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S07 - EP 43 ✧ part I

Partie 1/2

Sous les yeux ébahis des visiteurs, se dressait une énorme plateforme semi-circulaire à 270 °. L'idée d'ériger un tel monstre avait forcément germé après un abus d'alcool, se dit Memphis.

— Seuls des mecs bourrés osent ce genre de folie ! Les Beat'ONE ont dû se taper une bonne cuite pour en arriver là, marmonna-t-il.

— On parle de bête de scène mais là, la bête c'est carrément la scène ! exhala Gia. C'est quoi ce truc ?

Bouche bée, les jeunes gens tournaient sur eux-mêmes pour embrasser la chimère de métal sortie d'un cirque du bizarre officiant dans un monde steampunk. La scène des Beat'ONE ressemblait à une tarentule titanesque, juchée sur six pattes métalliques. À en juger par son emplacement, elle serait quasiment au milieu du public. Les spectateurs, en total immersion, auraient une vision tridimensionnelle du show. Démentiel !

— Ça annonce du lourd, pas vrai ? s'excita Korgan à la fin de ses explications.

— Faut pas avoir le vertige, murmura Lou-Ahn au moment où Red émit :

— J'espère que vous n'avez pas peur du vide.

Il se hissa sur la première plateforme et leva la tête vers les niveaux supérieurs. Le vent rabattit ses cheveux devant son visage. Des cris lui parvinrent. Des fans faisaient le pied de grue une centaine de mètres plus loin et l'avaient identifié.

— Bienvenue à Rock Buster ! déclama Jeff.

Il avait beau avoir vu la maquette et la simulation 3D, la réalité dépassait ses expectations. Dire que le montage n'était pas encore fini...

— Vous auriez dû l'appeler Fulmetal Spider Rock ! souffla Rihanne, hébétée.

— Pas mal ! fit Red. Mais Dean a déjà validé ma proposition. Il est magique, Dean ! s'extasia-t-il.

Il virevolta tel un danseur d'opéra. Jeff le rejoignit sur le plateau, entrainant Penny par la main.

— Débranche le câble « groupie », on est en surtension.

— C'est ici qu'on va chanter ? s'enquit sa filleule, les étoiles plein les yeux.

— Toi, non, dit un jeune homme à l'approche. Ton plateau à toi se trouve là-bas !

Hugo, un des ingénieurs son, vint à leur rencontre. Il indiqua à la gamine une plateforme bien plus sécurisée que les autres par des plaques de verre et plexiglas. La déco tapait dans le punk aux tons pastel avec une prédominance de rose, la couleur préférée de Penny. Elle accessoirisait ses affaires de têtes de mort, griffes, crocs, araignées et parvenait à rendre mignonne cette imagerie gore. Sa scène reflétait ses goûts. Bardées de néons, les lettres P et G de la taille d'un homme surplombaient sa plateforme, fixées à la base d'un plateau supérieur.

Sans attendre, Penny y grimpa, sous le regard vigilant des adultes. Red la rejoignit, et ils oublièrent le monde autour d'eux. Le chanteur expliqua ses attentes à la starlette en herbe mais n'eut pas toujours le dernier mot. La fille de Jay développait une sorte de sixième sens lié à la scène. Elle avait le show dans la peau en plus d'une vision bien définie. À force de baigner dans l'univers de ses père et tontons, la scénographie avait désormais peu de secrets pour elle. En outre, son travail de modèle enfant avec Will l'aidait à occuper l'espace de manière quasi-intuitive.

Gwladys, la chorégraphe du staff prit plaisir à échanger avec elle, validant ses propositions et celles de Red, tout en coordonnant leurs déplacements. Le bassiste et le chanteur, très mobiles sur scène, furent briefés sur les emplacements des lance-flammes et fumigènes. La météo promettait un temps au beau fixe, des conditions favorables aux jeux pyrotechniques. Gwladys dût calmer les ardeurs de Penny qui visualisait déjà des geysers d'étincelles surgir de sa plateforme.

— Ta plateforme n'aura que des jeux de lumières. Tu attendras le feu vert de ton père avant d'approcher n'importe quelle forme de flamme sur scène. Sauf en image.

Mains sur la tête, Penny se lamenta.

— Ça veut dire que je vais attendre encore huit ans ! C'est long. J'ai le temps de devenir has-been !

— Cette fille est une mini drama queen, ricana Red.

— On se demande sur qui elle prend exemple, glissa Gwladys.

Le secret de Penny reposait sans doute sur sa facilité à imiter les adultes. Le jeu scénique de Red s'avérait une belle source d'inspiration. La gamine avait beau le railler, son imitation parlait d'admiration. Même si elle ne l'avouerait pour rien au monde.

— Prenez-en de la graine, vous autres, adressa Jeff à leurs potentiels poulains qui l'avaient rejoint sur la plateforme principale. Ce serait honteux que vous fassiez moins bien qu'un môme de neuf ans.

— Presque dix, Tonton Jeff, presque dix, rectifia Korgan, pince-sans-rire. Ta princesse est tatillonne sur ce détail.

— Au temps pour moi, s'excusa le bassiste. Sur scène, la musique prend une autre dimension, dit-il au quatuor de néophytes. Les lumières, le public, le groupe qui joue derrière, l'orchestration playback... Ça n'a plus rien à voir avec ce que vous faites dans votre chambre, avec vos potes ou dans la rue.

— Le plus important est de comprendre que la musique n'est plus pour vous seuls, enchaina le guitariste. Sur scène, vous avez l'obligation de la partager. De l'offrir. Projetez-la toujours plus !

— Les bons interprètes se montrent généreux, appuya Jay. La musique peut-être très intime, mais sur scène, elle devient une histoire de partage. Le principe est basique : plus tu donnes, plus le public te le rend. Et quand tu donnes bien, il te le rend bien. J'appelle ça la loi de réciprocité.

— Arrête d'inventer des choses, c'est l'apanage de Red, charria Jeff.

En dépit de sa raillerie, il poursuivit le raisonnement de ses acolytes avec un naturel dénotant l'alchimie :

— Sur scène, on ne peut pas mentir. Ce que je vais dire est cliché mais ce cliché se base sur l'expérience. C'est la scène, et personne d'autre, qui vous dira si oui ou non vous êtes faits pour ça. (Il pointa du doigt, tour à tour, les quatre jeunes gens.) La scène aura le dernier mot. Alors écoutez-la. Tendez-lui une oreille attentive durant les répètes.

Rihanne n'en démordait pas : le bassiste foutait une pression monstrueuse aux débutants. Vu la tête de condamné du dénommé Sven, elle se demandait si ce discours charismatique n'était pas contreproductif. Depuis sa plateforme, Red lança :

— Ça n'intéresse pas les gens de voir quelqu'un se faire son kiffe perso sur scène ! C'est bien de se faire plaisir. C'est super d'y prendre plaisir. Mais c'est super méga génial de partager ce plaisir ! L'auto-suçage sur scène, oubliez.

— Red, ton langage ! gronda Jay.

Penny dressa l'oreille.

— Il a dit un gros mot ?

— Non, Amazone, ton père a mal entendu.

L'assistance essaya de ne pas rire. Peneloppe n'avait pas besoin d'apprendre quel avait été le mot déplacé.

— Je te crois pas. Ta bouche ne sait pas toujours quand elle dit des gros mots, alors que les oreilles de mon papa reconnaissent tout le temps les gros mots.

Vaincu, Red lui tira la langue. Il revint aux rookies.

— Vous verrez, le plaisir du partage, cet état de communion avec les fans, est le plus jouissif. Orgasmique, même. Le public ne vient pas vous voir vous masturber ou vous doigter. Pour ça, les gens ont un abonnement internet et une longue liste de sites pornos dans leurs marque-pages.

— Bon sang, Red ! gueula Jay.

La chorégraphe avait bouché les oreilles de Penny. La partie non hilare du staff compatit à la peine du père. Pas facile de faire l'éducation saine de sa fille avec un sans-filtre pareil ! Jeff remua la tête, déçu.

— La vertu des oreilles de ma petite princesse, déflorée.

Memphis, Sven et Lou-Ahn en furent gênés. Gia pouffa telle une perverse.

— Ce que je veux dire, continua Red, pas le moins du monde honteux, c'est qu'en étant centrés sur vous-même sur scène – peu importe la raison : timidité, trouille, stress, manque de préparation ou flemme –, ou en étant dissipés parce que vous êtes shootés, stones ou bourrés, vous n'apportez rien, ne transmettez rien ou pire : de l'ennui. C'est une loi universelle : un public qui se fait chier n'honorera pas le rendez-vous. Vous avez déjà essayé de faire des préliminaires en étant de deux de tension ou ivres ? Pas sûr que vos partenaires chantent vos louanges après ça, ou remettent le couvert. En tout cas, s'ils le font, ce sera avec une bonne louchée d'hypocrisie ou quelques cuillerées de pitié.

— Ils ont compris le topo, intervint Jay.

Sa fille se passerait d'un cours d'éducation sexuelle ! Leurs potentielles futures recrues aussi. Enfin, il l'espérait pour eux. Grognant, il abandonna Red à ses métaphores érotiques et alla superviser le début de la balance. Il eut la bonne surprise d'accueillir Edvin.

— Hey, quand es-tu arrivé ?

— Il y a dix minutes.

— Ça tombe bien. J'ai fait quelques modifs sur mes partitions au piano. Dis-moi ce que t'en penses.

Jay devait préenregistrer les parties piano, en plus de quelques percussions. Certains passages musicaux se feraient en playback. La régie tablait sur de nombreux effets sonores. Des bruitages électroniques accompagneraient la mobilité des plateformes, des détonations renforceraient la pyrotechnie, et il fallait coordonner toute cette chorégraphie sonore avec les lumières.

La scène fantasmagorique exigeait plus de rigueur au staff, qui ne lésinait pas sur les consignes de sécurité. L'enjeu était de taille. Les délais courts du montage de la structure augmentaient les risques et dangers. Le moindre couac serait médiatisé et entacherait longtemps le blason du groupe, du label et la carrière des backliners. La résurrection du Rock'n'Rumble ne serait pas la seule à se payer une publicité létale.

Après la séance d'embarras de Red, Korgan prit en charge les noobs afin de discuter des titres qu'ils chanteraient. L'aide d'Edvin fut bienvenue. Rihanne se fit son kiffe sur une visite guidée de Jeff. Un tantinet séducteur, le bassiste semblait décidé à lui en mettre plein les yeux. La diffusion en live des coulisses de Rock Buster sur la page de MCS-Radio provoquait une inondation de réactions sur les réseaux sociaux.

Dean les rejoignit enfin. De justesse, il échappa à une mauvaise chute en encaissant le poids d'un djinn rouge. Red avait sauté sur son dos, bras passés autour du cou et jambes crochetés autour du bassin. Le directeur artistique maintint le chanteur par les fesses, assurant leur équilibre.

— Elle tue, cette scène de la mort qui tue !

L'extase de Red réchauffa le cœur de Dean, mais surtout, adoucit l'aigreur provoquée par la présence malvenue d'un certain compositeur Tchèque.

Dean était arrivé de bonne humeur sur le chantier. Le vent frais matinal s'était calmé, l'atmosphère se réchauffait, donnant l'illusion d'un printemps chaud en plein hiver. Pierre Sainsbury avait préféré le rejoindre en personne sur le terrain, jugeant que communiquer par téléphone briderait la folie du projet. Dean comprendrait plus tard que l'artisan façonneur nourrissait aussi d'autres desseins, en rapport avec Tekhnopolis©.

Il savourait l'avancement rapide des travaux quand un grain de sable ruina sa dégustation. Dean le reconnut à sa silhouette robuste et gracile de triathlonien couronnée d'une blondeur éthérée. Il détestait le charme finlandais de cet individu à l'accent tchèque et au patronyme polonais. Un épineux emmerdeur ! Que foutait Edvin Srzenski sur son chantier, fichtre ?!

La surprise fut d'autant plus amère que l'emmerdeur avait été sollicité par le staff en charge de la sonorisation. Il s'entendait à merveille avec les ingénieurs et techniciens du son et s'était noué d'amitié avec les musiciens. Dean devait donc souffrir sa présence, résigné à entendre son homme lui donner du putain de « Ed-caramel » ! Ou comment ruiner une belle journée.

Quoi qu'il en soit, Edvin n'avait pas intérêt à caresser l'infime espoir de se hisser un jour à la cheville de son illustre personne. Le compositeur se leurrait s'il se croyait autorisé à convoiter ce qui lui appartenait. Il truciderait tout inconscient ayant des velléités de marcher sur ses platebandes. Finalement, donner cette fichue conférence de presse au sujet du coming-out de son couple ne nuirait pas. Non, Dean Leblanc ne se sentait pas menacé par Edvin Srzenski. Le phénix Kellin était sien.

Un phénix aux anges, tel un gosse pour qui Noël avait été avancé en février. Sa joie s'entendait et se communiquait. Dean fut ravi de compter autant d'étoiles que la voie lactée dans les yeux de son partenaire.

— Rock Buster, hein ?

— Avoue que ça te plaît.

Dean pouffa, remuant la tête.

— C'est tellement toi !

Le chanteur déposa un baiser sur la commissure de ses lèvres, sans se soucier des regards, puis le libéra. Rihanne prit son courage à deux mains.

— M'accordez-vous une interview à propos de cette scène ? Pour MCS-Radio.

Peu emballé, Dean donna tout de même satisfaction à la jeune femme en la dirigeant vers quelqu'un d'autre.

— Voyez avec Pierre Sainsbury. Il est artiste façonneur, il aura un jargon plus approprié que le mien.

Le chroniqueur chargé des lives-reports sur Rock'ONE-Radio et une rédactrice du Renovatio Mag® se joignirent à elle, happés par les explications du fameux Sainsbury. Le cinquantenaire, le cheveu poivre et sel et la carrure sculptée par le travail manuel, expliqua que le matériau de base provenait du recyclage. Peaufinant son image nature-friendly, White Enterprise© privilégiait cette façon de faire quand la situation le permettait.

Une partie de la structure était issue des épaves de l'aviation civile, des déchets de l'armée, de casses et de vieux garages ayant déposé le bilan. Excellant dans la sidérurgie, Pierre aimait agencer ce genre de pièces hétéroclites dans le but de leur donner cette seconde vie. Ainsi naissait une pseudo tarentule multiplateforme.

Croyant avoir échappé aux questions, Dean déchanta quand des équipes de presse accédèrent au chantier. Qui leur avait donné l'autorisation ? Dans la bande de moustiques : des journalistes du magazine Da Rock©, un reporter de Lunes-TV, un représentant du mensuel Rockerely Yours®, deux suppôts d'Emy-TV, un autre de I-Jet-Set®. Dean crut même identifier les logos du Canal 4 et Canal 12. Hélas, les médias possédaient un passe-droit sur toutes les scènes de la Rock-Feast. Les envoyer paître ferait mauvaise presse aux Beat'ONE. Dean prit donc sur lui, se promettant toutefois d'envoyer balader le premier qui le questionnerait sur son couple et non sa vision artistique.

— Je n'ai pas toute la journée, alors j'accorderai une seule entrevue. Si vous faites votre job, je fais aussi le mien. Je ne rognerai pas mon temps de travail pour satisfaire votre curiosité toutes les dix minutes. Que celles et ceux qui veulent me faire subir le désagrément de répondre à leurs sollicitations se rassemblent. Vous n'aurez pas d'autres occasions.

Les agents et attachés de communication jouèrent des coudes, tous désireux de poser la première question. Conséquence : une cacophonie. Devant la flopée de micros et dictaphones tendus, Dean visualisa une bande de vautours agités, harcelant un tigre pour lui piquer sa pitance durement chassée. Ces inconscients subiraient la morsure du fauve s'ils ne retrouvaient pas vite leur décence.

— Messieurs dames, chacun son tour. Un peu de bon sens, enfin !

Red, qui assistait de loin à la scène, gloussa en entendant la condescendance légendaire du Leblanc. Il s'était mis en retrait quand Dean avait été assailli par la nuée de presse, craignant que sa proximité la rende toxique. Dean n'avait pas encore développé une immunité solide contre les toxines de ces sangsues. Cependant, il savait s'en prémunir.

— Toute question non liée à mon travail de direction artistique avec les Beat'ONE n'aura aucune réponse.

Dans un halo de déception, les bourdonnements redoublèrent. Une question se détacha de la mêlée. Dean y répondit, puis ajouta :

— L'idée est d'en faire une scène permanente, contrairement aux autres qui sont éphémères.

— Vous voulez dire qu'elle ne sera pas démontée après la Rock-Feast ?

Dean toisa la godiche qui l'obligeait à se répéter.

— Emploierais-je un vocabulaire trop ardu pour la dame ?

Celle-ci rougit. L'intervention d'une autre femme écourta le moment de solitude de sa consœur, victime d'un sarcasme pimenté.

— Vous êtes un touche-à-tout, Dean Leblanc. Modèle, égérie, illustrateur, architecte, prestataire technique événementiel et directeur artistique. Vous êtes diplômé de Darney, c'est bien cela ?

— En effet. S'étonner qu'un Leblanc ait fait Darney revient un peu à s'étonner qu'un poisson vive dans l'eau. Il est évident que vous avez étudié mon dossier. Avez-vous une question moins évidente ?

Elle cligna des paupières, le temps d'encaisser. Apparemment, tout le monde aurait droit à une livraison de sarcasme. Vu comment les autres se taisaient, dans l'expectative, quand Dean ouvrait la bouche, son attitude commençait à les amuser.

— Y a-t-il une limite à votre savoir-faire ?

— Si je vous donne une réponse bateau du genre « seul le ciel est la limite », je finirai au Grand Zapping.

L'audience ricana. Certains d'entre eux ne venaient pas pour l'amour du rock, devina Dean. Le prestige de son nom les attirait, comme l'avait trahi Miss Canal 4. En outre, interviewer le père de Rudy Leblanc, dans cette même ville où le jeune homme avait été enlevé deux mois plus tôt, relevait du sensationnel. Rajouter à cela le coming-out de Rudy sur le Canal 3 et les journalistes se léchaient les babines. Merde, il aurait dû l'anticiper. Il n'accorderait aucune clémence à qui sortirait du cadre de la Rock-Feast.

— C'est à Darney que j'ai été initié à l'évènementiel. J'appartenais au comité chargé des activités ludiques d'A.M.I.E., qui organisait entre autres le gala.

— Le célèbre gala de Darney, dit un homme. Celui de cette année aura lieu dans deux semaines. Votre fils y sera-t-il accompagné ou non ?

La précision de ses infos : un aveu. Ces gens avaient potassé leur sujet. Qu'il soit damné s'il mentionnait la vie amoureuse de son fils !

— Le rapport avec ce que je fais ici ? demanda Dean d'un faux ton poli.

— Simple question, sourit le journaliste.

Ce reporter croyait tenter une transition subtile vers l'héritier Leblanc. Tous brûlaient d'envie d'aborder le sujet, frustrés par les conditions de Dean. Il en faudrait plus pour les dissuader de saisir la moindre perche liée à sa vie privée.

— Je n'ai pas de temps à consacrer à de simples questions, rappela-t-il.

Son ton fut si cassant que tous entendirent : « Je n'ai pas le temps pour les simples d'esprit. » Une reportrice profita sur la déconvenue de la concurrence :

— Pourquoi une scène permanente ? N'est-ce pas un peu tricher pour le Rock'n'Rumble ?

— Cela n'a rien de déloyal. Le design des autres mainstages est presque aussi fantasque. On part quasiment sur le même pied d'égalité, à la seule différence que cette scène fait une meilleure utilisation de l'espace.

— Vous insinuez que les équipes de White Enterprise© sont meilleures que celles d'Emy Event© ?

Dean darda des yeux acérés sur le journaliste de I-Jet-set®, le même ayant tenté d'orienter l'interview vers son fils. Il n'allait pas aimer cet asticot.

— J'ai en horreur les gens qui génèrent des polémiques qui n'ont pas lieu d'être. Surtout lorsqu'ils n'en saisissent pas les tenants et aboutissants. Ne déformez pas mon propos. Je n'aime pas parler en termes d'entreprises, c'est encore moins ma tasse de thé d'en comparer. White Enterprise© est certainement la firme de ma famille, mais elle ne vaut pas le quart de ma personne. Ne me réduisez pas à une entité morale.

Ils voulaient du débat ? Il les en gaverait ! Sa vantardise assumée en laissa plus d'un pantois.

Ma mise en scène n'est pas « meilleure » mais différente, appuya-t-il. Le fait de ne pas être inclus dans les limites officielles du site du festival m'a permis plus de liberté. L'emplacement d'une scène fait partie intégrante du spectacle. Au lieu d'avoir deux zones distinctes, avec Rock Buster, l'espace réservé au public et celui des artistes ne feront qu'un.

— Pouvons-nous avoir plus de détails ? demanda le reporteur de Lunes-TV.

— Habituellement, on distingue l'estrade de la fosse et des gradins. Mais ces derniers sont inexistants dans cette partie du Sinéad. La scène à 270° est construite suffisamment en hauteur pour donner à toute la foule l'impression d'être dans une fosse gigantesque, au-dessus de laquelle se déplaceront les plateformes. J'ai toujours été fasciné par les cirques itinérants, ou les fêtes foraines, qui savent tirer parti du site d'implantation de leurs chapiteaux ou leurs attractions. Je m'en suis inspiré, en piratant en quelque sorte cet espace pour le greffer au festival.

Dean s'attarda cette fois sur celle qui avait soulevé la notion de tricherie.

— Pour en revenir à votre question, nous n'avons pas d'autre choix que d'en faire une scène permanente. Monter et démonter un édifice aussi imposant implique de nombreux risques. Les conditions de travail de mes équipes relèvent de ma responsabilité. Les exposer au danger serait autant irrespectueux qu'irresponsable. Cette scène n'est pas définitive pour octroyer un avantage aux musiciens mais pour des raisons sécuritaires sans aucun rapport avec les enjeux du Rock'n'Rumble.

Le problème était apparu en cours de route. L'expertise de Pierre Sainsbury avait mis en évidence qu'une fois installée, il serait ardu de démonter la structure soudée. La comparaison était pompeuse, mais ce serait comme de vouloir démanteler la tour Eiffel dans le but de la déplacer. Dean s'arrangerait avec Monsieur le Maire. Ces journaleux n'étaient pas obligés de le savoir.

— Comment vous est venue l'idée ? Les Beat'ONE vous l'ont soumise ?

— En général, c'est l'inverse. Ils me laissent carte blanche et s'adaptent à mes propositions. Ou plutôt mes lubies. Nous avons le même dealer de folie, alors c'est naturellement qu'ils y adhèrent.

Les rires des journalistes détournèrent Red de sa besogne. Il comptait un peu trop de femmes dans ce groupuscule qui roucoulait devant son homme. Les unes le bouffaient des yeux, les autres buvaient ses paroles, toutes subjuguées par sa stature altière, son phrasé châtié, son intonation distinguée et son pédigrée.

Grrr, pas touche ! L'élégance et la finesse de son partenaire racé lui appartenaient. La diva n'était pas prêteuse aujourd'hui. Écoutant sa possessivité, Red abandonna sa tâche – au grand dam du staff qui courait derrière le temps –, et tapa l'incruste.

*o*o*

TBC ● EPISODE 43 - part 2

Pour ceux qui ont oublié la référence, Pierre Sainsbury est mentionné dans HCS07 - EP 38 ✧ part I.


*MEDIA*
Intro vidéo : All Good Things - Born Ready. Des lyrics que je dédie à tous les Beat'ONE et leur staff.

Lights out, everybody's ready for the takedown
Stay in your position till the breakout
They're the ones wishing they could turn around (Whoa)
Big Bang, so cover up your head before the bomb blast
It's coming soon so you better think fast
I never thought you'd fall from first to last (Whoa)

Wide-eyed, hot-wired, locked and loaded
Say the word
'Cause you know that I'm dying to go, come on

Yeah, we were born ready, yeah we were born wild
Yeah, come on and get ready, 'cause we're bringing the fight (Come on!)
Yeah we were born ready, yeah we were born wild
Yeah, come on and get ready, 'cause we're bringing the fight (Come on!)

Stand up and give a little love to the leader
Yeah, take a little lesson from the teacher
Raise your hand, gonna make you a believer (Whoa)
It's done, it's over before I ever stepped in
I caught you flat-footed, why you resting?
I never take it easy, better rub it in (Whoa)

Wide-eyed, hot-wired, locked and loaded
Say the word
'Cause you know that I'm dying to go, come on

Yeah, we were born ready, yeah we were born wild
Yeah, come on and get ready, 'cause we're bringing the fight (Come on!)
Yeah we were born ready, yeah we were born wild
Yeah, come on and get ready, 'cause we're bringing the fight (Yeah)

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