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S07 - EP 25 ✧ part I

Partie 1/2

Dans l'idéal, il aurait fallu que son garde du corps ne vienne pas, pensa Rudy, furieux. Un froid polaire sévissait dans la voiture. La raison ? Sa nouvelle coloration. Il n'aurait jamais pensé que le jeune homme réagirait aussi violemment... Blacky n'avait pas le droit de le traiter ainsi parce qu'il n'appréciait pas sa nouvelle crinière gris-argenté. Ce n'est pas comme si j'attendais son avis ! J'aurais dû prendre le bus, tiens !

— Tu as conscience que ta réaction est puérile ?

Mikael persista dans son mutisme. Il ne décolérait pas. À leur arrivée à Saunes, Red avait mis le cap sur un salon de coiffure haut de gamme, au cœur du quartier du cinéma Brown Alley. Il avait suivi, un brin agacé de ne pas savoir le programme à l'avance. Il espérait que la star n'avait pas effectuer tout ce chemin depuis Balmer juste pour un brushing.

Rudy avait donné son congé à Mikael, le temps d'une nouvelle coupe. Toujours mieux que poireauter dans le salon, à les observer se faire une beauté. Le garde n'avait pas voulu jouer les intrus dans cette complicité entre Rudy et le partenaire de son père. D'autant que le coiffeur les recevait exceptionnellement avant l'heure d'ouverture du salon. Toutefois, Mikael n'était pas allé loin et avait gardé un œil sur le secteur.

La capillarité rafraichie, Red était allé vaquer à ses occupations. Rappelé par Rudy, Mikael n'avait pas été préparé au tableau. Le choc l'avait tétanisé. Durant un bref instant, le garçon aux cheveux gris-argent avait ouvert la trappe de ses démons ; démons jadis scellés, liés à Grey Angel.

Le cœur de Mikael avait raté un battement, sa panique trahie par la moiteur de ses mains. Il avait cru voir Lukas sur le seuil du salon de coiffure où se trouvait Rudy. Pensée horrifiante. Mais « l'ange gris » ne lui ferait pas « coucou » de la main avec un tel sourire. Alors il s'était mis en colère. D'abord contre lui-même, furieux d'avoir laissé Lukas manipuler le garçon pour l'atteindre, et courroucé de ne pas l'avoir anticipé car il avait été la cible et Rudy la flèche. Son protégé devenait l'outil dont se servait Blondy pour le narguer.

J'aurais dû m'en douter... La sournoiserie de Lukas n'était plus à refaire ! C'était une attaque vile, un coup en traitre. Sa colère refusait de s'éteindre. Il n'avait jamais autant exécré les méthodes de déstabilisation de Lukas qu'à cet instant. Son ire se destinait aussi à Sâminathan. Rien de cela ne se serait produit si ce dernier n'avait pas intégré l'Agent L. à la mascarade. Et ce n'était plus du jeu quand Rudy se retrouvait instrumentalisé, son innocence exploitée à son insu.

— Dépose-moi, je vais prendre le bus.

— Ne sois pas ridicule.

— C'est toi qui l'es. Pourquoi tu me fais la gueule depuis tout à l'heure ?

Rudy aurait aimé un compliment, ou du moins un avis pas forcément positif, mais pas aussi négatif ! Vega, le coiffeur – drôle de prénom –, était un ami de Lukas et devait porter ce dernier en grande estime, car il avait particulièrement pris soin des cheveux de son petit-cousin. En bonus, il l'avait réalisé à titre gracieux, argüant qu'il devait une faveur à Lukas. Que l'on soit ou non de mauvaise foi, difficile de dénigrer le beau travail de Vega. Rudy ne s'attendait pas à un virulent « qu'est-ce que c'est que cette connerie ?! », suivi d'un lapidaire « grimpe ! » Qu'est-ce qu'il lui prenait, à Blacky, dernièrement ? Retour de Darth Blacky, alias Darky.

— D'abord, c'est pas pour toi que j'ai fait cette couleur, maugréa Rudy, aigre. Ça ne te regarde en rien.

— C'est là que tu te trompes. Tu t'es fait embobiner en beauté par Lukas. Ta couleur n'est qu'une dédicace à ma personne.

Rudy s'irrita de plus belle.

— C'est pour faire plaisir à Rey, si tu veux savoir ! Ne t'avise pas de te croire le centre de mon univers, Mikael. Ça va vite me saouler.

Mikael malmena le cuir du volant. C'était encore pire. Lukas l'avait joué fine. Et pourquoi cela l'agaçait que Rudy l'appelle par son prénom ? Il n'aurait pas cru le penser un jour, mais il préférait quand le gamin disait Blacky. Ce n'était pas empreint de froideur, comme à l'instant.

— Il t'a fait croire que ton mec apprécierait ? renifla-t-il, dédaigneux.

— Non. Il l'a suggéré et Rey s'est montré curieux. Alors j'ai voulu satisfaire cette curiosité. T'as pas l'air d'être copain avec Tonton Lukas, j'ai l'impression.

Mikael s'étrangla. « Tonton Lukas » ?! Urhg, abattez-moi sur le champ !

— Mais tu sais quoi ? C'est pas mon fichu problème ! poursuivit Rudy. À l'avenir, évite de reporter tes griefs contre lui sur ma personne. Je ne suis pas lui. Et j'ai le sentiment désagréable que tu nous compares depuis qu'on se connait.

Mikael cilla. Faisait-il cela ? Il s'en serait rendu compte. Certes, une ou deux fois, il avait superposé Rudy sur l'image de Lukas. Mais simplement à cause de sa fragilité couplée à sa blondeur... Il eut un doute.

— Il m'avait dit que ça ferait son petit effet, marmonna Rudy dans sa barbe. Si je m'étais attendu à ça, je ne t'aurais pas fait venir.

La ville de Saunes ne l'angoissait pas. Il ne serait pas livré à l'inconnu, ici. Aussi pouvait-il se passer de la présence de Blacky. Cependant, son père n'aurait pas été de cet avis. Il était donc coincé avec la mauvaise humeur du bougre !

— C'est tout de même intrigant. Tonton Lukas a l'air plus sympa que toi. Je vais voir avec le G.L.O.B.E. s'il ne peut pas prendre ta place.

Un coup de poing dans l'estomac aurait fait moins mal à Mikael. La déclaration le déstabilisa tant, qu'un rire dément s'éleva à l'orée de son esprit. Aurum, le retour. Eh bien, son absence n'avait pas duré longtemps.

« Arrête, Mikael, je te manquais. Il te trouve plus glauque que Blondy, c'est la meilleure ! »

Mikael ne sut pourquoi il en fut peiné.

« Je suis tenté d'exaucer son vœu, pour qu'il se rende compte à quel point son cher « tonton » est si froid. Parfait ! Faisons-ça ! »

Idée stupide.

« Oh allez, Mikael, ça sera drôle. Imagine : celui que Hayes envoie pour lui donner la chasse devient son gardien ! Avoue que l'ironie sera délectable. »

D'un certain point de vue, oui. Mais Sâminathan Hayes Meister ne cèderait jamais une arme aussi efficace que Lukas aux Leblanc. En outre, Rudy restait le sésame de Mikael vers la liberté. Il ne le remettrait pas entre les mains de Lukas, encore moins entre celles de Sâminathan.

Aurum jaugea la situation. Rarement, Mikael s'était montré aussi possessif envers quelqu'un. Sans doute la raison de la violence de sa réaction face à la coloration de Rudy. Savoir qu'un autre avait apposé sa griffe sur le garçon l'énervait, et il n'avait pas honte de le reconnaitre. Libre à chacun de l'accuser de s'être attaché trop vite.

« Alors cesse de tirer la tronche, Mikael. Ta réaction virulente est responsable de cette situation. Il ne mérite pas ton aigreur. Tes déboires avec Lukas ne le concernent pas. »

Wow ! C'était rare qu'Aurum parle avec la voix de la raison. Un peu, et Mikael ne le reconnaitrait plus.

« Remercie-moi plutôt. Sans moi, tu ne sortirais pas de ce bourbier. »

Parce qu'Aurum aussi appréciait le gamin, sinon il ne tenterait pas de jouer les médiateurs en exigeant les commandes.

« Si tu veux que je l'admette, laisse-moi le dire à Rudy moi-même. »

Rudy entendit un gros soupir du côté du conducteur. Comme s'il venait d'évacuer sa tension, le ton de son garde du corps devint plus posé.

— Je me suis mis en colère parce que ça m'a rappelé des souvenirs que je ne voulais pas raviver.

— Je ne pouvais pas savoir, bougonna Rudy, contrarié.

— Lukas le savait, dit froidement Mikael. C'est une nuance que tu ne dois pas balayer, Rudy. Il est un parent éloigné mais il n'est certainement pas ton allié. Tu seras seul juge, cependant. Je n'influencerai pas ton jugement.

Rudy se renfrogna. Néanmoins, la colère aveuglait ; et s'il y avait bien anguille sous roche, il s'était juré de ne plus être le dindon d'une farce. L'affaire Charlize – la fausse nana de son père – lui restait en travers de la gorge. Blacky semblait penser que Lukas l'avait manipulé. Il n'avait pas eu ce sentiment au moment des faits. Mais si son garde du corps ne mentait pas, cela en dirait long sur la subtilité de Blondy. Il était fortiche.

— Ces souvenirs sont si terribles ?

— Je ne t'en parlerai pas.

Mikael se ferma. Puis il se ravisa et confessa à moitié :

— Tout ce que je peux te révéler, c'est que j'avais une... « liaison » avec Lukas, la première fois qu'il s'est teint les cheveux façon Jack Frost. Ç'a été une période chaotique... Ferme la bouche, Rudy.

Celui-ci ravala son hoquet.

— T'es sorti avec lui ?!

— On n'est jamais sortis ensemble. Disons, sex-buddies ?

— Tu te poses la question ? T'es pas sûr de toi ?

Mikael soupira, las. Il ne comptait pas en parler. Lukas ne perdait rien pour attendre ! Il lui rendrait la monnaie de cette pièce-là.

— Il n'y a pas de nom pour décrire la nature de cette... « liaison ». Bref. Elle n'est plus d'actualité.

— Et s'il voulait remettre ça ?

L'agent le dévisagea, horrifié. Lukas l'avait-il sous-entendu ? Houlà, s'inquiéta Rudy, Blacky devait vraiment en garder un mauvais souvenir pour réagir ainsi.

— Euh... C'est juste moi qui extrapole. Par contre, il m'a demandé de te dire de commencer à courir, et vite. J'ai supposé que c'est parce qu'il compte te « poursuivre ». Genre, te faire des avances, comme dans « fuis-moi, je te suis ».

Vu le grincement de dents de Mikael, il tapait à côté.

— Le salopard. Il a osé ! fulmina Mikael.

Bon sang, que s'était-il passé entre ces deux-là ? se demanda Rudy. Une histoire de dingues ! Donc Lukas était gay... Vu l'attitude quasi-paternelle d'Aymar, il était évident que l'ainé aimait son cadet. Difficile, dans ces conditions, d'accuser le doyen de Darney d'homophobie. Autre preuve que ses amis et lui avaient jugé cet homme hâtivement. En attendant, le problème se nommait Lukas et non Aymar.

— Je lui ai dit qu'il chassait sur mon territoire. Et que t'étais à moi. Il serait présomptueux de défier un Leblanc à Balmer.

L'incrédulité de Mikael fut sans commune mesure. Contre toute attente, il éclata de rire. Rudy en fut bêtement soulagé.

— Je vois. C'est pour ça qu'il a attaqué à Saunes, maugréa-t-il après s'être remis de son hilarité.

— Il est ici ? s'étonna Rudy.

Il peinait à suivre.

— Disons qu'il a essayé de te faire passer pour son sosie.

— Je ne lui ressemble pas du tout ! protesta le garçon, véhément.

— C'est vrai. Ton Jack Frost est plus mignon.

— Je t'interdis de m'appeler comme ça !

Rudy s'empourpra. D'où le trouvait-il mignon, d'abord ?! Maintenant qu'il savait Mikael porté sur les relations entre hommes, ses piques et commentaires à double-sens prenaient une autre saveur.

— Tu assumeras, Caramel-vanille-glacé. (Rudy lui lança un regard noir.) À moins que tu préfères Caramel-vanille-givré ?

— Va au diable.

— Si tu savais le nombre de fois qu'on m'y a envoyé ! Je peux t'assurer que le diable en a marre de me voir.

Rudy s'esclaffa.

— Tu sais que tu es lunatique ? Tu passes d'un extrême à l'autre, on dirait deux personnes différentes.

Un brin perspicace, le gamin. Ou très sensible. Avait-il senti le switch s'opérer ?

— C'est parce que je suis plusieurs dans ma tête.

À quoi joues-tu ? s'alarma Mikael.

Mais Aurum trouvait injuste que le garçon ne connaisse que l'alter « Mikael » et pas lui.

« Si tu veux que je l'apprécie, Mikael, alors il doit apprendre à me connaitre. »

Ok, il avait perdu la tête. C'était trop risqué !

« Tu ne m'as pas laissé le choix quand tu as révélé mon existence à Lukas. Je ne t'en laisse pas non plus. »

C'était à la suite d'un concours de circonstances, indépendamment de sa volonté ! De toute façon, Aurum avait un faible pour Lukas. Difficile, dans ce cas, de lui taire son existence. Mikael n'avait jamais eu le béguin pour Grey Angel !

« Ouais, ouais. Tu préfères cet abruti de Bratzy ! Ça ne change rien à ma décision. »

Quand Aurum arrêtait une décision, impossible de l'en dissuader lorsqu'il était aux commandes.

— Je vais t'avouer un secret. Et il n'y a qu'une autre personne qui le sait. Je ne suis pas Mikael, Rudy. Ou si tu veux, Mikael est le nom de mon « vaisseau ». Le pilote, à l'heure actuelle, est... disons, son alter-ego. Mais nous avons conscience l'un de l'autre, contrairement à d'autres cas de « personnalités multiples ». D'un point de vue externe, on s'appelle toujours Mikael. Et ça te paraitra étrange, mais je suis plus âgé que lui de trois ans.

— Très drôle, ricana Rudy.

Son garde du corps garda tout son sérieux, lorsqu'il révéla :

— Je t'assure. Je suis l'alter personnalité qui gère les situations désastreuses. Et toi et moi sommes dans une situation désastreuse depuis que Lukas est à Balmer.

Rudy lui lança un regard oblique.

— T'as fini de me mener en bateau ?

— Libre à toi de me croire ou non. Mikael est taciturne, bien éduqué, un peu froid par moment, méfiant de nature. Moi, je suis plus extraverti, un tantinet grossier, et plus drôle. Mais surtout... (il marqua une césure, et sa voix devint sinistre) plus dangereux.

Rudy le toisa, interloqué. Les blagues courtes étaient les meilleures. Blacky lui lança une œillade, amusé. Hum... alors tu veux jouer à ça ? Soit. Si Blacky croyait le perturber, il arrivait trop tard, Rudy était déjà détraqué. De toute façon, il s'habituait à ce schéma. Il sortait avec un génie qui se faisait appeler T-eyes ou Rey selon la conjoncture. De manière ironique, on frôlait la différentiation de personnalités.

— Du coup, si t'es son alter personnalité, c'est quoi ton prénom ?

Mikael faillit piler. Ah mince ! Il était incapable de savoir si le garçon le prenait vraiment au sérieux ou à la rigolade. Rudy lui servait un poker-face impossible à déchiffrer. Tant pis. Il lui dirait la vérité. Viendrait un moment où le jeune homme s'en souviendrait et y porterait foi. Cela dit, c'était peut-être mieux qu'ils n'en arrivent pas là. Quand Aurum prenait véritablement toute sa consistance dans la réalité, alors Mikael se trouvait en sacrée fâcheuse posture.

— Aurum.

— Or en latin ? s'étonna Rudy. Curieux choix de prénom.

— C'est parce qu'Aurum potesta est.* Je suis le « pouvoir » de Mikael, se vanta-t-il.

— Attends... C'est la devise du G.L.O.B.E., marmonna Rudy, soudain tendu.

Il dévisagea Mikael avec plus d'attention. Celui-ci aurait voulu en faire de même mais il devait river ses yeux sur l'avenue. Ainsi, Rudy connaissait la moitié de la devise du G.L.O.B.E. Intéressant !

— T'es en train de me dire que là, je cause avec le sujet d'expérimentation du G.L.O.B.E. ? Lukas s'est comparé à un rat de labo, samedi dernier. Lui aussi, il a un alter-ego ?

— Houlà, pas que je sache. Cela dit, mieux vaut ne pas spéculer sur ce genre de chose. Et pourquoi tu parles de Lukas dans un tel moment ? Ça casse l'ambiance !

Non, il n'était pas jaloux. Rudy sourcilla, sceptique.

— Qui est sorti avec Tonton Lukas, du coup ? Toi ou Blacky ?

Mikael se râcla la gorge et essaya de reprendre contenance.

— Moi. Et j'insiste, on n'est pas vraiment sorti ensemble.

— Si tu veux. Et il savait qu'il sortait... qu'il couchait avec toi ? rectifia Rudy, gêné.

— Joker. Ça n'a pas l'air de t'ébranler plus que ça..., constata-t-il. Et non, je ne suis pas un cobaye du G.L.O.B.E., je suis né bien avant.

Certes, les expérimentations des Meister l'avaient nourri, l'avaient fait grandir. Mais Mikael avait généré son existence pour d'autres raisons.

En es-tu sûr ?

Il ferma le robinet de ses incertitudes. Ce n'était pas bon pour sa psyché. Sa kryptonite se nommait « doute ».

— Cette conversation est zarbi, souffla Rudy. Mais j'ai pas l'impression que tu sois un étranger. Donc, j'ai déjà eu affaire à toi. À vous deux. Mais vous êtes sûr que vous n'êtes que deux ?

— Euh...

Cette discussion relevait effectivement de la dinguerie !

— Parce que parfois... t'es vraiment bizarre. Genre plus sombre. Dans ces moments-là, je t'appelle Darth Blacky dans ma tête, alias Darky. Donc, y'aurait Aurum, Blacky et Darky ? énuméra-t-il sur ses doigts.

Là, le délire devenait haut perché. Ce gamin vivait dans un monde à part ! Il se pinça l'arête du nez, et crut entendre un rire moqueur à l'orée de sa conscience.

— J'abdique.

— Mais euh... je spécule, juste, ronchonna Rudy.

— Tu lis trop de mangas.

Notant le sourire canaille de Rudy, Mikael réalisa qu'il s'était pris à son propre piège.

— Si tu veux mon avis, on est tous plusieurs dans notre tête, Mikael. Blacky, Darky, Aurum, ce sont juste les noms de tes différentes facettes. Appelle-ça « alter-personnalités » si tu veux. Mais en fin de compte, peu importe qu'elles soient plus individualisées que chez les autres, ou qu'elles « pensent » par elles-mêmes, indépendamment de ta volonté ou de la volonté de « ton vaisseau ». Si ça ne te porte pas préjudice, qui suis-je pour juger ? Moi, j'ai un R-Angel et un R-Devil dans le cerveau. Et ils se tapent tellement des débats de ouf, que si j'en parle à ma psy, elle me fera interner. Mais je vis bien avec.

Mikael sourit. Au fond, il n'avait jamais eu l'ombre d'une chance face à ce garçon.

— Je n'ai pas dit que je vivais mal avec. Bon, Mikael n'est pas de cet avis, mais moi, je m'en porte comme un charme.

— C'est marrant que tu le formules comme ça, rit Rudy. Ça fait penser à Andy, quand il parle de Red Kellin à la troisième personne. T'es pas un cas exceptionnel, loin de là. Je vis entouré de chtarbés du même calibre. Mir a un mode binaire. Junior la joue pacha en journée et, la nuit, il mène une vie de desperado dans l'underground de Balmer. Mon mec agit différemment selon qu'il porte la casquette Rey ou T-eyes. Andy appelle p'pa Calamity Dean quand celui-ci est particulièrement inspiré dans ses bêtises.

Il roula des yeux, affligé par la connerie paternelle, puis haussa les épaules et dévisagea Mikael avec un curieux sentiment proche de la tendresse. Cela le surprit. Il ne se doutait pas qu'il éprouvait ce genre d'affection à l'endroit de cet homme intrigant. À ce stade, cela bafouait le rapport professionnel, et justifiait pourquoi il avait pris à cœur la réaction déplorable de Blacky face à sa coloration. Quoique... attachement ou non, n'importe qui n'aurait pas apprécié ce retour sibérien.

— Mon garde du corps s'appelle Mikael et Aurum. Depuis Chayton, je me suis fait une raison, j'attire les fêlés. Que veux-tu ? Il est vrai que tes changements d'humeur me font vivre un enfer. Mais heureusement pour toi, c'est désormais dans mes cordes de supporter ce genre de chose.

Un silence s'installa dans la voiture. Le reste du trajet se fit dans cette ambiance étrange. Sentant son garde en pleine introspection, Rudy respecta son temps de réflexion. Lui aussi remettait de l'ordre dans ses pensées. Sa vie était-elle marquée de la fatalité de s'entourer d'individus intéressants mais, au demeurant, louches ? Son mec, son père, le partenaire de son père, ses amis de Balmer avaient tous quelque chose d'unique et d'un peu toqué. Alors pourquoi son garde du corps y dérogerait-il ? Il n'y avait pas de quoi fouetter un chat, quand on s'appelait Rudy Leblanc.

— Sincèrement, c'est bien ou pas ? demanda-t-il en tirant sur ses mèches argentées.

Mikael trouva une place libre à une rue du gratte-ciel de Coop-company©. Il prit son temps pour couper le contact, laissant mariner son protégé. L'inquiétude de Rudy lui sembla sincère.

— Ah là là, qu'est-ce qu'on ne fait pas pour les beaux yeux de son amoureux ! Tu es à croquer, Rudy. Tu aurais eu trois ans de plus, je t'aurais piqué à Rey. Il n'aurait pas eu l'ombre d'une chance. (Il lui ébouriffa les cheveux.) Ferme la bouche, mon caramel-vanille-glacé. Si ça peut te rassurer, je ne lorgne pas sur le cul d'un gamin.

— Va au ciel !

Mikael s'esclaffa.

— Je ne suis pas assez saint pour le paradis, déclara-t-il en claquant la portière. Dans le pire des cas, je risque de pousser les anges au péché de luxure.

Rudy n'en revint pas.

— Toujours le mot pour la fin, hein ?

— Toujours !

Le bip du verrouillage central de la Hennessey Venom ponctua l'affirmation.

*o*o*

TBC ● EPISODE 25 – part 2

*Aurum potesta est : l'or, c'est le pouvoir.

Mot important.
La fiabilité de Hot Chili, œuvre de fiction, concernant le TDI ou trouble dissociatif de l'identité, autrefois appelé syndrome de la personnalité multiple est naze. Ça, c'est dit ! Le trouble de « personnalité multiple » est de plus en plus défini comme un « désordre dissociatif chronique post-traumatique ». Dans certains cas, les alter-personnalités semblent se connaître et interagissent entre elles de manière intérieure. Cas de notre cher Mikael et d'Aurum. Comme s'ils observaient mutuellement le comportement l'un de l'autre. Mais ne prenez pas ce sujet comme exemple, ni comme un matériel digne d'étayer un argumentaire fiable dans un débat sur le TDI. Le seul conseil que je vous donne est : documentez-vous en gardant un esprit critique.

*MEDIA*
Intro vidéo : Steve Conte & Yoko Kano - Living Inside the Shell. Parce que cette chanson pourrait parler de la psyché de Mikael/Aurum.

Roaming inbetween the worlds of sleep and
awake
Seems so far away from where I've been
and untrue but unafraid
Intrusting - my soul - I know I must be
taken to see the world that is
Not so far from now

Imaginations come and sweep the shores of
my mind
Letting it be, visions pass, and emotions
arise-
Letting them go, and beyond are doors
I've never seen, opening one by one

(Wake up and show the light, wake up the
time is right)
I hear a voice, hear a voice calling out
to me
Look inside, see the light now ever
holding you
All the truth is all you need to make of
your reality, its right here
Look deep within your shell

Finding out a galaxy of planets and stars
within me
Listening to each of them singing the
same silent melody
I've never seen such beauty in
possibility - no speck of doubt or fear

(Wake up and show the light, wake up the
time is right)
I hear a voice, hear a voice calling out
to me
I see inside, see the light now ever
holding me
All the truth, all I need to make of this
reality it's - beauty within the shell*

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