S07 - EP 50 ✧ part II
Séquence labellisée 3ème C de "CCC" (Cerveau, Cœur, Couilles).
Partie 2/2
— Vu les conséquences de sa manœuvre, on peut supposer que cette personne a un intérêt à ce que Nola établisse un contact avec Regan, poursuivit Rey.
Il ne donnerait que des indices à Rudy. Son petit-ami comblerait les blancs. Se mêler de ce pan-là de la vie sociale de son mec ne l'enchantait pas tant. Depuis l'enlèvement de Rudy, un clivage s'était produit et Rey coursait d'autres priorités aujourd'hui.
— À part Regan lui-même, je peine à voir qui cela pourrait être..., commença Rudy. Faut dire qu'il s'exprime vraiment comme mon cousin.
Rey s'en étonna.
— Du peu que j'ai vu, Regan ne se fond pas dans votre bande de joyeux attardés. Alors pourquoi voudrait-il établir un contact avec... (Il tiqua.) Non, ton cousin serait intéressé par Nola ?
Cette perspective l'amusa. Rudy confirma.
— Il est allé jusqu'à s'abonner à sa page ownet©, lui, Mr Aristo-qui-ne-fait-pas-comme-le-petit-peuple ! De toute façon, cette partie de l'e-mail l'exclut des suspects.
Rudy surligna un bout de paragraphe.
« Jouer de ta liaison amoureuse inexistante avec Rudy Leblanc ne sera pas toujours bénéfique à la vie de ta marque. »
— Ça n'a pas l'air de déranger cette personne que Nola joue de notre faux couple. Au contraire, il a l'air de penser que c'est bénéfique à court terme, mais pas à long terme. Or Regan m'a fait un caca nerveux l'autre jour parce que ces ragots sur notre faux couple entachaient le blason si blanc des Leblanc ! (Cf. S07-EP11.)
L'outrage blasé de Rudy arracha un gloussement à Rey. Visiblement, son petit-ami jugeait son cousin exaspérant. Ce blond naïf n'avait pas encore saisi que le caca nerveux s'appelait jalousie. À tous les coups, Regan avait dissimulé son véritable sentiment derrière la rutilance de leur blason. Rey parierait sans hésiter qu'il n'avait pas apprécié de découvrir l'objet de son inclinaison appariée à son cousin. Même pour de faux.
— Cette partie devrait, à priori, te révéler l'identité du coupable.
Il la sélectionna.
« Loin de moi l'idée de te juger, mais il n'y a rien de surprenant dans la naïveté de ta démarche. Il te manque l'expérience requise, ainsi que la formation nécessaire pour manipuler l'opinion publique.
Générer des flux d'opinions en jouant avec l'info reste un savoir-faire subtil. Malheureusement, tu n'es pas encore à la hauteur. »
— Il parle de flux d'informations comme d'une bagatelle et se donne des airs de manitou. Son discours reste sensé malgré tout. Il dit avoir enquêté sur le sujet. Là. Par certains côtés, ça évoque du journalisme d'investigation.
Rey surligna la suite du paragraphe.
« Ayant achevé mon enquête préliminaire à ce sujet, j'estime que tu as été, et tu es, victime de ton immaturité... disons « économique ». Celle qui t'a poussée à baser exclusivement ta publicité sur le gossip et les stats des visites de ton blog et ta page ownetwork©. Cette méthode empirique presque puérile ne t'aidera pas à transférer tes créations de ton cercle restreint de potes et d'aminautes au grand public. »
— Je ne suis pas surpris qu'il ait les moyens de se procurer le numéro du manoir Leblanc.
Au bout d'un moment de réflexion, Rudy renifla. Sa conclusion ne l'étonna même pas.
— Je dois reconnaître qu'il a imité Regan à la perfection, admira-t-il. En même temps, qui mieux que Junior y arriverait ? C'est son meilleur ennemi ! À force, ça crée des liens presque aussi solides que l'amitié, ironisa-t-il. L'imitation est une belle preuve de respect. Je te parie que le seul intérêt qu'il y trouve est de foutre le boxon. Le mec s'en nourrit. Donne-lui du chaos et de l'eau, et il est heureux, ce con !
Il était lentement rattrapé par la colère. Rey ricana. Rudy souffla.
— Pourquoi cet imbécile a fait ça ?!
— Peut-être pour ruiner la touche de Regan avec Nola ? Si c'est son meilleur ennemi, tous les coups sont permis.
— Mais Nola n'intéresse même pas Junior ! Et c'est pas dit qu'elle s'intéresse à mon cousin. M'ouais, c'est juste pour le plaisir de voir Regan vénère, marmonna-t-il, blasé.
— Et si on le prenait à son propre jeu ? proposa Rey. Au-delà de sa gaminerie, ses intentions m'intriguent.
Dire que ce renard rôdait dans le paysage de son mec... Il avait intérêt à tenir ce fourbe à l'œil. Certes, il n'était pas censé s'en mêler, mais il n'avait rien promis non plus !
— Qu'as-tu en tête ?
— Plein de choses, mais c'est toi qui décides, Caramel. Comment donnerais-tu une petite leçon à ce rejeton de Torcy ? Pourquoi ne pas lui faire tenir sa promesse ? Mine de rien, il s'engage auprès de Nola à financer son projet, sous l'identité de ton cousin. Autrement dit, sous ton patronyme. C'est de l'usurpation et c'est légalement punissable.
Il montra un autre passage de l'e-mail, qui, à son avis, pèserait dans un tribunal.
« En te faisant part de ce rapport, je mets à ta disposition la possibilité de faire grandir ce projet. En m'engageant à t'apporter une aide, de toutes sortes mais principalement financière, afin de sécuriser et surtout donner corps à ta marque en tant que réel produit de consommation. »
— Il m'a l'air sérieux, là.
Rudy s'assombrit.
— Son erreur est d'avoir sous-estimé la fierté de Nola. Elle n'aurait jamais accepté.
— Connaissant Nola, je nuancerais mon propos. Elle n'aurait jamais accepté une aide présentée de cette manière mais elle n'est pas du genre à cracher sur une aubaine. Elle ne fera pas la fine bouche si elle se dégote un bon filon capable de donner de l'envergure à son projet, sans qu'elle n'ait à se sentir trop redevable. Will l'a bien encadrée. Au point de lui refiler certains de ses travers, tant elle l'admire. Cette fille sait déjà ce qu'elle veut.
— Pas faux. Si je récapitule, elle aurait dû faire une tête au carré à T-J, mais Regan s'en est pris plein la tronche à la place. Or Nola ne veux pas lui présenter ses excuses parce que mon cousin était trop sûr de lui quand il lui a promis qu'il les aurait.
Quoi de plus normal, en se sachant innocent. Seulement, l'ego de Nola, utile dans le milieu impitoyable de la mode, siphonnait son humilité dans la vie de tous les jours. Elle ne perdrait pas un cheveu en présentant ses excuses au garçon, même du bout des lèvres. Hélas, cette fille choisirait plutôt d'y laisser un bras que de s'amender. Dieu sait qu'elle a besoin de ses bras pour coudre !
— Il y a moyen qu'elle s'excuse auprès de Regan sans avoir à le faire. J'ai promis à mon cousin de décanter l'affaire. J'avais en tête une idée qui arrangerait tout le monde. Ça éviterait à Nola de perdre la face et donnerait à Regan ce qu'il désire sans se l'avouer. Le problème, c'est que Junior s'en tirerait à trop bon compte.
— Dis toujours. On trouvera bien le moyen de lui faire payer cette crasse.
— Je vais suggérer à Regan d'inviter Nola au gala. Mon petit doigt me dit qu'il en sera très ravi. Sa manière à elle de s'excuser sera de jouer sa cavalière, le temps d'une soirée. Ça ne sera pas la mer à boire, d'autant plus qu'elle sera avec nous. J'ai invité Bill et Marine. Ce sera pas cool de la laisser pour compte.
Rey haussa les sourcils.
— Si j'ai bien compris, tu joues les entremetteurs ?
— Nola n'est pas intéressée. Dans le pire des cas, Regan se mangera un stop. Il s'en remettra. Ce couple n'est même pas une probabilité dans l'univers des appariements amoureux. Ils n'ont absolument rien en commun !
Rey ne sut pas pourquoi il compatit à la peine de Regan. Rudy n'avait tellement pas foi en la faisabilité du couple que c'en était triste pour le pauvre garçon. Or l'attirance des contraires n'était pas une fable. Il tilta soudain. Si un pairing Nola/Regan était voué à l'échec avant même d'avoir été envisagé, ce curieux e-mail venait de rendre cela possible malgré tout. Sur le carton d'invitation du gala de Darney, Nola Vitrand irait à la soirée au bras de Regan Leblanc.
Son raisonnement était sans doute tiré par les cheveux, mais s'il y avait pensé, un autre cerveau aussi retors que le sien aurait pu arriver aux mêmes conclusions. Et Torcy-Junior était le rejeton du vice. Restait à savoir si Regan s'en était ouvert au sujet de ses déboires d'amoureux transi à son meilleur ennemi. Ce détail affaiblissait son hypothèse, néanmoins sans l'exclure. Quelque chose lui disait qu'il s'amuserait à ce gala... La proposition de Rudy confirma ses attentes.
— Je me disais... Pourquoi ne pas profiter du gala pour donner de l'envergure à la marque de Nola ? Comme le souligne si bien notre manipulateur du dimanche, elle a besoin d'un coup de pouce. Ce ne sera pas une aide financière mais ça assurera une relative visibilité à NBC, qui n'est qu'un embryon dans le milieu. Nola ne laissera jamais passer une telle occase. Peu importe comment elle se présente.
— Tu comptes lui organiser un catwalk au gala de Darney ? sourit Rey, un brin impressionné.
Son mec l'étonnerait toujours.
— Tu lis dans mes pensées, mon Rebel-caramel. Je pique l'idée du show défilé de Will au gala Meiridies. Tu t'y connais mieux que moi. Tu crois que tu pourrais me refiler un coup de main ?
— Je te refilerai des tuyaux. Junior se chargera des corvées. Pour la peine, qu'il se démerde pour caser dans le magazine people de son papa un encadré sur une graine de talent, styliste et créatrice en herbe. C'est lui qui se targue de générer des flux d'opinions en jouant avec l'info !
Rudy s'esclaffa.
— T'es génial !
— Je sais, fit Rey sans modestie. S'il y parvient, on le considèrera acquitté de sa dette. Mais tu aurais pu trouver le coupable sans mon aide.
Rudy entendit comme un reproche.
— J'ai pas ton génial cerveau.
— Tu te sous-estimes, Caramel. Tes idées diffèrent souvent de ma ligne de pensées mais elles sont toutes aussi efficaces. La preuve avec ce show défilé. Ta façon de réfléchir est si unique que je ne t'arrive pas à la cheville. Le mouvement GFM de ta fac prend de l'ampleur parce que tu y as imprimé ta touche personnelle. Ton seul péché, c'est de voir le bon en tout le monde.
Rudy haussa les épaules. Il assumait ce défaut, mais moins qu'il appréciait le compliment de Rey. Il le savait sincère et c'était inestimable.
— Je n'ai pas spécialement l'intention de m'en repentir. Ça ne devrait pas être un péché de voir le bien chez les gens !
— Raison pour laquelle je ne te demanderai jamais de changer ce trait de caractère. Bizarrement, ça fait partie de ce que j'aime chez toi.
— J'admets quand même que j'aurais pu trouver ce fouteur de merde plus tôt, grommela-t-il. Regan ne dira jamais « générer des flux d'opinions en jouant avec l'info ». Un Leblanc ne joue pas avec l'information, il la maîtrise !
Rey en frissonna, tant ce fut dit avec l'aplomb du premier degré. Rudy statuait un fait, un dogme de la famille Leblanc. Flippant, dans cette bouche presque candide.
— Si on veut faire les choses bien, c'est maintenant qu'il faut s'y prendre pour ne pas être à court de temps, poursuivit Rudy, pensif. Ce sera un show guérilla. Excepté les personnes en coulisses, les invités ne devront se douter de rien. Ça fera une plus forte impression si on ne s'y attend pas.
Annoncer l'évènement sur les réseaux sociaux serait courir le risque de le voir boycotté. Nola avait subi des attaques sur Internet, ses détracteurs l'attendaient au tournant. Maintenant, ils avaient du grain à moudre avec le coming-out de Rudy, mais leurs yeux de vautours se braqueraient à nouveau sur Nola quand elle referait une apparition au côté de l'héritier Leblanc. D'autres pourraient mettre tellement d'attente dans le catwalk, qu'ils jugeraient le show comme celui d'une créatrice professionnelle. Le retour du public serait alors terni de déception. L'effet de surprise s'imposait.
— J'espère pour Nola qu'elle a au moins un ou deux exemplaires des modèles de son catalogue, dit Rey.
— Elle m'a parlé l'autre fois d'un souci de stock, mais elle y remédiait au fur et à mesure.
— Envoie-lui un message maintenant, qu'elle mette les bouchées doubles. Elle doit s'assurer de ne pas avoir de manquant à la date du gala. Ce qui lui laisse pile poil deux semaines. Ne lui fous pas trop la pression, par contre. Elle se la met toute seule comme une grande. Je l'ai déjà vue à l'œuvre.
Rudy lui lança une œillade lubrique.
— Tu sais que tes mots peuvent être mal interprétés ? Se la mettre toute seule... comme une grande. Tu oses avouer que tu joues les voyeurs, en plus !
Sur le coup, Rey mit deux secondes supplémentaires à saisir l'allusion grivoise. Bon sang, qui avait souillé l'esprit de ce garçon ?! Non, ce n'était point son œuvre ! nia-t-il quand sa conscience le jugea coupable.
— En attendant, dépêche-toi de faire ce que je te dis si tu veux me la mettre avant le retour de ton Blacky-caramel.
Rudy eut la décence de rougir. Ah, quand même !
— Qu'elle te file les mensurations des mannequins qui rentrent dans ses créations. Tu chargeras Junior de passer discrétos les castings chez des Darneyens peoples ou influenceurs. Elle récoltera un peu plus l'adhésion du public quand ils feront chauffer les selfies.
— Le mieux serait que Junior gère ça avec le comité d'A.M.I.E. qui organise le gala, dit Rudy, pensif. Si on veut la jouer inclusif, il faudrait plutôt que Nola adapte ses créations aux mensurations des modèles. Pourquoi il n'y en aurait que pour les minces ?
— Noble démarche. Mais c'est Junior le fouteur de merde, qu'il retrousse ses manches et trouve des idées ! Quand t'auras fini, je pourrai enfin te sauter dessus sans que tes pensées ne vagabondent ailleurs qu'au septième niveau céleste.
— Vantard ! T'as récupéré des heures de vol ?
Si Rudy n'avait pas cloué Rey dans leur lit, c'était par égard pour sa fatigue. Il attendait que son homme se soit nourri et reposé avant de lui faire sa fête. La vision du cul ferme moulé dans le maillot humide, qui pointa devant son visage quand son petit-ami se leva, lui fit revoir ses scrupules à la baisse. Rey lui imposa un baiser langoureux, puis susurra :
— Tu sauras où me trouver, Baby boy.
Il était cruel de lui avoir débité toutes ces instructions, avant de le planter là avec une promesse libidineuse ! D'humeur joueuse, Rudy eut un sourire pervers.
— Tu comprendras bientôt ta douleur, P'tit Rebel.
Un autre à qui il destinait de la souffrance se nommait Torcy Junior. Toutefois, il comptait régler cette affaire face à face. Junior fut chargé d'aider Nola à organiser un catwalk façon flashmob et convaincre Candice Monroë, la présidente du comité Ludique, d'adapter en conséquence la scène des Beat'ONE. À la fin de sa liste d'instructions, il rajouta un post-scriptum à son courriel.
« PS : lâche la grappe à Regan. Je ne veux pas apprendre que tu lui as fait un coup fourré durant mon absence. Je ne plaisante pas ! »
Si avec cela, Junior ne se doutait pas qu'il avait été démasqué, alors on le lui avait changé. En attendant le retour de Rudy à Balmer, il aurait le loisir de psychoter sur ce que savait ce dernier de son implication délictueuse dans « l'affaire Nola ». Rudy le nargua au passage avec des photos de son habitat paradisiaque, sans lui donner sa géolocalisation. Rien de mieux pour torturer l'esprit du bougre.
Il subsistait la possibilité que Rey et lui se soient trompés de coupable. Cependant, la présomption d'innocence de Junior se cassait la gueule contre le pouvoir de déduction de son homme. N'en déplaise à la vile intelligence de Torcy fils, Lee-Cooper fils restait le meilleur. Rudy ne le pensait pas parce qu'il en était fou amoureux...
Il ne mettait pas son cousin sur une haute marche de sa pyramide d'estime, mais il avait des principes. On avait trop manipulé ses sentiments pour qu'il prenne ce genre d'entourloupe avec légèreté. Regan et Nola avaient été affectés par cette situation, chacun à sa manière. Sincèrement, à quoi pensait Junior ?! Il lui passerait l'envie de se jouer des siens !
Puisqu'il devait maîtriser l'information, Rudy décida que Nola n'était pas obligée de savoir l'identité de son futur cavalier. Pour l'instant. Elle risquerait de se braquer. Il l'informa néanmoins que Mr Leblanc l'invitait au gala de Darney. Elle aurait simplement la désagréable surprise de découvrir qu'un Leblanc en cachait un autre. Désormais, il relevait de la responsabilité de la jeune créatrice d'être prête le jour J si elle voulait donner une chance à son bébé NBC de grandir.
Quant à Regan... Rudy gèrerait son cas plus tard. Rey l'attendait ! Pensée très excitante, qui lui greffait dans la moelle un désir indicible. Rey tâterait de ses reins.
*
Rudy trouva l'objet de sa quête tout nu dans les draps, en compagnie d'un tube de lubrifiant. Sexy et pratique. Au cœur de la grande surface de couchage encadrée des piliers en bois de manguier du baldaquin, Rey s'était confortablement nidifié dans la ribambelle de coussins moelleux. Rudy aurait volontiers pris une photo, comme les délicates écharpes en coton d'un blanc éclatant, suspendus au ciel de lit, voletaient sous l'effet de la brise. L'ambiance romantique de la merveilleuse alcôve modéra sa sauvagerie. Il prit donc son temps pour se déshabiller.
— Si tu veux pas que je me finisse tout seul, accélère, le pressa Rey.
— S'il te suffit de quinze secondes pour commencer et finir, je résilie le contrat.
Rey pouffa, puis gémit de douleur quand Rudy sauta sur lui. Littéralement.
— Pourquoi tu me confonds toujours avec un trampoline ?!
Face au sourire canaille peu repentant, il se résigna à voir perdurer cette sale manie de son petit ami. Poignets entravés au-dessus de sa tête, Rey tendit le menton, provocateur, jugeant dérisoire la domination de son camarade. Il ne réalisa pas que son geste dégageait son cou, l'exposant telle une offrande. Envoûté, Rudy suça la peau au-dessus de sa clavicule et le marqua d'un érythème érotique.
— Des envies vampiriques ?
— T'es mon Nosferatu à moi. Je serais constamment assoiffé de ton sang si j'étais un vampire. On serait dans un roman fantastique ou une romance paranormale, on baiserait un chapitre sur deux.
— Je refuse d'être dans un roman à l'intrigue aussi naze ! ricana Rey.
— Attends de voir ce que je vais te mettre avant de juger le bouquin.
La gourmandise que Rey lui inspirait l'exaltait. Les rires de Rey aussi. Le sexe dans la bonne humeur assouvissait non seulement ses appétits charnels, mais nourrissait aussi son âme. Rudy n'avait connu qu'un partenaire et n'était pas curieux d'expérimenter avec quelqu'un d'autre. Rey comblait toutes ses attentes. Les préliminaires tournèrent court.
Allongé sur le dos, cuisses écartées, bassin relevé, l'intimité lubrifiée à sa convenance, Rey saisit ses chevilles et présenta le Graal. La position exigeait de la souplesse. Rudy l'aimait parce qu'elle avait l'avantage d'exposer le jardin secret de son partenaire, prêt à accueillir sa félicité. Mains plantées de part et d'autre de la tête de Rey, agenouillé au-dessus de sa moitié, il s'apprêtait à le glorifier.
Il se perdit dans la volupté de la pénétration, puis s'attela à rendre Rey fou. Fou de plaisir, fou de désir, fou de lui. En variant à sa guise le rythme de ses va-et-vient : lents, en douceur, rapides, en profondeur. Tel un peintre muni d'un pinceau, il redessinait de sa verge les paysages mystérieux de l'intérieur de son homme. Espiègle, il jouait avec l'entrée, se promenait avec légèreté dans la moiteur, quand il ne s'y enfonçait pas avec vigueur.
Au gré de leur excitation mutuelle, Rudy composait la mise en scène. Rey le qualifierait de metteur en scène sadique et doué de ses reins, qui le poussait au bord du précipice de l'orgasme sans l'autoriser à y plonger et prolongeait le supplice. Quand Rudy soutint ses fesses pour le soulager de sa position inconfortable, il comprit que son petit ami avait atteint son rythme de croisière. En dormant durant le vol, Rudy avait conservé plus d'énergie. Ses cris de capitulation n'émurent pas son tortionnaire.
Rudy disposait de tout son temps pour l'amener à la jouissance. Au diable la fatigue ! La passivité de Rey, du fait de sa posture, lui fit vivre la « délicatesse » d'un échange vénérien basé sur les contrastes et variations de rythmes. Il n'eut jamais autant conscience des nuances de ses sensations. Rudy semblait maîtriser l'orchestration de sa jouissance sur le bout des doigts. Ou le bout du gland, tiens !
« Attends de voir ce que je vais te mettre avant de juger le bouquin, avait-il dit. »
Eh bien, Rey voyait et criait fort son appréciation du bouquin. Un léger changement de position le soulagea. Rey croisa ses jambes dans le dos de Rudy. De ses doigts musards, son petit ami apprivoisait désormais la virilité nichée dans sa toison pubienne humide de ses fluides.
Dans les griffures le long de ses flancs, Rudy ne ressentait que la tendresse de sa panthère noire. Au son du tambour de son cœur, les frottements lascifs intensifiaient l'ondée de plaisir. Rey malmena les draps, la respiration bruyante, puni par la frénésie des hanches passionnées entre ses cuisses. Quinze secondes plus tard, il se perdait dans l'explosion de son bas ventre sur un « fuck! » libérateur. Aspiré par ses spasmes, les dents plantées dans son épaule, son vampire incube l'inonda d'amour, le suivant peu de temps après dans sa perdition impudique.
Au bout de ce qui lui parut plusieurs minutes de bruit blanc cérébral, il exhala :
— Ça, c'était violent !
Il enfouit son nez dans la douceur de la chevelure blonde, nullement gêné par la chaleur de leur peau en sueur. Son ventre gronda.
— Je mangerais un bœuf entier !
Rudy éclata de rire, le souffle court. Son ventre aussi gargouilla.
— Quel duo romantique on fait !
Les petits baisers rétablirent la connexion avec un monde de rêverie. Malgré l'estomac dans les talons, Rey avait le sourire d'un junkie en plein planage. L'avantage de l'endorphine ? L'absence de phase de décente déprimante. Cela n'arriverait jamais avec sa drogue Rudy.
*o*o*
TBC ● EPISODE 51
Premier jour de séjour au soleil et ça s'annonce caliente. Sans surprise, me direz-vous ! Ça tâtera des reins à tout va durant cette parenthèse. Mais pas que.
*MEDIA*
Intro vidéo : White Noise - Disclosure (Feat. AlunaGeorge). Des lyrics qui parlent d'une relation bancale, mais qu'on pourrait sortir de leur contexte et attribuer à la scène smexy de Rey X Rudy.
I know you're smart
You spin me round like a knot
You know the pieces, pieces of my heart
Sometimes its fun, you pull my strings one by one
Until you get me, get me, onto one
Lately I've been thinking
if you wanna get tough,
then let's play rough
Lately I've been thinking
if you wanna get tough,
then let's play rough
I don't need you, giving it straight to me,
giving it straight to me
Just gonna get my back
I don't need you, telling me how to be,
telling me how to be
Just gonna get my back (x 5)
Back (x 8)
Just noise, white noise
Just noise, white noise
I'm hearing static, you're like an automatic
You just wanna keep me on repeat and hear me crying
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