S07 - EP 40 ✧ part I
Partie 1/2
— Sommes-nous obligés d'honorer ce rendez-vous ? geignit Red.
— C'est Sound-D®, Andy, souligna Korgan.
Le magazine du label de Dius Core n'était pas une petite pointure.
— Du coup, je comprends encore moins pourquoi ils nous invitent à l'arrache, et si tard un dimanche soir, sachant que deux d'entre nous ne sont pas dispos.
D'après Rebecca, l'invitation était arrivée à la dernière minute. Jay récupérait sa fille à l'aéroport et Jeff l'accompagnait. Malgré leur absence, le magazine maintenait la rencontre. Aussi la manager les soupçonnait de vouloir surtout interviewer Red Kellin. Escortés par deux agents de sécurité, les deux guitaristes avaient été envoyés au Triumph Hotel par Rebecca, qui consacrait son temps à son bébé. Mìo refusait de dormir ; le festival perturbait des habitudes à peine installées. Red et Korgan lui avaient assuré qu'ils feraient le job.
Rebecca avait tout de même demandé à la diva rouge de prendre les rênes. Et elle était de sortie, dans son top ras-de-cou semi-transparent laissant deviner ses tétons sous sa veste bomber.
— Vu tout ce qu'il s'est passé depuis le Nightshade jusqu'à la déclaration de Dean à MCS-Radio, ils voudront creuser. Sans compter l'affaire Becket. Ce serait une gageüre qu'il n'y ait pas de fuite de ce côté-là. J'ignore à quoi vous jouez, vous deux, mais prévenez-moi si votre couple veut faire son coming-out, que je me prépare en conséquence.
Red s'était gratté la tête, penaud. Dean se chargeait de cette fouine de Jason Becket. Après sa rencontre avec un MIP coléreux, sa supérieure, Tessa, changerait sûrement ses critères d'embauche. Cette situation agaçait un peu Red. Il n'expérimenterait pas ce désagrément si son couple ne vivait plus dans le secret. Maintenant que Rudy savait, qu'est-ce qui les empêchait de dire leur idylle au monde entier ? Les clauses contractuelles du jeu HSM® n'étaient qu'une piètre excuse ; ils n'avaient aucun compte à rendre à une franchise ayant illégalement utilisé l'image de Red et rentabilisé sur une situation matrimoniale erronée.
Il soupira. Korgan l'étudia, sceptique.
— Je n'aurais jamais cru que ça t'inspirerait si peu d'enthousiasme.
— Moi aussi, grommela Red. J'ai juste la tête à autre chose.
— Fais un effort. C'est le premier gros média qui parlera de notre contribution au Rock'n'Rumble. Les réseaux sociaux font le job, mais ça ne vaut pas un article de Sound-D®. Une publication de leur part sera une validation officielle.
— Je sais. Faudra juste qu'ils creusent pas dans ma vie privée, le sujet est de plus en plus sensible.
— Je couvrirai tes arrières.
Korgan compatissait. Pas facile de sortir avec un MIP issu d'une famille richissime qui millimétrait ses apparitions médiatiques, quand vendre son image était votre gagne-pain. Il faudrait que Dean et Red pose des mots sur ce problème et indiquent à leurs attachés de presse la démarche à suivre.
— Si tu veux mon avis, vous avez assez tourné autour du pot. Sacha et moi, on a verbalisé la situation quand on a commencé à gagner en célébrité. Si vous voulez contrôler l'intrigue, fixez ce qui passe, ce que vous tolérez et ce qui vaut un feu rouge.
— Ouais, on n'est pas très raisonnables.
— Ne te flagelle pas, non plus, c'est la première fois que ça t'arrive.
Red apprécia la patience de Korgan. À vrai dire, son entourage dans la confidence se montrait très compréhensif. Il soupçonnait aussi le staff de Coop-Com Record© d'avoir deviné son couple avec Dean sans jamais les embarrasser d'indiscrétion. Il lisait leur curiosité et intérêt quand le grand blond se trouvait dans les parages. Il bénissait cette équipe.
L'entrevue se déroula dans une salle de conférence au premier étage. Le lieu, chic et cosy, semblait prisé par la presse et les peoples. Depuis le hall, Red avait identifié d'autres artistes installés au bar, s'adonnant à un jeu de fléchettes ou une partie de billard. Le Triumph Hotel étant partenaire de la Rock-Feast, ceci expliquait cela.
Dove, la journaliste de Sound-D®, aimable et professionnelle, gagna en capital sympathie. C'était un bout de femme brune, au bras droit entièrement tatoué de constellations et paysage cosmique, avec une frange en pointe et des yeux en amande. Elle évoquait à Red une espèce d'elfe hyperactive, tant elle débordait d'énergie. Ses questions ne furent pas intrusives pendant la majeure partie de la séance. Son fanatisme pour les Beat'ONE et son excitation à l'idée de la réhabilitation du Rock'n'Rumble les mirent à l'aise. Elle garda le « juteux » pour la fin et ne s'offusqua pas que Red invoque son joker sur certaines questions.
— Entre nous, fit-elle après avoir coupé son dictaphone, personne ne croit à cette histoire de barman latino. Ou alors, faut être très crédule ou tout juste pubertaire. J'ai vu les photos et vidéos sur les réseaux sociaux, je l'admets, il est sexy. Mais perso, je pense qu'il en profite pour faire de la pub au Nightshade et gagner des followeurs. J'avoue, je me suis abonnée à sa page ownet©. Il est super doué de la bouteille !
Red s'esclaffa.
— Cette expression existe ?
— Pourquoi pas ?
— Son rédacteur en chef vérifie constamment qu'elle ne fait pas trop d'entorse à la langue avant de publier ses articles, la vendit son cadreur.
— Personne ne t'a sonné, Miguel !
Les hommes pouffèrent. Miguel filmait toujours. Red ne se laisserait pas berner par le dictaphone éteint de Dove, posé sur la table. Elle se croyait maligne. Il appréciait son audace.
— C'est peut-être mon opinion de fan biaisée, mais le couple ReDean est tellement plus beau. Bien plus beau que Redvin, d'ailleurs.
— ReDean, Redvin ? releva Korgan, dubitatif.
— Oh, ne faites pas l'ignorant. Il y a ceux qui fantasment sur le couple du chanteur des Beat'ONE avec le chef d'orchestre Tchèque, Edvin Srzenski, mais bien plus de monde veulent vous voir en couple avec le modèle Dean.
Elle se tourna vers Red, qui priait que son homme n'ait pas vent de cette sous-intrigue dangereuse à la sauce « Redvin ». Dean n'apprécierait pas et ce serait l'euphémisme du siècle, d'autant qu'Edvin ramènerait ses guiboles à Nior dans moins de vingt-quatre heures. Son optimisme croisait les doigts en misant sur l'éducation civilisée des deux hommes.
— Quand vous avez dit à The Jim Kim Show que c'est votre âme sœur, on a guetté le « plus si affinité ». Puis il y a eu la déclaration de Dean à MCS-Radio, que beaucoup de gens ne connaissaient pas avant que les réseaux sociaux s'enflamment autour du sujet. On en parle plus que le Rock'n'Rumble, c'est vous dire !
— Non, c'est pas vrai ! douta Red.
— Je vous jure que si. Demandez à vos attachés de com. « Le plus si affinité » n'est plus une hypothèse ni un vœu surréaliste. On a entendu l'intervention de Dean à la conférence de presse de l'héritier Leblanc, qui vous défendait devant les journalistes, le mois dernier. Est-ce qu'on mentionne les nus du parfum Kanon® O. ? glissa-t-elle d'un air entendu.
— C'est juste une pub, opposa Red sans grande conviction.
Le plus ironique, c'est qu'à l'époque du tournage, il ne sortait même pas avec Dean. Mais ces nus donnaient de la matière première à l'imagination romantique des fans.
— Direz-vous la même chose à propos des nus du calendrier « Renovatio, Naked is the new beauty », de Will Malroy ?
Elle le tenait. Red haussa les épaules, réalisant qu'il n'avait plus la force de démentir. En réalité, il n'en avait plus envie.
— On a tous posé nu dessus, intervint Korgan.
Dove leur servit un sourire en coin, peu dupe. Elle n'en démordrait pas.
— Votre couple avec le père de Caramel-vanille est plus crédible, Red, insista-t-elle. Et croyez-moi, les fans n'attendront pas une confirmation de votre part pour vous coller une histoire d'amour avec cet homme à se damner ! Peu de gens s'en souviennent parce que les images n'ont pas assez circulé sur Internet, mais j'ai vu une vidéo de sa réaction à la fin du procès d'AVDL. Il a massacré ce connard, et il a fait ma journée.
Le moins qu'on puisse dire, elle était bien informée. La crédibilité des sources de Sound-D® se discutait rarement.
— Pardon, je suis trop indiscrète, s'excusa-t-elle.
— Ne vous excusez pas, il a aussi refait ma journée, la rassura Korgan.
— Je vous laisse ma carte. Si jamais vous voulez en parler, n'hésitez pas à me joindre.
Dove la glissa le long de la table en direction de Red, puis se pencha en avant.
— Vous voulez savoir un secret ? chuchota-t-elle.
— On est tout ouïe, l'encouragea Korgan.
— J'ai interviewé Ran, le bassiste de Naytray, sur son couple. L'article sortira à la Saint Valentin. Il m'a confié que c'est grâce à vous qu'il a rencontré son amoureux, adressa-t-elle à Red.
Celui-ci haussa les sourcils. Korgan l'interrogea du regard, surpris. En voilà de l'anecdote !
— Il ne m'a rien dit à ce sujet, quand on s'est vus avant-hier au Nightshade.
— Vous n'avez pas idée d'à quel point la jet-set est un village, tout finit par se savoir. Vous avez mon numéro et mon email. Ça m'attristerait que vous ne pensiez pas à moi quand vous serez prêt à en dire plus aux Holy Suckers. Messieurs, ç'a été un plaisir !
Plaisir partagé. Heureusement, ce genre de personnes existait pour le réconcilier avec la presse, songea Red. Il rangea la carte de la journaliste dans la poche intérieure de sa veste, avec le sentiment qu'il la rappellerait un jour. Il espérait ce jour précoce. Désactivant le mode silencieux de son téléphone, il ouvrit le dernier texto non lu.
— Dean nous rejoint.
— On l'attend au bar ? proposa Korgan.
En réponse à son SMS, Red informa Dean de leur lieu de rendez-vous. Alors que son ami passait leur commande, il se retourna vivement, le cœur battant. Non, j'ai mal vu, c'est obligé... Il étrécit les yeux, tentant de mieux accommoder. L'homme de dos, assis dans un fauteuil, devait être un client de l'hôtel venu se détendre. Cet inconnu ne pouvait pas être celui qu'il lui évoquait. Sa route ne recroiserait certainement pas celle de Sisley Zafeíris ; ils n'évoluaient plus dans le même monde. D'ailleurs, quelle serait la probabilité de rencontrer un ex à Nior, une ville où son « couple » avec ce bouffon n'avait jamais mis les pieds ?
« Tu as bien revu Ralph à Nior. »
Raison de plus pour ne pas y croiser un second ex. Mister FOUR et Mister SEVEN dans la même mégapole, différente de celle dans laquelle il les avait connus... Ce genre de coïncidence relevait de l'improbable ! Il interdit à son imagination de lui foutre des frayeurs stupides.
— Qu'est-ce qu'il y a ? s'enquit Korgan.
— Non, rien. Pour le show de jeudi, vu le coup de poker qu'on prépare, je voulais l'avis d'un compositeur...
— T'as contacté Edvin ? devina Korgan.
— Ouais. Il sera là demain.
— Génial ! Son retour sur la sono de cette scène alien ne sera pas du luxe.
Red pouffa. La description collait. Dean aurait bien pu tirer d'un roman SF-steampunk l'espèce de tarentule qui constituerait leur future scène.
— On testera trop de choses avec peu de temps de répète. Le risque de flop n'est pas négligeable, s'inquiéta Korgan.
— Bah, c'est là qu'on verra qui en a dans le ventre. Le Rock'n'Rumble logera tout le monde à la même enseigne. Personne ne l'a anticipé. On a tous trois jours pour préparer le spectacle. L'aide d'Edvin sera aussi bienvenue avec nos nouvelles recrues.
— Ils n'ont pas encore signés, rappela Korgan. Jeudi, ce ne seront que leurs auditions.
— Un baptême du feu, plutôt, reformula Red. S'ils y survivent, on aura une belle écurie. J'ai hâte !
— Tes candidats me laissent quand même dubitatif.
— Tu fais allusion à Memphis ?
— Et à Sven. C'est déjà bizarre, la façon dont t'as déniché le fameux Memphis. En plus, il n'a pas assez de contenu qui nous permette d'évaluer son talent. J'ai surtout l'impression que t'essayes de faire plaisir à sa sœur, parce qu'elle t'a inspiré une chanson. Quant à Sven, il a zéro contenu. Jay pense que tu le fais pour son oncle.
— C'est là que nos avis divergent. Sven est sensible à la musique. Il ne sait juste pas comment utiliser sa boite à outils. Il a une signature vocale, je l'ai entendu chanter. On n'en trouvera pas deux comme lui, il sera vite identifiable. Et l'influence de son oncle n'est pas négligeable. On ne devrait pas se cantonner au critère du talent seul. Ta candidate coche déjà cette case ; elle en est bourrée à un point tel qu'on la dirait surdouée. Tu pars déjà gagnant.
— Jeff aussi, il mise sur Lou-Ahn.
— Elle est douée, mais c'est pas gagné à cause de son trac, grimaça Red. Je pense qu'Edvin saura l'aider à canaliser son stress. Il s'est habitué à travailler avec elle. Chez mes candidats, je flaire le potentiel scénique. Memphis et Sven ont de belles gueules. Et je n'attends pas de mes poulains qu'ils chantent juste mais qu'ils chantent vrai.
Trois hommes s'accoudèrent au bar. Red eut vaguement le sentiment qu'ils lui adressèrent la parole. Cependant, son attention fut siphonnée par le client assis plus loin. L'homme s'était tourné dans sa direction. Ce visage, il ne l'avait pas revu depuis... bientôt huit ans ? Neuf ans ? Il appartenait avec certitude au Mister SEVEN de sa chanson NINE DUMBASSES, si bien nommée par Jeff. Sisley Zafeíris.
Par tous les Saints, pourquoi ici ? Red détourna les yeux. Il détesta la sensation désagréable de transpirer des aisselles. Red Kellin n'ayant rien à voir avec cet énergumène, il pouvait multiplier son existence par zéro. Ce spectre du passé n'avait pas le droit de hanter son présent. Le frêle et instable Andy connu de ce type n'était plus. Il sursauta quand Korgan posa une main sur son épaule.
— Red ?
— Au fait, fit-il d'un ton enjoué, ton pote qui t'a remis une démo au Nightshade, il ne devrait pas aussi subir le baptême du feu ?
— Pas besoin, c'est un artiste accompli. Dans son cas, le rendez-vous avec son public ne s'est pas encore fait. Il a été recalé à l'épreuve de « La mort subite » de Next Idol, l'année dernière.
Red compatit. Le télécrochet Next Idol devait sa popularité et son statut d'émission de télé-réalité à cette épreuve un brin sadique. De nombreux artistes prometteurs voyaient leur rêve de gloire s'effondrer à l'issue de cette étape qui tamisait les concurrents de façon drastique. Elle se basait plus sur la gestion du stress que sur le talent des candidats. La production redoublait d'ingéniosité afin de les éjecter de leur zone de confort. Contrairement à Red, Korgan n'en était pas fan.
— Jay adore son univers et veut le signer. On en parlera après le festival.
— C'est quoi son nom ?
— Duke Norris Anghus.
Red dévisagea Korgan.
— Ses parents l'ont trouvé sur un générateur de noms fantasy ? (Le guitariste s'esclaffa.) Si on le signe, on le mettra pas sur le marché avec un nom si peu marketing ! Pas étonnant qu'il ait loupé son rencard avec son public.
— Tu exagères !
— Coop-Com Record© le présentera sous ses initiales, décréta Red.
— DNA ? Pourquoi pas... C'est intrigant.
— Et ça donnera de quoi faire de jolis jeux de mots avec l'ADN de sa musique. Ça rentre dans la ligne promotionnelle de notre label avec TBC.
Les initiales de The Broken Coda leur offraient un large éventail d'expressions et calembours. Les concernés eux-mêmes en jouaient ; la presse musicale surfait sur cette vague. Tant que ce ne serait pas jugé ringard, ils exploiteraient la niche.
— C'est ton rayon, valida Korgan.
Red se chargeait du visuel, du branding, du show. Korgan se concentrait sur le talent musical, aidé de Jay, qui composerait les chansons des nouvelles recrues de Coop-Com Record© balbutiant dans ce domaine. Grâce aux échanges et rencontres, l'effervescence de ce festival apportait plus à leur maison de disques qu'à la carrière des Beat'ONE. L'ayant compris, ils permettaient à leur casquette de producteurs et chasseurs de talents de s'exprimer un peu plus.
Korgan nota pour la troisième fois le comportement étrange de son chanteur. Quelque chose tracassait ce dernier, à sa manière de regarder par-dessus son épaule. Or Red niait quand il tentait de s'y intéresser. Il ne veut pas en parler. À défaut, Korgan étudia les alentours. Rien ne sortait de l'ordinaire, excepté trois membres du groupe Deathwish, installés autour d'une table de billard, qui leur réservaient des œillades étranges. Leur langage oculaire parlait presque d'hostilité.
— Je crois que tu ne t'es pas fait des amis, Red.
— Hein ?
— Ils n'ont pas aimé que tu les snobes, quand ils t'ont salué.
Korgan lui indiqua la position du trio. Red identifia Antero, le guitariste, Lionel, le bassiste et Zion, le batteur. Il ne les connaissait que de visu, les Beat'ONE n'ayant aucune accointance avec Deathwish.
— Quand m'ont-ils salué ?
De toute évidence, il ne l'avait pas remarqué.
— Tout à l'heure, quand ils ont passé commande, dit Korgan, pensif. (Ils auraient pu solliciter un serveur mais ils s'étaient pointés tous les trois au bar.) Je crois qu'ils voulaient te parler, mais tu avais la tête ailleurs.
— Ah.
Sisley adressa un sourire en coin à Red et se rendit en terrasse, non sans lancer un dernier regard dans sa direction. Sa respiration connut quelques difficultés. Il m'a reconnu. Il veut que je le suive... ? Cet individu se berçait d'illusions s'il pensait une telle chose possible. Néanmoins, Red avait besoin de prendre l'air. Il suffoquait. Ironie : il finirait sur cette foutue terrasse !
— Je reviens.
Korgan vit Red se diriger aux toilettes. Quelque chose clochait vraiment chez son ami. Quand les commentaires de Deathwish lui parvinrent, il comprit que c'était fait à dessein.
— Il y en a qui s'y croient vraiment ! Est-ce que quelqu'un pourrait rappeler à tous ces excités que le Rock'n'Rumble est un évènement musical rock et non un concours de travestis ? Il n'y a pas de place pour les mecs grimés en meufs.
Korgan toisa Antero, le leadeur du groupe, qui soutint son regard de manière provocante. Son acolyte de droite, le bassiste, suivit sa lancée, le ton railleur :
— Ça pète un scandale de gonzesse par-ci, ça minaude par-là, ça chiale à gauche, puis à droite, et ça se dit rockeur !
Le batteur ricana. Antero reprit le relais :
— C'est que de la provoc. Aucun respect. Il mérite pas l'attention des gens, mais on bouffe son indécence toute la journée. Le pire, c'est que tout le monde connait son côté manipulateur, mais une génération de pauvres gosses paumés tombe dans le panneau. Pathétique !
Et Zion de déplorer :
— Dommage qu'Emy Event© surfe sur son impudeur pour vendre. Le wokisme* et le pinkwashing* sont devenus tendance. Le rock n'est plus ce qu'il était.
Korgan renifla. Cet imbécile n'était même pas né durant les années de gloire du rock et en parlait tel un vétéran. Il choisit de les ignorer, comme le trio ouvertement provocateur en rajoutait une couche face à son absence de réaction. L'arrivée de Dean l'aida à les ranger sur l'étagère des choses insignifiantes. Ces hommes exprimaient leur jalousie mal placée, car ils auraient aimé recueillir les lauriers de la résurrection du Rock'n'Rumble.
— Je ne vois pas Andy, remarqua Dean, après qu'on lui servit son cocktail Negroni à base de gin et vermouth rouge.
Il joua avec le quartier d'orange en garniture, scrutant la salle à la recherche de son homme. Du pouce, Korgan indiqua les toilettes.
— Je crois que quelque chose le préoccupe.
Au même moment, ils virent Red quitter les toilettes et se rendre directement en terrasse. Dean fronça les sourcils.
*o*o*
TBC ● EPISODE 40 – part 2
Hey Holy Readers, long time no see, in here!😍🥰
Comme toujours, n'hésitez pas à souligner les fautes et noter les incohérences et les bugs. Bien sûr, ça fait plaisir, une petite étoile en fin de lecture, mais je ne vais pas vous tenir la jambe longtemps, vous connaissez la chanson ! La Hot Chili Crew est ravie ❤️ de revenir sur les plateaux de tournage qu'occupaient dernièrement la Team Riddle Game. J'espère que vous vous amuserez autant que moi !😊
Wokisme : de « woke » qui signifie « éveillé », il nous vient du côté de nos amis anglo-américains et désignait la conscience des problèmes en lien avec la justice sociale et l'égalité raciale. Aujourd'hui, c'est devenu un gros fourre-tout qui regroupe les idées progressistes centrées sur la défense des droits de groupes opprimés par rapport à un groupe privilégié.
Malheureusement, la récup politique a tendance à rendre ce mot presque péjoratif, en le discréditant ou en l'employant de manière ironique. Ce qui arrive quand les dirigeants et leaders de la société qui bénéficie d'un privilège conscient et/ou inconscient se révèlent peu enclins, voire incapables de se mettre dans les baskets de la société brimée.
Ça vaut donc pour tous les problèmes sociétaux, comme la condition de la femme, des personnes LGBTQI+, celles des personnes racisées, des personnes porteuses d'un handicap, etc.
Et enfin, c'est devenu un argument marketing. Des entreprises jouent avec le « woke capitalism » pour s'attirer une clientèle ne leur étant pas forcément acquise. Ce qui nous amène au pinkwashing.
Pinkwashing : formé sur le modèle de whitewashing (sujet sur lequel nous ne débattrons pas, il n'y aura pas assez de place), et dont le « pink » (ce pauvre « rose ») subit la lourde responsabilité de désigner « l'engagement » proLGBTQI+ des entreprises, pays, organismes, partis politiques, etc. Vous voyez les guillemets ? Ouais, bien souvent, c'est une question marketing qui se résume au fric et à l'image. Bien entendu, certains engagements sont réels, crédibles et significatifs. Mais il y a aussi ceux pour qui le badge « pink » sert juste à vendre plus, à s'épargner des procès et, Dieu nous préserve, la vindicte des SJW (social justice warriors).
*MEDIA*
Intro vidéo : Villain of the Story - Peace of Mind. Parce que, ces lyrics collent bien à l'état d'esprit de Red, qui, mine de rien, n'est pas aussi serein qu'on le croit.
In the shade again
I've fallen right into the masquerade again
Can't for the life of me remember when
I got lost somewhere between now and then
I had a vision for something more
A fire inside me and I felt it to the core
So much of the world I wanted to explore
But I never made it five feet from my door
I'm done wasting away
No excuses there is nothing left to say
Finding a spark deep down in the dark
It's far from easy but I needed a brand new start
This is the only way that I will find
Something near to happiness in this life
I can't remember the last time
That I had any peace of mind
I've fought for this, I've bled for this
There is no turning back now
And finally I'm able to see
The place I'm meant to be
I was fixated on the expectations
Of everyone around I was so frustrated
I became addicted to always overthinking
Everything I did, I had nothing to give
I started disappointing everyone
Always letting down all the ones that I love
This road is covered in ice and paved with sacrifice
I gave it all away and I paid the price
This is the only way that I will find
Something near to happiness in this life
I can't remember the last time
That I had any peace of mind
I've fought for this, I've bled for this
There is no turning back now
And finally I'm able to see
The place I'm meant to be
I'm done wasting away
I'm done wasting away
This is the only way that I will find (I will find)
Something near to happiness in this life
I can't remember the last time
That I had any peace of mind (Peace of mind)
I've fought for this, I've bled for this
There is no turning back now (Turning back now)
And finally I'm able to see
The place I'm meant to be (Meant to be)
I'm done wasting away
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