S07 - EP 44 ✧ part III
Partie 3/3
Changement de plan.
— Cette fac m'insupportait réellement. Je vais souvent en cours à contre cœur. Beaucoup vont penser que je crache sur la chance que j'ai d'étudier dans ce milieu élitiste, mais je détestais me lever le matin pour arpenter les couloirs pompeux de cet établissement. Jusqu'à l'arrivée de Red Kellin. Aujourd'hui j'ai hâte d'y être. Je suis heureux de retrouver des gens qui partagent les mêmes goûts que moi. La GFM m'a donné des amis que je n'aurais jamais espéré avoir. Et pas besoin d'être gays pour participer. Il n'y a pas de ça quand on est ensemble. Si vous hésitez à nous rejoindre par peur qu'on vous colle une étiquette, faites-vous votre opinion.
— D'ailleurs, c'est difficile de savoir exactement ce qu'est la GFM quand tu discutes avec les étudiants qui ont lancé le mouvement. C'est souvent les autres qui disent Gay-Friendly Motion. Quand les fondateurs en parlent, on croirait presque que GFM est une station radio !
— Tiens, Saïd parlait l'autre jour de son podcast...
Après la collecte des impressions variées des étudiants et d'une poignée du corps enseignant, le Canal 3 interviewa le parrain du mouvement.
— Pensez-vous être un exemple de réussite pour les personnes stigmatisées à cause de leur orientation sexuelle ?
— Je n'ai pas la prétention d'être un exemple. Bien entendu, la représentation compte. Elle est importante. Ça change des vies et des opinions de voir qu'un gay peut être adulé, autant par les hétéros que par la communauté LGBTQI+. Mais je n'attends pas qu'on m'imite ou me prenne en exemple. De un, c'est la porte ouverte aux déceptions. De deux, mon modèle, c'est moi-même ! Et je suis mon meilleur modèle parce que je connais mes erreurs, mes qualités, mes victoires et mes défaites. Si je passe mon temps à prendre un autre comme modèle, comment voulez-vous qu'il puisse me « modeler » selon la bonne ligne ?
— La bonne ligne ? répéta l'intervieweuse.
— Tu l'as perdue, Andy, pouffa Dean.
— T'inquiète, on retombe toujours sur ses pieds avec moi.
— Je veux dire que je n'autorise personne à me donner de la valeur parce que je connais déjà la mienne. Je sais ce que je vaux. Au diable les bigots. Mais il m'a fallu des épreuves pour en arriver là. Pour solidifier mes convictions. Et si des jeunes se reposent sur ces fondations solides pour bâtir leur propre avenir, leur propre opinion, alors je suis content d'aider à ma petite échelle.
Retour sur le plateau.
— Comment ne pas valider ce charisme ! complimenta Sacha. Je dois mettre les bouchées doubles en tant que marraine, sinon il me coiffera au poteau.
— Ce n'est pas une compétition, Sacha, dit Rudy.
— Avec cette diva ? Tu es naïf si tu crois que lui ne le prend pas comme telle.
Red gloussa. C'était digne de son alter ego ; elle le connaissait bien.
— J'aimerais qu'on revienne sur un point mentionné dans le reportage, dit Sonia. Le Rainbow Kiss Day. Qu'est-ce que c'est ?
Blake demanda à Timothy d'expliquer. Après tout, le nom de cet évènement venait un peu de son bizutage. À la fin de ses explications, Sacha souhaita devenir Darneyenne uniquement le jour du bisou arc-en-ciel. Une passerelle fut établie avec un autre projet de la GFM, le Rainbow Candy, en partenariat avec SweetOz©, la firme du bonbon par excellence.
Puisqu'il avait toujours la parole, Timothy subit à son tour son interrogation technicolor. Il souleva le constat que l'idée collective acceptait plus facilement la présence des personnes queer dans certains milieux, comme celui de la mode dans lequel il évoluait. De quoi nourrir pas mal de clichés et véhiculer des préjugés.
— Le jour où personne ne cillera de voir des membres du gouvernement, des flics, des sportifs de haut niveau, ouvertement gays – gay au sens large –, notre pays aura tourné une page marquante de son histoire, déclara Sacha. Red a raison de parler de représentation. Quand des noms puissants, des représentants de l'autorité, des personnalités influentes, et pas seulement des influenceurs Internet, afficheront leurs couleurs non hétéros dans les médias, on façonnera une jeunesse beaucoup plus ouverte, qui deviendra adulte et vieillira avec plus de tolérance. D'ailleurs, on commence à le ressentir chez les ados d'aujourd'hui. Ils sont un peu plus libres de ne plus penser comme leurs parents. Le phénomène se voit mieux sur les réseaux sociaux, malgré les abominations qu'on peut y lire. Par exemple, ces gosses arrivent à populariser un jeu gay, où il est question d'épouser Red Kellin. Et beaucoup de garçons y jouent ! Même si certains le nieront.
Un clin d'œil fut adressé à Lyria, duo d'étudiantes Darneyennes à qui l'on devait le jeu Holy Sucker Matchmakers® et la bannière du site de la GFM. Sacha reprit son plaidoyer.
— C'est sur un aspect de la représentation que je travaillerai avec la GFM. Je prends souvent en exemple une image très parlante à ce sujet. Il me semble que vous l'avez, dit-elle à Sonia. Celle d'une petite fille blanche devant un grand rayon de poupées qui ont toutes la peau noire. La première fois que je l'ai vue, elle m'a perturbée. Parce qu'elle m'a mise sans concession, brutalement, dans les chaussures de toutes ces petites filles noires à qui on a offert des poupées blanches et qui ne voyaient que ces poupées « visage pâle » au rayon jouets. Au point, pour nombre d'entre elles, de penser qu'une poupée noire est moche. Alors qu'on est d'accord, c'est totalement erroné !
L'image fut projetée sur un écran en arrière-plan. Les étudiants haussèrent les sourcils.
— Ouais, je l'ai déjà vue celle-là, fit Inna. Il y en a pas mal dans ce calibre.
Sacha confia :
— Cette image continue de me perturber parce qu'elle me fait voir à travers les yeux d'une personne qui vit dans une société qui semble nier ce qu'elle est. Bien entendu, ici, on soulève la problématique toute aussi épineuse de la représentation des personnes « racisées ». Je ne suis pas en train de tout mettre dans le même panier, mais je ne pense pas avoir tort de dire que le combat est le même, quand on appartient à la communauté marginalisée et sous-représentée. L'impact de la représentation est significatif dans une vie. Ça m'attriste et ça me laisse aussi admirative quand j'entends dire : « il n'y avait personne comme moi, ou qui me ressemblait, alors je l'ai fait ».
— En effet, cela demande du courage d'être avant-gardiste, appuya Sonia.
— Oser devenir une figure de proue, un précurseur, est un acte héroïque, affirma Sacha. Pour ses contemporains et pour toutes les générations qui viendront après. Aujourd'hui, on dispose de moyens beaucoup plus visibles, avec une large échelle d'influence, pour mettre en lumière des représentations. Et, très important, ne pas les limiter à la caricature.
— Merci de l'avoir souligné, souffla Saïd. Combien de fois on nous a réduits au « gay de service » et de préférence maniéré !
— Grave, soutint Lou-Ahn. Au début, ça amusait assez à cause de l'aspect « nouveauté », mais, en réalité, c'était surtout à cause du côté « phénomène de foire ». Et ce genre d'attraction crée de l'audimat. Maintenant, ça irrite, ça use, et pire : ça véhicule des idées erronées.
— C'est une bonne chose que les personnes LGBTQI+ commencent à se réapproprier leur image dans les médias, dit Sacha. Il en va de la responsabilité des télécrochets, du cinéma, de la mode, de la littérature de cesser de dénaturer cette image. Ce qui m'amène au projet dont j'aurai la charge : une maison d'édition avec une ligne éditoriale arc-en-ciel.
— Intéressant, fit Sonia. C'est une niche qui se popularise. Ce n'est pourtant pas votre domaine d'expertise.
— Non. Mais j'ai le don de m'entourer des bonnes personnes, en plus d'un carnet d'adresses garni. Et cette bande de jeunes que vous voyez possède des ressources inattendues !
— Vous n'avez pas trente ans et vous parlez de nous comme une vieille, s'indigna Inna. Concrètement, vous et moi n'avons que deux années de différence.
— Ah bon ? sursauta Sacha.
— Comment suis-je censée le prendre ? maugréa Inna.
— C'est ma façon de dire que tu ne fais pas ton âge, ma chérie.
— Elle s'en sort bien, glissa Teddy, hilare.
— En parlant de ressources, reprit Sacha, Inna, Saïd et Mir sont rédacteurs à la Gazette de Darney. Quand on est du milieu, cette mention sur un CV peut ouvrir des portes dans l'édition, le journalisme. Et il ne vous le dira pas, mais Saïd a une belle plume qu'il met au service de ses romans. En fait, à cette table se trouvent de nombreuses graines de potentiel. En tant que marraine de la GFM, je ne servirai que de terreau et je mettrai à profit mon réseau d'irrigation.
— Belle image. Si je résume, vous travaillerez sur plusieurs axes : musique, confiserie, littérature et podcast.
— La mode et le cosmétique s'y grefferont aussi, naturellement, ajouta Saïd.
Il pensait à Nola et à l'influenceuse chanteuse de comédies musicales Ivanhoé Vanda, la copine trans d'Inna et Candice qui avait lancé sa marque cosmétique. La GFM promouvrait, en plus de la tolérance et du partage, des jeunes talents. Une manière de se détacher un peu du bigotisme attaché à une vieille génération.
— Dans le reportage, on a entendu parler de podcast. Avant de développer, et si on te présentait façon technicolor, Saïd ?
Celui-ci se frotta les mains, sentant venir son heure de gloire. Sonia calma son zèle en lançant d'abord une page de réclame.
— Ah, c'est vrai, il voulait m'inviter à un de ses podcasts, histoire de bien lancer la chaine web, se souvint Red. Je lui ai dit de ne pas hésiter à exploiter ma popularité mais mon agenda ne l'a pas permis.
Dean fit sauter la pub à l'aide de la touche avance rapide. Il ne comprenait pas qu'on la maintienne en replay. Le cursus, l'âge et l'ancienneté de Saïd Zahed au sein du comité Humanitaire furent révélés.
— Quel est ce péché mignon qui pourrait t'amener sans remords à être dans le rouge ?
— J'en ai deux : les fringues et les romans.
Vu la réaction autour, il partageait ce péché avec nombre de ses congénères.
— Quand as-tu ressenti la plus violente de tes peurs bleues ?
— Quand il a fallu avouer au reste de ma famille que j'étais gay. Ma sœur aînée l'a plutôt bien pris. Je m'attendais quand même à ce que ça ne se passe pas aussi bien avec les autres. Du fait du tabou. Mais ç'a été pire que ce que j'avais imaginé. Aujourd'hui je vis chez ma sœur et j'ai peur que la famille la rejette parce qu'elle m'héberge. Je ne veux pas la couper des siens, ce serait injuste. Je pense que les choses se tasseront quand j'aurai déménagé. Ou quand je deviendrai totalement autonome.
— As-tu déjà travaillé au noir ?
— C'est quoi votre intention, me coller le fisc aux fesses ? (Sonia s'esclaffa.) Non. Heureusement. Mais beaucoup n'ont pas le choix.
— Malheureusement. T'arrive-t-il d'avoir un blanc sur un sujet que tu maitrises ?
— Totalement ! Souvent quand je l'explique à une personne qui ne me laisse pas indifférent.
— Et face à une personne qui t'intimide ?
— Ça dépend. Je me découvre plutôt combatif quand j'ai un interlocuteur bouché, même intimidant. En revanche, j'ai dû apprendre à prendre la parole pour défendre mes idéaux. J'ai compris que peu de gens le feront à ma place. Et pas toujours de la bonne manière, ou plutôt comme je le voudrais.
— Est-ce la raison pour laquelle tu as démarré ce podcast sur le site de la GFM, qui s'intitule « Free Your Word to Free Your World » ?
— Oui. Ce message n'est pas seulement inscrit sur la bannière du podcast, c'est une ligne de conduite. Espérer que le monde change en restant silencieux n'aide pas le monde à changer. C'est en libérant sa parole qu'on peut espérer que les choses bougent. Ne serait-ce que pour déconstruire les automatismes opprimants.
— Dans la pluralité des sujets qu'abordera ce podcast, quel est celui qui te tient le plus à cœur ?
— Hm... je dirais la notion de « territoire safe ». L'importance des lieux, des endroits où, en tant que personne LGBTQI+, on ne se sent pas seulement en sécurité mais chez soi, à l'aise. Je ne parle pas forcément des établissements gay-friendly. Je parle du quartier, et pourquoi pas de la municipalité, de la ville ! L'idée de « se sentir chez soi » n'est pas toujours à comprendre comme le fait d'être accepté. Les hétéros connaissent aussi le rejet. J'accorde plus d'importance au sentiment d'adéquation entre notre identité et un territoire, une zone de vie, un lieu social. Pour parler de manière moins abstraite, mon vœu est de faire en sorte que les étudiants LGBTQI+ se sentent chez eux à Darney City.
— C'est un vœu légitime.
— Beaucoup de gens n'en perçoivent pas la légitimité. Après, je ne perds pas mon temps à les condamner, pour la simple raison qu'eux non plus n'ont aucune légitimité à nier la mienne. Si la loi reconnaissait leur opinion bigote, homophobe, transphobe et compagnie comme souveraine, alors peut-être que je leur accorderais de l'importance. Mais j'irais surtout grossir les rangs d'une milice rebelle. Bref. Ce que j'entends par « territoire safe », c'est pas forcément un lieu où on ne sera pas traité de tarlouze, pédé, gouine, blasphémateur. Non. On ne peut pas changer la noirceur humaine à ce point. Pour moi, le territoire safe est cet espace qui autorise le dialogue malgré les insultes. Vous voyez ce que je veux dire ?
— Un lieu inclusif malgré le rejet et le mépris de quelques personnes, formula Sacha.
— Voilà. On ne peut pas purger la société des éléments malveillants ou des opinions stigmatisantes. Mais on peut créer un lieu où notre voix peut être entendue, un territoire où notre voix a la légitimité d'être émise, en dépit de sa faible portée.
— C'est beau ce que tu dis, apprécia Lou-Ahn.
— Je n'ai pas vraiment subi de brimades homophobes au collège ou au lycée, confessa Saïd. En partie parce que je n'avais pas fait mon coming-out, mais surtout parce que j'ai grandi dans un milieu où l'homosexualité, les personnes queer, « n'existaient pas ». Comme si la communauté était configurée pour les faire disparaître, les invisibiliser. Et c'est à tous les niveaux : intellectuel, moral, spirituel. Dans ma famille de confession musulmane, c'est juste inimaginable d'aborder le sujet ! On trouvait que j'avais des attitudes gênantes pour un garçon, pour ne pas dire « maniérées », mais on ne m'insultait pas. Sûrement dans mon dos, en tout cas pas devant moi. Très rarement à l'école, et quasiment jamais dans le quartier. Certains se doutaient déjà de mon orientation différente, mais on n'en parlait pas. Comme si le tabou allait faire disparaitre la chose. Comme si l'idée même d'une identité non cis hétéro était inconcevable.
— Du coup, personne n'ose sortir du placard car le placard n'est pas censé exister, déduisit Mir.
— Voilà ! Tu résumes bien la situation.
— Wouah, c'est un autre stade d'oppression là, exhala Timothy, troublé.
— Ne me comprenez pas de travers. Le milieu dans lequel j'ai grandi a de belles qualités, de belles valeurs, nuança Saïd. Le partage, l'entraide, la protection des plus jeunes. J'ai été épargné de pas mal de préjugés rattachés à l'Islam. Mais quand j'étais gosse, la notion de « queer », c'était « non, ça n'existe pas », même si bien des adultes savaient la vérité. Maintenant, je leur souhaite bien du courage avec les réseaux sociaux. Tout ça pour dire que c'est difficile de s'épanouir ou d'oser être soi-même dans une telle communauté. Alors dans un premier temps, je voudrais que Darney et ses environs soient cet espace sécurisant où je peux dire et surtout me dire que j'existe. Puis étendre ça au reste du pays, puis du monde ! Pourquoi pas ? Pour y arriver tous ensemble, on doit parvenir à banaliser nos différences. Mélanger les couleurs du drapeau des fiertés aux couleurs de la société jugée « normale ».
— En gros, abolir les « normes » censées définir les orientations sexuelles, romantiques, la question du genre et l'expression de genre ? fit Junior. Ça relève encore de l'utopie.
Hélas, grimaça Saïd. Il en était bien conscient. Trop conscient.
— Pour l'instant, je veux juste qu'on arrive à se dire que « hétéro » est aussi une nuance du drapeau des identités sexuelles et romantiques, au même titre que les couleurs attribuées à LGBTQI.
— Et ainsi le drapeau deviendrait complet ? dit Sacha, songeuse.
— Faut-il donc considérer le drapeau arc-en-ciel incomplet ? demanda Sonia.
— Tant qu'il sera un symbole représentant une partie de la société, oui, dit Saïd. Après, c'est mon opinion personnelle, elle ne remet pas en cause l'histoire derrière ce drapeau. Mais à l'instar du drapeau arc-en-ciel, nous avons tous et toutes des histoires différentes. Et la seule chose qui doit nous rendre semblables serait, à mon humble avis, l'envie de vivre ensemble.
— On est légitimes dans notre ville, dans notre quartier, dans notre fac, déclara Blake. On existe et on peut l'exprimer. On est nombreux. Je ne dirai pas « faites avec ! » mais « vivons ensemble ». Je vous assure, c'est pas l'envie qui nous manque.
— Mais plus que tout, enchaîna Lou-Ahn, on ne laissera pas des désidératas LGBTphobes définir notre manière d'appréhender le monde, brider nos échanges sociaux et influer sur notre façon de grandir. Nos vies comptent. On est fiers d'exister.
— Et avec la GFM, on veut, on va amener d'autres comme nous à se sentir aussi fiers, conclut Rudy. Parce que c'est un beau sentiment, non ? Et si la société continue d'échouer à devenir ce territoire safe, eh bien on le créera.
Dean sourit.
— Voilà qu'il se met à parler comme un Leblanc.
Red lui donna un petit coup de coude.
— Avoue que t'es fier du fiston.
C'était peu dire ! Rudy pourrait bien poser les fondations de ce « territoire safe » quand la GFM deviendrait un white project. Dean arrêta la vidéo. Il n'avait pas besoin de la voir jusqu'à la fin. Pour lui, l'essentiel du message avait été transmis.
*o*o*
TBC ● EPISODE 45
*MEDIA*
Intro vidéo : Unity - Shinedown. Des lyrics, une fois de plus, calibrés sur le message de la GFM.
They say it's never too late
To stop being afraid
And there is no one else here
So why should I wait?
And in the blink of an eye the past begins to fade
So have you ever been caught in a sea of despair?
And your moment of truth
Is the day that you say "I'm not scared"
Put your hands in the air
If you hear me out there
I've been looking for you day and night
Shine a light in the dark
Let me see where you are
'Cause I'm not gonna leave you behind
If I told you that you're not alone
And I show you this is where you belong
Put your hands in the air
One more time
I've seen a million miles
Met a million faces
Took all I knew
To reach all these places
And I'd do it again
If it brings me back to you
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro