S07 - EP 51 ✧ part II
Partie 2/2
— Vous avez tout ce qu'il faut ?
Rey vérifia l'intérieur de la pièce en osier naturel patiné, au fond en toile de jute et à sangles bleues. Le panier pique-nique possédait un casier à bouteille occupé par un Bordeaux rouge millésimé 2000, année exceptionnelle. Sur le couvercle étaient savamment fixées deux assiettes en céramique bleu ciel, un duo de couverts aussi brillant que de l'argent, un kit ouvre-bouteille... Rey passa rapidement sur la salière et la poivrière, les pétales de fleurs disséminées çà et là, compta les verres en cristal à vin et à eau, et ouvrit le compartiment isotherme amovible. Des lunch-boxes ronds en bois laqués noir contenaient le festin exotique qu'il se faisait une joie de partager avec Rudy.
— C'est parfait, merci.
Le couple se fit aider pour caler le grand panier sur le porte-bagage de leur vélo. Ils attachèrent la nappe pique-nique fournie avec, saluèrent les employés du restaurant et mirent le cap sur l'Anse Maquereau.
Ils étaient heureux. Peu importait comment se termineraient ces vacances, elles balayaient déjà les tensions accumulées, parfois à leur insu.
La nappe beige au revers imperméable finit sous un palmier. Rey entreprit de vider le panier. Ce fut sans compter Rudy qui le plaqua au sol, d'humeur joueuse. Plusieurs longs baisers plus tard, Rudy le surprit par son ton soudain solennel.
— Merci, Rey. J'en avais besoin.
Se retrouver seul avec sa moitié, loin de toute forme de pression, avait été inespéré. Depuis son « retour » de captivité, il avait vécu sous la surprotection de son père, entouré par les angoisses de ce dernier, l'inquiétude que Red croyait lui dissimuler, le malaise de ses amis, la culpabilité de son grand-père. En réalité, l'ambiance n'était pas saine autour de lui. Rajouter Blacky dans l'équation, et sa stabilité psychologique relevait presque de la gageüre. Ses séances chez le Dr Minzy n'étaient pas près de se tarir. Heureusement, il trouvait sa psy cool ; ce n'était pas donné à tous.
L'initiative de Rey tombait à point nommé. Rudy s'en fichait que cela ait été probablement motivé par la Saint Valentin. Il ferait le plein d'énergie car, de retour au bercail, son quotidien ne serait pas de tout repos. Son coming-out dans l'émission de sa mère devait déjà noircir d'encre tout support médiatique. S'étant promis de ne pas y songer durant son séjour, il avait mis son téléphone personnel au chômage et incité Rey à l'imiter.
Il s'attela enfin à délester le panier de ses trésors culinaires.
*
Repu, Rudy s'affala sur la nappe. Le soleil n'était plus qu'un arc de cercle couleur tangerine, coupé par la barre ondulante de l'horizon. Son puissant reflet paressait sous un ciel polychrome, visitant les palettes de rouge et de mauve. Rudy regretta de ne pas être peintre. Il pourrait tout oublier à la station balnéaire en rentrant à Balmer sauf l'appareil photo de Rey. L'appareil et le photographe, bien sûr.
— Il ne manquerait plus que des coussins, soupira-t-il.
Estimant Rey doué dans le rôle d'un oreiller, il posa sa tête sur son ventre afin de contempler le paysage. L'autre invoqua son confort en le décalant plus bas, sur son pubis. Le sourire lubrique de Rudy s'épanouit.
— Pour ton confort, hein ?
— J'ai le ventre plein, Caramel. Ta tête pèse dessus.
— Alors que t'as les couilles vides... Je comprends.
— Je te signale que c'est toi qui me les vides !
Rudy ricana. Le bonheur rendait bête. Effectivement, ils avaient commercé toutes les nuits, sans faute, avec Éros.
— Tu diras au Chef que le repas a été une explosion de saveurs.
Les papilles de Rudy avaient bien voyagé grâce au carri de viande épicée de safran, coriandre et gingembre, aux féculents parfumés et au chatimus, nom peu orthodoxe d'une purée de fruits et légumes vinaigrés. Cerise sur le gâteau : dîner au crépuscule, à l'abri des regards, bercé par le chant des vagues mêlé au ramage d'oiseaux exotiques. Il ne le dirait jamais assez : le rêve !
— Je lui ferai savoir que les mets nous ont offert une farandole de goûts, renchérit Rey, guindé.
Rudy surenchérit en imitant ce ton qu'affectait si bien son père quand il rappelait à tous sa naissance bourgeoise.
— Ce fut un florilège exquis d'arômes.
— Un festival gustatif.
— Une sarabande palatine.
— Ça ne veut rien dire ! pouffa Rey.
— Si fait, mon cher ! Il manquait de l'eau, en revanche.
Un repas épicé sans eau pouvait relever du châtiment. Heureusement qu'il y avait eu du vin. Son pouvoir enivrant contribuait à l'euphorie du moment.
— J'ai pourtant vu des verres à eau, dit Rey. T'as fouillé au fond ? Il doit y avoir des petites bouteilles enveloppées de pain de glace.
Rudy s'exécuta et tomba sur la dernière chose qu'il s'attendait à trouver au fond du panier. Sa gourmette.
— Tu l'as retrouvée ! s'exclama-t-il, heureux comme un pape intronisé.
— De quoi tu parles ? s'étonna Rey.
Rudy lui montra sa trouvaille. Rey se redressa, interloqué. Sa surprise, réelle, émoussa la joie du blond.
— Ce n'est pas toi qui l'as mise au fond ?
— Non... Regarde, il y a un mot dessus.
Suspendu à la gourmette, un bout de papier y était rattaché par une cordelette tressée. Rudy eut un violent sentiment de déjà-vu comme tous deux lisaient le message.
« Je t'avais dit de prendre soin de tes affaires, Rudy. »
— C'est Blacky...
— Attends une minute, fit Rey, suspicieux. Il ignore que j'ai fait faire notre panier repas par les cuisines du restaurant... Sans compter qu'il y a trois restaurants. Comment a-t-il su le bon ? Je t'en ai parlé à la villa alors qu'il se trouvait sur la plage. Tu te souviens ?
La question méritait d'être soulevée. Rudy ne sut quel argument avancer. Le mystère demeurait entier. Rey le pressa subitement :
— Le mot accroché à tes lunettes, tu l'as toujours ?
— Euh... oui. Dans l'étui... Qu'est-ce qu'il y a, Rey ? Tu m'inquiètes.
Rey aurait aimé le rassurer. Malheureusement, il refusait de mentir. Plutôt se repentir d'avoir flippé pour rien, que d'enjoliver une vérité déplaisante dans le but d'apaiser les craintes de son petit copain. Cependant, son attitude n'était pas la bonne face aux antécédents de Rudy. Hélas, il ne connaissait pas de méthode moins « brutale » sur le plan émotionnel.
Rudy sortit le bout de papier. Rey le prit et, à la lueur des derniers rayons du couchant, le compara à celui accompagnant la gourmette.
— C'est la même écriture.
— Bah... oui ! fit Rudy, aussi tendu que perdu.
Il était logique que ce soit la même écriture ! Qu'essayait de démontrer Rey ? La suite de l'analyse cristallisa sa peur :
— Mais je suis quasiment sûr que ce n'est pas celle de ton Blacky-caramel. On a pris le temps de mémoriser les données de nos téléphones, qu'il a écrites sur les post-it. Maintenant que j'y regarde de près, je peux affirmer avec une assez forte certitude que cette écriture diffère de la sienne.
Fébrile, il fouilla dans ses poches, à la recherche de son portable. Il le trouva, mais un effet manqua à l'appel.
— Mon portefeuille a disparu !
— Mon portable..., s'étrangla Rudy en tâtonnant sur toutes les poches de son bermuda cargo. Putain, j'ai perdu mon portable !
— Je ne crois pas, Rudy, grommela Rey, sinistre. Tu ne l'as pas perdu.
Au bout de trois pertes, ce n'était plus une coïncidence. Quatre, en comptant le portefeuille de Rey, rectifia Rudy. Il lui lança un regard dément et sut que son petit ami atteignait la même conclusion : quelqu'un s'amusait à chourer leurs affaires. Pire : quelqu'un les suivait à la trace ; quelqu'un qui connaissait Rudy. Enfin, Blacky avait dit que sa vie pouvait dépendre de ce fameux portable qu'on lui avait volé... Les graines de la panique se passèrent de terreau pour germer.
Non, ça ne va pas encore recommencer ! Rudy se leva d'un bond, la respiration saccadée. Soudain, le moindre recoin sombre sembla dissimuler mille dangers. Son agitation donna presque le tournis à Rey, tant il regardait dans tous les sens.
— On rentre ! Non, appelle Blacky... Non, rentrons d'abord, puis t'appelles Blacky.
Rey l'emprisonna dans ses bras, comme il se dirigeait d'un pas rapide vers le tandem.
— Calme-toi, Rudy. La panique est sûrement ce que cette personne attend de nous. Ne lui donne pas satisfaction. Quoi qu'il arrive, je ne te lâche pas. Je suis là.
Rudy se raccrocha fermement au T-shirt de Rey. Celui-ci lui caressa le dos d'une main apaisante et composa le numéro d'urgence. Leur séjour virait au cauchemar. Ce n'était pas censé se passer ainsi !
Le « 1 » ne répondit pas.
Le cauchemar devint réel.
— Alors ?
La mort dans l'âme, Rey s'obligea à répondre.
— Je compose le « 2 ».
Il n'eut pas besoin d'approfondir. Rudy se mit à trembler. Blacky n'était pas joignable. Putain, son garde du corps était injoignable ! Il savait que quelque chose clochait ! L'absence de Mikael dans son champ de vision, tout au long de la journée, aurait dû l'alerter plus que cela ! Refusant de donner foi à cette réalité, il ravit le téléphone de Rey et composa le « 1 ».
— Réponds, bordel !
— Compose le « 2 », Baby boy, s'il te plaît, l'enjoignit Rey, ferme.
— Comment tu peux rester aussi calme ? gueula-t-il. Il est sûrement dans le pétrin en ce moment ! Il a besoin d'aide !
— Alors il savait que ç'allait arriver, raison de son anticipation. Compose le « 2 ». Maintenant !
Pris de court par l'autorité de Rey, dans un état second, Rudy maintint la touche « 2 ». Le raccourci déclencha l'appel. La sonnerie d'un portable leur parvint faiblement du côté des récifs, à une vingtaine de mètres.
Les garçons se dévisagèrent, interdits. Ils ne l'avaient pas rêvé. Sur la ligne d'horizon, le soleil jeta ses derniers rayons. Le crépuscule mourut, englouti par l'océan. Ils auraient dû être les deux seuls occupants de la plage privatisée. Le portable sonnait toujours.
*o*o*
TBC ● THE LAST EPISODE - part I
Bon sang de bonsoir ! C'est quoi ça encore ?! Ou plutôt, c'est qui, ça ? Pourquoi Blacky ne répond pas ? Et à qui appartient ce foutu téléphone qui sonne, nom d'une sciure de bois ?
ANNONCE
La décision est tombée : la production vous annonce que le prochain épisode sera le dernier de la saison 7 ! Elle m'a un peu prise par surprise, je dois l'admettre. Comment ça, je ne suis pas crédible ?! Sincèrement, je pensais finir vers l'épisode 53. Mais j'aurais couru le risque de broder, de rajouter des longueurs comme un épisode « filer » de Naruto ou Bleach. Et Dieu sait que certains étaient nazes ! Il a fallu trancher.
Donc c'est acté : Hot Chili – S07 finit bel et bien à l'épisode 52. Vous venez donc de suivre l'avant-dernier épisode. Je crois que depuis la reprise, cette saison est marquée du sceau de l'inattendu. Et je commence à avoir un faible pour la formule.
*MEDIA*
Intro vidéo : Black Veil Brides - Crimson Skies. Parce que ce son allait bien avec la fin de cet épisode. Et parce que Andy Biersack, quoi ! ❤❤
We're waiting for collapse
In the cold and lonely mirror
Reflections all you see
Of the world you made on your own with no mercy
And they call you a liar
But you won't surrender
And they can choose to run
With hypocrisy
It happens every day
We were born to fight for this when all they ever do is pray
Never see the truth we miss when fear consumes the rage
We take control, don't give up when all they know is corrupt
We were born to fight for this and lead us through crimson skies
The revolution lives
In the beat of our hearts and the burning sound of the flames we started in
Can you hear it now? Can you feel the hurt?
This silent hate
And they worship a liar
But we won't surrender
And we won't ever run
From the pain you see
Because now we're free
We were born to fight for this when all they ever do is pray
Never see the truth we miss when fear consumes the rage
We take control, don't give up when all they know is corrupt
We were born to fight for this and lead us through crimson skies
We were born to fight for this when all they ever do is pray
Never see the truth we miss when fear consumes the rage
We take control, don't give up when all they know is corrupt
We were born to fight for this and lead us through crimson skies
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