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S07 - EP 40 ✧ part II

Partie 2/2

Grâce à son implantation sur une corniche, la terrasse du premier étage du Triumph Hotel donnait à l'établissement une allure de bar rooftop, avec une vue en surplomb sur un paysage hôtelier parsemé de fontaines animées par des jeux de lumières. Regrettant une écharpe, Red croisa les bras quand une bourrasque s'insinua dans les interstices de sa veste.

Il devait décider, et vite, comment gérer la réapparition de Sisley. Ce n'était qu'un ex parmi tant d'autres. Inutile d'attribuer un effet papillon à une situation fortuite sans conséquence. Malheureusement, revoir cet homme soufflait sur l'épaisse couche de poussière qui ensevelissait une momie. La momie, mal desséchée, putride, tentait désormais de revenir d'entre les morts.

Son séjour aux toilettes l'avait plongé de force dans le bassin d'une introspection malvenue. Quand il était prisonnier de Sloan, il lui était arrivé, à plusieurs reprises, de vouloir en finir avec ses tourments et la déchéance de sa vie. Or pas une seule fois, le désespoir ne l'avait poussé à l'acte. Avec Sisley, il avait franchi cette ligne ; il avait goûté au suicide.

La vie du jeune Andy ne tiendrait alors qu'à une anomalie génétique héritée de son père. Une déficience enzymatique, lui expliqueraient plus tard les toubibs, l'empêchait de métaboliser certaines substances. Les métabolites des dites substances l'auraient tué, à l'époque, si l'overdose avait fini son processus. Red y croyait à moitié.

Peut-être que son envie de vivre avait finalement supplanté son envie de mourir. À ce moment-là, il s'était raccroché tel un forcené à une pensée tournant en boucle : « Maman m'a fait promettre de voir la voiture rouge de papa. » Il ne pouvait pas partir sans tenir parole.

Après cet épisode funeste, il quittait Narven en autostop. Il rencontrait Bernardino, alors en plein lancement du Bubble-G, qui deviendrait l'un des nightclubs gay-friendly prisés de la capitale. Dino l'avait embauché au bar. De temps en temps, Red égayait la clientèle par un striptease. Néanmoins, Dino lui martelait avec patience qu'il n'avait pas besoin de se vendre pour attirer l'attention. Il n'avait pas besoin de monnayer son corps en échange d'un peu d'amour. Il était déjà fabuleux.

Red n'y portait pas foi. Se détacher de la drogue ne lui traversait pas l'esprit, malgré sa tentative d'autolyse par overdose. Son addiction menait la danse. Et Mister EIGHT, Tyrone, n'était point de conseil avisé. Son huitième « petit-ami » le couvrait de cadeaux quand, dans un sursaut d'amour-propre, Andy jouait les difficiles. Puis il se laissait amadouer, finissait dans le lit de Tyrone et en ressortait sans le sou. L'argent gagné au bar disparaissait dans la drogue et dans les poches de son mec, qui se volatilisait puis revenait une fois son compte en banque à sec.

Sans surprise, avec de tels partenaires, Andy se retrouvait souvent dans le rouge. Serrer la ceinture, il connaissait. Quémander de l'aide ? Hors de question ! Dino avait eu la gentillesse de lui trouver un job et lui le remerciait en gérant si mal ses finances. Enfin, il ne pouvait décemment pas lui demander du fric pour s'acheter une dose. Sa honte l'amènerait à sonner à l'interphone d'un somptueux chalet, où logeait apparemment son père biologique.

Depuis la rencontre d'Andy avec Andrew, Sisley n'avait plus parasité ses pensées. Sinon vaguement, quand remontait un malheureux souvenir qu'il se dépêchait de noyer. En voulait-il à cet homme d'avoir fini l'œuvre de Sloan sans le savoir ? De l'avoir chosifié et tant diminué qu'il jugerait sa vie pis qu'insignifiante, au point de tenter de la supprimer ? Désirait-il le revoir afin de remettre les choses à plat ? Lui devait-il seulement des explications ? Se rabaisserait-il en créant la rencontre ?

Il n'avait aucun compte à rendre à cet individu. Il doutait carrément que Sisley ait eu vent de sa tentative de suicide. Après cet acte désespéré, Andy avait pris une longue douche, avait fait une lessive, le ménage, enfoui ses maigres affaires dans un sac de sport et s'était planté au bord d'une route, le pouce en l'air.

Sisley s'était absenté, comme cela lui arrivait de temps à autre. À son retour, son appartement propre et rangé l'avait accueilli. Dans un sursaut de survie, Andy avait décidé de sortir de la vie de Sisley et sortir ce dernier de la sienne. Il s'était assuré de détruire toute trace de son existence de l'appartement. Si ce type avait conservé quelque chose de lui, cela se résumait aux photos dans la mémoire de son téléphone. Andy avait même écrasé les médias de son cloud en accédant à son compte via son PC. Par chance, le mot de passe était automatiquement sauvegardé.

L'ironie voulut que son départ ressemble, de manière dérangeante, au traitement que lui avait infligé Sloan en disparaissant de sa vie. Sans signe avant-coureur, sans prévenir, sans au revoir, sans laisser le moindre mot.

Sisley avait-il tenté de le joindre ? Il l'ignorait. Il avait abandonné le téléphone que lui avait acheté son petit-ami... Ou devait-il dire, son « propriétaire » ? Pour cet homme, l'entretenir justifiait qu'il dispose de lui à sa guise, le prête à ses amis, le refourgue à ses créanciers, le change en trophée ou lot à gagner. Son machisme et virilisme s'étaient assuré qu'Andy n'oublie jamais à quel point il n'était qu'une petite chose malheureuse, fragile, efféminée et effrayée qui avait besoin de la protection de son bienfaiteur.

Red remua la tête, pris de nausée. Il ne souhaitait pas replonger dans ce bassin. Mais depuis son arrivée à Nior, les évènements s'acharnaient, se liguaient contre lui, conspiraient pour lui plonger la tête dans ces eaux boueuses. Le bassin se changeait en puits profond, à l'eau croupie, nauséabonde, et dont le ciel se réduisait à un cercle sombre sans étoiles.

À chaque fois qu'il se persuadait de passer une étape dans sa reconstruction, la vie, le karma – le foutu destin ? – le dieu des aléas et les circonstances lui jetait une nouvelle épreuve. Tiens, dans ta gueule ! Pourquoi testait-on son endurance ? Attendait-on qu'il craque une fois pour toute ?

Il renifla. Eh bien, bon courage, avec Red Kellin. Celui-là était né en antithèse à la fragilité d'Andy Rell. La créature pitoyable qu'on avait fait de lui s'était inventé un alter ego, dont la raison d'être se résumait à mettre en porte à faux les enfoirés qui ne verraient en lui qu'un individu pathétique. Qu'il soit damné s'il oubliait ce serment envers lui-même !

De fait, si Andy se trouvait sur cette foutue terrasse, augmentant les chances ou le risque d'une rencontre avec Sisley Zafeíris, ce n'était pas pour prendre des nouvelles ou s'expliquer avec ce connard imbu de sa personne. C'était pour le remercier de l'avoir aidé à concevoir Red Kellin.

— Andy ? Que fais-tu dehors à grelotter alors que tu es frileux ?

Red sursauta, puis s'admonesta de ressentir autant de soulagement à l'arrivée de Dean. Comme s'il doutait de pouvoir se défendre seul. Attitude indigne de Red Kellin.

« Il n'y a rien de mal à se reposer sur l'aide d'un partenaire, à se sentir rassuré par sa présence. »

Rare que Good Red se montre sensé.

— Grelotter aide à garder la ligne. Ça brûle les calories.

— Si tu le dis. L'interview s'est bien passé ?

Dean s'accouda à la balustrade. Dos tourné au panorama, Red s'adossa contre la barrière.

— Je ne le dis pas souvent, mais la journaliste a été une perle.

— Tu as eu plus de chance. Je me suis coltiné la peste.

— Tessa a réagi comment ?

— Elle est monté sur ses grands chevaux. J'ai dû lui rappeler que contrairement aux siens, les miens étaient des mustangs rompus à la chevauchée.

— De manière moins parabolique, ça donne quoi ?

— Qu'elle devra expliquer à la direction pourquoi Emy Event© a perdu le sponsoring de White Entreprise©, et qu'elle n'a pas envie de se fâcher avec un MIP.

Évidemment ! pensa Red. C'était à celui ou celle qui pesait plus lourd sur la balance économique. Il aurait aimé que ce genre d'indiscrétion à la Becket ne pose plus un problème dans leur couple. Il prit le verre des mains de Dean, but une gorgée et le lui rendit.

— Tu sais... tu t'épargnerais ce genre de tracasserie si tout le monde était fixé sur nous deux.

Dean soupira.

— Pouvons-nous en discuter une autre nuit ?

— J'en ai assez de remettre ça au lendemain.

— Je partage ton sentiment. Mais pas ce soir, Andy.

Red se pinça les lèvres. Se montrer conciliant lui rappela soudain cette docilité écœurante, jadis servie à Sisley. Le bellâtre avait eu de l'ascendant sur lui parce qu'il n'avait jamais défendu son opinion. Car il n'en possédait aucune, tout simplement. Au fond, Sisley n'avait pas eu tort de le traiter comme un moins que rien, puisqu'il se déconsidérait lui-même. Il ne s'estimait même pas un minimum, encore moins à sa juste valeur. C'était fini, tout ça.

— Et parce que tu décides qu'on n'en parlera pas ce soir, je dois hocher la tête ?

Dean s'assombrit.

— Andy, le lieu n'est pas approprié...

Les rares clients à l'extérieur tournaient la tête dans leur direction. Red baissa d'un ton et marmonna entre ses dents.

— Ouais, faut sauver les apparences, n'est-ce pas ? Ce n'est pas approprié quand ça t'arrange. Il y a quelques heures, tu avais ta langue au fond de ma bouche, dans un lieu qui n'était pas approprié non plus. Sinon, pourquoi t'être tapé une visite à cette peste de Tessa à cause de son sous-fifre ?

Dean ferma les yeux et prit une forte inspiration.

— Je vais quitter la terrasse, te laisser te calmer...

— Je suis parfaitement calme !

— ...Et te demander de respecter mon besoin de m'éloigner, poursuivit Dean comme s'il n'avait pas été interrompu. Parce que je risque de dire des choses que nous regretterons tous les deux. Nous en rediscuterons plus tard.

Red voulut riposter. Au dernier moment, il se ravisa. Pondre un scandale les desservirait. Mais Dean venait d'épuiser son stock de dérobades. Il leva les mains en signe de paix. Exaspéré, Dean lui tourna le dos. La vue de cette silhouette bien bâtie qui s'éloignait lui planta un clou dans le cœur. Il était occupé à se vilipender, en frappant son front de ses poings et se traitant d'idiot, quand un homme se planta à son côté.

— Dur, quand ils n'assument pas, hein ?

Red tourna vivement la tête vers Sisley. Il tergiversa. Son ex le regardait droit dans les yeux, attendant sa réaction. La trentaine lui allait bien. Sisley avait toujours eu le culte du corps. Rien d'extraordinaire à ce qu'il s'entretienne et soigne sa mise.

— Pardon, je ne pense pas qu'on se connaisse.

Sisley sourit ; ce sourire condescendant qui disait que Red ne la lui ferait pas.

— Andy...

Ce fut comme appuyer sur la gâchette. Le tir partit.

— Ferme ton clapet, sinon Musclor ici présent t'y aidera.

D'un léger mouvement de tête, Red attira l'attention de Sisley sur Drey. Son garde du corps patibulaire avait cessé de se fondre dans la pénombre. Sisley marqua un mouvement de recul. Bien.

— Maintenant, fais-moi le plaisir de disparaître et, surtout, fais en sorte que nos chemins ne se recroisent plus.

— Attends...

Red claqua la langue contre son palais.

— Tss, tss. Je ne me répèterai pas.

Sisley se rembrunit. Il devait se montrer persuasif. Une telle occasion ne se présenterait sans doute plus. Il avait déjà raté le coche au Nightshade. Impossible d'approcher Red de manière discrète, il était constamment entouré. Mine de rien, Sisley voulait éviter d'être l'objet d'un bad buzz. Vu la manière dont Red l'avait reçu, il avait été bien inspiré de ne pas forcer sa rencontre avec la rockstar au nightclub.

On rentrait assez facilement au Triumph Hotel, pour peu que l'on présente un badge de la Rock-Feast. Il avait précieusement conservé son badge Staff depuis la désagréable surprise de découvrir que le personnel subissait un contrôle d'identité aux accès du Parc des Expositions. Le début du festival et l'affluence des stars justifiaient le renforcement de la sécurité.

Qu'à cela ne tienne, il était parvenu à retrouver la trace de Red Kellin via les réseaux sociaux. Un fan avait publié une photo du chanteur et guitariste des Beat'ONE sur le parking de l'hôtel. Cette fois, Sisley ne louperait pas sa chance. Ce coup de pouce de la Providence lui ayant permis d'approcher le people était un signe. Au même titre que l'alignement des planètes ayant permis que le jeune mignard qu'il avait sauvé du trottoir, à faire le tapin dans un bois de Narven pour se payer une dose, finisse superstar et se retrouve à collaborer avec une radio narvenienne ayant requis les services de Sisley !

Il avait connu un giton androgyne junky et sans personnalité, aujourd'hui devenu un phénix tapageur et célèbre. Cependant, Red Kellin avait oublié de quel merdier on l'avait tiré et, surtout, qui l'en avait extrait. Sisley entendait bien le lui rappeler. Aussi lança-t-il, presque désespérément, la seule chose qui lui traversa l'esprit, susceptible de capter l'attention de la star.

— J'ai encore des photos de n...

— Mais fais-toi plaisir, publie-les, le coupa Red, à peine surpris. C'est une idée brillante qui renflouera mon compte épargne quand j'aurai remporté le procès. Si tu suis l'actualité, tu sais que ça me connait. Ces photos suivent Sloan d'un an à peine. Tu rendras « nobles » le lynchage et la cancel culture, quand mes Holy Suckers auront vent de ton existence abjecte. Bon courage. Et de grâce, publie celles avec mon meilleur profil. Ce visage vaut des millions, bébé.

Il servit un sourire carnassier à l'énergumène, puis s'adressa à Drey.

— Ce rat s'appelle Sisley Zafeíris. Tu as l'autorisation de lui casser un membre s'il renifle encore ma précieuse personne.

— Andy, on peut s'expliquer... !

Drey s'interposa entre Sisley et Red, comme le chanteur s'éloignait.

— J'aurais pu en parler à la presse. D'autres l'ont fait, mais je vaux plus que ça ! (Rencontrant une sourde oreille, de dépit, il lança :) Au moins, avec moi, tu ne vivais pas dans le placard !

— Suce ma bite, Zafeíris, rétorqua Red sans se retourner, le majeur en l'air.

Regagnant l'intérieur du bar, il maudit les portables brandis sur la terrasse tout en espérant qu'ils n'aient pas filmé grand-chose. De la réaction de Sisley dépendrait son propre avenir. Soit il possédait un instinct de préservation, soit il s'attaquait à un nid de frelons et en subissait les piqûres.

— T'es qu'un sale ingrat !

Eh bien, le nid de frelons, ce sera.

— Qui t'a ramassé dans la rue quand tu faisais le trottoir ?!

Ah, comme les piqûres s'annonçaient douloureuses ! songea Red, ironique. Ne pouvant plus l'approcher, Sisley choisissait de cracher sa bave à distance, au mépris du standing de l'hôtel.

— Red, que se passe-t-il ? intervint Korgan, alarmé.

Red était partagé. Ignorer le salopard et quitter les lieux, ou lui faire ravaler sa langue venimeuse ? Dans les deux cas, ça jaserait. Quoi qu'il fasse, il finirait une fois de plus à la rubrique scandale/bad buzz d'un tabloïd très spirituel. Ce spectacle navrant : de la manne céleste servie aux journalistes disséminés dans les environs.

— Parfois, ça me fatigue d'être moi, soupira-t-il. (Il héla un employé du bar.) Dites à la sécurité, s'il y en a, de jeter cet individu dehors, sinon ma garde s'en chargera.

Sisley continuait de vitupérer :

— Tu auras beau maquiller la vérité, elle se saura ! Sans moi, tu te serais foutu en l'air ou t'aurais fini au fond d'un ravin, liquidé par un client mécontent. Tu faisais le tapin quand je t'ai rencontré, Andy !

Ce fut plus fort que lui, Red démarra au quart de tour :

— Parce que t'es allé aux putes, Sisley ! Sinon nos routes ne se seraient jamais croisées ! J'en aurais été fort aise, aujourd'hui.

— C'est à moi que tu dois... Argh !

Le cri étouffé véhicula la douleur infligée par une clé au bras. Drey avait sévi. Manu militari, Sisley fut jeté dans le hall.

— Veuillez quitter les lieux, ou je vous accompagnerai à la sortie.

Un accompagnement brutal à contrario du ton poli. Sisley se massa le bras. Instaurant une distance respectable avec l'agent de protection, il ouvrit à nouveau son clapet.

— Cache-toi derrière tes gorilles, Andy, mais la vérité remontera à la surface ! Tu ne serais pas qui t'es aujourd'hui, si tu ne m'avais pas connu. T'aurais pas de quoi frimer avec tes stupides gardes !

Ce type attendait-il vraiment de la reconnaissance ? Sidérant ! Suivre une thérapie ne nuirait pas à cet enfoiré ! Red n'aurait jamais pensé chausser les baskets malplaisantes d'un homme emmerdé par un ex revenu à la charge. Le comble, bien des années plus tard ! Hélas, cette situation était tristement courante.

Combien de gens se plaignaient de l'escalade de violence, physique ou psychologique, chez leur ancien partenaire après la rupture ? Nombreux craignaient carrément de mettre un terme à leur couple avec un individu abusif, par crainte de voir l'autre vriller davantage. Apparemment, l'ego de Sisley se chauffait de ce bois. L'expérimenter près d'une décennie plus tard rendait la situation à la fois surréaliste et écœurante. Juste indescriptible. Irrité comme jamais, Red se planta sur le seuil du bar.

— On t'a mal informé si tu crois que j'ai besoin de ma garde rapprochée face à un déchet de ton espèce. Tu veux ma reconnaissance ? Pour toi, j'organiserai un banquet en l'honneur de mes ex et trinquerai à leur santé, pour les remercier d'avoir été les gros connards qui m'ont quitté ! Sans ça, je n'aurais pas trouvé mieux qu'eux.

Korgan n'en crut pas ses oreilles quand certains témoins applaudirent. Scandale était vraiment le second prénom de son chanteur. Déjà, il n'avait rien compris au départ de Dean, quittant la salle à peine arrivé, un tantinet remonté. Maintenant, il se demandait par quel bout commencer pour raisonner Red. Lui conseiller de ne pas jouer le jeu de ce triste sire tomberait dans l'oreille d'un sourd. Red s'était tu trop longtemps. Peu lui importait que son attitude manque de classe, il n'adopterait plus le silence.

Fulminant, Sisley heurta quelqu'un dans son dos lorsqu'il recula trop vite afin d'échapper à Drey, qui s'élançait vers lui. Sans crier gare, une balayette l'envoya baiser la moquette de luxe. Sans lui accorder le temps d'exprimer sa douleur, un genou poinçonna sa main dans son dos, ramenée en arrière par une clé au bras impitoyable. Il cessa vite de se débattre. Le moindre mouvement exacerbait son supplice.

— Putain, lâche-moi !

Dean se pencha à l'oreille de Sisley.

— Briser un os me tente. Ainsi, tu utiliseras tes cordes vocales à bon escient en braillant ta souffrance. La prochaine fois que tu t'en prendras au mien, tu ne me verras pas venir !

— T'es qui, putain ?

Dean resserra sa prise. Sisley eut beau tenter de tourner la tête, il ne parvint pas à voir le visage de son assaillant.

— Arrêtez ce type, il m'agresse ! Au secours ! Aaah !

Deux grooms se précipitèrent vers les hommes exposant un tableau désolant dans le hall du premier étage d'un hôtel respectable. Sans ménagement, Dean redressa Sisley et l'envoya dans les bras des deux employés, dont un manqua perdre l'équilibre.

— Gardez ça en isolement, qu'on prenne son identité. Je demande à voir votre supérieur, exigea-t-il.

— Monsieur, je vous demanderai aussi de me suivre, commanda le groom libre.

Dean lui sourit sans les yeux. Ce zigoto changerait vite de ton.

— Mais certainement. (Il lui tendit sa carte MIP.) Vous ne possédez pas de MIP database, mais ce nom parlera à votre direction. Je me trompe ?

L'homme lut son identité et se raidit. Godverdomme! un Leblanc ! Et pas n'importe lequel !

— Fais ce qu'il dit, préconisa-t-il à son collègue, comme Sisley ruait. Si vous ne voulez pas finir en garde à vue, montrez-vous raisonnable, intima-t-il au fauteur de trouble.

Les yeux de Sisley s'arrondirent en mettant enfin un visage sur le lâche l'ayant attaqué dans le dos : le modèle Dean, connu sous le patronyme Leblanc. La voix et la silhouette l'aiguillèrent sur l'homme dont il avait épié la conversation avec Red, dans la pénombre de la terrasse. Son incrédulité protesta. Andy se fait baiser par un intouchable ? Putain, ce type ne peut pas être le mec de Red Kellin ! Le commentaire de ce dernier dissipa le doute :

— Dean, inutile de lui donner autant d'importance. Faites-lui prendre l'air.

— Qu'il passe par la sécurité avant, s'impatienta Dean. Respectez le protocole.

Les grooms ne surent pas en faveur de quelle personnalité trancher. La MIP ou la VIP ? S'ils pouvaient se bouger les fesses au service de gardiennage, cela leur éviterait de mécontenter davantage deux bombes à retardement. À quoi servaient les fichues caméras des couloirs ? Pour faire bonne mesure, un message fut envoyé au chargé de sécurité. Dean revint à Red.

— Pourquoi n'as-tu pas ordonné à Drey de jeter ce vaurien hors d'ici avant qu'il ne se donne en spectacle ? (Il désigna ledit vaurien qu'escortait un des grooms à l'ascenseur, enfin rejoint par un agent de sécurité.) Tu n'en rates vraiment pas une !

La moutarde monta au nez d'un Red déjà bien échauffé. Il se planta si près de Dean, qu'on craignit qu'ils en vinssent aux mains.

— Ce n'est pas comme si j'avais empêché Drey de le foutre dehors. Et la faute à qui si je ne peux pas dire tout haut notre statut de couple ? siffla-t-il entre ses dents.

— Quel est le rapport ?!

— Les gars, faut vous calmer, arbitra Korgan.

Ses amis ne lui prêtèrent guère attention.

— Ce cul-terreux ne l'aurait pas ramené s'il n'avait pas surpris notre conversation.

Dean vit rouge.

— Si c'est ce qui te tracasse, il n'y a rien de plus simple à régler, chéri.

Il saisit la nuque de Red et l'embrassa. Là, à l'entrée du bar du Triumph hôtel, devant une poignée de spectateurs médusés.

— Oh Seigneur, implora Korgan, dépassé. Rebecca va s'arracher les cheveux.

La pauvresse contracterait une alopécie à force de les perdre ! La stupeur avait élu domicile dans le hall. Les caméras des téléphones aussi. Aidées de celles de l'hôtel, elles remplirent le cahier de charge d'une énième perversion humaine. Red mit rapidement un terme à l'échange sulfureux, effaré. Il ne l'avait pas du tout anticipé. C'était si inattendu qu'il ne sut pas comment réagir.

Le groom qui attendait que Dean le suive portait sa gêne en étendard sur le visage. Le sourcil arqué, le port altier, le langage châtié, Dean asséna :

— Ownetwork© achèvera la besogne. Dorénavant, ce sujet cessera de te chiffonner et toi de troubler ma quiétude. Voilà qui clôt ce chapitre.

Ci-gît le tact. Red eut envie de hurler. Pourquoi diable était-il tombé amoureux de ce spécimen horripilant doté de la délicatesse d'un cactus ?! Côté ascenseur, s'éleva la voix moqueuse de Sisley :

— Star ou pas, rien n'a changé. T'as beau te taper un Leblanc, t'es toujours un accessoire, Andy. Un mignon petit faire-valoir !

Pourquoi ce salopard n'avait-il pas encore débarrassé le plancher ? Red ressentit une puissante pulsion assassine. Au fond de lui, il entendait cette petite voix cynique qui donnait raison au con. Une autre, affolée, lui cria plus fort d'arrêter Dean s'il ne voulait pas finir à la une en couple avec un criminel. Il saisit le bras de son partenaire qui marchait droit sur Sisley, tel un ange de la mort résolu à cueillir une âme cette nuit-là. Quand le berserk le toisa, les yeux assombris de fureur, Red remua la tête en silence. Cela n'en valait pas la peine.

— Rentrons, dit-il d'une voix étonnamment douce au regard de la situation explosive.

Le public grandissait. Les clients du bar, dont pas mal de peoples et agents de presse, le personnel de l'hôtel et certains résidents s'attroupaient dans le hall, malgré les « circulez » de Drey. La sécurité de l'hôtel se souvint enfin de sa mission. Tomaso, le second garde des rockstars, annonça qu'il avait appelé leur véhicule. Les Beat'ONE furent escortés à la sortie.

En ce qui le concernait, Dean avait des comptes à régler avec le maître d'hôtel et un ex de son partenaire. Quelle honte que le meurtre soit illégal !

*o*o*

TBC ● EPISODE 41

Vous sentez le bordel ?😱

Je vous avoue que moi non plus, comme Red, je ne l'ai pas vu venir ! 😨À la base, ce coming-out spectaculaire 😮 de Dean ne devait pas survenir à ce stade. Je le réservais carrément pour la saison suivante. Mais il y a eu Sisley (qui devait lui aussi intervenir dans la S08) et voilà le désordre ! Maintenant je dois gérer ça, et ce n'était pas du tout prévu au programme. 😱

*MEDIA*
Intro vidéo : Olly Murs - You Dont Know Love. Des lyrics que Red pourrait chanter à ses ex.

I don't wanna be your lover
I don't wanna be your fool
Pick me up whenever you want it
Throw me down when you're through
'Cause I've learned more from what's missing
It's about me and not about you
I know I made some bad decisions
But my last one was you

Thanks to you I know lies, lies, lies
How it feels when love dies, dies, dies
And you told me goodbye, bye, bye
I don't know when it's over, when it's over

You don't know love 'til it tears up your heart
And cuts and it leaves you with scars
You're still feeling
You don't know love
You don't know love

You say I can't do better
Better than someone like you
What I feel, can't write in a letter
So I wrote this for you

Thanks to you I know lies, lies, lies
How it feels when love dies, dies, dies
And you told me goodbye, bye, bye
I don't know when it's over, when it's over

You don't know love 'til it tears up your heart
And cuts and it leaves you with scars
You're still feeling
You don't know love
You don't know love

You don't know love 'til it feels like you died when it's missing
It leaves you blind with no vision
You don't know love
You don't know love

(you, you, you, you)
You won't ever get no better
(you, you, you, you)
Got a lot more to lose
(you, you, you, you)
You won't ever, ever get it
You don't know love

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