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S07 - EP 33 ✧ part I

Partie 1/2

Durant six jours, Nior concentrerait le meilleur du rock national sur les plateformes du Sinéad. Plus qu'un festival, la Rock-Feast était une « putain de fête rock'n'roll » selon les aficionados. Cette année, Emy Event© donnait une autre dimension à l'évènement, en organisant des afters dans des clubs, salles de concerts et hôtels, offrant ainsi aux fans plusieurs occasions de rencontrer leurs stars préférées à huis clos. Une grosse tombola promettait des prix alléchants, allant du billet de concert aux entrées VIP et rendez-vous en tête-à-tête avec les musiciens. Des bus aux couleurs du festival, tagués de son slogan « May Rock bless you ! », avaient été affrétés et assuraient le transit de sept heures du matin à une heure du matin.

Les Beat'ONE avaient grimacé devant leur planning condensé mais s'étaient gardés d'émettre la moindre protestation. Rebecca attendait la première occasion de les tacler à la carotide. Même bailler leur était interdit. Elle braquait sur eux ce regard de canon de Beretta 92 dès qu'ils trahissaient un signe de fatigue. La manager comptait bien leur facturer leur écart de conduite de la veille et leur retour tardif à l'hôtel. Ils avaient eu une chance de cocu qu'elle n'ait pas été connectée au moment des faits.

L'humeur orageuse, elle leur avait refourgué un stock de barres protéinées en prévision du rythme effréné de la journée. À son réveil, Korgan, la tête dans le coaltar, avait rempli sa gourde d'un café très serré. Tout en râlant qu'il était illégal d'être tiré du lit à huit heures et demi, Jeff avait programmé sur son portable des séquences de sieste de dix minutes à des fréquences régulières. Jay comptait sur les effets du Fresh Tonic® – il carburait déjà à trois canettes – et du sourire de Mìo pour refréner son envie de fumer.

Mais le véritable problème se nommait Red. En quittant sa suite, leur chanteur couvait un état de déprime inquiétant. Des cauchemars l'avaient visité toute la nuit. S'il devait rester « sage », la situation s'aggraverait. Lui octroyer un droit au scandale tuerait sa morosité, or leur manager n'autoriserait jamais ce compromis.

Les trois autres musiciens spéculaient sur l'origine de cette baisse de régime. Jay soupçonnait de l'eau dans le gaz avec Dean, bien que cela reste difficile à envisager tant ils avaient été « amoureux à l'écœurement » à Balmer. Jeff soupçonnait l'affaire Ethan, qu'une demeurée avait dépoussiérée en la comparant à son histoire sordide avec Sloan. Tu parles d'un pire timing pour réveiller cette momie-là ! Korgan en était arrivé à conseiller une aide psychologique à Red. Persister dans le déni ne le libérerait jamais de ces chaînes du passé.

Sans surprise, le concerné avait botté en touche.

— Tout va bien.

Mensonge. Les membres de son groupe savaient quand ne pas insister. L'humeur versatile de Red s'avérait une épine dans le cul. Ils faisaient avec mais ça ne leur avait pas manqué ! Dans l'immédiat, ils n'avaient pas d'autre choix que lui changer les idées. Leur conclusion : ruser afin de détourner l'attention de Rebecca, échapper à leur garde rapprochée et permettre à la folie de Red de s'exprimer. La tenir en laisse n'augurerait rien de bon pour la suite. Les Beat'ONE avaient besoin que leur dragon pète le feu, et non qu'il se brime au point de contracter un spleen plus ou moins irrationnel.

Une fois noyés dans la masse des festivaliers du Sinéad, les quatre artistes eurent une pensée symbolique à l'attention de Rebecca et leur brigade de sécurité. Ils compatirent à l'affolement de ces derniers, mais cela concourrait au bien commun. Ils étaient confiants en leur déguisement.

— Avec un peu de chance, les plus perspicaces nous prendront pour des cosplayeurs de notre propre groupe, avança Korgan.

Ils seraient vite confrontés à la naïveté de cette réflexion.

— Normalement, il y a peu de chance qu'on croise une célébrité de « l'autre côté » des stands, expliqua Jay. Le génie du parc des expositions tient de l'aménagement de son sous-sol.

Sous les pas des festivaliers, une espèce de bunker labyrinthique bien équipé permettait les déplacements des invités de marque, des stars et sponsors, dans le flux continu des équipes coordonnant l'évènement. Le dédale de couloirs souterrains donnait accès aux loges, à certains stands, aux parkings, aux vestiaires, à l'entrepôt des stocks, au centre de sécurité, etc.

Le confort des peoples était ainsi assuré, et Emy Event© s'épargnait des émeutes ou des bouchons à cause d'un rassemblement massif de groupies. Une célébrité qui refusait d'emprunter ces passages s'exposait à ses risques et périls. Sans le don d'ubiquité, les services de sureté se révélaient inefficaces face aux nombreuses hystéries des fans.

Malgré cela, les Beat'ONE choisissaient de braver les interdits, convaincus que vivre dangereusement de temps en temps ne nuisait pas à la santé...

Red avait accentué son androgynie en adoptant un look assez féminin. Le trompe-l'œil détournerait la vigilance des Holy Suckers. Porté par-dessus une chemise manches longues à motif camouflage, son long T-shirt à zips au tombé fluide recouvrait le haut de ses jambes habillées d'un mini-short jean noir effiloché sur les bords dans un style grunge. Des Doc'M® montantes, une paire de bas en laine chauffante et une capeline à clous finissaient de semer le doute sur son genre.

Jay masquait ses traits derrière ses éternelles lunettes Iridium® d'un noir de jais et une casquette à clous dorés. Un grand foulard, élégant agencement de plusieurs morceaux de tissus précieux à motif punk, dissimulait l'identité de Jeff. Korgan avait joué la sécurité derrière un cache-nez imitation masque anti-gaz steampunk.

Ils se fondaient bien dans l'amas des excentriques fanas de rock, excepté l'absence de la panoplie de tout habitué des conventions : le kit de survie du festivalier venu renflouer son stock de photos, CDs, goodies et souvenirs. À ce stade, la mélancolie de Red était devenue un prétexte. L'évènement promettait des centaines d'heures d'animations et d'activités hyper funs. Pourquoi devaient-ils se coltiner l'envers du décor parce qu'ils étaient des stars ?

— Waah, ça n'a plus rien à voir avec le souvenir de ma première fois ! s'exclama Red.

Les yeux pétillants, il tournait sur lui-même. Il revenait à la vie, constatèrent ses complices. C'était ça de gagné.

— Ta première Rock-Feast remonte à quand ? s'enquit Jeff.

— C'était « l'année de gloire » de Dius Core. J'avais seize ans, et c'était la première fois que je quittais Saunes tout seul.

Débarquer à Nior avait été à la fois angoissant et exaltant. Pour le pauvre ado gringalet venu des bas-fonds de la capitale, le rythme de Paradise-City était d'un autre niveau.

— Je ne me rappelle même plus comment je m'étais fait mes économies. J'étais terrifié, mais l'appel de Dius Core ne s'ignore pas. J'ai fait de l'autostop et je suis tombé sur une bande de punks qui s'y rendait. C'était génial !

Une fille l'avait pris sous son aile. Sans doute avait-il éveillé en elle un instinct maternel. Il l'en avait secrètement remerciée. Parce qu'il n'était pas dit qu'il aurait vécu cette expérience sans anicroche si Aline n'avait pas été là. Il l'avait trouvée super cool. Fraichement émancipé, le jeune Andy avait cru que le monde lui appartiendrait s'il surmontait ses peurs. Il ignorait que l'enfer l'attendait de pied ferme de retour à Saunes.

S'il avait su, il ne serait jamais rentré. Mais à l'époque, l'exubérance de Nior l'avait oppressé, et il possédait un simulacre de repères à Barney Hall. Puis tout avait basculé cette nuit maudite où sa route avait croisé celle de quatre monstres avinés...

Parfois, il se demandait si ses agresseurs étaient toujours de ce monde. Avaient-ils atterri en taule, ou continuaient-ils leur vie sans remords, en jouissant d'une bonne santé ou d'une famille aimante ? Peut-être qu'ils avaient fini leurs jours au fond d'un fossé, poignardés par des racketteurs, un soir malheureux de beuverie. Et cela n'aurait même pas été justice...

Depuis lors, Andy avait une sainte horreur des effluves d'alcool. Entendre ces porcs grogner et les sentir se soulager en lui n'avaient pas suffi. Ils lui avaient aussi craché des obscénités de leur haleine puant le picrate, en le bâillonnant jusqu'à l'asphyxie car il braillait trop. La cruauté de l'ironie avait fait de son père un alcoolique chronique !

Une ombre revint sur le visage de Red. C'en était pourtant fini de cette chienne de vie, mais depuis la veille, il replongeait un peu trop vite, un peu trop facilement, dans le bassin de ce passé sordide. C'était inquiétant. En avoir cauchemardé ne le surprenait pas. Son attrapeur de rêves lui manquait. Or il avait eu des scrupules à le réveiller si tard. Sans compter qu'il boudait toujours Dean. Il n'empêche que c'était décourageant de constater le retour au galop de ses sales « manies » nocturnes dès la première nuit loin de son partenaire.

Tout ça c'est la faute de cette satanée Megan ! Sa garde s'était relâchée, sinon évoquer Sloan à un moment où il s'y attendait le moins n'aurait pas bousculé son équilibre mental précaire. Il croyait l'avoir surmonté... Il ne pensait pas devoir admettre aussi brutalement qu'il se mentait à lui-même.

« Ce n'est pas Sloan le problème, Andy. Korgan a raison, il est temps d'en parler à quelqu'un de qualifié. »

Good Red choisissait mal son moment pour aborder ce sujet-là. L'idée d'une psychothérapie l'avait toujours rebuté. Certes, il n'en était plus aussi fermé qu'à l'époque, mais subsistait encore le sentiment que ces séances l'obligeraient à fouiller dans cette boîte de Pandore renfermant de sombres secrets. Un psychologue le pousserait à revivre de manière détournée les sensations éprouvées lors de cette période horrible de sa vie. Red avait déjà donné, merci !

D'aucun disait que « guérir » d'un traumatisme exigeait de remonter avant le drame afin d'avancer à nouveau. Verbaliser ou imager ses émotions et son ressenti l'en rendrait maitre. Sans doute. On lui débiterait sûrement des phrases toutes faites, des expressions débilitantes du genre « explorer sa mémoire passée afin de renouer avec son soi primitif ». Le toubib du cerveau essayerait probablement de le réconcilier avec qui il était. Or un trauma vous changeait ; on n'était plus le même.

L'oreille attentive d'un professionnel ne lui était pas vitale. Red portait le poids de son passé bancal. S'en libérer revenait à effacer ce passé. Chose impossible. Et puis, sa boîte de Pandore s'était déjà ouverte de moitié ; cela lui suffisait. Pour l'instant. Il n'était pas motivé à finir le travail.

« Une motivation, hein ? Faut-il que la presse s'en mêle, comme avec Sloan, pour que tu te décides à aller de l'avant ? Tant que personne ne saura ce qu'il s'est passé avant ce connard, tu te serviras de lui comme d'un arbre pour masquer la forêt ! »

Il préférait quand Bad Red se montrait sarcastique. Ce discours trop sérieux ne lui ressemblait pas. Il appréciait l'ambiance, là ! Si ses voix mentales lui lâchaient la grappe, il leur en serait reconnaissant. Celle de Jeff le sauva d'une noyade dans ses réminiscences visqueuses.

— C'est clair, ça n'a plus rien à voir. Emy Event© gère l'évènement depuis quelques années, mais il y a dix ans, ça ne se déroulait pas au Sinéad. Et y'avait pas de stands.

— C'était sur deux jours au lieu de trois, se rappela Korgan. Maintenant c'est passé à six. Et ça se déroulait pas non plus à la Saint Valentin.

— L'idée des stands est démente ! souffla Jay. (Il peinait à embrasser du regard l'étendue du festival depuis leur position en haut des marches.) Parait qu'ils estiment un compteur à près de trois-cent-mille entrées cette année.

Les trois autres sifflèrent, impressionnés. Effectivement, cela s'annonçait démentiel. Cette fréquentation sidérante exigeait un besoin d'espace que satisfaisaient les halls titanesques du Sinéad. Le festival ne consistait plus à assister au marathon de concerts comme jadis. Ces derniers, désormais programmés de 16 à 23 h – officiellement, sachant qu'officieusement ce n'était pas toujours respecté –, laissaient aux fans et aux artistes le loisir de profiter autrement du début de la journée.

La convention comptait quatre types de stands : médias, ventes, activités et contrats. Leur disposition avait été étudiée pour amoindrir les interférences audiovisuelles.

Passé l'accueil, non loin des vestiaires et des sanitaires, on accédait à un gigantesque espace couvert, divisé en cinq grandes allées bordées de stands. Ce modèle, copié sur les conventions de comics organisés par la même entreprise, facilitait la circulation grâce aux repères thématisés. Chaque allée portait le nom d'une célébrité du rock. À leur bout, les établissements de restauration ; au-delà, l'aire dédiée aux scènes, et entre ces deux zones, les stands prémiums.

Les stands médias accueillaient une équipe radio, télé, le staff d'un magazine, une conférence de presse où les fans posaient leurs questions aux stars avant une séance de dédicaces. Deux plateaux audio-visuels ne se faisaient jamais face. Le montage des structures évitait tout conflit d'intérêt ou tout accrochage avec une éventuelle concurrence quand intervenaient des caméras professionnelles.

Pour les fans, les stands activités étaient le lieu de tous les plaisirs et – Red approuvait – l'endroit où la richesse de l'événement prenait son sens. C'étaient « les incontournables » du festival. L'on pouvait y réaliser un photoshooting façon tapis rouge. Un tirage au sort vous gagnait le droit de poser avec vos idoles. Emy Event© n'avait pas hésité à transposer le cosplay, institution des conventions de l'imaginaire, à cette fête de la musique rock.

Concours de karaoké, battles de jam session, de danse ; tout y passait. Ces stands diffusaient les clips en avant-première, faisaient tester les derniers jeux musicaux sur le marché, dans lesquels apparaissait une icône du milieu, organisaient des tournois d'air guitar promettant de nombreux lots à gagner. Les chanceux affrontaient des stars de la grande scène. Des master-class de chant ou d'un instrument de musique y étaient donnés, parfois sous la supervision d'une rockstar.

Les stands ventes ne se limitaient pas à la commercialisation de magazines, tablatures, produits dérivés, accessoires mode, costumes, CDs et instruments de musiques. En plus d'inviter tous les budgets, ils géraient aussi la billetterie des concerts prévus plus tard dans l'année, et des vols internationaux à destination des villes où se dérouleraient de futures tournées mondiales.

Les Beat'ONE se sentaient comme de grands enfants dans cette mêlée. Ne sachant plus où donner de la tête, ils hésitaient à se séparer pour participer à l'activité de leur choix. Mauvaise idée, mais tentation séduisante. Le portable de Jay trancha.

— C'est elle, hein ? comprit Korgan en voyant sa grimace.

— Elle va plaider la folie devant le juge lorsqu'elle sera inculpée pour le meurtre des Beat'ONE.

Ainsi débutait le texto de leur manager. Ils serrèrent les dents. Ç'avait le mérite d'annoncer les couleurs.

— Si elle n'appelle pas, c'est qu'elle se trouve en présence d'agents de presse, analysa Jeff. Elle ne veut sans doute pas leur mettre la puce à l'oreille.

— Non, c'est parce qu'elle se retient de hurler par égard pour les murs de verre du hall, expliqua Jay en lisant.

— J'avoue, on la pousse un peu à bout, la pauvre, compatit Korgan.

— « Je n'ai pas besoin de votre compassion à distance mais de vos fesses ici, pronto ! », continua de lire le batteur.

C'était assez flippant qu'elle anticipe ainsi leur réponse !

— Faut qu'elle se détende du slip, la Pantiz. On gère la situation, dit Red.

N'était-ce point dans ce but qu'elle les avait obligés à télécharger l'appli Rock-Feast, mettant l'accent sur les rencontres à ne surtout pas manquer de leur planning ?

« Vous n'avez pas idée de la merde dans laquelle vous nous fourrez tous. Vous croyez en une chimère en pensant avoir la situation sous contrôle. Tessa est sur le point de péter une durite, et supporter la colère de cette meuf n'est pas compatible avec un casier judiciaire vierge ! Si vous ne vous ramenez pas maintenant, j'irai en prison pour un quintuple meurtre : le vôtre et le sien. Dieu sait que je n'ai pas envie de faire de mon fils un orphelin de père ! »

Korgan retint un frisson. Elle n'exagérait qu'à moitié.

— Elle veut qu'on se ramène alors qu'elle nous promet la mort ?!

Un nouveau texto rejoignit le thread de conversation :

« Mais croyez-moi, la mort par strangulation que je vous réserve est le cadet de vos soucis ! »

— Wow ! souffla Jeff.

L'heure était grave. Le leader décida d'être raisonnable un instant – même si Jeff le traita de suicidaire –, prit son courage à deux mains et l'appela. Son téléphone l'agressa :

La vie de ma mère, tu te fous de ma gueule, là !

Quand Rebecca oubliait son registre soutenu et embrassait son passé de gosse de quartiers défavorisés, c'est qu'on avait appuyé sur ses mauvais boutons.

— T'es sur haut-parleur, bébé, fit Jay en espérant tempérer son humeur.

Sur la tête de ma première vérole, vous vous fichez de ma putain de gueule, les mecs ! Je ne vois pas d'autre explication. Et ne me « bébé » pas, Jet ! N'espère pas t'en tirer à bon compte.

Les autres vilipendèrent Jay en silence. Pourquoi sortir ce « bébé » dégoulinant de glucose !? Pouvait-il s'en tenir à son habituel « Becca » ? Ça ralentirait probablement la métamorphose de la jeune femme en harpie racaille.

— Pantiz, on..., tenta Red.

Je ne veux pas entendre un seul mot de votre part, à moins de vous trouver devant le stand contrat numéro sept dans trois minutes ! gronda-t-elle.

Les stands contrats, nouveauté datant de l'année dernière, avaient remporté un franc succès dès leur apparition. Leur vocation : faire des rêves une réalité. C'étaient des « centres de rencontres » ayant le pouvoir de changer des vies, car ils permettaient le dialogue avec des professionnels de nombreux horizons et en lien avec la musique. Comme leur nom l'indiquait, on y signait des contrats, dégotait des rendez-vous avec des agents et managers de groupes célèbres, des artistes incontournables de la scène rock, des producteurs, chasseurs de têtes, chorégraphes, réalisateurs, créateurs de mode, etc.

Ceux à qui la chance souriait glissaient leur démo ou leur book entre les dossiers de ces professionnels du showbiz. Certains étaient admis à des auditions ou signaient sur place avec des maisons de disques, parfois des grosses pointures du milieu. Les artistes y voyaient une occasion de créer de nouveaux partenariats ou collaborations.

— On s'y rendait, chérie, rétorqua Jay.

Si tu comptes me mentir, vire de ton vocabulaire tout mot affectueux. À cet instant, t'as autant de valeur qu'un cadavre à mes yeux !

— Bien, madame.

Je vous attends. Et je ne donne pas cher de vos couilles sur le marché noir si vous arrivez avec une seule minute de retard !

— Trente secondes, ça ira ? négocia Red.

Elle leur raccrocha au nez. Et merdeuh ! Il fallait faire diligence, les stands-contrats n'étaient pas la porte à côté.

— Pantiz a déjà été à une convention de sa vie ? s'indigna le chanteur. Elle est au courant que courir est prohibé par la déclaration universelle des droits des conventions ?

— La ferme, Andy, et magne-toi le train ! lança Korgan.

— C'est ta faute si on est dans cette situation, Andy ! l'accusa Jay.

L'accusé s'outra.

— Espèce de lâche !

— Ta gueule et viens, Andy ! grogna Jeff. Mais qu'est-ce que tu fous ?

Il tira sur la manche de Red qui se rendait dans la direction opposée, vers les sorties débouchant sur le souterrain métropolitain. Plusieurs mascottes, dont un porc-épic jaune à la bouille adorable, accueillaient les fans et distribuaient des plans. Difficile d'associer tant de mignonnerie à une convention rock ! Cet anachronisme méritait une photo.

— Putain, Red ! gueula Jay, irrité, tandis que son chanteur se tapait un selfie avec la mascotte enthousiaste.

— On va pas se mettre à courir à gauche et à droite non plus ! renvoya Red. Spiky ici va nous offrir un joli plan coloré.

Mais Spiky retira la tête de son déguisement et les dévisagea, les yeux ronds.

— Red Kellin ?!

Et merdeuh ! Ouais, la mort par strangulation promise par leur manager était le dernier de leur souci. Red lança un anathème mental à cet imbécile de Jay pour avoir ruiné leur couverture. Il arracha le plan des mains de la mascotte et détala. Les trois autres se frappèrent le visage du plat de la main. Ils auraient encore pu sauver la situation si leur chanteur n'avait pas eu cette réaction débile de fuite ! Naturellement, Spiky les vendit.

— LES BEAT'ONE ! hurla-t-il en les pointant du doigt.

Lorsque la mer humaine se déchaîna, lesdits Beat'ONE se demandèrent s'il ne fallait pas implorer la clémence de Poséidon. La Rock-Feast connut son premier mouvement de foule cette matinée-là. Ce fut sans doute grâce à l'œuvre du Saint Esprit qu'ils en réchappèrent vivants. Ils négocièrent leur survie à coup de selfies, autographes, hugs et sourires. Sans gardes du corps, ce fut tâche herculéenne.

Korgan se départit de son masque steampunk et hurla par-dessus la foule :

— S'il vous plaît, on est attendus au stand contrat numéro sept et on a perdu notre chemin. Pouvez-vous nous y conduire ?

Les fans les y portèrent quasiment, sous l'attention avide des caméras filmant l'évènement. Ainsi se passèrent-ils du plan de Spiky la balance. Enfin, le service de sécurité parvint à contenir la foule.

— Cette aprèm, venez nombreux au stand prémium numéro deux ! invita Jeff. On passe à MCS-Radio pour vous parler de notre album qui sort aujourd'hui.

Hurlements de la foule. Certains demandèrent la fréquence de la radio et le bassiste satisfit leur curiosité.

— LIRM s'y trouve déjà en vente, compléta Korgan. Pour le lancement, vous avez cinquante pour cent de réduction si vous l'achetez au stand !

— C'est gratuit si l'un de nous quatre vous le remet en main propre, ajouta Jay.

Hurlements, seconde édition. Charité bien ordonnée commençant par soi-même, faire leur propre pub aurait plus d'impact. Du moins, sur le courroux de Rebecca qui tapait nerveusement du pied derrière la barrière-cordon de l'autre côté du stand.

— Et Jeff relèvera tous vos défis ! déclara Red.

Hurlements, troisième édition. Face à l'euphorie des fans, Jeff, inquiet, toisa son chanteur.

— Ce n'est pas prévu au programme.

— Mais bien sûr, c'est prévu ! Vérifie le planning. Et si tu perds, t'auras un gage, insista Red, qui mentait comme un arracheur de dent. Hier, il était partant pour porter un kilt sur scène en cas d'échec, confia-t-il aux fans.

— Vrai, appuya Korgan d'un hochement de tête.

Jeff se sentit trahi au plus profond de son être lorsque Jay haussa les épaules face à une foule en liesse.

— Assume, mec.

— Putain, les gars ! Je vous hais.

OK, ils devaient seconder Red dans ses délires afin de le remettre en condition. Mais pourquoi cela se faisait-il à son détriment, bordel !? L'annonce de Jeff Scott en kilt sur scène, en plein hiver, mit l'enthousiasme de la groupie sous viagra. La nouvelle se répandit sur les réseaux sociaux. C'était un « must see » ! Dommage qu'ils ne jouent que deux soirs. Certains voulurent en savoir la raison. Rebecca dut intervenir.

— Vous aurez l'occasion de leur poser toutes ces questions au stand prémium, avant de vous rendre à vos concerts respectifs.

Elle servit un sourire commercial à ceux qui la dévisageaient puis torpilla les musiciens de ses yeux de biche. Que faisaient-ils encore du côté du cordon de sécurité ? Les Beat'ONE ne se le firent pas répéter. Pourtant, ce ne fut pas une manager irritée qui les accueillit mais le boss de fin.

*o*o*

TBC ● EPISODE 33 – part 2

*MEDIA*
Intro vidéo : Jon Batiste - FREEDOM. Parce que les Beat'ONE veulent jouir de liberté !!

When I move my body just like this
I don't know why but I feel like freedom (yeah)
I hear a song that takes me back (I know)
And I let go with so much freedom (hey)
Free to live (how I wanna live)
I'm gon' get (what I'm gonna get)
'Cause it's my freedom

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