S07 - EP 46 ✧ part I
Partie 1/2
Jeudi 15 février
L'ascenseur s'ouvrit sur un spectacle inattendu. Jay grommela après ces couples qui étalaient leur libido en public. Il pouvait comprendre que la passion soit forte. De là à jouer aux plantes grimpantes de bon matin, alors qu'on revenait d'une nuit acrobatique de Saint Valentin, il ne fallait pas pousser ! On frisait l'exhibitionnisme, là ! Enfin, il râlait parce que ce tableau était imposé à sa fillette de neuf ans. Dans d'autres circonstances, il aurait maté sans gêne. Il leva les yeux vers la caméra ; l'équipe de gardiennage s'était bien rincé l'œil. Jay réserva un sourire moqueur à la femme qui remettait de l'ordre dans sa tenue, puis il la reconnut.
— Bonjour, Tessa. Monsieur, adressa-t-il à son compagnon.
Vêtu avec élégance, l'homme à peine décoiffé restait tiré à quatre épingles. Le langage corporel du couple changea la narration des pensées de Jay. Apparemment, Madame avait le feu au cul quand Monsieur se montrait tiède, voir froid. Il avait à peine participé à l'échange, sans doute son « éducation » lui interdisait-il de repousser sa partenaire. Amant d'un soir ? Tessa se racla la gorge.
— Bonjour, Jet. Vous avez fait un bon live, hier ?
S'enquérait-elle de la situation ou tentait-elle de masquer son embarras ? Peut-être les deux.
— Génial et un arrière-goût de pas assez. Toutefois, il s'en est fallu de peu pour que ça parte en sucette.
— Vraiment ? Un souci sur scène ? Je n'en ai pas été notifiée...
En même temps, elle avait demandé à ce qu'on ne la dérange pas durant son dîner. Même si elle avait fini par céder, malgré elle, à son foutu téléphone !
— Non, en coulisses. Certains agents de presse ne respectent pas les consignes et se comportent comme des paparazzis. La patience de Red s'est amoindrie depuis que votre homme a joué les fouines. Heureusement, l'incident est arrivé après le concert. Parce qu'un Red en pétard ne joue pas.
Tessa arqua des sourcils bien épilés. Ça puait l'accusation, or elle n'était pas femme à accepter le blâme d'autrui.
— Je ne suis pas responsable des agissements de Becket. Je donne des instructions et consignes en tant que supérieure. Comment les gens les interprètent relève de leur propre intelligence.
Jay renifla. Prends-moi pour un imbécile, tant que tu y es.
— Et cette affaire est réglée, dit-elle, sèche.
Les instructions données à Jason Becket concernaient Dean Leblanc, pas le chanteur des Beat'ONE. Pure coïncidence si ces deux hommes partageaient une liaison. Jason avait manqué de jugeote. Bien entendu, elle avait jubilé devant le scoop en téléchargeant la vidéo transférée par son agent. Mais la réaction violente des stars, d'après Jason, et son entrevue désagréable avec Dean Leblanc l'avaient dissuadée d'exploiter ces informations. Elle ne nuirait pas bêtement à sa carrière pour un scoop ayant perdu de la valeur marchande.
Néanmoins, l'amertume de l'humiliation persistait à cause des menaces du Leblanc. Le bellâtre avait tenté de l'intimider dans le but d'éviter la révélation de sa relation avec Red Kellin, pour faire un coming-out en fanfare la nuit même. Il s'était vraiment foutu d'elle !
— Juste pour que ce soit clair : si Red ne joue pas, le manque à gagner ne sera pas le mien.
Elle s'intéressa à son partenaire, sa manière de clore le débat. Penny ressentit l'agacement de son père dans la pression de sa poigne.
— Red fait toujours des caprices, papa. Ça sert à rien de s'énerver, tu vas juste vieillir vite. Moi, je veux pas que tu sois trop vieux avant que je sois grande.
— Voilà une fille intelligente ! sourit Tessa.
Penny la dévisagea.
— Il y a une caméra dans l'ascenseur, vous savez, lui dit-elle avec le plus grand sérieux. Je crois qu'on a vu votre culotte. Red dit que ça fait vulgaire de porter une tenue chic et très courte sans mettre des collants. C'est un fashion faux-pas.
Le sourire de Tessa se figea sur un masque d'horreur. Elle aurait claqué la petite effrontée si ce n'était pas illégal !
Jay se détourna. Il riait. En aucun cas il ne reprendrait sa fille ; elle s'y connaissait mieux que lui en mode féminine. Dans la glace, il vit l'homme tousser, mais son poing masquait en réalité un sourire moqueur. Maintenant qu'il y regardait de près, ce type lui disait quelque chose...
La remarque piquante que Tessa destinait à la gamine fut interrompue par l'ouverture des portes. Ils se sont donné rendez-vous, ma parole ! rumina-t-elle face à Lawson Read et sa collègue rouquine Machin-chose. L'animateur radio fit des yeux ronds, comme s'il voyait un revenant, se reprit et marmonna ses salutations. Tessa émit un reniflement goguenard. Était-ce si impressionnant de tomber sur une star et un milliardaire dans l'ascenseur d'un hôtel Grand Luxe ? On était au Golden River, pardi !
Cela se voyait qu'ils juraient avec le standing du White H&R à la distinction Palace. On laissait rentrer n'importe qui de nos jours ! D'ailleurs, qu'est-ce qui justifiait leur présence ? MCS-Radio interviewait probablement une célébrité dans sa suite. Notant l'attention que portait la rouquine à Jeremiah, Tessa se colla au flanc de celui-ci. Marquage de territoire sans équivoque.
Gênée d'avoir été surprise à mater, Rihanne se détourna. Bonjour, la honte matinale ! Être grillée par la bombasse du mec raffiné sur lequel bavaient ses ovaires... Cette femme lui inspirait une franche antipathie. Il fallait en plus qu'elle se pavane avec un Jules de premier choix dans leur hôtel. C'était mortifiant de jalouser la garce mais c'était tellement légitime ! La classe de cet homme éclipsait Jet des Beat'ONE aux yeux de Rihanne. Cela en disait long !
Lawson constata qu'ils avaient la même destination : l'Uptown Café au vingtième étage. Il aurait préféré se trouver loin de Tessa Mommsen. Et loin du spécimen à se damner qu'elle utilisait comme un accessoire. Il est clair que si elle le pouvait, elle aurait exhibé son homme, ou plus précisément son portefeuille. Hum... pourquoi raisonnait-il ainsi ? Il n'était pas du genre envieux.
Disciplinant son esprit, Law nota alors la curiosité de la fille de Jay, qui l'observait sans fard. Distraction bienvenue. Il lui sourit, elle le lui rendit. Le grognement du père rompit l'échange.
— C'est Pantiz ?
— Cesse de l'appeler comme ça, Penny ! la gourmanda Jay en rangeant son téléphone.
— Mais tout le monde l'appelle comme ça ! Mìo a un problème ?
— Pourquoi tu voudrais que ton frère ait un problème ?
— Parce que tu fais ta tête des mauvaises nouvelles.
— On n'a plus seulement les paparazzis, la groupie aussi siège devant l'hôtel, soupira Jay. Ils ont dû nous filer le train la nuit dernière.
Les adultes grimacèrent. La gamine s'inquiéta. Cela ne serait pas arrivé si elle n'avait pas insisté pour rejoindre son père. Elle lui causait des problèmes.
— Ils n'ont plus arrêté de nous suivre depuis que t'es venu me chercher à l'aéroport. C'est ma faute, s'assombrit-elle.
— Mais non ! s'écria Jay.
Il se fustigea mentalement d'avoir exprimé son irritation. La sensibilité de sa fille était un peu à fleur de peau, compte tenu des raisons tendues de sa présence. L'ascenseur annonça le café. Jay s'arrêta dans le couloir afin de rassurer Penny. Law et Rihanne les attendirent ; il avait été convenu qu'ils déjeunent ensemble.
Dragan ronflait encore, terrassé par une nuit arrosée avec Trent Livermore, Gad et Keith, respectivement le chanteur de Grey Zone, le beau-frère et la sœur de Law. À se demander pourquoi sa cadette et son mari n'avaient pas passé leur soirée de Saint Valentin en amoureux ! Depuis leur arrivée à Nior, le stress de Law ne cessait de grimper ! L'animateur suivit des yeux le couple qui se dirigeait avec nonchalance vers le café.
— Parfois, ce qu'on juge injuste exprime une logique bête et méchante, murmura-t-il.
— Ouais, fit Rihanne. Lui, l'élégance, elle, la beauté fatale. Ils ne peuvent que bien aller ensemble ! admit-elle, écœurée.
Tessa fit une halte aux toilettes – certainement pour s'assurer de l'impeccabilité de son look minimaliste. Monsieur attendit. Se détournant avant de manquer de convenance, Law assista aux difficultés du batteur à apaiser une fille percluse de remords.
— Mais c'est à cause de nous qu'ils sont là, insistait Penny. Ils dérangeraient pas les gens si on n'était pas venus dans cet hôtel !
Son père ne pouvait tout de même pas le nier !
— Les fans sont des gens comme toi et moi, fifille. Ils sont dotés d'intelligence et de libre arbitre. Tu ne dois pas te sentir responsable de leurs actes. Personne ne les incite à se comporter de manière déplacée. La plupart ont reçu une éducation et en temps normal ils savent bien se conduire en société. Alors leur hystérie, même si elle se rapporte à ta personne, n'est pas de ton fait mais du leur. Tu m'as compris ?
Penny fit oui de la tête, mais le père voyait ses doutes ; il ne l'avait pas entièrement convaincue. Law compatit. Le quotidien d'une enfant star n'était pas souvent un conte de fées. On ne devait pas se tracasser de ce genre de chose à un âge aussi innocent. Néanmoins, il approuvait la méthode de Jay. Lui parler comme à une grande d'un problème épineux sans tout peindre en rose. Est-ce qu'intervenir serait jugé comme de l'ingérence ? Il osa malgré tout :
— La presse voudra quand même te mettre les incivilités des fans sur le dos. Et les gens suivront, parce qu'ils ont tendance à croire des idioties qui sont dites à la télé, à la radio, ou qu'ils ont lu dans les magazines et sur Internet. Je vais te dire un secret. Tant que tu ne perdras pas de vue la vérité, le mauvais comportement des groupies ne pourra pas t'atteindre. Et la vérité, c'est que tu es une fille comme les autres qui voulait simplement voir son papa. C'est ton droit le plus absolu. Tu ne dois jamais te sentir coupable pour ça.
— Hm... pas comme les autres, le reprit-elle. Tonton Jeff dit que je suis spéciale ! Red aussi. Mais uniquement parce qu'il pense que je suis la mascotte des Beat'ONE, donc ça compte pas.
Rihanne gloussa. Law n'en mena pas large devant la subite assurance de la gamine. Jay lui en fut reconnaissant. À deux reprises, ses interventions avaient détourné la fillette de son chagrin. Donnez à une Peneloppe angoissée un sujet à débattre et le tour était joué. Pour le malheur et le bonheur du leader des Beat'ONE, sa princesse était pipelette.
— Vous faites quoi dans la vie ? Parce que je trouve que vous donnez de bons conseils.
— Oh, merci !
Law ne sut comment l'expliquer, mais venant d'une enfant, ce compliment lui donnait l'impression d'une consécration.
— Je suis chroniqueur et animateur à la radio. Je fais des émissions musicales rock.
— Comme Tonton Korgan ?
— L'une de mes émissions est un peu différente. Ça parle de romans et de musique.
— On peut faire les deux ?
— Bien sûr ! dit-il, espiègle. J'adore lire et j'adore le rock, alors j'ai allié les deux. Du coup, c'est fun au boulot. Les gens aiment croire que certaines choses ne vont pas forcément ensemble. Quand je le peux, je prouve que ce n'est pas vrai.
— Comme moi. J'adore la couleur rose et j'adore le rock, mais y en a qui croient que le rock doit forcément être sombre, noir, genre gothique. Moi, je mélange le rock et le rose dans mon look, et mes copines, elles sont jalouses parce que c'est trop stylé.
— Tape m'en cinq, tu as tout compris !
Voilà qui présageait une bonne camaraderie, pensa Jay, amusé. Mr Chic les observait, même quand ils passèrent devant lui pour rejoindre Korgan et Jeff à la cafétéria, dans la joie et la bonne humeur du bavardage de Penny. De nouveau au bras de Tessa, l'homme les suivit de peu et s'installa à quelques tables de la leur. L'arrivée d'un autre couple détourna l'attention du batteur.
Red, accroché au coude de Dean, discutait avec le correspondant de ce dernier. Celui-ci tourna son téléphone vers la tablée.
— Faites un coucou à tout le monde.
— Qui est-ce ? s'enquit Jeff.
Penny s'excita.
— C'est Rudy et Rey !
Dean adossa son téléphone contre une sucrière et tous se rassemblèrent autour.
— Salut, la compagnie ! lança Rudy.
— Pourquoi il fait nuit chez vous ? s'étonna Penny.
— C'est le décalage horaire, expliqua Rey. On a une demi-journée d'avance, il est vingt-et-une heure ici, à l'heure où tu prends ton petit-déj.
Les nouvelles allèrent bon train, la Beat'ONE Family ne se souciant guère d'attirer l'attention ainsi attroupée autour d'un téléphone. Ils se foutaient de déranger le calme guindé des lieux, parlant tous de façon animée. Lawson et Rihanne furent inclus dans l'échange, comme s'ils étaient des amis de longue date. Le personnel se garda bien de faire une remarque en reconnaissant un MIP, et pas des moindres, dans la ménagerie. Au contraire, les serveurs zieutaient s'ils le pouvaient, au moment de prendre commande. À la fin de l'appel, Red aborda le sujet de la groupie.
— Pantiz m'a fait état de la foule devant l'hôtel. C'est quoi l'embrouille ?
Jeff lui tendit une tablette. L'article d'un tabloïd mentionnait l'arrivée de P-G au Sin-Nest, agrémenté de clichés de la fillette endormie dans les bras de son père, ses cheveux et sa bouille masqués par un bonnet à pompons. Puis il fut question de Red et Dean vus dans le même hôtel. Sans nommer l'établissement, la publication donnait assez de détails permettant son identification. Ils avaient clairement été pris en filature de l'aéroport et du Sinéad au Golden River.
— J'ai demandé à ce qu'on renforce la sécurité de l'hôtel, dit Dean. Je pense que l'équipe de sureté de Coop-Com Record© ne verra pas de mal à recevoir des renforts.
Jay l'en remercia, comme il se chargeait de cette formalité. Rebecca arriva sur ces entrefaites, avec un Mìo gazouillant dans son cosy bébé.
— Je rêve ou c'est Tessa ? murmura-t-elle en s'asseyant à côté de Jay.
— C'est bien elle.
Dean sourcilla en identifiant les occupants de la table concernée.
— Voyez-vous ça...
— C'est son mec ? souffla la manager, incrédule.
Pas étonnant qu'elle n'ait pas fait du gringue à Dean, elle se tape déjà un poids lourd ! pensa-t-elle.
— T'es surprise que ce soit son mec, nota Jay.
— Surprise ou jalouse ? demanda Jeff, vicieux. Il faut reconnaitre qu'il est la caricature du prince charmant des temps modernes.
Tous savaient le faible de Rebecca pour ce cliché, vu ses velléités de mariage princier. Elle lui servit un regard désabusé.
— Pas de quoi être jalouse d'un coup d'un soir, dénigra Red.
— Comment peux-tu le savoir ? questionna Korgan.
— Apprends à censurer ton langage, Red ! l'enguirlanda Jay en même temps.
Il y avait une petite fille à table ! Penny roula des yeux.
— Je sais ce que ça veut dire, un coup d'un soir, papa, soupira-t-elle.
— Tu ne devrais pas ! sursauta le père, scandalisé.
Dean pouffa.
— Bienvenue au vingt-et-unième siècle, Jay.
Il ne gagna pas la sympathie du batteur. Merci pour le soutien !
— Un coup d'un soir, c'est pas la petite amie de tous les jours, mais la copine avec qui on va boire un coup juste un soir, dit Penny devant une tablée interdite. Faut que t'arrêtes de me prendre pour un bébé, papa. J'ai bientôt l'âge de la puberté !
Tous se gardèrent de rire face à l'innocence de son explication. Épreuve laborieuse.
— Tu as tout à fait raison, Princesse, approuva Jeff.
— Red n'a pas tort, fit Rihanne. Je trouvais sa robe un peu trop sexy pour un jeudi matin.
— C'est évident que c'est sa tenue d'hier soir pour la Saint Valentin, renifla le chanteur qui se basait effectivement sur ce critère.
— À sa place, j'aurais honte de me pavaner avec les fringues de la veille, juste pour qu'on me voie en compagnie de ma belle prise. Je serais rentrée direct. Ça sous-entend qu'elle n'a pas changé ses dessous...
— Rihanne ! gronda Law.
Cette femme n'était pas sortable ! Son indignation lui fit perdre sa cuillère. Il la ramassa et son regard croisa celui du partenaire de l'objet de leur commérage. Gêné, il coupa le contact en se redressant, vilipendant son amie en sourdine. À son grand dam, le sujet fut trop croustillant pour qu'on s'attarde sur ses états d'âme.
— Je suis mauvaise langue, elle en a peut-être prévu de rechange, disait Rihanne en tartinant sa brioche.
— Pas dans sa minaudière, opposa Red, doutant de la capacité de contenance du mini sac à main pailleté posé sur la table.
— Cet accessoire à lui seul est un aveu, dit Rebecca. C'est un modèle de soirée ou gala. On ne choisit pas ce genre de sac pour se rendre à un petit-déjeuner galant.
— Ouais, je parie que son fond de teint, un rouge à lèvres, des clés de voiture et d'appart ou d'hôtel, un paquet de chewing-gums ou cigarettes, une plaquette de pilules et un sachet de SSS® se battent en duel dans ce sac. Il n'y a pas de place pour un slip de rechange.
— Pourquoi il n'y a pas de carte bancaire dans ton inventaire ? releva Rebecca, comme s'il s'agissait de la seule remarque envisageable.
— Parce que Monsieur paie.
— C'est quoi un sachet de « ècessèce » ? demanda Penny.
Red battit des paupières d'un air innocent quand les yeux de Jay le menacèrent de strangulation. Nul besoin de s'outrer, il estimait avoir censuré le contenu du fameux sachet de Safe Soft Sex®. N'ayant pas l'âge de s'en servir, Penny ne s'en douterait pas le moins du monde. Cela dit, dans le cas contraire, Jay avait un sérieux souci à se faire. Red laissait volontiers au père la responsabilité de dévoiler à sa fille le nom entier de cette marque de capotes.
— C'est du gel hydroalcoolique, dit Rihanne sans battre un cil. Une fille doit avoir les mains propres.
— Je préfère avoir les mains sales et une culotte propre, plutôt que les mains propres et une culotte sale. Ça gratte, sinon.
— D'accord avec toi, ma grande. C'est très désagréable. Ou alors elle n'en porte pas, supposa Rihanne.
— Bon sang, Han ! la chapitra Law.
— Si, elle en porte une. On l'a vue avec papa dans l'ascenseur.
— Est-ce que j'ai envie de savoir ? fit Dean, sceptique.
Sortie de son contexte, la réplique de la gamine dérangeait même les moins prudes. Ils avaient perdu Korgan, hilare. Jeff demanda des détails. Torpillé par les yeux de biche de Rebecca, le batteur affronta deux canons d'Uzi. Dean compatit. Bon courage, vieux !
— Vous êtes vraiment persuadés que c'est un coup... (Korgan, qui avait repris son souffle, se ravisa et reformula :) Vous ferez de la Saint Valentin une aventure d'un soir ?
Il accordait une certaine symbolique à cette fête qu'il jugeait pourtant commerciale. Red désigna Jeff.
— T'as la mémoire courte. Il y a deux ans, les partenaires de notre cher bassiste lors de grandes occasions – Saint Sylvestre, Noël, Saint Valentin, Lunes-TV Music Awards et compagnie –, avaient la particularité de ne jamais réapparaitre à son bras.
Jeff gifla la main accusatrice.
— Ne me provoque pas ! Il y en a qui ont passé la nuit d'hier seul, alors qu'ils ne sont pas célibataires. Ceux qui ignorent cette solitude sont priés de la fermer.
— Hana t'a posé un lapin ? gloussa Red.
— Cette sorcière a osé me dire qu'on ne pactise pas avec « l'ennemi » la veille du Rock'n'Rumble ! Je la retiens. On ratatine KlaiM, les gars. Pas de pitié.
— Oh là là, fit Law, vous vous êtes mis combien de groupes à dos depuis le début du festival ?
NITRΩ, Deathwish, KlaiM. Qui serait le prochain ? Rihanne se frotta les mains. Ça promettait. Red sortit son téléphone et Jeff le vit d'un mauvais œil, à juste titre. Ce salaud balançait sa mésaventure sur les réseaux sociaux, histoire de pimenter le Rock'n'Rumble.
— Et ne t'en déplaise, ajouta Red après avoir commis sa délation, je sais parfaitement ce que ça fait de passer ses nuits seul, à se languir de l'objet de ses désirs.
Il remarqua alors le visage sombre de Law. S'était-il passé quelque chose avec Iris ? Ou... rien du tout. Il n'avait pas le droit de s'en mêler. Jay fumait.
— Bordel, Red !
La vertu des oreilles de sa fille n'était pas en sécurité avec cet imbécile. Pour autant, il alimenta le ragot :
— Ce type me dit quelque chose.
Rebecca prit Dean de vitesse :
— C'est Jeremiah Mc Nelly. Je parie que sa tenue appartient à la collection Gentlemen® de MTM. Ce style raffiné n'évoque pas Gilano ou Bargelony, apprécia-t-elle.
— Il pourrait poser pour sa propre marque, il a de l'allure, commenta Red. Pas autant que toi, glissa-t-il à Dean.
— Je n'ai rien dit.
— Tu n'as pas besoin d'ouvrir la bouche pour exprimer ta désapprobation, tes lèvres pincées en disent assez. J'apprécie que tu te montres jaloux, si ça peut te rassurer. On l'a vu hier au bar. Il s'est changé, contrairement à madame. Conclusion : il réside à l'hôtel.
— Cela nous fait une belle jambe, Sherlock, ironisa Dean. Il m'a demandé si cela t'intéresserait de devenir l'égérie de la joaillerie Mc Nelly.
Red saisit le bras de Dean.
— Tu plaisantes !?
Les autres adultes les dévisagèrent, incrédules.
— Je signerais sans hésiter à ta place, envia Jeff.
Red manqua de discrétion en se tournant vers un Jeremiah inconscient de nourrir du ragot, en pleine discussion avec Tessa.
— Pourquoi il ne me l'a pas demandé directement ?
— Il pensait devoir passer par une agence, puis il a profité de m'avoir sous le coude. Il n'osait pas aborder le sujet car il le jugeait délicat. Il aimerait que tu sois l'égérie des deux catalogues : homme et femme.
— Ce sera avec plaisir !
— Je lui ai suggéré de te laisser te consacrer au Rock'n'Rumble d'abord.
— Dis plutôt que tu as déjà convenu avec lui d'un rendez-vous, devina Rebecca en ouvrant l'application de son agenda. Quel jour ?
Dean l'en informa. La bande en profita pour discuter des modalités du retour.
*o*o*
TBC ● EPISODE 46 - part 2
Que celle ou celui qui n'a jamais ragoté leur jette la première pierre !!!
Les votes de popularité des personnages seront bientôt clôturés. Les retardataires sont prié(e)s de se rapprocher des urnes, sur Wattpad (dans le rantbook HOT CHILI - Univers), sur Instagram ou sur Facebook.
*MEDIA*
Intro vidéo : Supertramp - The Logical Song. J'aime les paroles de cette chanson qui soulignent l'absurdité de ce monde logique.
When I was young
It seemed that life was so wonderful
A miracle, oh it was beautiful, magical
And all the birds in the trees
Well, they'd be singing so happily
Oh joyfully, oh playfully watching me
But then they sent me away
To teach me how to be sensible
Logical, oh responsible, practical
And then they showed me a world
Where I could be so dependable
Oh clinical, oh intellectual, cynical
There are times when all the world's asleep
The questions run too deep
For such a simple man
Won't you please, please tell me what we've learned
I know it sounds absurd
Please tell me who I am
I say now watch what you say
Or they'll be calling you a radical
A liberal, oh fanatical, criminal
Oh, won't you sign up your name
We'd like to feel you're acceptable
Respectable, oh presentable, a vegetable
Whoa (tick, tick, tick, yeah)
But at night when all the world's asleep
The questions run so deep
For such a simple man
Won't you please, please tell me what we've learned
I know it sounds absurd
But please tell me who I am, who I am, who I am, who I am
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