvé, dit Duncan avec une certaine fierté.
Mikael le rabroua.
— Pas de quoi en tirer une quelconque gloire, ça te rend niais.
— Attends..., fit Rudy, sceptique. Tu veux dire que c'est ça, la vraie origine de « Blacky » ?! Je me suis toujours pas fait à l'idée que ça n'avait rien à voir avec ton allure de beau brun ténébreux toujours vêtu de noir. Cette explication est encore plus surréaliste !
— Si tu pouvais virer « beau », je t'en saurai gré, murmura Rey à son oreille.
Rudy lui donna un coup de coude sans douceur comme Duncan confirmait.
— Il ne s'habillait pas en noir à l'époque où je l'ai gratifié de ce doux surnom. Il avait cette espèce de no-look, un style de bolosse juste indéfinissable.
— Comment ça se fait que ce soit devenu un de ses noms de code d'agent secret ?
— Le mot « secret » dans ta question nous exempte d'y répondre, dit Duncan. (Il prit un ton grave.) Rudy, la facilité avec laquelle tu mentionnes cet aspect de notre métier est dangereuse. Même quand tu penses qu'on est entre nous, ne prends pas l'habitude d'en parler. N'en parle pas tout court. Ça peut non seulement te porter préjudice, mais à nous aussi. Cet imbécile ne t'a pas assez mis en garde.
Il claqua la nuque de Mikael qui grimaça. Son absence de protestation indiquait qu'il validait les mots de son collègue. Néanmoins, il nuança :
— Je pense que Rudy aura l'intelligence de ne pas se montrer imprudent quand ce sera nécessaire. Il pue la naïveté à des kilomètres mais ne le sous-estime pas.
Duncan lui lança un regard perçant. Mikael le soutint. Rudy fut touché par l'étrange confiance que lui accordait son garde du corps. Rey cassa la tension entre les deux agents.
— Ça n'a pas l'air de te choquer que Rudy le sache.
Duncan haussa les épaules.
— On m'a conseillé de ne plus m'étonner de ce qu'un Leblanc de lignage direct peut savoir. Il s'avère que c'est un conseil avisé.
— Je vois, fit Rey. Ironiquement, Rudy est le plus ignare des « Leblanc de lignage direct ».
Son commentaire lui valut une belle tape de l'ignare.
— Le fait qu'il en sache beaucoup trop malgré ça en dit long, maugréa Duncan, son regard accusateur à nouveau braqué sur Mikael.
Rudy sauva ce dernier d'une remontrance en sourdine.
— Si tu sais qu'il jouait aux Bratz, vous vous connaissez depuis tout petit alors ?
Lui qui supposait que leur rencontre datait de leur recrutement d'agent, à l'époque du lycée, allait de surprise en surprise.
— Depuis l'école primaire, répondit Duncan,. J'ai le sentiment de l'avoir toujours connu. En fait, je suis incapable d'imaginer ma vie sans lui. Il a toujours fait partie du décor.
En disant cela, il posait des yeux tendres sur son camarade. Celui-ci détourna les siens, grognon.
— Ce n'est pas réciproque. Elle commence, cette expérience ?
Duncan sourit, peu dupe. Rudy savoura la gêne de Mikael. Il brûlait de savoir la nature réelle de leur relation. Le couple l'intriguait. Sex-friends n'était pas approprié. Ils étaient plus que des collègues de travail, mais l'amitié, le sexe et leur job ne suffisaient pas à les lier. C'était plus puissant, bien que le couple ne le montre pas. Leur vie avait été jalonnée d'épreuves dont Rudy ne saurait imaginer la difficulté. Étrangement, cependant, il ne ressentait pas de passion.
Ils passaient un bon moment ensemble. Toutefois, Rudy n'occultait pas l'existence du G.L.O.B.E., ombre sur ce tableau idyllique. Il ne pouvait plus la jouer insouciant maintenant que ce nuage noir flottait dans son ciel naguère bleu. Mais pour l'heure, il profitait de cette parenthèse avec toute la naïveté qu'on attendait de lui.
— C'est quoi comme expérience ?
— C'est une expérience basée sur les points de pression, expliqua Duncan. Les réflexologues et les acupuncteurs y ont recours.
— La réflexologie est une pseudoscience, avança Rey. Tu es certain d'obtenir des résultats ?
— Elle est non conventionnelle, au même titre que l'ostéopathie, confirma Duncan.
— C'est quoi d'abord, la réflexologie ? La science des réflexes ? demanda Rudy, largué.
L'explication vint de Mikael.
— Une théorie veut que chaque partie du corps, chaque organe, soit lié à une zone plantaire ou palmaire.
— Pas seulement aux pieds et aux mains. Ajoute aussi les oreilles, le sommet du crâne et les yeux, compléta Duncan.
— OK..., souffla Rudy, pas plus avancé.
— Tu as déjà vu ou entendu ces masseurs qui disent qu'en exerçant une pression sur un endroit donné du pied ou de la main, ils peuvent régler un dysfonctionnement physiologique ? imagea Rey. Genre, calmer ta migraine ou tes maux de ventre, ou encore ton stress, en te massant les pieds ou la paume des mains. Eh bien, ils se basent sur des notions de réflexologie.
— Je vois. Du coup, je rejoins Rey. Si c'est pas une science exacte, t'es sûr qu'on verra les résultats ?
— Tu veux prêter ton corps à la science ? proposa Duncan. Ce n'est pas la première fois que je m'adonne à cette expérience sur Mika.
— Rey peut s'y coller. Ça fera deux bruns allongés et deux blonds aux commandes.
— C'est de la discrimination envers les bruns ! protesta Rey. Espèces de sales aryens !
— Étymologiquement « aryens » signifie « noble », pontifia Duncan. L'idée que les gens ont de ce mot est très connotée depuis que l'eugénisme nazi lui a donné mauvaise réputation. À la base, il a une double-origine sanskrite et iranienne. L'iranien ancien.
— Ferme-la, Duncan, pitié, ta gueule ! implora Mikael en se frappant le front contre sa couchette. Arrête d'étaler ta science, c'est chiant ! T'es pas sexy quand tu joues les érudits.
— J'émets l'avis contraire, fit Rey, ravi.
Rudy lui asséna un second coup de coude.
— Sexy est mon second prénom, rétorqua Duncan, suffisant.
Roulant des yeux, Rudy obligea Rey à s'allonger à plat ventre sur le transat. Duncan prit le seau à glaçon à côté des restes de leur apéritif et le lui tendit.
— Sers-toi.
Le regard mutin, Rudy en saisit un. Il sentit plus qu'il ne vit Rey se crisper. Il n'avait encore rien fait mais quelque chose lui dit que la réaction de son petit ami venait d'un souvenir. Par le passé, des glaçons s'étaient déjà invités à une de leurs joutes érotiques.
— Notre expérience se portera sur le point Feng Fu, qui signifie « le palais du vent », commença Duncan d'un ton docte et surjoué. Ce fameux palais se trouve au niveau de la nuque, à l'endroit où s'unissent le crâne et le cou. Quand tu bascules doucement ta tête en arrière, en mettant ton doigt dans cette zone, il est facilement repérable, dit-il en touchant du bout de l'index le bas du crâne de son cobaye. Je le considère comme l'opposé du cinquième point de chakra, situé au niveau de la gorge.
— Ici ? fit Rudy.
— Un peu plus haut. Remonte à la base de ses cheveux. Voilà.
L'expérience consistait à poser un joli glaçon sur le point Feng Fu et à le laisser fondre. Sans aide.
— On peut en avoir pour quinze à vingt minutes. Tu es sûr que tu ne veux pas essayer, Rudy ?
— L'effet qui se produit est quelque chose qu'il faut vivre, dit Mikael. Ce sera toujours plus intense que lorsqu'on te le décrit.
De toute évidence, il ne subissait pas l'expérience malgré lui, il l'anticipait.
— C'est aphrodisiaque chez certaines personnes, glissa Duncan.
— Tout s'explique, comprit Rey d'un air entendu.
— C'est pas le but ! glapit Mikael, écarlate.
Les deux blonds gloussèrent.
— Certes, on accorde beaucoup de vertus à cette stimulation, soi-disant que ça bonifie la qualité de vie, dédaigna Duncan. Certains pensent que ça améliore le moral, le sommeil, le transit, que ça réduit les rhumatismes et même l'irascibilité des nanas qui ont leurs règles. Ou encore que ça rajeunit.
— Rien que ça ! ironisa Rey.
— J'ai beau être versé dans les arts martiaux, je suis peu adepte de ce genre de baratin sur les systèmes énergétiques du corps. Au-delà des considérations de la médecine traditionnelle chinoise, la seule chose qui m'intéresse, c'est que ça stimule la libération d'endorphines.
Rey pouffa, puis s'étrangla en serrant les orteils et les fesses. Sans prévenir, ce loustic de Rudy avait déposé le glaçon sur son point de pression. Mû par sa curiosité, ce dernier décida de s'y prêter aussi. Au départ, le froid intense fut désagréable. Passé les soixante premières secondes, les impressions corporelles se modifièrent. La peau habituée à la basse température, l'organisme en oubliait le froid. Quand la montre comptabilisa plusieurs minutes, l'inverse se produisit. D'abord douce, une sensation de chaleur s'imposa, puis se propagea progressivement dans tout le corps.
— C'est dingue ! exhala Rey.
La réponse au phénomène fluctuait selon la sensibilité des individus. Duncan l'avait déjà expérimenté et se savait moins réceptif que Mikael. Chez ce dernier, la réaction était systématique. Sachant la subjectivité de l'expérience, il fut ravi du résultat positif chez ses nouveaux cobayes. Après ça, les petits se sauteraient dessus. On faisait mieux l'amour avec des sens désinhibés.
Sans subtilité, son objectif était de terminer l'expérimentation au lit. Il aurait entamé la bagatelle sur la table de massage s'il ne se souciait guère de choquer le personnel ou tout plaisancier curieux ayant des velléités de zieuter chez ses voisins à travers des jumelles. Duncan épiait bien les autres ; pourquoi ne lui rendrait-on pas la politesse ?
*
Le lendemain, Rey se réveillait tard et fourbu, la tête dans le coton. L'exercice en chambre avait été intense. Un premier round très sensuel, d'une lenteur presque tantrique, durant laquelle Rudy avait vénéré son corps comme il adorerait une beauté de la nature. Doux délice saturé de passion. Une passion qui avait débordé au second round, quand Rey avait ravagé Rudy après un repos bien mérité, motivé par les grincements du lit qui leur parvenaient de l'autre côté du mur.
Il ignorait s'ils s'étaient retrouvés dans une configuration de compétition érotique. Cela n'avait pas été à qui ferait crier son partenaire plus fort ; l'insonorisation étouffait assez bien les plaintes. Mais Rey avait dégusté les fruits du sexe sauvage avec l'homme qu'il aimait, le sang brûlant ses veines et les baisers troublant son âme. Comme si son corps voulait transmettre un message urgent, animal.
« Souviens-toi toujours de la façon dont je t'aime, Rudy. Je ne suis entier que dans ta chair. »
Conséquence : il était vidé et se sentait incomplet. Comme si quelque chose lui manquait, maintenant qu'il ne faisait plus qu'un avec sa moitié. Il se sentait des affinités avec la victime d'un incube, privée d'une partie de son énergie vitale.
Rudy nota bien son vague à l'âme et sa mollesse. Dorloter son Rey patraque n'eut rien d'une corvée. Au contraire, il poussa le vice jusqu'à l'écœurer de mots doux.
— Ça va mieux, mon amour ? Ton cocktail de fruits te convient, mon sucre d'orge adoré ? Tu veux que je te masse les pieds, mon bébé ?
— Ah, laisse-moi tranquille ! geignit Rey. On croirait entendre ma daronne !
Heureusement que les deux autres résidents batifolaient avec du tuba, du plancton et du poisson. Sa honte l'aurait terrassé s'ils avaient assisté à sa déchéance après une nuit de marathon charnel. Mais il l'admettait, être cajolé par Rudy n'avait pas de prix ! Un massage par-ci, une boisson par-là, un câlin ici, des bécots là. Par des caresses indolentes dans ses cheveux, presque inconscientes, Rudy lui transmettait son amour du bout des doigts. Sa présence tactile le rassurait, l'ancrait.
Affalés l'un sur l'autre dans le sofa, ils lézardaient devant une émission de divertissement quand l'un des téléphones de Rey sonna. Sa mère. Il fronça les sourcils.
— Il doit être minuit là-bas. Pourquoi m'appelle-t-elle aussi tard ?
Il s'agaça contre son corps peu coopératif au moment de se redresser. Rudy l'aida à s'assoir et lui tendit le portable.
Étreint par un mauvais pressentiment, Rey accepta l'appel Visio. Le visage de sa mère à l'écran cristallisa son angoisse, logeant une boule dans sa gorge. Traits défaits, yeux rougis, lèvres pincées, elle semblait contenir trop d'émotions. Des émotions qui luttaient entre elles, chacune prenant le dessus quelques secondes. Colère, détresse, tristesse, résignation et enfin courage, à sa manière d'inspirer avant de se lancer.
— Tu es assis, mon bébé ?
— C'est papa, n'est-ce pas ?
Il l'avait déjà lu dans ses yeux. Uma avait longtemps pleuré son mari. Cette fois, elle avait accepté que Marshall Sebastian Lee-Cooper ne reviendrait plus. Son fils cligna des paupières, incommodé par la naissance piquante de ses larmes.
— Ton père nous a quittés il y a environ une demi-heure.
Alors Rey comprit d'où venait son mal-être. Son manque. Il avait perdu la moitié de son lien filial. L'explication n'avait rien de rationnel. Et pour une fois, son esprit cartésien ne la réfuta pas.
*o*o*
À suivre dans Hot Chili Saison VIII
*o*o*
TO BE CONTINUED ON SEASON 8
*MEDIA*
Intro vidéo : Evanescence - End of the Dream. Des lyrics presque haut perchés, que je trouve assez raccord avec la construction de cette séquence. Because Rey and Rudy run towards the end of the dream.
I found a grave
Brushed off the face
Felt your light
And I remember why I know this place
I found a bird
Closing her eyes
One last time
And I wonder if she dreamed like me
As much as it hurts,
Ain't it wonderful to feel?
So go on and break your wings
Follow your heart 'til it bleeds
As we run towards the end of the dream
I'm not afraid
I pushed through the pain
And I'm on fire
I remember how to breathe again
As much as it hurts,
Ain't it wonderful to feel?
So go on and break your wings
Follow your heart 'til it bleeds
As we run towards the end of the dream
Why must we fall apart to understand how to fly?
I will find a way
Even without wings
Follow your heart
'Til it bleeds
As we run towards the end of the dream
Follow your heart
'Til it bleeds
And we've gone to the end of the dream
En générique de fin, cette chanson douce-amère d'Evanescence - My Last Breath qu'on dédie à Rey.
https://youtu.be/dhD3R8TtM30
Hold on to me, love
You know I can't stay long
All I wanted to say was, "I love you and I'm not afraid."
Can you hear me?
Can you feel me in your arms?
[Chorus:]
Holding my last breath
Safe inside myself
Are all my thoughts of you
Sweet raptured light it ends here tonight
I'll miss the winter
A world of fragile things
Look for me in the white forest
Hiding in a hollow tree (come find me)
I know you hear me
I can taste it in your tears
[Chorus]
Closing your eyes to disappear,
You pray your dreams will leave you here;
But still you wake and know the truth,
No one's there...
Say goodnight,
Don't be afraid,
Calling me, calling me as you fade to black.
(Say goodnight) Holding my last breath
(Don't be afraid) Safe inside myself
(Calling me, calling me) Are all my thoughts of you?
Sweet raptured light, it ends here tonight
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