S07 - EP 37 ✧ part I
Partie 1/3
Le bolide glissait sur l'asphalte tel un marsouin dans l'océan. Le cadran des vitesses hésitait entre 180 et 185 km/h. Dean roulait à tombeau ouvert, fuyant les monstres surgis du passé qui lui donnaient la chasse. Le sceau inhibiteur, le sortilège d'entrave de ses démons se trouvait à Nior, ville honnie depuis le rapt de son ange. Le voilà retournant sur les lieux du crime parce qu'il avait besoin de son mage. Pourquoi Red se trouvait-il si loin de lui ?
Il avait passé l'âge d'être aussi affecté par une dispute avec son frangin. Le gamin belliqueux qui masquait le manque de son frère par son attitude rebelle avait grandi. Mais il n'avait pas changé, ne s'était pas aguerri. Les piques de Dan l'atteignaient toujours avec la même violence. Ironie : Dan aussi souffrait.
Stérile... Dean remua la tête et s'interdit d'y penser. Il s'escrima à distraire ses réflexions qui tournaient en boucle, s'entrechoquaient. Il ne se sentait pas les capacités d'analyser cette donnée-là : l'infertilité de son aîné.
Grande expiration. Ne va pas sur ce terrain.
Dean préféra songer au courrier que recevrait l'agent Sainsbury pour excès de vitesse. Les radars sur le trajet n'avaient pas chômé. Pas sûr qu'on lui prête une seconde fois ce joli bébé. Avec un peu de chance, l'IANS supprimerait les enregistrements du réseau routier. Semer infractions et contraventions, des pistes traçables, ne concourrait pas à la discrétion impondérable des agents.
Il avait grand besoin d'un défouloir. Or l'autoroute échouait au casting d'exutoire. La jungle goudronnée requérait prudence et responsabilité. Son comportement à risque mettait les autres usagers et sa propre vie en danger. Un fils et un partenaire tenaient à lui, aussi trouva-t-il un nouveau véhicule au tumulte de ses émotions : la musique.
La voix du chamane Red Kellin savait exorciser ses démons. Dean s'en voulut de n'y avoir pas recouru plus tôt. Il lança l'application de musique en streaming et sélectionna la bonne piste. Des notes enragées s'élevèrent dans la voiture comme il réintégrait la circulation à la vitesse recommandée.
Tel un sort magique, BLAST ENVY canalisa sa rage en exprimant mieux que lui son ras-le-bol et son amertume. Nourrir des sentiments si négatifs envers son frère n'était pas sain. Il avait beau se raisonner, les flots de son agitation grondait, retenus par le barrage d'un cœur qu'il peinait à endurcir. Les eaux menaçaient de déborder ; alors la musique lui servit d'écluses.
Cloudy sky, fog in my city
Everything seems blurry
Yet I can't let go of reality
When it came to such misery
.
Doesn't matter taking time
Doing things the right way
'Cause here you go again
Stealing my shine away
.
It's such a pain, really
Dealing with that urge
Calling for BLAST ENVY
Just embrace this bloody rage
.
[One urge, to blow everything
One urge, to burn everything
One urge, to blast everything
A desire
Mine: to spit on your face
Yours: to leash my WILL
A desire
To escape your vicious space
You make me wanna KILL]
.
Tell me why you keep on acting
Like you were an outright saint
Tell me why you keep on trying
Hey fucker, what's your point?
.
You're emptying my horizon
Your fucking so-called bounty
Is the other name of my prison
You're a drain to my creativity
.
It's such a pain in the ass
Sealing that fucking urge
Calling for a HOLOCAUST
Just embrace that bloody rage
.
[One urge, to blow everything
One urge, to burn everything
One urge, to blast everything
A desire
Mine: to spit on your face
Yours: to leash my WILL
A desire
To escape your vicious space
You make me wanna KILL]
.
Stop pulling, harassing me
Why annoying, pushing me?
You only inspired me how to loathe
Gave you all, yet it's never enough!
.
The type of love you require
Put me so much under pressure
You know your evil desire
Is crushing my little pleasure
.
It's such a pain, geez!
Dealing with that urge
Calling for a BLAZE
Just embrace the bloody rage
.
[One urge, to blow everything
One urge, to burn everything
One urge, to blast everything
A desire
Mine: to spit on your face
Yours: to leash my WILL
A desire
To escape your vicious space
You make me wanna KILL]
.
Now jaded is my imagination
So I buried all your adoration
I'm fed up, let's see if you win
Once you were my medicine
Today you're the gasoline
And I couldn't care less
I'm burning all the mess
You've gone and put me in
.
[One urge, to blow everything
One urge, to burn everything
One urge, to blast everything
A desire
Mine: to spit on your face
Yours: to leash my WILL
A desire
To escape your vicious space
You make me wanna KILL]
*
Dimanche 11 février
Transcendé par un RENOVATIO entêtant, Dean s'échappait du périphérique de Nior et pénétrait au cœur de Paradise City, la ville qu'on ne quittait pas. Il renifla face à l'ironie. Elle défendait bien sa réputation. Il fredonna les paroles, surpris de les connaître par cœur. Le succès du single avait imprimé les lyrics dans son cerveau, aidé par la justesse de leur portée.
Une fois de plus, Red avait raison. Il se focalisait en vain sur les aprioris et les attentes d'une famille qui ne le connaissait pas ; voire ne le connaitrait jamais. Sa rancœur se changeait en arme donnée à ses détracteurs, son ressentiment faisant de lui leur obligé. Les gens le lesteraient toujours du poids de ses erreurs afin de lui plonger la tête sous l'eau. Inutile de ressasser ses manquements s'il n'en tirait pas un enseignement.
Dean se lâcha et hurla les strophes à tue-tête, cédant à cette pratique peu assumée au volant, à l'abri d'oreilles moqueuses.
You held a grudge
No time they said
You've got hatred
Not for me to judge
.
No one stands on the side of angels
Forget your forfeits, they'll hang on it
On one's tod, stand to tell
You still can make it
[...]
So bring it to the flame
And burn it till the core
Ruin it to the death
This is the very moment
To wither an old sacrament
Time for uprising
The riot machine
Is on duty, raising
Nations in their decay
Toward the era of renewal
RENOVATIO IS NOW
Oui, un vent de renouveau soufflait dans sa vie. Qu'importe les embuches, Dean devait avancer. Les chaînes du passé ne le retiendraient plus. Il vivrait selon ses convictions. Nul besoin de montrer au monde qu'il était heureux ainsi ; il n'avait pas de compte à rendre à l'univers. Son bonheur, celui de son fils et de l'homme de sa vie les concernaient eux, et personne d'autre !
À sa demande, son smartphone géolocalisa le plus proche commerce encore ouvert passé minuit. À l'approche de la Saint Valentin, tous se mettaient au régime « fleurs et cartes glamour ». Aucun fleuriste n'ouvrant à cette heure tardive, il se contenterait d'un bouquet en grande surface, préemballé. L'idée lui vint d'en acheter plusieurs et d'en composer un nouveau avec harmonie. Il y insufflerait son sens artistique avec la rigueur d'un adepte d'ikebana. Red ne méritait pas moins.
De manière étrange, Dean ressentit une franche félicité durant ses emplettes. Il achetait pour la première fois des fleurs à son partenaire. Bon sang, Red le rendait mièvre ! Le bougre avait intérêt à apprécier la peine qu'il se donnait.
*
— Je suis navrée, monsieur, je ne peux pas accéder à votre demande.
Le refus auquel Dean se heurta n'entama pas sa bonne humeur. Il sourit à la réceptionniste. Clarissa – lut-il sur son badge – espérait résister à son charme. La malheureuse !
Le Golden River soignait son image en assurant le service d'accueil, de restauration, de portier, de voiturier, de ménage et autre par un personnel issu du moule des diktats stéréotypés de la beauté. La rumeur disait que les Ressources Humaines n'acceptaient que les CV accompagnés de mensurations. Info ou intox ? Toujours est-il que la réception était majoritairement assurée par la gent féminine aidée de quelques éphèbes. Politique un tantinet sexiste visant à servir des sourires charmants de jeunes femmes à la richissime clientèle de la maison.
Dean glissa son passe-droit MIP sur le plan verni du bureau d'accueil et réitéra sa demande.
— J'ai simplement besoin de son numéro de chambre, Clarissa. Je sais qu'il est à cet hôtel, je me suis chargé de sa réservation.
Rebecca ayant pris en main la suite des opérations, il n'avait pas cherché à savoir quels appartements avaient été attribués aux Beat'ONE, du moment qu'ils étaient logés dans une aile commune. Dean avait eu des scrupules à contacter la manager si tard. Peu probable qu'elle soit encore éveillée, vu le rythme effréné de Nior et les exigences de la convention rock. De plus, il voulait une surprise totale, d'où sa réticence à contacter les trois autres rockstars.
— Ne le prévenez pas de ma présence, je lui fais une surprise.
Au cas où Red ne serait pas encore rentré, il l'attendrait. Oui, devant sa porte, comme un idiot tenant un bouquet de fleurs. On attendait de lui du romantisme.
Clarissa se pétrifia en lisant les informations sur la carte biométrique violacée. Elle la glissa dans le lecteur à puce et sourit, crispée.
— Je vais voir ce que je peux faire.
Elle avait l'habitude des clients MIP mais n'avait encore jamais croisé un Leblanc. La raideur de ses épaules la trahit.
— Détendez-vous. S'il vous arrive un contentieux avec la hiérarchie, joignez-moi à la chambre d'Andy Rell. Mais je doute qu'on vous tienne rigueur d'avoir satisfait un client privilège.
Elle se rasséréna. Bien sûr, il avait raison !
— C'est la suite 3015, au trentième étage.
— Merci. C'est un peu tôt, mais joyeuse Saint Valentin, Clarissa.
Dean lui tendit un bouquet coloré. Intimidée, la jeune femme s'empourpra. Elle battit des paupières devant la grosse boule florale aérée, rendue chic par un bel assemblage de roses rouges mariées à de délicats freesias blancs.
— Je n'ai pas eu le cœur à les jeter. Ces fleurs ont encore de quoi faire naitre un sourire.
Il avait reconstitué un second bouquet avec les restes. Il n'espérait pas la soudoyer avec. Dean se doutait qu'elle connaissait l'identité people d'Andy Rell, mais elle n'oserait pas divulguer l'info de sa visite à une rockstar gay, muni d'un bouquet de fleurs. Il fallait qu'elle ait sincèrement renoncé à son job et à son équilibre social.
— Si vous avez un ou une partenaire du genre jaloux, ne lui dites pas que ça vient de moi mais plutôt de la maison, conseilla-t-il avec un clin d'œil.
Clarissa fondit, charmée. La jeune célibataire venait de trouver son job de nuit soudain très rafraichissant. Elle huma son présent puis minauda :
— Merci. Elles sont ravissantes. (Avisant le second bouquet que tenait Dean, elle lui renvoya un clin d'œil et lui rendit sa carte MIP.) Il va être ravi. Ces roses sont magnifiques.
Pour un homme magnifique, pensa Dean.
*o*o*
TBC ● EPISODE 37 – part 2
Petite anecdote sur BLAST ENVY :
La chanson a été écrite par Red dans la saison 1, à la suite de son ras-le-bol vis-à-vis d'Ethan Bosco et des fans. Mais ses lyrics ne sont diffusés que 6 saisons plus tard. Il s'avère que quand j'ai rédigé la première saison, je n'avait écrit que les paroles du refrain de cette chanson et je n'avais pas l'intention d'en faire plus. J'ignorais alors que Dean m'obligerait à en écrire les strophes, lors de la rédaction de cet épisode de la saison 7 où il fonce à Nior.
Traduction des lyrics : ENVIE D'EXPLOSION
Ciel nuageux, du brouillard dans ma ville
Tout semble flou
Mais je ne peux lâcher prise de la réalité
Quand elle a atteint cet état de misère
.
Peu importe de prendre le temps
De faire les choses correctement
Parce que voilà, tu vas à nouveau
Dérober ma lumière
.
C'est chiant, vraiment
De gérer cet ardent désir
Qui en appelle à une ENVIE D'EXPLOSION
Embrasse simplement cette foutue rage
.
[Une forte envie, de tout faire sauter
Une forte envie, de tout incendier
Une forte envie, de tout exploser
Un désir
Le mien : te cracher au visage
Le tien : tenir en laisse ma VOLONTÉ
Un désir
D'échapper à ton espace vicié
Tu me donnes envie de TUER]
.
Dis-moi pourquoi tu continues d'agir
Comme si tu étais un parfait saint
Dis-moi pourquoi tu persistes
Hey, connard, c'est quoi ton but ?
.
Tu assèches mon horizon
Ta putain de soi-disant générosité
Est l'autre nom de ma prison
Tu es un drain à ma créativité
.
C'est une douleur dans le cul
Que de sceller cette putain d'urgence
Qui en appelle à l'HOLOCAUSTE
Embrasse simplement cette foutue rage
.
[Une forte envie, de tout faire sauter
Une forte envie, de tout incendier
Une forte envie, de tout exploser
Un désir
Le mien : te cracher au visage
Le tien : tenir en laisse ma VOLONTÉ
Un désir
D'échapper à ton espace vicié
Tu me donnes envie de TUER]
.
Cesse de tirer, de me harceler
Pourquoi m'ennuyer, me pousser à bout ?
Tu m'as seulement inspiré comment haïr
Je t'ai tout donné, pourtant ce n'est jamais assez !
.
Le genre d'amour que tu requiers
Me met tellement sous pression
Tu sais que ton désir malsain
Détruit mon petit plaisir
.
C'est pénible, bon sang !
De gérer cet ardent désir
Qui en appelle à l'INCENDIE
Embrasse simplement la rage sanglante
.
[Une forte envie, de tout faire sauter
Une forte envie, de tout incendier
Une forte envie, de tout exploser
Un désir
Le mien : te cracher au visage
Le tien : tenir en laisse ma VOLONTÉ
Un désir
D'échapper à ton espace vicié
Tu me donnes envie de TUER]
.
À présent, blasée est mon imagination
Alors j'ai inhumé toute ton adoration
J'en ai marre, voyons si tu gagnes
Tu as été jadis mon remède
Aujourd'hui tu es de l'essence
Et pour ce que j'en ai à foutre
Je mets le feu à tout le bazar
Dans lequel tu es allé me fourrer
.
[Une forte envie, de tout faire sauter
Une forte envie, de tout incendier
Une forte envie, de tout exploser
Un désir
Le mien : te cracher au visage
Le tien : tenir en laisse ma VOLONTÉ
Un désir
D'échapper à ton espace vicié
Tu me donnes envie de TUER]
*MEDIA*
Intro vidéo : Eikichi Yazawa - Loser. (Tiré de l'OST du jeu vidéo 龍が如く3 / Ryu ga Gotoku 3 / Like a Dragon 3 / Yakuza 3) Parce que la traduction des paroles de cette chanson va tellement bien à Dean, je les pose là.
It's covered in scars, your heart
You stand on the street corner like you're nailed to the floor
It's gone forever now, chance, chance
It's just that same old story, same bad situation
Looks like they're getting worn out, your dreams
This won't ever end, if things stay the same
Show them you can change--more, more
You know, you still have time
Get moving, clench your fists, Loser
Rise up, so you won't get any more scars
You try to grab hold if it, more more
But it's even more fleeting than love
It really pisses you off, no, no
You're getting flustered, your teeth are being pulled out
Are you always gonna get defeated, loser?
Bite down hard, cling to your tomorrow, alright!
Break the chains that bind you
Shake off the dust of the gloomy yesterday,
Bite down hard, cling to your tomorrow, loser
It's covered in scars, your heart
You stand on the street corner like you're nailed to the floor
In these cold streets, chance, chance
There's limitless opportunity sleeping here
I'll rise up, yeah, yeah...
.
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