S07 - EP 45 ✧ part III
Partie 3/3
Des lampes vintages en laiton modulaient l'atmosphère du bar, dont la carte regorgeait de spiritueux prestigieux, de champagnes coûteux et cocktails sur mesure. Dean sirotait son Golden Spice Bomb, à base de cachaça gold, porto, velvet falernum, jus d'agrumes, sirop de gingembre et angostura. Red avait goûté et s'était souvenu que son homme raffolait de cuisine indienne épicée. Le breuvage malmenait les papilles ! Son choix s'était porté sur un cocktail Bellini, joli mariage de purée de pêches blanches et vin blanc italien effervescent.
La nuit était avancée ; le service en salle réduit. Le Chef avait éteint ses fourneaux, même s'il les rallumerait à la demande tardive d'un client retardataire au portefeuille indécent. La plupart des couples venus avec l'intention de danser évoluait sur la piste. Le DJ piochait dans un répertoire plus festif, maintenant que l'on pouvait se passer du calme requis lors du repas.
Dean et Red avaient préféré s'installer à une table haute et discuter, de sujets triviaux ou non. Ils réalisaient qu'excepté les épisodes partagés dans l'intimité de leur chambre, ils prenaient rarement le temps de se déconnecter du monde et rentrer dans leur bulle à deux. Dernièrement, leur vie adoptait un rythme frénétique, leur agenda les empêchant de sortir le soir, d'aller prendre un verre. En réalité, il y avait un peu de manque de volonté de leur part.
— En plus, c'est maintenant qu'on doit en profiter, souligna Red. Tant qu'on a de l'énergie et tant qu'on n'a pas de mioche entre les bras. À l'arrivée de bébé, au revoir la bringue.
— Et connaissant Rudy, je doute qu'il accepte de sacrifier sa soirée pour jouer au baby-sitter. En tout cas, il ne le fera pas sans contrepartie.
— Et il aura raison. C'est une charge, un gamin. On devrait dédommager les enfants qui s'occupent de leurs frères et sœurs. À la base, ils n'ont jamais rien demandé ! Combien d'aînés ont quasiment élevé leurs cadets parce que les parents sont pris par une raison ou une autre, ou pire, sont démissionnaires ? Je revois mon frère Dorien en train de râler qu'il n'était pas père mais devait nourrir trois bouches, en plus de la sienne : les jumeaux et moi. Il avait dix-sept ans, moi treize. À l'époque, je le trouvais injuste. D'autant que s'il pouvait m'oublier, il le faisait volontiers. Mais maintenant, je compatis. Damien, notre aîné, s'était déjà barré de la maison. Mon beau père carburait à la gnôle et cognait quand il était sobre. Alors on priait qu'il reste saoul. Mais un mec constamment bourré garde difficilement son job. Papa chômeur et maman partie, on devait s'élever seuls. Dorien étant l'aîné, la responsabilité de David, Dilan et moi lui incombait. Mais le pauvre était plus jeune que Rudy.
— Tu sais ce qu'il devient ?
— Non. Les jumeaux ne me parlent quasiment jamais de lui. Selon Dave, je ne gagnerais rien à le rencontrer. Et il était plutôt homophobe dans mon souvenir. De ce côté-là, Dorien était le digne fils d'Henri. J'ai revu Damien, treize ans plus tard, quand son père a fait un malaise cardiaque. Il est agent immobilier et il semble plus intéressé par ma situation aisée que par notre parenté. Sinon, son père et lui ne se seraient pas laissé tenter par le pot de vin de Wassup'Mag®. Henri, je peux comprendre. Mais Damien...
Red haussa les épaules. Cela dit, leur attachement n'était pas assez solide pour susciter de la déception.
— Je ne lui en tiens pas vraiment rigueur. Si m'utiliser lui permet potentiellement d'avoir plus de clients, il a le droit de crier où il veut que ma majesté est son demi-frère. En revanche, j'aimerais rencontrer sa femme, Aïsha. Chloé dit qu'elle est adorable. David la trouve super belle. Si une beauté adorable s'est mise en couple avec Damien, j'ai envie de croire qu'il y a quelque chose à sauver chez lui.
— J'adore ton raisonnement simpliste.
— Je suis un homme simple, cher monsieur ! Qu'est-ce que vous croyez ? Que dis-tu de remuer les papillons dans le ventre de cet homme simple en le faisant tournoyer sur la piste de danse ?
— Demande au DJ d'envoyer une sonorité latine. J'ai une envie de bachatango.
Red lui vola un baiser et quitta son tabouret.
— Dean Leblanc ? l'interpella un homme tandis qu'il attendait le retour du sien.
Il ne fut pas tant surpris de se retourner sur Jeremiah Mc Nelly ; son baryton lui donnait une signature vocale rare. Ils se serrèrent la pince.
— Quand tu m'as dit que tu arriverais à Nior mardi soir, je ne m'attendais pas à ce que tu passes au Golden.
— J'ai mes habitudes ici.
Dean regarda autour d'eux.
— Ta Valentine s'est absentée ?
— Le tien aussi.
— Le mien informe le DJ de mon manque d'enthousiasme vis-à-vis de ses choix musicaux.
Jeremiah essaya de ne pas sourire.
— Évidemment. Le contraire m'aurait étonné.
— C'est-à-dire ?
— Je partage ce besoin de contrôler tous les paramètres. Les choses qui ne sont point à ma convenance ont tendance à me frustrer. Même si je ne le montre pas.
Dean ricana.
— Il parait que ce qui nous énerve chez les autres peut nous aider à nous comprendre nous-mêmes.
— Ou plutôt en dit long sur nous-mêmes, admit Jeremiah.
— Je bénis la fortuité de notre rencontre, cela m'épargne de t'appeler.
— Le sentiment est réciproque. Je voulais t'entretenir d'un sujet qui concerne en réalité ton partenaire.
— Est-ce en rapport avec le fait que tu aies demandé en avant-première son dernier album ?
Jeremiah marqua un arrêt, puis remua la tête, à la fois amusé et désabusé.
— Faut-il toujours que rien ne vous échappe ?
— « Qui maîtrise l'information... » Tu as certainement dû l'entendre, celle-là.
— Hélas, ironisa Jeremiah. Pour répondre à ta question, disons oui et non. Le potentiel des Beat'ONE m'intéresse, il est vrai. Mais Red Kellin suscite mon intérêt pour quelque chose de particulier. Seulement, j'ignore un peu comment aborder le sujet avec lui. En fait, je n'aimerais pas essuyer un refus.
— Ton discours bouscule très fort ma possessivité, Jeremiah, avoua Dean sans fard.
Jeremiah leva les mains.
— Loin de moi l'intention de créer tout malentendu.
— Alors éclaircis ton propos.
— Et pour ta gouverne, les hommes ne m'intéressent pas.
Dean se fit songeur.
— J'en était totalement convaincu aussi. J'ai même fait un enfant avec une femme, et je suis toujours sensible aux charmes de la gent féminine. Mais j'ai un Valentin et non une Valentine. Moralité : ne jamais présumer de ces choses-là.
— Soit. Mais je pense qu'à quarante ans, on a eu le temps de se chercher, de se découvrir et de se trouver. Mon inclinaison romantique penche irrémédiablement vers le beau sexe.
— La mienne aussi, jusqu'à ce que je rencontre Red Kellin.
— Il faut bien des exceptions. Et Red Kellin est un spécimen capable de mettre des femmes à l'amende. La modèle Cassandra Rochas est sublime, or elle a été éclipsée par la présence de Red sur les affiches de Kanon® O.
— La pauvre se vexerait si elle t'entendait.
Il avait beau le dire, Dean compatissait à peine. Il validait l'opinion de Jeremiah.
— Alors elle serait vaniteuse. La beauté de Red relève du fascinant. C'est elle qui m'intéresse.
— Laisse-moi deviner. Tu le veux comme égérie d'une de tes marques de luxe ?
— Pas des moindres, la plus luxueuse.
Dean haussa les sourcils.
— La joaillerie ?
Jeremiah hocha la tête.
— Alors je comprends encore moins tes craintes d'essuyer un refus. Une diva se réjouirait d'être le visage d'une joaillerie.
— En effet. Mais c'est délicat car je veux la diva pour les catalogues hommes et femmes.
— Andy a été la reine du dernier catwalk du créateur Malroy. Tu peux croire en tes chances.
— Mais je me suis entretenu avec Rozès, et Red ne figure pas dans le catalogue de son agence de modèles.
— Je présume que Céline ne devrait plus tarder à joindre Andy pour renégocier un contrat, fit Dean, pensif. Je doute qu'elle ait gain de cause. Andy a un rapport particulier à la photographie, dit-il, sombre. Sinon, il y a belle lurette qu'il aurait été mannequin professionnel.
— Je m'en doute. Les bagages de son passé justifient mes craintes. J'ai peur que mes intentions le blessent. Alors je passe par quelqu'un qui le connaît bien et qui saurait m'éviter de me montrer inconvenant.
Dean apprécia la démarche. Peu de gens psychanalysaient aussi bien Red sans le connaître. Cela dénotait soit une grande intelligence, soit une grande sensibilité. Il opta pour la première.
— C'est à ton honneur. Le mieux reste encore d'en discuter directement avec lui. Mais pas ce soir. Ce soir, il danse.
— Bien sûr, concéda Jeremiah. Je n'aimerais pas me montrer impoli. Ni monopoliser la conversation. Il m'a semblé que tu voulais m'entretenir de quelque chose ?
— De beaucoup de choses en réalité, dont Rowan Mc Lauren. Cela concernera aussi les Beat'ONE. Il se pourrait que nos intérêts se rejoignent.
— Ce n'est pas une probabilité mais une certitude, affirma Jeremiah. Rowan m'a demandé si je savais par quel truchement tu es devenu le parrain de trois filleuls MIP en une soirée. J'ai été déçu par la naïveté de sa question, tant la réponse est évidente.
— Parce qu'elle te saute aux yeux ? railla Dean.
— J'aurais trois filleuls et probablement plus, si j'étais de la descendance des fondateurs du Club. Que Rowan peine à le voir en dit long sur son innocence.
— Je doute fortement qu'un « innocent » soit à la tête d'un empire de l'Entertainement.
— Il te dira qu'il faut avoir gardé son âme d'enfant pour s'amuser et s'enrichir dans ce domaine. Rowan est un enfant vicieux dans le corps d'un adulte. Mais je ne te l'ai pas dit. Sa susceptibilité est toute aussi puérile. Dieu m'en préserve !
Dean s'esclaffa, sa curiosité de plus en plus piquée.
— Vendredi soir te conviendrait-il pour une entrevue avec lui ? proposa Jeremiah. Je sais qu'il est disponible sur ce créneau.
— Parfait. J'aurai le temps de récupérer de mon jeudi très chargé.
— Le Rock'n'Rumble.
— Tu suis l'activité de la Rock-Feast ?
— Je connais quelqu'un en interne, dit Jeremiah, énigmatique.
Red revint à leur table. Il considéra le nouveau venu et apprécia la dégaine classieuse de l'animal.
— Bonsoir, jolie créature.
— Il est pris, Andy, et toi aussi.
— Ça ne m'interdit pas d'apprécier une belle bête quand j'en vois une !
— Je suppose que je dois vous remercier du compliment, fit Jeremiah, amusé. Jeremiah Mc Nelly, enchanté.
— Oh, ravi de faire ta connaissance. Il parait que t'es Holy Sucker, ça fait trop plaisir !
Dean remua la tête à l'intention de Jeremiah, l'air de lui dire : « pitié, laisse-le dans son délire, démentir se fera à tes risques et périls ! » Jeremiah se retint de rire.
— J'aime vos premier et deux derniers albums.
— Logique, en même temps. Je n'en ai que trois.
— Mais...
— Ne t'engage pas sur cette voie, Jeremiah, le prévint Dean. Les quatre albums entre le premier et celui qui précède RENOVATIO n'existent pas pour Andy. Quant à celui d'EVENEMENTIAL, il ne lui reconnait qu'une seule piste : BLAST ENVY.
— Je ne sais pas de quoi tu parles, chéri.
— Vu ? Le déni est très violent sur ce sujet-là. Tu t'exposes au danger si tu insistes.
— Je... prends note, bredouilla Jeremiah, sceptique.
Bon sang, sur quel phénomène était-il tombé ?!
*o*o*
TBC ● EPISODE 46
Jeremiah n'est pas "prêt", je crois ! Il ne sait pas dans quoi il s'embarque avec Red Kellin !
Petite annonce.
La plupart d'entre vous êtes déjà au courant. Un sondage de popularité est organisé ici, sur Wattpad, sur Facebook et sur Instagram. C'est le moment d'aller voter pour vos personnages préférés. Vous retrouverez les liens sur la page de conversation !
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*MEDIA*
Intro vidéo : Beth Crowley- Electrified. Des lyrics qu'on a dédier au couple en vedette dans cet épisode.
Had almost given up
On finding love
It's easier bein' alone
I figured building walls
Meant I was strong
'Cause that was all I'd ever known
But you might change my mind
Felt somethin' change tonight
You got me thinkin':
"So this is what it feels like
When someone gives you butterflies"
It's freedom in the free fall
Now my heart is electrified
So this is what it feels like
When someone gives you butterflies
It's freedom in the free fall
Now my heart is electrified
Never expected you
To try and prove
It doesn't always end the same
The way you look at me
I'm ready to believe
"Maybe this was worth the wait"
'Cause you might change my mind
Felt somethin' change tonight
You got me thinkin':
"So this is what it feels like
When someone gives you butterflies"
It's freedom in the free fall
Now my heart is electrified
So this is what it feels like
When someone gives you butterflies
It's freedom in the free fall
Now my heart is electrified
I won't hold myself back
It's a rush when I crash into you
Can we make this part last?
Suddenly, everything is brand new (new)
So this is what it feels like
When someone gives you butterflies
It's freedom in the free fall
Now my heart is electrified
So this is what it feels like
When someone gives you butterflies
It's freedom in the free fall
Now my heart is electrified
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