S07 - EP 27 ✧ part I
Partie 1/2
— Montez le son, Steeve, ordonna Dean.
Le chauffeur s'exécuta. La chaine d'information ferait une meilleure distraction que son téléphone, qui lui chuchotait de rappeler Red. Or il avait déjà essayé, à maintes reprises, en vain. Sa frustration lui ravageait l'estomac à force de lui refiler des aigreurs. Même les SMS n'aboutissaient pas. Son « homme-enfant » l'avait prévenu, il ne les lirait pas. Dean était de plus en plus persuadé qu'il ne les recevait pas. Red avait éteint son portable ou viré la carte SIM de son emplacement. Tellement puéril ! Red avait vingt-sept ans, bordel ! Pourquoi s'échinait-il à ne pas faire son âge ?
Comme d'habitude, son amant s'était enflammé tout seul, sans lui laisser le temps de s'expliquer... Bon, d'accord, pas tout seul ; Dean avait craqué l'allumette. Mais avant de comprendre qu'il avait merdé, l'explosion de Red coupait toute communication. Impossible de remettre les choses dans le bon contexte, encore moins de présenter ses excuses.
Là, Dean n'avait plus envie de s'amender, irrité au possible. On l'avait floué sur la marchandise. Il ignorait être en couple avec un bâton de dynamite ! Certes, il avait un peu manqué de jugeote, mais la réaction de son partenaire restait excessive. Dean échoua à ravaler un énième grognement.
Le chauffeur lui lança une œillade dérobée à travers le rétroviseur central. Son humeur de grizzly mal embouché inquiétait le pauvre homme. Il aurait pu prendre un taxi, seulement il avait besoin d'un moyen de locomotion plus « permanent ». Trop irrité pour gérer l'attente au service de location de voitures de l'aéroport, il avait contacté un prestataire de service de chauffeur pour White Enterprise©.
S'il avait su que ces billets d'avion l'incommoderaient, il s'en serait déchargé sur quelqu'un d'autre. Or il tenait à agir personnellement afin de rassurer son fils. Enfin, de se rassurer surtout. Dean était déterminé à sortir le satellite Adrien Gordini de l'orbite de la planète Rudy Leblanc. Quitte à gérer lui-même les procédures. Voilà que son perfectionnisme lui revenait à la figure !
Quand Red les avait mentionnés, il n'avait plus ces fichus billets en sa possession. Aussi avait-il répondu par la négative, non pas sur la défensive mais par réflexe. Il ne niait pas puisque, sur le moment, il disait vrai. Ces satanés titres de transport avaient déjà été remis à leurs destinataires : aux parents d'Adrien.
Il refusait de mêler Red à toute histoire découlant de l'affaire Chayton. Celle-ci se révélait plus dangereuse qu'en apparence, à cause de l'implication du vieux projet Swordfish lié à des opérations anti-terroristes. Raison de sa dissimulation à son homme. De plus, Dean ne voulait pas montrer à ce dernier cette facette obscure de sa personne.
« Andy le sait déjà, Dean. »
Certes, mais il subsistait une différence significative entre savoir et voir. Red avait été entaché par cette souillure en tant que première victime de ce malade de Chayton. Dean s'était juré que cela ne se reproduirait plus. Son partenaire évoluait dans la musique, à mille lieues de l'univers sordide et impitoyable des Leblanc. Tant que le chanteur se tiendrait éloigné des intrigues du MIP-Club, tout irait bien.
Dean regretta soudain de ne pas s'être montré plus virulent au cours de sa visite à Chayton. Il aurait dû s'assurer que ce salaud mettrait bien un terme à sa pathétique existence. Ce connard avait failli lui arracher Red et Rudy. Son homme et son fils. Son cœur et son sang. Cela retirait à Chayton le droit de respirer !
En ce moment Dean Leblanc ne brillait pas par son « humanité ». Et son phénix d'amant aggravait la situation. Il téléchargerait le programme « compassion » quand il reverrait son ange de fils. En attendant, il se focalisait sur ce que crachotait FM-News, histoire de ne pas péter un câble.
« ...Un sujet de sécurité inquiète de plus en plus les autorités douanières de Saunes. Depuis l'ouverture, il y a six mois, d'un long-courrier direct La Paz-Saunes, la Brigade des stups et les services de douane de l'aéroport international Mance Flewing ne cachent pas leur inquiétude face à la recrudescence des arrestations de passeurs de drogue. Par rapport à l'an dernier, c'est une hausse de 9,8 % des affaires liées aux substances illicites.
Les enquêteurs incriminent les vols entrants en provenance de Bolivie et du Pérou, deux grands acteurs dans le trafic mondial de stupéfiants. Depuis décembre dernier, Saunes voit débarquer de plus en plus de passeurs en direction d'autres capitales. Conséquence : un contrôle renforcé des services de sécurité de l'aéroport, qui suscite le mécontentement d'usagés incommodés.
D'après Baron Summer, Lieutenant de la Brigade des Stups de Saunes, on dénombre de plus en plus de méthodes de dissimulation des drogues. La tendance n'est plus à les cacher mais à les maquiller. La marchandise est rendue méconnaissable pour éconduire les équipes cynophiles. De telle sorte que seule une identification chimique apporte la certitude d'avoir une substance illicite.
La douane craint que parmi ces « dénaturations » se cache une nouvelle forme de drogue synthétique, peu connue des services de police... »
— Une nouvelle drogue, maugréa Dean.
Il se rappelait vaguement que les infos tenaient un discours similaire avant l'arrivée sur le marché de la Crystal-Clear alias Cissy. Il n'y a plus qu'à souhaiter bon courage à la police, pensa-t-il, intrigué. On ne la remerciait jamais assez pour le travail admirable qu'elle effectuait à l'insu des honnêtes citoyens. Malgré ses incartades et ses manquements, elle restait un corps de métier dont la noblesse ne serait jamais remise en cause. Qui mieux que lui en témoignerait ?
Son téléphone le sortit de ses pensées. Sa déception fut sans pareille face au prénom de son frère à l'écran. Il aurait préféré y lire « Andy » au lieu de « Danny ».
— Quoi ? aboya-t-il.
— Bonsoir à toi aussi, mon frère, dit Dan, sarcastique.
Dean grogna. Ainsi Dan était fixé sur son humeur. S'il apportait de mauvaises nouvelles, il tournerait sept fois sa langue dans sa bouche.
— J'ai appris que tu es à Saunes. Je suppose que ton assignation à rester à Balmer a été levée.
— Qu'est-ce que tu veux ?
Soupir de Dan. Mais Dean n'adoucirait pas son humeur pour agréer à son frère. Ce dernier n'avait qu'à bien choisir le timing de ses appels. De plus, Dan lui apprenait qu'il était « fliqué ». Sa famille de squales n'était pas censée savoir sa présence à Saunes. Puis il comprit. Dan, C.E.O de White Flight©, compagnie aérienne de la White chain, connaissait les déplacements du Gulfstream.
— Je ne sais pas combien de temps tu restes, mais il faut impérativement que l'on se voie avant ton retour.
— Quand ?
— À toi de me le dire. J'ignore ton planning.
— Tu accommoderais le tien au mien ? fit Dean, sceptique.
Le second soupir de Dan fut éloquent. C'était sans doute important.
— Demain soir. Vingt heures.
— Chez moi, fixa Dan.
Dean hésita. Il n'avait mis les pieds chez son frère à Saunes qu'à une seule occasion : lors d'un déjeuner où s'était déroulé un conciliabule autour d'un sujet grave. L'affaire Sloan connaissait un nouveau tournant, car Antony Weber, le frère d'une autre victime du salopard, apportait son témoignage.
— À demain, grommela-t-il.
*o*o*
TBC ● EPISODE 27 – part 2
*MEDIA*
Intro vidéo : Killer Inside of Me - Willyecho. Parce que Dean peut dire ces lyrics.
I'm gonna break out these chains!
You gonna wish you never held me down
I feel it rush through my veins
Yeah this adrenaline is kicking now
There's a killer inside of me
Oh-oh-oh-oh-Oh-oh-oh-oh
(Killer, killer, killer!)
Oh-oh-oh-oh-Oh-oh-oh-oh
There's a killer inside of me
Oh-oh-oh-oh-Oh-oh-oh-oh
(Killer, killer, killer!)
Oh-oh-oh-oh-Oh-oh-oh-oh
Don't turn your back
You mightn't know
Living in a world of fear
You can be brave
There's nothing to save you
Is this crystal clear
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