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S07 - EP 35 ✧ part II

Partie 2/3

— Cherchez pas à comprendre, maugréa Jay. Ce n'est que le énième de ses délires narcissiques.

— Je trouve cette réponse satisfaisante, rit Lawson. Vous avez ce côté branding. On penserait presque que Red Kellin est un logo. Une marque déposée.

Le chanteur médita la question.

— Je dirais plutôt... que je suis une fabrique. Et ce que je fais porte ma marque de fabrique.

— Nan, les Beat'ONE sont la fabrique. Tu es son logo le plus fluo, reformula Korgan, son sérieux enrobé d'une pellicule de sarcasme.

— Je partage cet avis, ratifia Jay. Pour moi, c'est un non-sens de dissocier Red Kellin des Beat'ONE.

Le chanteur apposa sa main contre son cœur.

— Oh c'est gentil. Mais me charmer comme vous faites me met dans une situation embarrassante vis-à-vis de vos moitiés.

— C'est moi ou il est vraiment bête aujourd'hui ? exhala Jay.

— Et vous voulez que cette lumière nous serve de logo, grogna Jeff, réprobateur.

— T'es jaloux que je sois le chouchou fluo et pas toi.

— On n'a jamais dit qu'il était une flèche, Jeff, grinça Korgan.

Dragan se détourna pour rire. L'hilarité réprimée de Lawson creusa des fossettes dans ses joues.

— Il y a un vrai contraste entre ce que vous renvoyez, quand on vous côtoie, et la dureté, la folie ou la profondeur de vos chansons. C'est encore plus prononcé dans LIRM qui a un caractère très ambivalent, à la limite du dissociatif. Il y a ce « clivage », cette dissociation, non seulement entre l'artiste et l'œuvre, mais aussi au sein de l'œuvre elle-même. D'ailleurs, c'est bien représenté par la jaquette, dit-il en agitant le boitier du CD.

L'audience assentit. Les posters géants de LIFE IN RED MOTION, représentant le visage de Red scindé en deux, exprimaient sur plusieurs plans cette dualité que renvoyait le personnage. La touche finale de Dean donnait l'illusion d'une moitié plus féminine que l'autre. L'être androgyne personnifiait des notions antagonistes et complémentaires. Homme/femme, souffrance/bonheur, larme de sang sur une joue/lueur de vie dans un œil, décor polaire désolé/ambiance solaire pétulante. La jaquette troublait, ne laissait pas indifférent.

Red lui-même avait été perturbé de se voir ainsi sur les affiches habillant le stand premium. D'une manière qu'il ne s'expliquait pas, il s'était senti revivre, conséquence d'un processus silencieux qui l'amenait à un constat limpide : il avait parcouru un sacré chemin grâce à l'aide de son entourage.

En captant son essence, son partenaire ignorait insuffler de la vie à cette part de lui qu'il croyait éteinte cette nuit fatidique de ses seize ans. Ce cadavre de lui qu'il trainait sur les routes sinueuses de son existence connaissait une espèce de résurrection à travers l'illustration de Dean. Bien entendu, il ne retrouverait jamais cet adolescent intact, mais il n'était plus obligé de faire son deuil. Parce que cet Andy-là vivotait encore ; en réalité, il n'était pas « mort ».

Il n'arrivait toujours pas à parler de ce vécu, néanmoins il prenait conscience de pouvoir l'exprimer autrement. Il le faisait déjà, dans ce langage plus adapté à sa personne à défaut de l'option « psy ». La psychanalyse n'était pas une contrainte, et ce ne serait peut-être pas un passage obligé car ceux qui comptaient vraiment le comprendraient à travers ce moyen d'expression détourné.

Andy n'avait plus à craindre la réaction des siens. Il n'avait plus à redouter qu'on ne le croie pas. Parce qu'il avait trouvé des gens dignes de sa confiance fragile. Un jour, il parviendrait à narrer l'entièreté de l'horreur de son passé. Même si cela demanderait plusieurs séances, plusieurs chapitres, plusieurs tomes. Il y arriverait. Cette épiphanie lui venait à l'instant car toutes les conditions étaient enfin réunies.

LIFE IN RED MOTION amorçait sa psychothérapie.

— Si ça peut vous rassurer, je dois sans doute avoir plusieurs personnalités. Ça expliquerait les nombreuses facettes de mon album, dit-il d'une voix empreinte d'émotion.

Ses amis le dévisagèrent, le sentant dans un état inhabituel. Il leur sourit avec tendresse et vit leur inquiétude se muer en perplexité. À force de traquer l'ombre dans son regard, Jay, Korgan et Jeff devenaient plus alertes. Ils ne l'exprimaient pas toujours mais ils se souciaient de son état d'esprit, prenaient soin de lui, veillaient sur son bien-être. Le meilleur moyen de leur témoigner sa reconnaissance était de leur montrer qu'il allait... mieux.

— Ça ne rassure pas d'entendre qu'on est presque enfermé dans une boîte avec un schizo, marmonna Dragan.

Les stands s'assimilant à des box gigantesques, aussi son commentaire allégea l'ambiance alourdie par le trouble des musiciens.

— La schizophrénie n'a rien à voir avec les personnalités multiples, nuança Red. Beaucoup de gens confondent. Pour en revenir à la musique, c'est ce territoire où je peux exposer ce que je veux. Ce qu'une part de moi ne peut pas se résoudre à exprimer dans ma vie de tous les jours. D'où cette impression de clivage avec l'image que je renvoie. Par exemple, je n'ai pas un tempérament dépressif. Mais une période de ma vie n'a été qu'une spirale destructrice. Depuis, cette facette obscure fait partie intégrante de ma personnalité malgré ma nature joviale. Heureusement, je me sens mieux après avoir laissé cette « personnalité-là » exprimer ses émotions sombres à travers la musique. Elle m'en libère. Et c'est une joie de passer à MCS-Radio, dont le slogan est « Music can save ». Je crois que c'était prédestiné.

Touchés, Lawson et Dragan lui sourirent.

— Dernièrement, j'ai aussi appris à transmettre du positif dans mes chansons. Ça apporte des pierres solides à mon chantier de reconstruction. Ça m'aide surtout à regagner mon self-estime. C'est important pour moi.

— C'est un peu surprenant de vous l'entendre dire, objecta Dragan. Quand on vous voit... vous êtes tellement entier. Vous dégagez une assurance de titan !

— De Red Kellin, rectifia-t-il en levant l'index droit avec suffisance. Mais je ne suis pas que Red Kellin.

— Je vois, fit Lawson, pensif. Peut-on dire que Red Kellin est une carapace, une armure ?

— Non, Red est « le moi qui ose ». Celui qui se permet ce que l'éducation et les traumatismes d'Andy lui refusent. C'est vrai qu'à une époque, Andy se réfugiait derrière Red et faisait de Red son bunker. Aujourd'hui, ces deux « moi » sont en parfaite symbiose. Le jour où Red Kellin deviendra néfaste pour Andy Rell signera la fin de sa carrière. Mais puisque l'un ne peut être sans l'autre, je vous rassure, ça n'arrivera pas.

— Tant mieux. J'ai écouté cet album en boucle, confessa Lawson, et j'en ai conclu qu'on ne peut pas avoir une production artistique de ce niveau sans être entouré de gens bien. Quoi qu'aient été vos traumatismes, vous avez su garder votre grandeur d'âme. Je soupçonne que c'est un peu grâce à vos proches. Vos nombreuses facettes appartiennent à un cercle vertueux, avant d'être la manifestation d'un talent immense.

Les Beat'ONE ne surent comment réagir face à ce précieux compliment. Ces mots bouleversants n'avaient rien de flatterie. Cet homme appréciait sincèrement leur travail, et le sentiment était inestimable. Jay se gratta la tête, un peu gêné.

— Faut pas, non plus, qu'on s'y croie trop. Se prendre au sérieux nuit parfois à notre inspiration.

— C'est vrai, confirma Red. Et puis... mes chansons ne reflètent pas toujours ma vie ni celle de ma Beat'ONE Family. C'est parfois un peu romancé.

— Même si les drames, la mélancolie, le cynisme ou la sensualité que dépeignent nos albums font partie de la vie en général, on y insère aussi pas mal de nos délires, ajouta Jeff.

— Lorsque c'est du vécu, on essaye de le représenter assez fidèlement par notre son, enchaîna Korgan avec cette fluidité alchimique chez les Beat'ONE. Je suis touché par ce que vous dites.

— Au contraire, c'est nous qui sommes touchés. La dramaturgie de LIRM rend cet album plaisant à écouter. On anticipe carrément ce plaisir à l'idée de lancer le CD ou son appli musique.

— Enfin, ça c'est toi, Law, nuança Dragan. Ton mode de fonctionnement est câblé sur une autre fréquence. Et à mon avis, elle n'est pas terrienne.

— Y'a rien de mal à ça ! glapit Lawson, embarrassé.

— Non, y'a rien de mal, mais ne généralise pas ton cas.

Lawson ignora ostensiblement son collègue et l'hilarité du public.

— Ce que j'apprécie le plus dans cet album, c'est cette manière bien à vous d'amener vos chansons. Votre façon d'utiliser à la fois les mots et le son. Ce n'est pas un texte chanté sur un instrumental mais un mariage symbiotique. Le mot est porté par la note. Un riff de guitare, un beat de batterie, correspond à une rime, une phrase ou un « silence » vocal. L'intensité du message s'en retrouve décuplée.

— Vous voyez ? C'est pas terrien ce genre d'analyse ! lança Dragan.

Red se tint les joues et gigota.

— Arrête, Lawson, tu vas me faire rougir ! Ne me soumets pas à la tentation, je risque de faire des infidélités à mon valentin.

— Mais ferme-la, Red. Ferme-la ! soupira Jay.

— Restons-en à la musique, hein ? proposa Lawson.

Il se racla la gorge, tentant de retrouver contenance. Moqueur, Dragan vint à sa rescousse.

— C'est un peu votre marque de fabrique, cette musique groovy, punchy, avec des solos de guitares psychédéliques sur des thèmes lourds, graves et dérangeants. Vous arrivez, par exemple, à me faire planer sur une chanson qui parle de vos chagrins amoureux, c'est fort. NINE DESOLATIONS OF A DOOMED est l'un de mes préférés.

— Merci. Le mérite revient à Kor. Sa composition rock symphonique est magique.

Korgan leva à Red un chapeau imaginaire. Lawson évoqua la diversité artistique du groupe, qualité que le quatuor exploitait de mieux en mieux. Les Beat'ONE étaient au carrefour de plusieurs cultures et influences. Cela leur octroyait la liberté et la facilité d'explorer de nombreux horizons musicaux.

Le chroniqueur aimait particulièrement la collaboration avec le chef d'orchestre tchèque. Dans son ensemble, LIFE IN RED MOTION ne transcendait pas le genre, ne sublimait pas forcément la passion des artistes, mais « déphasait » les émotions. L'album ne véhiculait pas seulement le ressenti des musiciens mais jouait aussi avec les sentiments et la perception de l'auditeur.

— En écoutant F.A.M.I.L.Y, par exemple, on est sidéré de comprendre qu'il s'agit d'une chanson d'amour dédiée à un beau-père qui ne vous a jamais aimé, un acte de pardon envers une mère qui s'est entichée d'un tel homme capable de piétiner vos rêves d'enfants, et un hommage à un père biologique disparu trop tôt. Je ne cache pas que j'en ai eu les larmes aux yeux.

Red en perdit la voix. C'était rare que l'on saisisse l'essence de ses chansons à un tel degré. En général, il gardait une part de mystère. Mais la sensibilité de Lawson le changeait en réceptacle parfait. Dragan n'avait peut-être pas tort de traiter sa perception d'extra-terrestre. Ce n'était pas donné à n'importe quel « humain » de comprendre l'énigme Red Kellin.

— Autre exemple, la chanson DR MABOUL. Je ne compte plus le nombre de fois que je l'ai mise sur repeat, soupira Lawson, conquis. Son cynisme reflète une certaine noirceur de nos sociétés, pourtant, son rythme entraînant donne une pêche d'enfer ! Tout est déphasé mais efficacement en place. C'est agréablement paradoxal.

L'âme de Red avalait ces commentaires dithyrambiques. Il y puiserait de la force dans les moments de doute.

— C'est un album étrange, reconnut Korgan, ému par la passion de cette critique. Ma femme m'a dit qu'à chaque nouvelle écoute, on a l'impression d'avoir lancé le CD pour la première fois. On le redécouvre, comme s'il ne livrait pas tout dès la première écoute.

— Elle a dit ça, Sacha ? s'étonna Red.

— Ouais. C'est rare qu'elle me fasse part d'une analyse aussi... élaborée. En général, elle se limite à « kyaaa, c'est trop bien ! », imita le guitariste d'une voix de fausset. Autant dire qu'elle n'est pas objective.

Lawson songea, au contraire, que « c'est trop bien ! » restait objectif pour LIRM ou RENOVATIO. Il se garda néanmoins d'émettre sa pensée.

— Vous allez rire, fit Dragan. @S.N-M-official vient de publier ça :

« @K❤️S : en général, quand un homme dit quelque chose d'intelligent, c'est qu'il a débuté sa phrase par « ma femme m'a dit ». À ton retour, le divan se fera une joie de discuter avec toi de mon objectivité. »

Korgan se pinça l'arête du nez comme les trois autres hurlaient de rire, aidés du public. Cette chère Sacha Nuttingham-Mineli, on ne la changerait pour rien au monde !

— Je crois que vous l'avez vexée, pouffa Lawson.

— Elle se vexe pour un rien ! Elle est surtout fâchée parce qu'on ne passera pas la Saint Valentin ensemble.

Red comprenait totalement son sentiment. La parole fut donnée à un fan dans le public.

— Comment vous vivez votre succès ? C'est pas, genre, un peu « fatigant » d'être des stars ?

— Fatigant... oui et non, rétorqua Jay. C'est sûr qu'il y a des moments où la rançon de la gloire est pénible. Mais on ne va pas en chouiner dans les chaumières compte tenu de ses avantages. La célébrité est quelque chose qu'on vit au jour le jour. Et je ne pense pas me tromper en disant que nous ressentons tous la même chose. À la base, on ne fait pas de la musique pour être des stars. On est des stars parce que les gens aiment ce qu'on fait au point d'être nombreux à le plébisciter.

— Les gens peuvent penser que notre statut de célébrités est acquis, dit Korgan. Pour nous, le plus important est de garder en tête que ce n'est pas définitif. On a connu un passage à vide. Et cette chute douloureuse est survenue parce que, quelque part, au-delà du retour négatif des détracteurs, on s'est crus à l'abri.

— On a appris la leçon, fit Jeff, songeur. La conséquence a été de redéfinir nos priorités. D'abord, faire ce qu'on aime. Ce qui n'était plus le cas, il y a deux ans.

— J'avais un prof à la fac qui disait que lorsqu'on aime quelque chose, il faut en faire son métier, intervint Lawson. Ou à défaut, changer en hobby, en passe-temps, ce qui nous rend heureux. Pour l'avoir écouté, c'est le pied !

— J'aurais aimé l'avoir comme prof, envia le bassiste. Le succès doit être pris comme une marque de reconnaissance gratifiante, non comme quelque chose qui nous est « due ». Oui, il a ses inconvénients. C'est à nous de le rendre « motivateur ». Le challenge est de ne pas décevoir nos fans en faisant ce qu'on aime. Je crois que trouver cet équilibre est la clé du succès.

— En fait, on veut pas trop intellectualiser notre succès, résuma Red. On ne fait pas les choses dans le but de plaire. On ne s'attend pas toujours à la manière dont réagira le public. Alors inutile de prévoir le succès, de l'anticiper. Ça évite les attentes, donc de mal vivre les échecs.

— Mais vous pensez gérer votre popularité comme il se doit ? insista Dragan. N'a-t-on pas l'impression, parfois, qu'elle monte à la tête malgré toutes les précautions qu'on peut prendre ?

— Pour ma part, je ne me casse pas la tête avec des précautions, fit Red en se tapotant la lippe avec le goulot de sa bouteille d'eau. Je n'en ai qu'une seule : rester moi.

— Je confirme, c'est le même fou qu'à ses débuts mais en plus vieux, sourit Korgan.

Il arracha la bouteille des mains de Red avant qu'il ne souffle dedans comme dans une flute. Avait-il conscience que le sifflement désagréable aurait été diffusé à des milliers d'auditeurs ?! Le guitariste en eut pour ses frais de donneur de leçon lorsque le portable du chanteur accusa réception d'un SMS par un carillon sonore.

Torpillé du regard, Red n'en eut cure, tout à sa réjouissance de lire un texto de Rudy. Le fils de son partenaire apportait des nouvelles intéressantes. Ça mijotait du côté de Dean. À vrai dire, il n'était plus du tout fâché contre ce dernier, après avoir vu le rendu des affiches promotionnelles de LIRM. Il ne savait pas alimenter sa colère contre cet homme qui trichait constamment avec son cœur. Cela ne l'empêchait pas de continuer à simuler. La « punition » de son amant s'achèverait aux douze coups de minuit. Pas avant !

Pour clore la question du succès, Jay estima qu'il se préserverait de la « folie » qui y était rattachée, tant que les ingrédients de son équilibre resteraient stables. Sa fille, son fils, la mère de ce dernier, les équipes à la production, les ingénieurs du son, les vidéastes, les infographes, les roadies, les stylistes, les commerciaux... Sa famille, ses collègues et amis, des hommes et femmes formidables, constituaient ces garde-fous et l'aidaient à mener à bien ses projets.

— En réalité, les Beat'ONE ne sont que la vitrine. Et un magasin ne marche pas qu'avec une vitrine. Sans eux, on n'aurait pas pu sortir d'album dans des conditions aussi euphorisantes. Je les remercie du fond du cœur pour ça.

Depuis la régie, les membres du staff lui signifièrent que le plaisir était partagé. Les Beat'ONE découvraient encore des aspects de leur métier. Dans leur milieu en constante évolution, leur carrière comme toute existence se composait de chapitres consécutifs, bien plus que de batailles gagnées ou perdues. Ç'allait au-delà du succès, au-delà du flop, au-delà des chiffres, au-delà du profit, au-delà des pertes. C'était une expérience humaine, simplement.

Le succès ne leur tournerait pas la tête tant qu'ils en partageraient les bénéfices. Il faudrait tellement le fractionner pour être équitable, qu'ils n'en feraient pas une overdose. Leur aventure était une succession d'états d'âmes ; la célébrité n'en constituait qu'un pourcentage.

La psychologie du groupe se modulait d'un album à l'autre. Le plus dur restait de jongler entre les différentes phases de leur parcours. Ses hauts, ses bas, ses milieux, ses fulgurances, ses décélérations... Le secret : ne pas se perdre sur la route de la gloire et ne pas stagner non plus. Ils n'avaient peut-être pas connu tous les sommets et les ravages du succès, mais ils en avaient déjà goûté la dangerosité.

— C'est pourquoi vous avez écrit LIRM ? Pour ne pas vous perdre ? questionna Lawson. Je veux dire, cet album parle de vous, Red. Est-ce une façon de définir ce que vous êtes, afin d'y revenir si jamais vous vous perdez ?

Question pertinente, à laquelle le concerné fut incapable de répondre sur le champ. Non parce qu'il rédigeait à l'instant un texto mais par indécision. De manière étrange, la question lui inspirait un sentiment similaire à celui provoqué par une réflexion de Dean sur ce même album.

« Tu dis vouloir tourner la page après cet album... Cela concerne tous les « sujets » qu'il aborde ? » (Cf. S03-EP20 part. III.)

Red réalisa qu'il connaissait désormais la réponse à cette question. Aussi celle de Lawson lui parut facile.

— LIRM est plus ou moins ce que j'étais au moment où j'ai fait la démarche de l'écrire. Mais au-delà de l'écriture, je suis aussi interprète. Red Kellin a un côté à la fois avatar et mythomane. Comme un comédien, je m'incarne dans des personnages issus des facettes de ma psyché, mais pas toujours. Dans LIFE IN RED MOTION, la limite entre réalité et comédie est floue. Parfois inexistante pour certaines pistes.

— Lesquelles ? s'excita Dragan.

— Hum... Je peux utiliser un joker ?

— C'est de la triche. Maintenant le public veut savoir. (Red se fit songeur.) Vous n'osez pas dire lesquelles de peur qu'on les décortique à la loupe ? soupçonna Dragan.

— Non, je suis juste en train de les compter dans ma tête.

— HEADY DESIRE, évoqua Jeff.

Pour qui connaissait Dean et Red, les paroles étaient limpides. Zéro comédie.

— Oui, littéralement, approuva Korgan.

Cet album, qui relatait des pans de la vie amoureuse de leur chanteur, n'en était que plus magnifique sachant de quelles eaux putrides le cœur de Red avait été tiré.

— Donc cette personne qui vous inspire un « heady desire » existe ? devina Dragan, ravi du scoop.

Lawson, plus circonspect, s'en doutait déjà mais se demandait si le chanteur était disposé à dévoiler sa vie privée. Il n'était pas dupe. Le flirt de la star avec Iris, le barman du Nightshade, n'était qu'un leurre servi à la presse et au public, censé les détourner de la réalité.

La question de Dragan piégeait Red car elle sortait du cadre de la promotion de l'album sans être hors sujet. On parlait toujours du contenu de LIRM. Face à son hésitation, Lawson trancha :

— On vous accorde ce joker. Quand est prévue votre prochaine tournée ?

— Les dates ne sauraient tarder, répondit Jay. Ce sera après le concert évènement In Memoriam Cerni.

La nouvelle ravit du monde. Le concert de commémoration était prévu en avril, mois du décès de John Cerni. Dans un trimestre les Beat'ONE prendraient à nouveau la route. Cette tournée qui se faisait attendre promettait du grandiose, tant les fans étaient affamés.

La parole revint à ces derniers. Une curieuse demanda des nouvelles du Caramel-vanille de Red Kellin. Pouvait-il en dire plus sur l'album en collaboration avec les étudiants de Darney ?

— MANY COLORS est un minibus engagé. Sans prétention, certaines pistes pourraient être élues hymne de la marche des fiertés.

— Un peu de modestie, Red, enfin ! le chapitra Jay.

— Au-delà du positionnement LGBTQI+, ça s'adresse à tous les horizons, souligna Jeff. Je ne le dis pas en ma qualité d'allié, mais c'est un petit bijou orchestral.

— Une autre collab avec le chef d'orchestre Edvin Srzenski ? s'intéressa Lawson.

— Il n'orchestre pas seulement, il est aussi compositeur, révéla Red. Nos univers artistiques sont très compatibles. C'est un plaisir de travailler avec lui et les étudiants, confia-t-il, extatique. Je ne me suis jamais autant plu dans un établissement scolaire. La fac, c'est cool !

Sa joie était plaisante à voir.

— C'est sûr qu'une fac comme Darney..., souleva Korgan.

— Non, y'a pas mal de coincés du cul. Mais les Darneyens Holy Suckers ont la classe, ajouta le chanteur comme s'élevaient des protestations. J'ai beaucoup de chance. Et c'est grâce à mon Caramel-vanille.

Lui vint soudain une idée.

— Hey, si on l'appelait sans lui dire qu'il passe à la radio ?

Lawson ne put l'arrêter. La proposition avait déjà conquis Dragan, l'audience et ses acolytes, toujours partants pour une bonne farce.

*o*o*

TBC ● EPISODE 35 – part 3

*MEDIA*
Intro vidéo : Made For This - City Wolf. Parce que ces lyrics vont si bien à l'état d'esprit des Beat'ONE face à la polémique.

{Intro: City Wolf}
You were made for this!

{Verse 1: City Wolf}
I live in a blacktop jungle
Runnin' with a wild-like hunger
Everybody try to test ya
No shelter from the rain and the thunder
Fighting in the concrete wasteland
Watch while they sink like quicksand
And everybody try to shake you
Let they come and try, you don't give a damn

{Bridge: City Wolf}
You're stronger now
Can't hold you down
You're breaking out

{Chorus: City Wolf}
You were never born to quit
You gotta stand up
You were made for this
Keep on throwing rocks and fists
You gotta stand up
You were made for this
Woah
Stand up
You were made for this
Woah
Stand up
You were made for this

{Verse 2: City Wolf}
Standing on the edge of nowhere
You come and make them freeze with a cold stare
Everybody try to change you
I stand tall, step first in the danger
Swing it until your sons are crouching, yeah
I'll make 'em out 6 feet on the ground, yeah
Everybody try to hold ya
Ready to growl fight our revolution

{Bridge: City Wolf}
But you're stronger now
Can't hold you down
You're breaking out

{Chorus: City Wolf}
Because you were never born to quit
You gotta stand up
You were made for this
So keep on throwing rocks and fists
You gotta stand up
You were made for this
Woah
Stand up
You were made for this
Woah
Stand up
You were made for this

Heart attacker, lip smaker
I run them down like an off road tracker
A fire cracker, a chip stacker
I suck a punch with a real heat packer
Heart attacker, lip smaker
I run them down like an off road tracker
A fire cracker, a chip stacker
I suck a punch with a real heat packer

{Bridge: City Wolf}
But you're stronger now
Can't hold you down
You're breaking out

{Chorus: City Wolf}
Because you were never born to quit
You gotta stand up
You were made for this
So keep on throwing rocks and fists
You gotta stand up
You were made for this
Because you were never born to quit
You gotta stand up
You were made for this
So keep on throwing rocks and fists
You gotta stand up
You were made for this
Yeah
Stand up
You were made for this
Woah
Don't have to wait for it
'Cause you were made for it
Yeah
You were made for this
Woah
You were made for this

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