S07 - EP 20 ✧ part II
Partie 2/3
La semaine des Beat'ONE exigerait une forme physique au top. Ils reprenaient le rythme de ces phases de suractivité, jonglant entre plusieurs villes. Leur agenda comptait les balader de Balmer à Nior en passant par Saunes et Narven.
Le lancement de PAPANAZI inaugura la semaine, entre séances de presse et photos, en plus d'alimenter les réseaux sociaux. L'excitation les embarquait dans un courant ascendant, que ne perturba pas la date anniversaire du décès de Brent survenu un 31 janvier.
À cette occasion, Jeff voulut se recueillir sur la tombe de son frère. Il dût subir la présence de sa bande qui refusa de le laisser rentrer seul à Saunes. Le temps gris, cependant, ne reflétait pas son humeur. Le bassiste était ravi d'apprendre à son aîné que son rêve se réaliserait enfin : The Beat'ONE participeraient à leur première Rock-Feast !
— Tu verras, Brent, on va s'amuser comme des fous ! promit-il.
Rebecca s'en voulut, une heure plus tard, de doucher cet enthousiasme. Ils se trouvaient à présent à Coop-Com Record©, en vue de peaufiner les dernières démarches du lancement de LIRM et des prochains spectacles à Nior, quand elle annonça :
— J'ai du nouveau concernant la Rock-Feast.
— Alors ? la pressa Red.
— On s'y est pris tard, du coup ç'a été galère de nous insérer dans le programme du festival. Tessa Mommsen dit qu'elle nous fait une faveur parce que la « faveur » rapportera du fric. Nous n'aurons que deux jours de spectacle, le 14 et le 15. Emy Event© n'a pas pu nous trouver un créneau sur les trois jours du festival.
— C'est compréhensible, fit Jay malgré sa déception. On sera mieux préparés pour le prochain.
— Donc je le note dans mon agenda, déduisit Côme Swanson depuis la tablette de Rebecca.
N'ayant pu les gratifier de sa présence, le régisseur de production de Coop-Com Record©, l'homme chargé d'organiser les spectacles des Beat'ONE, tenait cette réunion en vidéo conférence.
Le rendez-vous pour l'année prochaine n'empêcha pas Red de bouder. Rebecca tenta de le consoler.
— La popularité de la Rock-Feast cette année bat des records. Même si on n'y joue que deux jours, l'impact sera énorme. Emy Event© a atteint des chiffres jamais vus en billetterie et en participation d'artistes. À tel point que votre notoriété n'a pas suffi à plaider en votre faveur. En vrai, on doit notre place à la chance ou au mauvais karma du groupe Stamina. Il nous cède sa scène. Un incident fait qu'il ne pourra y jouer que le premier jour. Donc les deux autres nous reviennent.
— Tant qu'un incident ne vient pas annuler le premier incident, ironisa Jeff.
— On jouera à la Saint Valentin, c'est une journée classée « rouge », le compteur statistique explose, expliqua Korgan. Au final, on n'y perd pas grand-chose.
— Par contre, je n'ai pas pu avoir de stand au parc des Expositions. Stamina n'en avait pas.
— C'est naze, bougonna Red. Le combo scène-stand est le scénario idéal durant la Rock-Feast.
— Ouais, mais tout le monde ne peut pas se le permettre, beaucoup font l'impasse sur le stand, rappela Jay. Le plus important, c'est divertir son public sur scène.
— Néanmoins, bénéficier d'un stand aurait apporté un plus à la promo de LIRM, déplora Clint, leur éditeur musical. Ç'aurait été l'occasion d'écouler un max de CDs et vinyles.
Ils n'avaient pas saisi cette opportunité à temps et en tireraient un enseignement. Mais ils se remettaient tous de cet affreux enlèvement d'un proche, survenu en backstage après le concert de Noël. L'équipe entière, staff comme musiciens, en avait été affectée.
— C'est dommage que MCS-Radio ne diffuse qu'en local, continua Clint. Rock'ONE-Radio fera sa part du job, mais on aurait eu plus d'envergure promotionnelle si vous aviez été invités par une chaine nationale.
C'était un peu vache pour MCS-Radio, mais Clint Herford était payé pour souligner ce genre de chose. Le métier de l'homme consistait à les faire capitaliser sur leur art. Seulement, les chaines d'envergure nationale se montraient frileuses à l'idée d'inviter les Beat'ONE. Ce n'était un positionnement assumé, mais depuis la polémique autour de la présence de Red Kellin sur la Place Blue Square de Balmer, le milieu cathodique ne semblait pas favorable au groupe de rock. Les sollicitations de Clint et Rebecca rencontraient une réponse tiède.
— En parlant de ça, Red, qu'as-tu convenu avec Lawson Read ? demanda-t-elle.
Red grimaça puis se gratta la tête, penaud.
— C'est-à-dire que... j'ai un peu raccroché trop vite ?
À cause de son lapsus. Mais qu'il soit damné s'il l'avouait devant leur staff. Rebecca soupira. Côme intervint :
— Laissez-moi voir si je suis bien votre agenda. Vous avez la sortie de LIRM dans deux jours, l'invit à MCS-Radio dans trois jours, la sortie de FIRE RED dans huit jours et je pense que KlaiM voudra louer Red pour la promo, le festival dans quatorze jours, et entretemps vous avez des engagements au Music Museum, en plus du projet de Red à Darney. Je n'aimerai pas te vexer, Rebecca, mais j'ai l'impression que ç'a été planifié au fil de l'eau...
— C'est nous les fautifs, pas Becca, la défendit Jay. Cette femme est un métronome quand elle s'y met. On peine un peu à retrouver nos marques depuis Noël.
— Je sais, Jet, concéda Côme. Du coup, quand comptez-vous remettre les pieds à Nior ? Vous ferez un workshop pour le festival à Coop-Com Record© ou au Music Museum ? À moins que vous répétiez directement au Sinéad ? Je dois savoir quand y envoyer les troupes.
— Je n'ai pas envie qu'on fasse l'impasse sur la radio, émit Red. J'aime bien Lawson Read. Je pense qu'il fera honneur à LIRM. Donc, si on s'y colle tous les deux avec Korgan, plutôt que de revenir à Saunes pour les répétitions, l'idéal serait de vous rejoindre directement à Nior.
— Donc on y va après la sortie de LIRM et on s'accorde une semaine de répète ? suggéra Jay.
— Commençons par confirmer avec Lawson Read qu'il reçoit bien deux Beat'ONE à Narven, dit Rebecca en ouvrant son répertoire téléphonique.
La sonnerie sur haut-parleur s'égrena un moment. Ils s'attendaient à tomber sur le répondeur du chroniqueur quand une voix ensommeillée marmonna :
— Qui est-ce ?
Rebecca dévisagea les autres. De toute évidence, ils le réveillaient. Soirée festive ?
— Bonjour, Mr Read, c'est Rebecca Twayne. Je suis avec les Beat'ONE en réunion de staff. On aimerait discuter d'un sujet important. Dites-nous quand vous rappeler. De préférence d'ici un quart d'heure.
— Non, c'est bon, je suis tout ouïe !
— On ne vous dérange pas, j'espère ? s'enquit Red.
— Euh n-non, balbutia Lawson.
Le chanteur se demanda s'il pensait encore à la boulette du samedi. Il espérait s'en être tiré avec un abrupt « j'ai été ravi de discuter avec vous », estimant que cette vétille sur sa vie privée ne méritait pas d'être relevée. En soi, ce lapsus n'avait rien de malheureux. Il n'aurait pas porté à conséquence dans une conversation entre individus lambdas. Hélas, Red Kellin ne côchait pas la case « individu lambda » mais celle du bêta qui avait bêtement vendu la mèche sur son couple à un animateur radio. Néanmoins, il mettrait les choses au clair avec ce dernier, en face. En priant que des rumeurs sur le non-célibat de Red Kellin ne circulent pas déjà sur la toile.
Il avait été convenu, lors de son rendez-vous avec les frères Devon, que la notoriété du jeu HSM® reposait en partie sur le célibat « médiatique » de Red Kellin. Donc pas de révélation de couple « officiel » tant qu'il restait un homme à marier dans le jeu, le temps de capitaliser un peu dessus.
— C'est curieux..., fit Lawson, songeur. Bien souvent, les attachés de com. des stars de votre calibre ne se soucient pas de savoir s'ils dérangent.
— Je milite pour mon éducation et mes bonnes manières, ironisa Rebecca. Si vous n'êtes pas en état de tenir cette conversation maintenant, dites-nous quand ce sera le cas.
— Je vous assure que ça va. La moitié de la semaine, je vis la nuit, ça implique de longues grasses matinées. Mais pour les Beat'ONE, je brade mon sommeil quand vous voulez. Surtout si mon réveil a la voix de Red Kellin.
— C'est moi ou il te fait du gringue ? remarqua Jeff.
Du moment que cela ne parvenait pas aux oreilles d'un certain Dean Leblanc, Red jouait volontiers le jeu. Figurer dans les petits papiers du chroniqueur l'aiderait à lui soutirer des concessions.
Lawson jura qu'il ne draguait pas le chanteur. Personne ne le crut.
— On a justement besoin que tu contes fleurette à Red, en tout bien tout honneur, ça servira nos intérêts, avança Clint, pince-sans-rire. Et je doute que ça dérange Red.
On dût lui donner l'identité des autres membres du staff de direction, de quoi mettre le chroniqueur mal à l'aise. Avec quelle bande de fumistes discutait-il en pyjama ?
— Je suis navré, Red, mais je ne suis pas intéressé par les gens dont le cœur n'est plus à prendre.
Red geignit.
— Zut alors !
Les autres le dévisagèrent, surpris.
— Tu lui as dit ? articula Jeff sans émettre un son.
— Un foutu lapsus, grommela le chanteur.
Korgan s'esclaffa. Il imaginait la scène sans peine. Typique de Red ! Mais il fallait quitter ce sentier glissant. Même si Clint et Côme soupçonnaient l'identité de l'hypothétique mec de Red, le chanteur ne l'avait pas officiellement annoncé à leur staff.
— Avant qu'on aille plus loin, commença Lawson, circonspect, il y a eu un... incident qui pourrait entraîner un changement de programme de dernière minute. Et j'espère que vous ne me tiendrez pas rigueur de me montrer hardi en vous le proposant.
— On vous écoute, l'encouragea Rebecca.
— Dans deux semaines, on n'enregistrera pas le Hit Rock à Narven mais à Nior. Il nous sera alors possible de diffuser en nationale et pas en locale. Mon équipe couvre la Rock-Feast. Je me suis dit que ça bénéficiera à la promo de LIFE IN RED MOTION. Du coup – et c'est osé ce que je m'apprête à vous demander –, vous est-il possible de reporter notre rendez-vous à la Rock-Feast ? Je compte décaler d'une semaine la programmation musicale de mon talkshow basée sur votre album. Pour me faire pardonner, je vous invite à partager notre stand premium au Sinéad, se dépêcha-t-il d'ajouter.
Il y eut un silence de trois secondes, puis Red ouvrit la bouche :
— Et si on reportait carrément le lancement de LIRM à la Rock-Feast ?
Cette fois, le silence dura plusieurs secondes sceptiques, voire incrédules. Red vissa ses yeux suppliants sur Rebecca et Clint. « Dites pas non. Surtout, ne dites pas non, mon idée est génialissime ! » Le duo, à la fois supplié et menacé en silence par des prunelles brillantes, sut qu'il capitulerait. Quand le chanteur activait le mode diva, « non » cessait d'être une réponse légitime. Clint dévisagea Rebecca.
— Pour un stand premium, ça vaut le coup de prendre le risque.
Prendre le risque de mécontenter des fans virulents en annonçant le report de la sortie d'un album fébrilement attendu dans deux jours, de non pas une mais deux semaines !
— Faudra trouver le moyen d'apaiser la frustration des Holy Suckers, soupira Rebecca.
— On en fait notre affaire, assura Jeff, à peine perturbé par la décision arbitraire de son chanteur. En attendant, ils auront PAPANAZI et FIRE RED à se mettre sous la dent.
Red leva les poings au ciel et couina son bonheur.
— Fantastique !
Il avait dû épuiser son quota de malchance après l'échauffourée avec des fans trop zélés. Ce genre de coïncidences relevait du karmique.
— Tu as dû être un porte-bonheur dans ton ancienne vie, Lawson.
— Merci, c'est gentil, fit Lawson, gêné. Donc c'est validé ?
— Adjugé, vendu, rétorqua Jay. Rendez-vous à Nior.
— Ôtez-moi un doute. Il me semble que vous n'apparaissez pas dans le programme de la Rock-Feast...
— Ces escargots d'Emy Event© ont du retard dans leurs mises à jour ! grogna Rebecca. Cela dit, on s'y est pris un peu tard, les affiches avaient déjà été imprimées sans nous. D'ici la fin de la semaine, on y figurera.
— Il n'empêche qu'ils peuvent updater leur page internet, s'indigna Lawson. Une annonce sur les réseaux sociaux prend deux secondes !
— D'accord avec toi, assentit Red.
— Je pense qu'ils le font exprès, supputa Rebecca. Ils n'ont probablement pas entamé la réimpression de nouveaux billets. Ils essayent de s'épargner des plaintes.
— Bizarre, releva Côme. Toute promo repose sur l'anticipation. Ils gagneraient à prévenir les gens à l'avance. L'effet « dernière minute » va amoindrir l'appel des fans.
— Ou les pousser à se précipiter à la billetterie et battre un autre record de sold-out, émit Clint. Ce genre d'incident statistique dore un peu l'image du festival. La rumeur de votre possible présence circule déjà. Je pencherai plutôt vers le fait que le parc des expositions ait déjà atteint sa capacité maximale.
— Possible, mais dans ce cas, Tessa ne m'aurait pas parlé de réimpression des tickets, objecta Rebecca, pensive. Le silence d'Emy Event© est un pari risqué, mais la connaissant, le risque est calculé. Pour le moment, ça nous empêche de faire une publication officielle. On ne saura pas satisfaire la demande des fans qui voudront acheter leur billet.
— Tu connais personnellement la régisseuse d'Emy Event© ? s'étonna Côme.
Rebecca lui sourit.
— Ne lui dites pas que c'est une garce bougrement efficace. Je nierai l'avoir pensé. Deux promos nous séparaient à la fac. Elle a été ma marraine de sororité. Puis on s'est perdues de vue, mais on a conservé les coordonnées l'une de l'autre.
Rebecca avait vécu dans l'ombre de la « miss M'as-tu vu » de la faculté, tant que cette dernière n'avait pas fini son cursus. Tessa l'avait aidée à trouver un stage en la recommandant à un membre de son jury de thèse. Elles avaient été copines comme l'étaient deux filles se jalousant cordialement.
Aujourd'hui, Tessa faisait le grand-écart entre Nior – ville de l'Entertainment par excellence, Saunes – ville des Brown Alley Studios, centre des Arts de la scène, et Narven, siège de la maison mère d'Emy Event©, leader national de l'évènementiel. Son professionnalisme était irréprochable. Son dynamisme donnait le tournis. Mais on ne gagnait pas toujours à la connaître intimement.
Les hommes ne l'intéressaient que si elle pouvait les croquer, et elle se montrait mesquine envers les femmes susceptibles de lui jeter de l'ombre. Par exemple, recevoir des éloges devant Tessa vous positionnait en cible à abattre, à moins que le complimenteur ne l'inclue dans sa flatterie. La Rebecca de l'époque, jeune et jalouse, la traitait de beauté scandinave imbue de sa personne. Celle d'aujourd'hui espérait avoir gagné en maturité, en se disant que Tessa aussi avait évolué.
— Je me demande si le silence d'Emy Event© sur les réseaux sociaux n'est pas motivé par la crainte d'envenimer le clash entre les Holy Suckers et les Nitro Maniacs, soumit Lawson. Le groupe NITRO a une belle visibilité à l'affiche.
Les Beat'ONE se redressèrent dans leur siège.
*o*o*
TBC ● EPISODE 20 – part 3
Allons, bon. Qu'est-ce qu'il se passe encore chez les Holy Suckers ?
*MEDIA*
Intro vidéo : All Good Things - I Have The Power (feat. Phil X). Parce que Red est bien parti pour monopoliser le pouvoir décisionnel, en bonne diva qui se respecte !
I've got this curious fever
Crawling inside my veins
Sparks coming
Off of my fingers
And voices in my brain I
Feel like I've opened my eyes now
And nothing will be the same
I hear you
I see right through you
I'm master of the game
Maybe I'm full of demons
Maybe I'm all divine
They're talking and I believe them
Believe them when they say
I have the power
I could be the hero
I could be the villain
It doesn't really matter
I have the power
The whole world at my feet
And your life in my hands
My finger on the trigger
I have the power
I'm higher on the fire that's inside of me
It's impossible to stop me
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