S07 - EP 48 ✧ part I
Partie 1/2
Rock Buster vs Rock Storm
Les scènes des challengers furent mises en communication. Red considéra le leader de NITRΩ, armé de sa guitare, planté devant son micro. L'assistance n'était pas là pour les voir se regarder en chiens de faïence. S'il fallait mettre un terme à leur guéguerre, autant que les aînés aient le premier et le dernier mot.
— Dis, Tony, j'avais un message pour toi.
— Puisque tu tiens tant à me le délivrer, vas-y, soupira Tony, blasé.
— Mon message concerne cet air blasé dont tu as fait un bushido.
« Bien envoyé ! », encensèrent les Holy Suckers. Les Nitro Maniacs puristes le houspillèrent.
— Je n'attends pas de toi que tu me comprennes, rétorqua Tony. Il a été prouvé que si nous dialoguons en apparence, nous ne communiquons pas. On doit venir de planètes différentes.
Plébiscite des Nitro Maniacs, huée des Holy Suckers puristes. Red faillit se pincer l'arête du nez. Cette battle s'annonçait plus en prose qu'en musique. Elle se jouerait à coups de rhétorique cassante. Il ne manquait plus que l'audience scande « cassé ! » de part et d'autre. Du grand n'importe quoi !
— Oh, je te rassure. Ce que je tiens à te « communiquer » sera à ton bas niveau de compréhension.
Décidément, Red Kellin avait l'intention de prendre tous ses adversaires de haut. Son public ne l'en blâmerait point. Des deux côtés, la groupie conspuait. C'était à qui couvrirait l'autre des pires imprécations. Korgan tenta la conciliation :
— Nan, nan, les gars, soyons civilisés.
Cette affaire de battle ne calmerait pas les esprits. En établissant cette règle, Tessa Mommsen savait pertinemment ce qu'elle faisait. Prenait-elle son pied en ce moment ? La garce jubilait à coup sûr !
— Montrez-vous classe, ajouta Jay. Soyez dignes de nous.
Jeff pouffa. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas entendre ! Il n'empêche que la tactique fonctionna un temps. Les Holy Suckers firent silence. Le Rock'n'Rumble ne jugeait pas que les musiciens. L'épreuve prenait en compte l'attitude des fans. Le fairplay d'un public pouvait aussi embellir l'image d'une formation. En outre, Red se souvenait d'un commentaire de Lawson qui l'avait marqué.
« Vous dirigez un public avec maestria. Et c'est ce qui est attendu d'un musicien au Rock'n'Rumble. C'est carrément ce qui fait son essence ! »
À talent égal, la différence entre certains challengers se déciderait probablement à ce niveau. À leur capacité à contrôler cette masse qui les adulait le temps d'un live et honnissait un groupe rival. À leur aptitude à fédérer des milliers de personnes comme une seule entité. À leur manière de rallier toutes ces individualités à leur unique idéologie. À leur facilité à partager une vision avec chacun d'eux. À leur compréhension des mêmes codes. Et en parlant de code...
— J'ai fait écouter votre dernier single à un ami. Un amour à qui je donne des cours de guitare électrique.
— Abrège ! s'impatienta Tony.
Il n'était pas là pour écouter Red papoter. Quand on se battait en duel, même musical, on ne racontait pas sa vie ! Red exprima sa jubilation dans son sourire narquois. Avait-il éjecté Tony Le Blasé de sa zone de confort ?
La majorité des Holy Suckers n'eut pas besoin de plus d'indices pour deviner l'identité de « cet amour à qui Red donnait des cours de guitare ». De nombreux Nitro Maniacs seraient hypocrites en niant avoir saisi à qui il faisait allusion. Les réseaux sociaux et le JT avaient fini de populariser Rudy Leblanc, alias @Authentic.Caramel-Vanilla, chouchou de Red Kellin. Alors, que pensait cette personnalité d'une œuvre de NITRΩ ?
— En écoutant LESS AND LESS, il m'a dit ceci : la chanson est bien, mais je tarde à rentrer dans le délire parce que le chanteur de NITRΩ se donne un genre blasé. Genre « j'ai la flemme, mais je le fais quand même parce que c'est vous ». Comme si tu nous accordais une faveur. Ce soir, fais-moi aussi une faveur. Mets la gomme tout de suite, parce que ton adversaire n'a rien d'un moteur diesel lent.
Les cris enthousiasmés de ses fans ponctuèrent ce second point remporté dans la joute verbale.
— En général, se lancer soi-même des fleurs cache des complexes, intervint Ulrich. T'es obligé d'affirmer toi-même tes supposées qualités, de peur que les autres en doutent ?
— Il y a méprise, c'est pas de moi que je parle, Tête de Bleuet.(Le surnom essuya des injures et des ricanements.) Je n'appartiens pas au thésaurus d'un moteur au fuel. Red Kellin vole avec les dragons, dîne à la table des dieux. Ce serait cruel de ma part de vous prendre de front, quand on sait que vous arrivez à peine à la cheville de Deathwish et Deathwish a été ratatiné par notre mascotte de neuf ans. C'est pas sport.
Red laissa passer la vague de quolibets des Nitro Maniacs, endiguée par les rires et sifflements vénérateurs de ses adeptes.
— Alors pour vous affronter, j'appellerai un Holy Sucker.
Le public de Rock Buster entra en ébullition. Son hystérie couvrit la surenchère de NITRΩ qui criait son indignation. C'était de la triche ! Mais encore une fois, rien ne disait que les Beat'ONE enfreignaient les règles. Avec ou sans son chanteur, la formation continuait de jouer. Si le challenger ne se sentait pas le cran d'affronter un fan profane, alors il n'avait pas sa place dans ce marathon.
— Est-ce qu'il y a une Gia au nom kilométrique dans la foule ?
Lorsque Gia se hissa enfin sur la tarentule steampunk, il fut évident que les Beat'ONE ne considéraient pas NITRΩ comme des adversaires à leur mesure. Ils étaient juste bon à affronter une rookie. Une rookie survoltée !
Gia sautait partout. Elle allait participer à une putain de battle ! Elle confirma son nom kilométrique en en épelant les seize caractères, tandis qu'un backliner l'équipait de ses oreillettes. On se souviendrait longtemps de cette anecdote.
— Je peux mourir heureuse !
— C'est après ta performance que tu pourras honorer ton rencard avec la Grande Faucheuse si ça te chante, rappela Jeff, sous les rires de l'assistance. Puisqu'on dit honneur aux dames, on laisse la main à NITRΩ.
Une façon de sous-entendre que c'était une bande de femmelettes.
— C'est petit et sexiste, Jeffrey, le reprit Korgan.
— Ils ont une dame dans leur bande, se défendit-il. On n'a fait qu'équilibrer la balance.
Ce mec était aussi fourbe qu'un renard. Difficile pour NITRΩ de contrer cet argument.
Du côté de Rock Storm, un sentiment de colère mêlé de haine soufflait telle une tempête. Pour le coup, la mainstage portait bien son nom. Les Beat'ONE ridiculisaient et humiliaient leurs adversaires en contournant les règles, et Emy Event© n'y voyait que du feu. Ils devaient être disqualifiés ! NITRΩ débuta le duel avec hargne.
Red, en retrait, cachait sa joie. Sans frimer, il savait que sa bande avait l'avantage. On s'éclatait, s'amusait, riait à Rock Buster, alors qu'on grinçait des dents, serrait des poings et lançait des anathèmes du côté adverse. La musique, le show, fonctionnait dans le partage d'émotions moins nocives que celles dans lesquelles baignaient NITRΩ et ses suppôts.
Gia n'était pas stressée pour un sou. Vu la dilatation de ses pupilles, les Beat'ONE la soupçonnèrent de carburer à quelque substance illicite. Mais sa manière d'agripper le micro en disait long. Elle l'avait, elle ne le lâcherait plus.
Après cette nuit, les chroniqueurs et la presse de rock décriraient la performance de NITRΩ comme un tableau terne. Non par manque de couleurs. Au contraire, il y avait eu assez de contrastes et de relief. Le problème viendrait de Gia. Encore inconnue au bataillon, elle débuterait le premier chapitre de son histoire ce soir-là. Entourée d'une formation qu'on pouvait désormais qualifier de « all-star band », la jeune femme mettrait le groupe adverse à l'amende avec une intensité vocale digne des légendes du rock féminin.
Le duel avait tourné court. Dès l'instant où elle avait pris possession de la scène, elle avait fait de Rock Buster son domaine. Elle s'était établie en madone et avait tenu l'orchestre telle une matrone. Son choix de titre, GUN AGAINST YOUR TEMPLE, pointait clairement une arme contre la tempe de NITRΩ.
Après un bon début, le show de ces derniers donnerait l'impression de s'essouffler à la suite de cette battle. L'ambiance à Rock Storm évoquerait des cieux couverts, une atmosphère lourde d'avant orage, tandis que Rock Buster s'enflammait. Jusque-là, NITRΩ avait géré, aussi bien Tony au chant et à la guitare, qu'Ulrich au clavier et Sen à la batterie. La bassiste Omega parvenait à suivre le rythme et ne déméritait pas pour un premier live d'une telle envergure. La performance avait été rodée durant les répétitions. Carré, propre. Peut-être un peu trop propre, car c'était là que le bât blessait. Musicalement, ils étaient en place. Mais après la prestation de Gia, la comparaison avait pointé son vilain nez, et il n'y avait pas eu photo.
Gia faisait les growls réservés d'habitude à la gent masculine. Elle passait de la troisième à la huitième octave comme sur un parcours de santé. Elle possédait du coffre et un tissu vocal dont elle faisait de la dentelle. Le blues dans le sang, le rock dans la voix, la gestuelle d'une puce sauteuse, le tout concentré dans un petit corps d'un mètre soixante.
L'évidence s'imposa. Le phrasé spécial de « mec blasé » de Tony rendait bien en studio mais peinait à s'épanouir sous les contraintes d'un concert donné à deux publics géographiquement séparés. En salle close, NITRΩ aurait respecté son contrat sur scène. Or le Rock'n'Rumble plaçait la barre haut. Oh, pas de beaucoup. Cela aurait presque été insignifiant si Gia n'avait pas explosé le beat ! Face à elle, son adversaire semblait souffrir d'un manque de pratique en live, alors qu'elle accumulait moins d'expérience. La jeune femme était faite d'une étoffe de pur talent. Une virtuose dans son domaine.
Charmés par sa performance, les Beat'ONE obtinrent de l'audience l'accord d'un second titre. Elle prit tout le monde par les sentiments en interprétant une version bien à elle de MODERN ROCKER, titre mythique de Dius Core. Sans aucun doute, elle incarnait cette idéologie du rock moderne si bien retranscrite par les lyrics de John Cerni.
So, you wanna rock a stadium?
No need to be Mr. Attractive
You've got to be radioactive
Babe, act like a piece of radium
[...]
Gia avait été radioactive.
Conséquence : certains assisteraient à la suite du spectacle de Rock Storm titillés par l'horripilant doute que le show était plus fun chez Rock Buster. D'autres iraient vérifier par eux-mêmes. Aucun intérêt à finir sa soirée aigri quand on pouvait s'amuser chez les voisins ! Dénouement tristounet pour un événement attendu sur le pied de guerre par les Nitro Maniacs puristes, persuadés que NITRΩ clouerait définitivement le bec à Red Kellin. Mais seule l'idée de la battle avait été palpitante. La réalité se révélait frustrante, voire décevante.
*
Mainstage – Rock Buster
Chez les Beat'ONE, c'était « delirium must go on » ! Le temps que la régie comptabilise les déplacements des spectateurs et annonce l'issue de la battle, Korgan encensa sa recrue.
— Faites-la kiffer. Une ovation à Gia, mesdames et messieurs !
Il lui leva le bras en signe de victoire, sous une salve d'applaudissements amplement mérités.
— Vous avez adoré sa presta ? fit Jay. Eh bien, vous la reverrez, parce que Gia vient de réussir son audition.
— Tu signes avec Coop-Com Record© demain, Amazone, sourit Red.
La foule explosa en vivats, sidérée. Fidèle à son tempérament, Gia souhaita mourir tant elle était heureuse.
— Comme je disais, attends d'abord de parapher « lu et approuvé » au bas de ton contrat, avant d'aller batifoler avec Santa Muerte. Votre vie privée ne nous regarde pas !
— Jeffrey Scott, ce comique, conclut Korgan, ironique.
Ils passaient un très bon moment. Objectif : le maintenir jusqu'au bouquet final. À ce stade, d'aucuns comprenaient que le Rock'n'Rumble n'était qu'un prétexte pour les Beat'ONE. S'ils perdaient ce marathon de popularité, leurs Holy Suckers n'en vivraient pas moins leur meilleure Rock-Feast en douze ans.
La formation reprit les rênes, une fois que le MC eut affirmé, sans surprise, sa victoire sur NITRΩ. Durant la demi-heure suivante, elle délivra un show grandiloquent à grands renforts de fumigènes, flammes et jeux laser. Le spectacle mêlait son électronique, pyrotechnie et projections lumineuses depuis les pieds de l'arachnide métallique, mettant à l'honneur différentes plateformes. L'effet stroboscopique sublima les prestations de NINE DESOLATIONS OF A DOOMED, MIDNIGHT SECRETARY, LA TUA CANTANTE et UT, FA, SOL : DEVILISH SYMPHONY, servies par une instrumentation symphonique puissante. Les ingés son avaient brillé, considérant le peu d'heures de préparation sur la scène montée en un temps record.
Les Beat'ONE se démarquaient peu à peu avec les atouts de leur cadre étrange. Leur nouveau concept de livebuster faisait son petit chemin quand vint l'heure de la troisième battle. Cette fois, ils désignèrent leur challenger. Parce qu'ils aimaient faire les choses en grand, ils s'attaquèrent à l'un des favoris : Naytray. Ces derniers avaient réalisé le plus d'entrées lors des deux dernières éditions du festival. D'aucuns disaient qu'ils avaient conclu l'essai marqué il y a deux ans grâce à l'absence des Mad Babiz l'année passée. Les Beat'ONE allaient éprouver cette théorie.
*
Mainstage – Rock Xtrem
C'est le cœur coupable que Timothy quittait la scène de son groupe préféré. Il ne pensait pas se sentir si Holy Sucker dans l'âme. À la base, il s'était laissé porter par l'ultrafanatisme de Rudy. Son premier amour rock'n'roll de sa génération restait Naytray. Voilà qu'il lui faisait cocu ! En même temps, les Beat'ONE servaient leur meilleure performance. Les captures d'images de Rock Buster étaient de plus en plus alléchantes. Leur concept nourrissait la jalousie des autres mainstages, à force de siphonner des spectateurs.
La rumeur circulait, portée par l'écho des naufragés des scènes coulées par les Beat'ONE. Pour autant, on ne s'ennuyait pas chez Naytray. Et c'était un euphémisme. Timothy et Mir avaient été aux anges. Le métis asiatique avait résilié son forfait « Coincé du cul qui rumine », à la grande joie du métis afro. Mir s'était lâché. Comme la majorité des spectateurs, tous deux avaient fini torse nu, contaminés par le chanteur Nigell connu pour terminer ses shows à moitié à poil, quelle que soit la saison.
Peintures de guerre sur le visage, le quintet était entré en scène sous les applaudissements rythmés des fans calés sur le tempo du titre VALETUDINARIAN. Ils enchaînaient avec KING OF THE DAMNED, qui avait déchaîné la foule. Les guitaristes jumeaux et le bassiste insufflaient un élan d'énergie en habitant toute la scène. Ils étaient inépuisables, comme dopés aux amphétamines. Leur Stoner-metal groovy faisait vraiment danser le public, qui ne se contentait pas de pogoter ou se trémousser de manière désarticulée. PAY TRIBUTE avait suivi CHAINS et, en quelques minutes, tout le monde était en nage, autant sur scène que dans la fosse.
La soirée s'annonçait belle. Elle prit la tournure d'une compétition à la première battle contre Иeologism, remportée haut la main. BENEATH CHAOS était un morceau face auquel peu résistaient ; single popularisé par le sixième opus du jeu vidéo The Mastermind Beneath Chaos® – TMBC© VI pour les intimes –, dont il constituait le thème. L'audience adverse à Rock Sanctuary s'était autant amusée dessus que celle de Rock Xtrem qui en avait aspiré une portion.
Mélangeant des titres de l'album de leurs débuts, EDENIA, avec ceux du dernier en date, SPARE A DIME, la prestation de Naytray enchantait un public dont l'effectif ne cessait de croître. Second duel, seconde victoire sur le groupe Misty Rain. Troisième battle, et Musta'Kin se cassait les dents contre TURPENTINE, un morceau drum'n'bass très prisé en boite de nuit. Après douze chansons, s'annonçait un quatrième défi. Celui-là s'accompagnait de gros frissons, car au fil du festival s'imposait une vérité : les Beat'ONE appartenaient au peloton de tête. Et vu leur progression, ils avaient de fortes chances de finir en pole position...
Ce fait avait décidé Timothy et Mir de jeter un œil à Rock Buster. Avec un peu de chance, peut-être tomberaient-ils sur leurs amis. Ils quittaient donc un amoureux pour un autre amant.
En parlant d'amour, Mir se montrait démonstratif cette soirée-là. Il quémandait sans hésitation des marques d'affection, jusqu'à voler des baisers à un Timothy enthousiasmé et perdu. Mir ne l'avait pas habitué à un tel comportement. N'accordaient-ils pas un break à leur couple ?! Le pauvre ne savait plus où ils en étaient ! En revanche, le méchant tacle dont Mir avait « gratifié » le connard qui les avait traités de « sales pédés » avait été apprécié. Pas seulement par Timothy. Ça, c'était plus « Mir » ; c'était rassurant.
Main dans la main, ils coururent jusqu'à Rock Buster, emportés par le flot de curieux espérant arriver sur le nouveau champ de bataille avant l'engagement des hostilités.
*
Rock Buster vs Rock Xtrem
— Alors Jay, comme ça votre petit me défie ? Il a les dents longues.
— Je vais t'en foutre du petit, Nigell ! renvoya Red.
— Tu vois cette scène où le petit frère tente vainement de reprendre la balle que le grand frère tient au-dessus de sa tête ? rétorqua Nigell. C'est ce qui va se passer dans quelques minutes.
— T'as oublié de préciser la distribution du casting, renchérit Jeff. J'ai eu la prod, le rôle de celui qui tient la balle a été attribué aux Beat'ONE.
Rock Buster valida. Rock Xtrem le couvrit de « bouh ! ».
— Le fairplay est notre philosophie, alors la fameuse baballe est dans votre camp, dit Korgan. On vous laisse commencer.
— Ah non ! protesta Terry. C'est vous qui sortez le lion de sa tanière. Il y a intérêt à ce que ce soit pour une bonne raison. Sinon, va falloir trouver une parade pour éviter qu'il vous morde. Alors on vous écoute.
— Bien envoyé, concéda Red.
Un effet Larsen du micro lui arracha une grimace. Il s'adressa alors au public :
— Holy Suckers, ça vous dit qu'on éblouisse le lion ? (L'assentiment assourdissant des ouailles donna le feu vert.) Vous vous souvenez qu'on vous a fait ranger vos portables au début du show ? Pour cette battle, la restriction est levée. Mais ce sera à un signal précis. À chaque fois qu'on entamera le refrain, et uniquement durant le refrain, vous lancerez tous en même temps l'application « torche » de votre téléphone.
— J'en déduis que vos projecteurs sont HS, si vous avez besoin des torches de vos fans, railla Ran. On vous a refilé du matos défectueux ?
— Il dit ça parce qu'il est dégouté, contra Red. Il sait que ça sera super génial, du coup il flippe. Musique, Maestro !
WEREWOLVES débuta ce duel qui époustouflerait la régie, tout staff confondu. Coop-Com Record©, Sound D© (label de Naytray) et Emy Event© s'en voulurent de n'avoir pas exploité cette idée. Popularisés au Japon et en Corée du Sud, les lightsticks apportaient un effet « wow » aux spectacles musicaux. Red tentait de reproduire ce tableau, en important cette pépite souvent réservée à la musique pop sur un territoire rock.
Les milliers de faisceaux blancs allumés puis éteints au son de sa voix réalisaient le paradoxe de rendre féérique une chanson agressive. Naytray regrettait probablement d'avoir laissé la main à l'adversaire. Après un tel show, la comparaison piquerait. Sur ce duel, l'imprévisibilité des Beat'ONE créa la différence. Les réactions des deux publics furent authentiques devant les images filmées par les drones et retransmises sur panneaux géants. L'envie étreignit les cœurs du côté de Rock Xtrem, même si nombreux se dirent satisfaits de leurs stars préférées.
À l'annonce des résultats, les fans de Naytray déplorèrent la courtesse du duel, convaincus qu'avec plus de temps, leur favori tiendrait la dragée haute à son concurrent. Seulement, les Holy Suckers ne juraient aussi que par la suprématie de leurs idoles. Ce que confirma sans doute la victoire des Beat'ONE.
*o*o*
TBC ● EPISODE 48 - part 2
*MEDIA*
Intro vidéo : All Good Things - Fight (feat. Dan Murphy). Parce que ces lyrics sont juste magnifiquement appropriés au contexte de cet épisode !
Face to face, eye to eye
Under lights, no where to hide
Mask of steel, silent words
Waiting till the coin had turned
Many down, one more left
Armour up, sights are set
Turn the key, light it up
One more war to take the cup
Waiting for the whistle, a pistol
Waiting for a sign in the line
On a target like a missile
Waiting for the go, for the big show
Laying out the wire, light the fire
Now we're waiting till it blows
Fight like you'll never die
Fight to stay alive
Fight to raise the crown
Fight to take them down
Fight like you're gods and monsters
Because you want to
To save a life
Fight for you and I
Fight
Fight for you and I
Fight
Another brother takin'
Somebody's flag
Breaking somebody's hand
Starting something like he think
He's the man
You know we can't stand by
Let you do what you want
We got the call, got the order
Comin' ready or not
Whatever the threat
Man made our supernatural
Extra terrestrial
Home, or international
We won't discriminate
Whatever your name
No we won't hesitate
To bring it like a hurricane
Waiting for the whistle, a pistol
Waiting for a sign in the line
On a target like a missile
Waiting for the go, for the big show
Laying out the wire, light the fire
Now we're waiting till it blows
Fight like you'll never die
Fight to stay alive
Fight to raise the crown
Fight to take them down
Fight like you're gods and monsters
Because you want to
To save a life
Fight for you and I
Fight
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