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S07 - EP 51 ✧ part I

Partie 1/2

Une douche plus tard, Rudy et Rey, en peignoir, se jetèrent sur le jus de mangue et la salade gourmande de fruits de mer trônant sur la table de la cuisine. Ils avaient testé les limites de leur corps en s'adonnant à une activité physique intense sans respecter leurs apports caloriques journaliers.

— J'ai rarement eu autant faim ! s'exclama Rudy, la bouche pleine.

— Où est ton Blacky-caramel ?

— Qu'est-ce que vous avez tous à l'appeler comme ça ? Ce n'est pas mon Blacky !

— Bien sûr que ce n'est pas ton Blacky, c'est ton Blacky-caramel.

Rudy lui adressa un regard fatigué.

— La nuance est tellement de taille que je me consterne à tes pieds.

Remarquant une boite en carton sur le bar, décorée d'un post-it, Rudy le rapporta et lut le message étrange de Mikael.

— Il dit qu'il est sur la plage et... « votre vie peut dépendre du contenu. Ne vous en séparez pas ».

Dans la boite, Rey découvrit deux smartphones et un second post-it.

« Connexion satellite. Assurez-vous de leur charge.
Appel d'urgence : maintenez la touche « 1 ».
Si « 1 » ne répond pas au 1er appel, faites le « 2 ». »

Pourquoi avoir souligné « 1er appel » de deux traits ?

— C'est quoi ce délire ? souffla Rudy.

— Il n'y a qu'à vérifier, proposa Rey.

— Attends, il y a un message au dos.

Rudy lui prit son post-it et le retourna.

« Ne composez pas le numéro juste pour vérifier. »

Rey le dévisagea.

— Ton garde du corps est vraiment chelou.

— Je n'aurais pas dit mieux.

— Il ne manquerait plus qu'il rajoute « dans vingt secondes, ce message s'autodétruira ». (Rudy s'esclaffa.) Mais il résout un problème auquel j'aurais dû penser. Avec ces portables, on est joignables à n'importe quel endroit du globe.

Au-delà du côté pratique, cela mettait en exergue le métier de l'Agent Sainsbury. Ils prirent connaissances des données importantes glissées dans la boîte, Rey insistant pour qu'ils mémorisent les numéros de chaque portable. Quand Rudy cessa de galérer à les restituer de tête, ils embrayèrent sur l'agenda de leurs vacances.

— L'hôtel a un programme d'initiation à la plongée, je nous ai inscrits au cours de cette aprèm.

L'annonce fut accueillie avec enthousiasme. Rudy n'avait jamais fait de la plongée sous-marine. C'était l'occasion d'apprendre.

— Si on n'est pas trop fatigués ce soir, balade. Demain, stand up paddle. On visitera le reste de l'île ensuite. Après-demain, dîner pique-nique en amoureux sur la plage. On passera une Saint Valentin en plein air.

— C'est toi le patron, dit Rudy.

Rey avait tout en main et il adorait cela, à en juger par la satisfaction dans son regard. Rudy ne lui brimerait pas son plaisir. Durant ces vacances, il se laisserait vivre, ne penserait à rien. Le cerveau en berne, il consacrerait son énergie à profiter de la nature, du cadre de rêve, des gens, et surtout de son homme qui se pliait en quatre pour son bonheur. Ce dernier avait tout orchestré, jusqu'aux choix de ses effets. Concrètement, Rudy avait quitté Saunes avec son portefeuille comme seul bagage. Quelle n'avait pas été sa surprise de découvrir une valise à son nom dans leur suite.

— J'ai vu que tu m'as fait une valise. J'aurais dû m'en douter quand tu m'as apporté des vêtements de rechange ce matin. Dois-je craindre le pire ?

— Définis « pire ».

— Je parie qu'elle ne contient que des minishorts et des débardeurs échancrés !

Le sourire de Rey lui évoqua le chat du Cheshire. Il ne comprenait pas ce penchant de son petit ami pour les vêtements courts mais à son détriment. Cette manie datait des Taeyand Bay. Son mec aimait qu'il expose sa peau tel un fuckboy frimant sur Internet par climat chaud. Or sa carnation et sa blondeur le rendaient sensible. Il finissait badigeonné de crème solaire comme un gâteau sous glaçage.

— T'es sexy en short ! plaida Rey.

Rudy sut alors que si bermudas il y avait, ils reviendraient à Rey. Lui se taperait le bout de jean effiloché. Génial !

— C'est pas parce que je suis mince que tu dois me fringuer comme Red !

— Je te promets que Red n'a rien à voir dans cette histoire.

— Ç'a donc tout à voir avec « te rincer l'œil ».

— On fera quelque chose de toi, Sherlock, confirma Rey.

Grommelant, Rudy s'en retourna à sa salade. Débattre était vain. S'il se remplumait un peu, gagnait en masse musculaire, Rey le verrait dans un autre registre. Il n'était pas androgyne mais ne rentrait pas non plus dans le moule de la virilité absolue comme son père. Il en avait sans doute le potentiel car il tenait beaucoup de Dean. Il savait désormais qu'il n'avait pas encore fini sa croissance. Avec de l'effort, il modèlerait sa silhouette. Mais pratiquer un sport « musclant » demandait contrainte et motivation. #Flemme. Il se sentait plutôt bien dans sa peau, quoi que l'on pense. Il était désirable, Rey le trouvait sexy. Que demander de plus ?

*

Rudy passa les trois premiers jours de leur séjour dans un état d'éblouissement perpétuel. La nature ne cessait pas de l'époustoufler. Il fallait dire que leurs pérégrinations se déroulaient principalement dans les espaces verts conseillés par le guide offert à l'accueil, qui dépaysaient en dépit du flux modéré de touristes. Sur l'île de La Digue, une visite à vélo d'une plantation de l'Union Estate, vestige colonial, les avait saturés d'odeur de coco et vanille, denrées encore cultivées et récoltées selon l'ancienne tradition. Sans surprise, Rey avait taquiné Rudy.

— Tu dois te sentir à domicile, Caramel-vanille !

En riposte, Rudy avait tué son sourire moqueur.

— Ouais, je pense que je me sentirais dans mon habitat ici, s'il y avait en plus Coco-caramel.

Grognement de Rey. Cela lui apprendrait à le railler ! Le lendemain, ils crapahutaient dans le jardin botanique en périphérie de Victoria, sur l'île Mahé. La vaste collection de plantes exotiques, d'épices et arbres fruitiers ne manquait pas d'émerveiller. L'effet forêt tropicale donnait une conscience accrue de la beauté de la planète, même quand la main de l'homme la façonnait. Rudy s'était fait une joie de dénicher les oiseaux multicolores cachés dans le paysage, particulièrement heureux quand il parvenait à en photographier.

Au cœur de la capitale, le musée national les plongea dans l'histoire multiculturelle de l'archipel. Par endroit, la ville offrait un festin de couleurs vives, qui donnaient de la gaité aux décors et, possiblement, à l'humeur des gens. Au détour de la place du marché, Rudy reçut une gifle chromatique quand le temple hindou, baigné de soleil, rentra dans son champ visuel. De près, on frisait l'orgie bariolée. Les détails et le nombre indécent de sculptures dans la structure pyramidale de la devanture valaient une bouche bée. Rudy souhaita soudain se rendre en Inde, afin de voir la représentation du panthéon hindou sur sa terre d'origine.

— Faut qu'on y aille un jour.

— Seulement si tu arrives à prononcer le nom entier du temple.

Rudy maudit Rey. Arul Mihu Navasakthi Vinayagar n'était pas un nom de sanctuaire mais un exercice de diction ! Il prit son souffle, lut trois fois le nom dans la brochure puis se lança. Il réussit du premier coup, fier de lui.

— Peut-être qu'on ira l'année prochaine, concéda Rey. De préférence, hors de la saison haute. Nous en rediscuterons une fois fixés sur nos agendas.

Rudy l'aurait galoché si le Dieu Éléphant Ganesh, alias Vinayagar, ne le toisait pas de haut. Un peu de tenue s'imposait devant ce lieu de recueillement. L'hindouisme occupait une part importante des croyances dans la région ; aussi, le temple n'était pas un vestige de l'histoire mais bien un lieu de prières contemporain, érigé pour la communauté concernée.

En outre, Mikael les avait mis en garde, la précision de ses données trahissant ses recherches. Après la criminalisation de l'homosexualité par les Anglais dans les années cinquante, il avait fallu compter soixante-sept ans avant sa dépénalisation. Et l'Assemblée Nationale Seychelloise ne votait pas à l'unanimité, vu la moitié d'abstention. Tester l'ouverture d'esprit sur un sujet jugé illégal, il y a moins d'une décennie, comportait des risques.

Arrivé en dehors des horaires d'ouverture, le couple ne put malheureusement pas visiter l'intérieur du temple. Rey et Rudy ne cherchèrent pas à savoir si leurs droits MIP leur octroyaient un quelconque privilège. Un coup à s'attirer la malédiction des « trente-trois millions de dieux » hindous si, d'aventure, ils perturbaient un culte.

*

— T'as mes lunettes de soleil ? s'enquit Rudy.

— Il me semble que tu les avais en poche quand on s'est arrêtés devant le marchand de glace.

— Je crois que je les ai perdues, je ne les trouve plus.

Il était embêté. Sa casquette ne suffirait pas à le protéger de la lumière du soleil. Elle restait vive, même quand l'astre ne se trouvait plus à son zénith. Arpenter la plage de sable blanc éprouva ses yeux clairs. Il ne se repentit pas longtemps de son étourderie ; Rey lui céda sa paire de verres sombres.

L'incident n'entama pas sa bonne humeur, nourrie par la rémanence des tableaux idylliques collectionnés durant ses activités et heures de vadrouille. Le plus saisissant restait le tableau sous-marin contemplé lors de son baptême d'homme-grenouille. Le spectacle du récif corallien n'atteignait pas la barre du « merveilleux » sur son échelle d'émerveillement, il la dépassait. Il s'en rappellerait toute sa vie ! Ces souvenirs-là ne s'étioleraient pas avec le temps. Seule une maladie dégénérative du cerveau en viendrait à bout !

Les gens ici étaient chaleureux, comme si vivre toute l'année au soleil déteignait sur leur esprit. Ça changeait de la froideur guindée de Balmer, de l'indifférence empressée de Saunes. Le dépaysement se ressentait même dans la nonchalance.

L'amabilité de l'accueil aux différents restaurants de leur complexe balnéaire transfusait toujours de la bienveillance. Contrairement à ce qu'avait craint Mikael, Rudy n'avait ressenti aucune onde homophobe jusqu'ici. Il refusait de lier cela au poids de leur portefeuille. D'ailleurs, Rey lui avait annoncé que leur panier repas thématisé Saint Valentin les attendrait à l'heure prévue. La préparation de leur pique-nique sous la supervision d'un Chef cuisinier avait rappelé à Rudy son changement de classe sociale. Ou plutôt son retour chez les nantis, sa classe de naissance. De temps en temps, il ne s'y faisait pas et se demandait si, un jour, il cesserait de le remarquer.

La visite à pied d'un pan de l'île de Frégate, où se trouvait leur station balnéaire, occupa leur après-midi. Le chant des vagues et les embruns salins tissaient une toile enchanteresse. Avec un zeste de niaiserie, Rudy croirait évoluer dans un conte féérique. À une centaine de mètres, l'écume blanche renvoyait l'illusion d'une broderie de dentelle mouvante sur le bleu azuréen des eaux mourant sur la plage. Au loin, sur un vaste rayon, le reflet du soleil dans l'Océan Indien était à peine troublé par les cabrioles des planches à voiles, la course des jet-skis et les manœuvres des vacanciers s'adonnant au stand up paddle.

— Monsieur, attends !

Le couple se tourna vers le gamin d'une dizaine d'années à la peau d'ébène, qui avait interpelé l'un d'eux dans un anglais à l'accent créole.

— Vous perdu ça.

Il tendit à Rudy un étui à lunettes en coton beige. Le temps de s'en saisir et le gamin repartait déjà au pas de course avant qu'il n'ait pu l'interroger ni le remercier. Sans trop de surprise, Rudy découvrit ses verres de soleil à l'intérieur. Son malaise fut manifeste car Rey le questionna :

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Déjà, l'étui... puis ça ?

Il montra le message du bout de papier accroché à la paire de lunettes par une cordelette en chanvre.

« Prends soin de tes affaires, Rudy. »

Rey fronça les sourcils.

— Le gamin n'a été qu'un messager. Ton Blacky-caramel les a trouvées. D'où l'étui.

Rudy le chercha du regard en embrassant le panorama. Depuis trois jours, son garde du corps méritait bien son titre d'Agent Spécial tant il dissimulait sa présence avec une efficacité impressionnante. Quand Rudy pensait qu'il s'était absenté, Mikael apparaissait en coup de vent dans son champ oculaire. Comme si l'homme flairait le moment où il s'interrogeait sur sa position. Aujourd'hui, aucune silhouette ne lui évoquait le jeune homme, or la zone était très peu fréquentée. Le ventre de Rudy se serra d'angoisse. Ne pas avoir Blacky en visuel trop longtemps tendait à nourrir son désarroi. Rey tenta de l'apaiser.

— Je pense qu'il ne veut pas tenir la chandelle, un quatorze février. Il ne va pas se coltiner un couple en trip amoureux alors qu'il est célibataire.

Rudy se laissa convaincre et porta ses lunettes, reconnaissant qu'on veille sur lui en silence. Mais quelque chose le taraudait. Les doigts de Rey, glissés entre les siens, balayèrent cette appréhension infondée.

— Viens, allons visiter la plage que j'ai réservée pour notre soirée. Faut qu'on la voie au moins avant le coucher du soleil.

Rudy cligna des yeux comme Rey le tirait à bout de bras, de bonne humeur.

— J'ai bien entendu, t'as réservé une plage ?

— Ouais. Toute entière et rien qu'à nous. Juste toi et moi. C'est possible de réserver des plages privées. Il suffit de voir avec le gestionnaire.

Répondant à des besoins d'intimité, un usage exclusif des baies permettait le recueillement en solitaire ou accompagné, devant la beauté indéniable de la grande bleue. Les plages privatisables apportaient une valeur ajoutée aux séjours sur certaines îles. Une lubie de nantis, sans doute, alliant le confort à la protection de l'environnement. La nature était pérenne en ces lieux où la sauvagerie tropicale se prévalait du chic.

Avant de rejoindre la petite plage qui répondait au nom d'Anse Maquereau, ils firent l'acquisition d'un tandem au service de location de vélos. Maitriser le moyen de locomotion nécessita cinq bonnes minutes d'ajustement et de rires. Au nord du complexe hôtelier, un chemin grossièrement pavé de granit rosé les mena à destination en traversant un petit bois. Un écriteau signalait si l'endroit était « libre » ou, en l'occurrence, « occupé ».

Une bande de sable fin de moins de cent-cinquante mètres se révéla au détour d'un récif. La plage n'était pas grande mais abritait toute la beauté du monde, se dit Rudy. De gros bloc de granit sombre affleuraient la surface de l'eau et luisaient au soleil. L'ombre sous les palmiers appelait à la sieste. Le panorama à l'horizon présageait un magnifique coucher de soleil.

— C'est beau !

Il eut le sentiment que son vocabulaire ne se limitait plus qu'à ces mots. La splendeur des lieux appauvrissait son verbiage.

— Mais pourquoi la réserver ? On prive les gens d'un tel spectacle.

— Il y a une flopée de plages sur cet archipel, Rudy. Les gens ont l'embarras du choix. À tel point que c'est souvent désert par ici, de ce qu'on m'a dit. S'ils veulent profiter du spectacle, crois-moi, ils trouveront d'autres plages encore plus belles que celle-ci. L'une des plages de Frégate a reçu la distinction de « plus belle plage au monde ».

Rudy ne peina pas à le concevoir. Cet endroit de rêve lui coupait le souffle depuis son arrivée. Il avait l'impression de vivre en apnée ou de recevoir une succession de coups de poing dans le plexus. Puisqu'ils étaient seuls, son audace se sentit pousser des ailes.

— Cap ou pas cap de changer cet endroit en plage nudiste ?

Rey cligna des yeux, hébété. Rudy n'attendit pas sa décision et se dévêtit. Ils n'avaient apporté aucun effet de plage, excepté leur crème solaire. Les vêtements du blond échouèrent sur le sable, ses claquettes volèrent au loin, et l'eau salée accueillit sa totale nudité telle une amante.

— Elle est super bonne ! Viens !

Rey préféra savourer la scène, subjugué par les fesses blanches que dissimulait lentement le remous à mesure que son petit-ami s'éloignait de la grève. Ce garçon magnifique lui appartenait, songea-t-il avec orgueil.

Rudy émit un soupir extasié. Le contact de l'air chaud avec sa peau mouillée lui procurait des bouffées de bonheur. Jusqu'à ce qu'il réalise un fait inquiétant. Il était nu comme un ver, sans aucun artéfact. Chose impossible car il ne s'était pas débarrassé de la gourmette offerte par Red, qui résistait à l'eau. Or il dévisageait son poignet bronzé, marqué de l'empreinte claire du bijou absent.

La seule fois où il avait perdu l'item désormais considéré comme un porte-bonheur, il se trouvait en captivité, retenu par un malade souffrant d'un trouble de stress post-traumatique militaire mal pris en charge. L'afflux de ces souvenirs sombres le tétanisa. Le ressac déstabilisa son assiette et il chuta en arrière. La brûlure de l'eau salée dans son nez donna corps à sa panique. Il allait se noyer ! Il se débattit contre le courant, quand lui vint la pensée qu'il avait toujours pied.

— Rudy !

Accompagnés du cri, des bras passèrent sous ses aisselles, le sortirent de l'eau et le retournèrent. Rudy s'accrocha comme un naufragé au cou de Rey. Son nez plaqué contre la peau de son petit ami, il huma son odeur familière qui lui servit de bouée de sauvetage. Ce point d'ancrage le sauva d'une dérive dans l'océan de ses cauchemars.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? questionna Rey, ébranlé.

Rudy reprit pied dans la réalité. Rey était torse nu. Il n'avait pas eu le temps de retirer son bermuda avant de se porter à son secours. L'eau leur arrivait à hauteur de hanche, de quoi s'interroger sur les raisons de son début de noyade. Que faire ? S'il disait la vérité, Rudy plomberait l'ambiance. Il refusait que ses tourments gâchent leurs vacances. Tout se passait si bien !

— Je... euh... J'ai eu une crampe et j'ai senti quelque chose me passer entre les jambes. J'ai bêtement flippé, mentit-il.

— Putain, me fais pas ce genre de frayeur ! souffla Rey. On aurait vraiment dit que tu buvais la tasse !

— Désolé..., murmura Rudy, penaud. Si ça peut te rassurer, j'avais pied. Je m'en serais remis avec plus de peur que de mal.

— Bon sang, tu sais à quel point tu m'as fait flipper ?!

— Je suis désolé. Pardon.

Rey tremblait. Cela aurait dû être l'inverse. Le constat obligea Rudy à se ressaisir. Il resserra son étreinte et détourna Rey de son effroi en stimulant un autre genre d'émoi. L'asphyxie au baiser sembla efficace car les fleurs de la passion n'eurent aucun mal à éclore. Emportés par l'élan de leur désir, leur perte d'équilibre ne les empêcha pas de continuer à se dévorer la bouche. N'y étant point étrangers, ils coururent avec le même élan après les délices du plaisir charnel en plein air.

Le ressac les ramena lentement vers le bord. D'une poussée franche, Rudy obligea Rey à s'allonger dans un mélange d'eau et de sable clairs. Il se mit à califourchon sur lui, puis orchestra l'évasion de son érection de la prison mouillée de ses vêtements. Lorsqu'il y parvient, Rey saisit leurs deux masculinités enduites de salive et les mena à cette extase pimentée par le risque d'être épiés. La plage avait beau être réservée, des jumelles ou la bonne acuité visuelle d'un plaisancier au loin le renseigneraient sans faute sur leur activité salace.

La jouissance tirée des attouchements sensuels noya les restes d'affolement dans l'urgence de leur faim. Enfin remis de leur orgasme, Rey constata :

— On doit avoir un truc avec le sexe en mer. T'es sûr de ne pas être une créature érotique issue de l'eau ?

— J'ai des ascendants « squales », vu la famille que je me coltine. Ça compte ? (Rey s'esclaffa.) C'est ta mère la spécialiste en horoscope, reprit Rudy. Elle en aurait pensé quoi ?

Les yeux de Rey pétillèrent de malice.

— Tu ne devineras jamais mon signe astrologique !

— T'es né le trois mars. C'est quel signe, déjà ? Je suis naze dans ce domaine.

— Poisson.

Un silence de deux secondes, à se dévisager, céda à une explosion de rire.

— Et toi, t'es né début juillet...

— Le trois juillet, expira Rudy, enchanté. J'avais jamais fait gaffe qu'on était né le même jour !

— Il y a mieux. T'es du signe cancer, et le cancer est représenté...

— Par un crabe !

— On a définitivement un truc avec l'eau, conclut Rey, hilare. Je te parie que si on creuse, on découvrira que notre élément c'est l'eau. Ou encore une débilité du style : la lune est notre astre et Neptune, notre planète, puisque c'est le dieu des Eaux vives et des Océans. J'ai intérêt à ne pas en parler à ma daronne, sinon elle me farcira la tête avec ça.

Il frissonna rien qu'à l'idée.

— Moi, j'ai adoré son portrait « zodiaque » de p'pa et Andy. Elle a fait mouche à chaque fois ! (Cf. S07-EP32)

— Ne lui donne pas d'ouverture, Caramel. Elle ne fantasme pas encore sur l'idée de nous organiser un mariage en grandes pompes. Lui révéler cette coïncidence lui fournira des munitions. Elle serait cap de thématiser la cérémonie sur « l'eau ». T'auras même pas le temps d'y réfléchir qu'on se retrouvera mariés sur une péniche ou un yacht !

Rudy hurla de rire. Il aimait bien l'idée du yacht. Pour le coup, Rey l'inspirait. Hélas, la parenthèse de détente se ferma vite car il fit part de sa perte à son petit ami, une fois rhabillé. La recherche de la gourmette sur la plage se révéla infructueuse.

— Tu l'as sans doute perdu dans l'eau, se résigna Rey.

— J'y tenais, déplora-t-il, dégoûté.

— Je t'en offrirai un autre.

— C'est gentil, mais... celui-là était spécial.

— C'était un cadeau de Red.

— Pas seulement. Je l'ai porté la première fois lors de notre premier rendez-vous galant.

Rey se raidit. Il ne se souvenait pas qu'ils en avaient eu un, vu comment ce satané blond l'avait mené en bateau à l'époque. Conséquence : il n'avait jamais réellement su quand Rudy avait commencé à considérer leurs rencards comme « galants ». Il sollicita ses méninges tant glorifiées. Quand avait-il vu cette gourmette pour la première fois au poignet de Rudy ? La réponse s'accompagna d'incrédulité.

— Notre rencard à la crêperie Tan's Moment... c'était notre premier rendez-vous galant ?! (Cf. S02-EP14part.I)

— Pourquoi t'es surpris ? se rembrunit Rudy, réprobateur.

— Parce qu'on ne sortait pas encore ensemble, je te rappelle !

— Mais tu me voulais. Je savais que tu me voulais. Et tu savais que je savais que tu me voulais. Donc, ça compte pour un rendez-vous galant. Tu l'as toi-même pensé !

Rey soupira. Il sortait avec un mec compliqué.

— C'était aussi en février, dit-il, nostalgique. Ça fait un an.

— Seulement un an, releva Rudy, bouleversé. Pourtant, j'ai l'impression de t'avoir connu toute ma vie.

Avec tendresse, il sourit au jeune homme ému par sa déclaration. Lui vint alors une révélation. Il avait perdu sa gourmette mais tant que Rey et lui nourriraient leurs souvenirs heureux, il se passerait de porte-bonheur. Rey le ceignit de ses bras et accola leur front.

— T'as pas idée d'à quel point je t'aime, Rudy.

— Si, j'en ai une parfaite idée, murmura-t-il, espiègle. Exactement comme moi, je t'aime. C'est peut-être tôt pour le dire et c'est sans doute prétentieux de ma part, mais je pense... non, je suis convaincu de t'aimer tout le restant de ma vie.

Le petit monstre était décidé à le faire chialer ! pensa Rey, dissimulant mal l'émotion lui piquant les yeux. Son baiser brûlant scella cette déclaration. Il n'aurait pas clos ses paupières, il aurait peut-être aperçu du coin de l'œil la silhouette qui les épiait depuis les récifs...

*o*o*

TBC ● EPISODE 51 - part II

Bon sang, c'est quoi ça encore ?! À qui peut bien appartenir cette silhouette ?


Pour ceux et celle qui ne connaissent pas le stand up paddle, voici ce que dit notre ami Wikipédia :

Le stand up paddle aussi nommé SUP, ou simplement paddle ou plus rarement planche à rame ou planche à pagaie au Québec, est un sport de glisse nautique où le pratiquant se tient debout (stand up en anglais) sur une planche plus longue qu'une planche de surf classique, se propulsant à l'aide d'une pagaie (paddle).

Autrement dit, c'est ça :

*MEDIA*
Intro vidéo : Solence - Heaven. Des lyrics qui pourraient bien raconter l'histoire de Rey et Rudy.

(I think we could reach heaven
If we go through hell
And trust each other)

I wanna give you my life
If you're joining this ride
I could tell you my secrets

Oh you just need to let go
I can give you my soul
Have you tear it to pieces

And we could go up
Ey oh we get around
Keep on climbing up
And never down
We could never stop
My sacrifice
I'll sacrifice

I think we could reach heaven
If we go through hell
If we go through hell
And trust each other
We could ring the bells

I think we could reach heaven
If we go through hell
If we go through hell
And trust each other
We could ring the bells

There's nothing left to be said
Fucking fight till we're dead
They can never defeat us

I'll tell my lies and you cheat
When we're facing the heat
Nothing can come between us

And we'll be coming up
Ey oh we get around
Keep on climbing up
And never down
We could never stop
I'll sacrifice
I'll sacrifice it all

I think we could reach heaven
If we go through hell
If we go through hell
And trust each other
We could ring the bells

I think we could reach heaven
If we go through hell
If we go through hell
And trust each other
We could ring the bells

Cut us down in the dark
(Cut us down in the dark)
Push a pole through our hearts
(Push a pole through our hearts)
Yeah we are willing to die
(Yeah we are willing)
Sing, AMEN

Cut us down in the dark
(Cut us down in the dark)
Push a pole through our hearts
(Push a pole through our hearts)
Yeah we are willing to die
(Yeah we are willing)
Sing, AMEN

I think we could reach heaven
If we go through hell
If we go through hell
And trust each other
We could ring the bells

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