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S07 - EP 24 ✧ part II

Partie 2/3

Dean Leblanc possédait un sarcasme de grand cru. Millésimé, pour ainsi dire. Pourtant, il éprouvait quelque difficulté à goûter au cynisme du grand panneau affichant le nom « Mictlan ». Dans sa lugubre majesté, se dressait devant lui le centre pénitentiaire de West-Town.

Mictlan, dans la mythologie aztèque, était le lieu des morts, le niveau le plus profond de l'inframonde où régnait en maitre Mictlantecuhtli, dieu des décharnés. Nommer ainsi une prison dénotait un humour très noir... Que l'on dispose ou non d'érudition, ce lieu refilait la chair de poule. À sa réputation sinistre se rajoutait la connotation funeste de sa dénomination.

De style néo-gothique, construit à flanc de colline, le pénitencier évoquait un château médiéval. Il datait cependant du milieu du XIXème siècle et avait vu le jour en tant qu'abbaye, avant d'être recyclée en établissement carcéral. Les grandes pelouses vertes aux alentours contrastaient avec le gris uniforme de ses murs et le noir d'ardoise de ses toits rénovés. Ses façades imposantes percées de meurtrières, ses tours serties de créneaux, insufflaient angoisse et appréhension à quiconque l'approchait.

En vue aérienne, son architecture en aurait fait un sérieux candidat au patrimoine historique, n'eut été sa fonction. Visible de loin, la construction dominait une vallée, berceau de la rivière Herude, frontière naturelle entre West-Town et Cresstown. Par voie terrestre, la prison n'était accessible que par une route sinueuse, long serpent de huit kilomètres dont les virages avaient manqué donner des haut-le-cœur à Dean.

Le triste nom de Mictlan lui venait de sa mauvaise réputation durant les années 1880. À l'époque, le système d'incarcération et d'isolation envoyait plus d'un détenu sain d'esprit aux portes de la folie, au bord du suicide, et au-delà. Au premier quart du vingtième siècle, cette gestion désastreuse avait été abolie, mais on n'avait pas jugé utile de rebaptiser l'établissement afin d'entretenir le fantôme de son passé.

Aujourd'hui, Mictlan connaissait sa troisième restauration, à la suite des nombreuses plaintes d'associations luttant pour les droits des détenus. Mais résolu à baisser le taux de criminalité, l'État s'était assuré d'en faire un modèle du genre, offrant un maximum de sécurité contre les évasions. Entre autres.

L'institution comprenait trois quartiers standards à régimes carcéraux différents. Tout d'abord, la « maison d'arrêt » de Mictlan avait la particularité de ne pas recevoir les prévenus avant jugement, mais uniquement les condamnés dont le temps restant de peine allait d'un à trois ans. Venait ensuite le « centre de détention » à proprement parler, destiné aux prisonniers soumis à de lourdes condamnations. Et enfin, la « maison centrale » regroupait les détenus les plus difficiles, purgeant des peines disciplinaires et présentant le moins de gage de réinsertion sociale.

En plus de ces secteurs communs à tout pénitencier conventionnel, Mictlan abritait la « super-maximum* » la plus réputée du pays. Une unité de très haute sécurité, où les portes des cellules étaient sous contrôle électronique et les couloirs bardés de caméras de surveillance. De nos jours, la prison tirait sa réputation lugubre de cette supermax, à cause de son palmarès haut en couleur de criminels.

Y avaient séjourné, ou y séjournaient, de nombreux malfrats dont les actes avaient fait la manchette et suscité l'horreur de toute une nation. Parmi les plus célèbres, Darl Osborn, le tueur d'enfants en série qui avait sévi il y a trente ans. Sa frénésie meurtrière avait privé une douzaine de foyers de leur progéniture en l'espace de quelques mois. Ses victimes, toutes de sexe féminin, étaient âgées de six à huit ans. Ron Fellini, un passeur trafiquant d'hommes, pincé quinze ans auparavant. Le seul moyen de paiement des immigrés, qu'il « aidait » à passer les frontières, était d'officier en mules de son cartel de drogue. Giovanni Santos**, « homme d'affaires intègre sous toutes coutures », s'avérait une pointure du crime organisé, édictant la loi du marché noir de Nior grâce à la mainmise sur le plus gros trafic de Crystal Clear.

Ces pensées peu encourageantes accompagnaient Dean qui suivait le gardien en uniforme sombre dans un labyrinthe de couloirs. Son fils ne foulerait pas ce lieu. Hors de question ! Malgré la beauté austère des bâtisses, le glauque de l'endroit souillerait les jolis pieds de son ange. Tant que Chayton séjournerait à Mictlan, c'était mort. Sans jeu de mots...

Arrêté par un grand portail métallique, son guide peu causant établit la communication radio avec le poste de surveillance. Le large panneau d'acier, haut de cinq mètres, coulissa lentement et leur donna accès à une grande allée tapissée de gravillons blancs et bordée d'ormes bien taillés.

— Où sommes-nous ?

L'homme lui lança un regard en coin, peu disposé à répondre, en parfait gardien de prison. Très aimable. Dean ne serait certainement pas choyé, il s'y attendait. Le directeur Samson Borg menait son équipe avec la poigne de King Kong. Directives ultra strictes pour un personnel côtoyant un concentré de hors la loi. Tout de même, cela n'interdisait pas à son interlocuteur de lui donner la réplique ! Ce dernier trouva en lui l'énergie de répondre.

— C'est la cour d'honneur. Quand il y a une représentation officielle, c'est ici que ça se passe.

En effet, l'endroit avait son charme.

— C'est assez « désarmant » pour une prison.

Ravalant un soupir, le gardien se garda de renchérir. Encore un autre qui venait avec son bagage de préjugés. Ce n'était pas une visite guidée non plus ! On lui avait dit que ce visiteur était particulier. Du genre à toujours voir ses vœux exaucés grâce à un back-up de l'enfer. Un Leblanc : la bête noire des services administratifs et juridiques. Le chef de l'établissement en personne s'était chargé d'annoncer à Malik Bieber, gardien de prison de son État, que ce cas-là le sortirait de sa routine. Ce type désirait s'entretenir dans les plus brefs délais avec un de leurs récents résidents. À l'énoncé de l'identité du prisonnier, il n'avait pas pu s'empêcher de protester :

— Il séjourne en quartier disciplinaire pour refus d'obtempérer, donc interdit de visite durant une semaine. En plus, le parloir est réservé aux jours fériés et aux weekends pour les détenus en maison centrale et supermax. On est jeudi !

Borg l'avait renvoyé à la définition de l'expression « dans les plus brefs délais ». Peu importait que le bougre ne partage aucun lien de parenté ni d'amitié avec le condamné. Le comble : il n'apportait aucun renseignement de nature à justifier une demande de permis de visite. Néanmoins, le juge d'instruction Jonah Morreli le lui avait accordé. Allez comprendre !

En se renseignant sur Internet, Malik avait découvert que Dean Lightfoot Leblanc n'était pas aussi clean que le citoyen modèle. Une absence de lien avec l'infraction aidait lorsqu'on aspirait à un droit de visite dans une prison. Mais certains pachas bafouaient les règles sans craindre de se faire taper sur les doigts.

Des antécédents de violence sur autrui, d'obstruction à la loi, figuraient certainement dans le casier judiciaire de Dean. Enfin, si la procédure avait été respectée, au vu des scandales dans lesquels ce Leblanc avait trempé. Or ce n'était pas un sujet d'inquiétude pour le concerné, et Malik avait détesté Dean Leblanc. Cette haine, au fondement douteux, s'était raffermie face à l'intéressé. Tout dans l'allure de cet homme le juchait sur un piédestal. Riche, beau, jeune, influent ; une injustice sur pattes habituée au tapis rouge sous ses pieds.

Normalement, obtenir un parloir exigeait de prendre un rendez-vous une semaine à l'avance, sous réserve d'avoir obtenu un permis de visite dont les délais d'attente pouvaient s'étirer sur plusieurs mois. En outre, l'entrée se faisait sur appel, afin de caser les visites de nombreux détenus dans un même créneau horaire. Mais n'étant pas « Monsieur Tout le monde », le bellâtre bénéficiait d'une exception. Pourquoi ? Qu'est-ce qui le rendait si « important » ?

Dean entendit l'homme grommeler, tandis qu'il se débarrassait de ses effets dans un bac destiné aux vestiaires. Il supporta en silence une fouille un peu brusque, puis passa sous un portique de sécurité. Il en fallait plus pour le déstabiliser. La suite de son périple le conduisit devant un long grillage, encerclant un terrain bitumé de soccer et un de softball jumelé à celui de basket. En empruntant une allée dallée, il sut qu'il changeait de secteur.

Face à lui s'élevait une tour. Au sommet, trois hommes de faction, armés, inspiraient un sentiment d'oppression. La sensation grandit à mesure que Dean s'enfonçait au cœur du pénitencier. Il se focalisa sur les mimosas en fleurs, jetés tel un coup de peinture jaune sur le gris de la toile en béton. À travers les vitres d'une lourde porte à double battant, il aperçut un long couloir bordé de part et d'autre de portes de couleur orange. Le gardien suivit son regard et grogna :

— Ce sont les cellules de la maison d'arrêt. Nous nous rendons au quartier disciplinaire. Ils ont un parloir différent des autres.

Dean cilla à peine. Fraichement transféré et déjà une sanction ? Quel acte de rébellion avait commis Chayton pour se retrouver en isolement total ? L'endroit se trouvait bel et bien à l'écart des autres bâtiments.

Ils avaient franchi plusieurs grilles et laissé le poste de surveillance loin derrière. En chemin, Dean remarqua un panneau indiquant les ateliers et la bibliothèque. Ils traversèrent une cour assez vaste, au centre de laquelle poussaient deux pommiers. Sûrement les « promenades », ces espaces dans lesquels les détenus tournaient en rond pendant une heure. L'analogie avec un zoo s'imposa à Dean. À la différence qu'il n'y avait pas de public résolu à vous photographier, et susceptible de vous nourrir en dépit des interdictions.

Le gardien lui indiqua la direction du quartier d'isolement, réservé aux prisonniers qui en faisaient la demande ou qui y étaient placés pour leur propre sécurité. Les cellules disciplinaires se trouvaient à l'opposé, séparées par un grand mur coiffé de barbelés, tuant toute communication.

— J'ai cru comprendre qu'il a un statut particulier. C'est en rapport avec sa sanction ?

— Il est DPS.

Dean arqua un sourcil. Si l'autre avait l'obligeance de ne pas lui sortir le jargon de prison, il lui en serait reconnaissant.

— Détenu Particulièrement Signalé, traduisit Malik, qui ne s'exprimait qu'en grognant. Déplacements limités, surveillance accrue. C'est un occupant de la supermax, mais on dirait que ça lui plait de squatter le quartier disciplinaire. Il travaille pas mais peut participer aux activités s'il a envie. On déplace souvent les DPS de prison en prison. Mais çui-là est ici pour un bon moment. Mictlan reste la meilleure, après tout.

Il n'en était pas peu fier. Dean retint un sourire moqueur.

— Qu'est-ce qui vous le fait dire ?

Malik le toisa avec un soupçon de mépris. Ce type écoutait les infos ou pas ?

— On compte dans nos « rangs » les pires criminels, mais on n'a jamais essuyé d'émeute en cinquante ans. Ça fait quinze ans que je bosse ici et la discipline a toujours été maintenue sans un couac.

— C'est un beau record, commenta Dean avec platitude.

Il ne donnait pas foi à ces paroles fanatiques. Sans un couac, ouais... un peu présomptueux. Mais pourquoi reprocher à son prochain de plébisciter son job ? Il regretta son téléphone. L'outil aurait parfait son instruction sur la signification de DPS. Il découvrirait plus tard que ce statut s'appliquait à certains individus pour de multiples raisons. Des prisonniers ayant un comportement violent et potentialisateur d'émeutes, des figures médiatiques ou politiques jouissant d'une certaine célébrité avant incarcération, des détenus ayant officié dans la police, la magistrature, ou le milieu pénitentiaire, des produits du grand banditisme disposant de subalternes internes ou externes à la prison, susceptibles de les aider à s'évader. Cas de Giovanni Santos, par exemple.

On était un « détenu particulièrement signalé » pour sa propre protection ou pour la méfiance que l'on inspirait à la justice. Apparemment, Chayton cochait cette dernière case. Cette décision puait comme les dessous de l'IANS.

— Vous avez une demi-heure.

— C'est ce qui a été convenu, confirma Dean.

La durée d'un parloir oscillait entre une à trois heures. Mais sa visite bafouait le protocole. Le chef du pénitencier ne s'était plié qu'à la condition d'écourter son temps de parole avec le détenu. Il ne rechignait pas. Le challenge serait de tirer les vers du nez de son interlocuteur dans le temps imparti. Cela dit, que comptait-il soutirer exactement ? Dean préféra ne pas s'y attarder.

Il pénétra dans une espèce de sas, accueilli par deux gardes ; deux dobermans humains qui vous refilaient une irrépressible envie de dialoguer avec vos chaussures. Rarement, Dean avait ressenti cela. Baisser les yeux n'étant point de son tempérament, il soutint le regard des sentinelles qui le dévisagèrent d'un drôle d'air.

Il avait compris le message. ; il n'avait pas une gueule à trainer dans les parages. Quid de Rudy ? Dean revenait sur sa promesse de se montrer flexible, une fois que son fils en aurait parlé à sa psy. Désolé, fiston, tu ne mettras pas les pieds ici avec ma bénédiction. Tant pis si son garçon piquait une crise. Sa nature de papa protecteur ne pouvait s'y résoudre. Certaines expériences ne méritaient point d'être vécues. Tant que son rejeton ne serait pas un homme fait, hors de question qu'on lui ouvre les portes de cette prison !

Le sas s'ouvrit sur une cabine individuelle. La sanction disciplinaire à Mictlan imposait un parloir comportant un dispositif de séparation. Mais il ne serait pas simplement séparé de Chayton par un hygiaphone ; une vitre pleine, à l'épreuve des balles, limitait toute interaction entre lui et son interlocuteur.

Même si ce dernier n'avait pas été mis en cellule de discipline, Dean ne se serait pas entretenu avec lui de manière conventionnelle, séparé d'une table. Samson Borg avait été catégorique.

Vous êtes conscient de bénéficier d'un privilège, Mr Leblanc. J'ose espérer que vous ne pensez pas qu'il vous est dû.

— Loin de moi une telle idée, avait rétorqué Dean, n'en pensant pas un traitre mot.

Après les préjudices causés par Chayton à sa famille, s'il voulait s'entretenir avec le connard, il remuerait ciel et terre et nul ne lui opposerait de refus. Pour une fois, il glorifiait le nombre élevé des débiteurs de son clan dans les sphères politiques et juridiques. Le juge d'instruction, Jonah Morreli, avait sans doute regretté le jour où sa route avait croisé celle de Vince Lightfoot II.

J'estime, à l'heure actuelle, qu'il y a de sérieuses raisons de... craindre un « incident » au cours de votre visite, avait ironisé Borg d'une voix bourrue.

Dean lui avait opposé son effronterie :

— Vous craignez que je lui refasse le portrait ?

L'inverse. Nous avons affaire à un ex-Marine.

Son ton narquois avait rendu Dean suspicieux. Sa recherche sur Samson Borg dans la MIP-database l'avait aiguillé jusqu'à ses faits d'armes. Plusieurs fois décoré, Borg sortait de l'armée de terre, recyclé plus tard par le système pénitencier. Cela lui hérissait le poil qu'un civil ose prétendre recadrer un ancien membre du corps des Marines.

Je préfèrerais m'épargner une poursuite en justice par votre agence de mannequinat.

Un-zéro pour Borg. Au moins avait-il eu la délicatesse de ne pas impliquer son père dans cette pique.

Je réserve mon jugement quant au fait que Morreli ait considéré le risque de vous laisser vous entretenir avec le séquestreur de votre fils. J'ai souvenance d'un Allen Van Der Litz passé à tabac pour moins que ça.

Preuve que Borg avait enquêté sur Dean. Le juge s'était dépêché de lui refiler la patate chaude, trop couard pour opposer un refus ou retarder les délais. Deux-zéro en faveur de Borg. À la suite de cette échange, Dean grappillerait toutes les infos possibles sur le directeur de Mictlan, au cas où ils seraient amenés à « discuter » à nouveau. Il ne commettrait plus l'erreur de le sous-estimer.

La visite se déroulera dans un box, avec dispositif d'écoute et panneau de séparation hermétique. Vous pouvez faire valoir vos protestations face à cette décision, en présence de votre avocat, mais ce sera une perte de temps. Et vous et moi savons sa préciosité. Aussi longtemps que je dirigerai Mictlan, je ne favoriserai jamais une situation susceptible de créer un incident déplorable au sein de cette prison.

— C'est tout à votre honneur, Borg. Contentez-vous de m'autoriser l'accès, je me plierai de bonne grâce à vos directives. Refusez, et ce sera le prologue d'une autre histoire, que je promets longue. Vous êtes bien trop occupé à policer l'image douteuse de votre centre carcéral, pour endosser le rôle du méchant d'une saga vengeresse. Alors faites-vous une faveur et prenez la bonne décision.

Les quelques secondes de silence qui précédèrent la réponse de Samson avaient été édifiantes. Après deux rounds victorieux, défaite par KO de Borg.


*o*o*

TBC ● EPISODE 24 – part 3

*Super-maximum, contracté en « supermax », est le nom donné dans certains pays, à une prison de très haute sécurité, ou bien à un quartier de très haute sécurité appartenant à cette prison. Il découle du concept appliqué au pénitencier fédéral de Marion, dans l'Illinois, en 1983, pénitencier ayant accueilli les détenus d'Alcatraz avant sa fermeture.

**Cf. épisode pilote de ma fiction CRIMINAL QUEST.

*MEDIA*
Intro vidéo : Rok Nardin - Where is Your God Now. Parce que j'avais ce son en corrigeant ce chapitre et parce que c'est une question qu'on pourrait bien poser aux détenus de Mictlan.

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