S07 - EP 06 ✧ part II
Partie 2/2
Le cœur de Mikael battait la chamade. Il avait appris à ne plus craindre Sâminathan, mais son organisme n'oubliait pas la dangerosité de cet homme : celle du diable, d'un individu ne s'encombrant ni d'empathie, ni d'état d'âme. Triste conséquence d'une enfance et adolescence traumatisées, dirait-on – hélas, cela n'excusait pas toujours l'androïde qu'était devenu Sâminathan Hayes Meister.
Mikael ne serait pas surpris de se voir refuser des circonstances atténuantes. Il avait merdé en cédant à Rudy. Le môme lui imposait sa loi, or sa mission consistait à canaliser ce garçon. Quoique, pour sa défense, on ne lui avait jamais vraiment dit, de manière explicite, les termes de sa mission réelle. Si Sâminathan comptait le sanctionner pour manquement, qu'il commence par régler sa note. Sans réticence, Mikael céda la place à Aurum.
« Voilà pourquoi tu as besoin de moi, tu es trop faible. »
Que se passerait-il, quand il n'aurait plus besoin de se réfugier derrière son alter personnalité ? Quand il n'aurait plus besoin de se glisser dans cet étrange costume pour affronter la dureté d'une réalité condamnable ? La question demeura sans réponse. Jusqu'ici, Mikael refusait de se pencher dessus, car lorsqu'il n'aurait plus besoin d'Aurum, une part de lui disparaitrait. L'idée s'avérait révoltante.
— M'écoutes-tu, Black Merry, ou devrais-je dire Blacky-caramel ! s'impatienta Nathan.
Mikael roula des yeux. Recourir aux surnoms, tellement petit ! Il en avait essuyé dans sa vie, mais le dernier sobriquet au caramel, de manière étrange, ne lui inspirait aucun sentiment négatif, à contrario des pseudonymes de son passé. Parfois, l'entendre lui arrachait un sourire qu'il tuait aussitôt. Mikael soupira.
— C'est quoi ma sanction pour figurer à la une ? Tu vas aussi me punir d'être une gravure de mode ? Je suis photogénique. Reconnais au moins qu'ils ont pris mon meilleur profil !
Différents tirages de journaux et magazines trônaient sur le bureau, dont un titrait : « Le garde du corps le plus cool du monde, au plus grand défilé du monde. » Sur une tablette, un article de presse mentionnait la vie « nocturne » de l'héritier Leblanc, en compagnie de son garde du corps.
Quelqu'un pouffa. Nathan torpilla l'Agent Gillian Nicholls du regard. Il se passerait de ses interventions contreproductives. Mikael n'apprendrait pas de cette erreur si ses supérieurs la jugeaient comique. Gillian haussa une épaule.
— Il fut une époque où nos positions étaient inversées. À mon tour de savourer.
Mikael se tint coi. Gillian trouvait la situation amusante, alors il avait un sursis. Mais il ne pousserait pas sa chance. À une époque, le rôle de père fouettard incombait à l'Agent Nicholls, majordome et garde personnel de Sâminathan Meister. Un homme qui, en réalité, possédait autant de casquettes que les facettes d'une boule disco. Depuis que ses recrues étaient devenues ses égaux, Gillian avait volontiers remis son fouet au cerveau du système et s'en lavait les mains avec une certaine délectation.
Sâminathan rencontrait toujours des difficultés face à Mikael : élément récalcitrant, insoumis, indomptable et – malheureusement ou heureusement, Nathan peinait à trancher –, le meilleur. Il se féliciterait souvent de l'avoir dans son escarcelle. Il aurait été fort fâcheux que l'Agent Mikael Sainsbury finisse dans les filets de son père, ou pire, de son frère.
— J'ai commis une bévue en devenant un visage public, admit Mikael. Mais ce n'est rien d'irréparable, ma couverture n'est pas compromise. Blacky est un nom de code désuet, je ne l'utilise plus en mission.
— Tu reconnais tout de même que c'est une bévue. Toute bévue doit être sanctionnée, rétorqua Nathan.
Ne serait-ce que pour éviter d'inspirer d'autres têtes brûlées. On accusait Sâminathan de favoritisme envers son agent préféré ; raison de plus pour le sanctionner. Qui aimait bien châtiait bien. Le microbe risquerait de prendre le melon, dans le cas contraire. Par moment, l'arrogance de Mikael avait besoin d'un coup de vis.
— C'est difficile de manœuvrer avec ta personnalité.
— Qu'est-ce qu'elle a, ma personnalité ? grommela Mikael.
— Elle est inconstante. L'instant d'avant tu es une ombre, sombre et taciturne, et un clignement de paupières plus tard, tu ponds un acte d'une exubérance ou d'une extravagance pis qu'audacieuse. Ça donne parfois le vertige.
— Tu devrais t'y être habitué, ce fait ne date pas d'hier, souligna Gillian.
— Certes, mais si cela a été un atout et le demeure toujours, cela n'en reste pas moins une épine dans le pied à gérer, grogna Nathan.
— Tu te plains parce que l'épine se trouve aujourd'hui dans ton pied et plus dans le mien. Tu en riais, à l'époque.
— Si c'est pour m'ennuyer de ton sarcasme, tu peux attendre dehors, Agent Shadow !
Gillian quitta son fauteuil avec nonchalance.
— À vos ordres, Patron.
Nathan se hérissa. Il détestait quand Nicholls l'appelait ainsi. Ils le savaient tous. Mikael réprima un sourire moqueur, comme Gillian refermait la porte derrière lui. Il souffla. Place au duel. Le cerbère de Nathan parti, Mikael se débarrassa du scrupule de pressuriser son supérieur. Aurum savait le faire.
— Si on en venait au cœur du sujet. Pourquoi suis-je ici une heure avant d'aller chercher mon protégé ? La circulation de Balmer n'est pas connue pour sa fluidité et l'adresse de Rudy n'est pas au prochain tournant.
— Qu'est-ce qui te fait croire que ceci n'est pas le cœur du sujet ? demanda Nathan en désignant l'amas de presse sur son bureau.
Mikael éluda la question.
— Combien de temps restes-tu ?
— Ne change pas de sujet, s'énerva Nathan.
— Tu vas aggraver tes acidités d'estomac à force d'être aussi colérique. Je croyais que ça passerait avec l'âge, faut croire que c'est l'une des rares fois où j'ai fait preuve d'optimisme.
Nathan toisa Mikael qui soutint son regard. Il soupira. L'Agent Sainsbury dédaignait la sanction lorsqu'il était convaincu de n'avoir commis aucune bévue digne de l'attention de la hiérarchie.
— Je reste le temps de faire le point sur certaines choses et réparer les incartades de Père.
— Depuis quand t'essuie la merde d'Edwards ? Il se ferait vieux ?
— J'ai bien peur que oui. L'heure de la passation de service approche.
Mikael s'assombrit. Il ne s'attendait pas à ce que Nathan brigue le pouvoir de sitôt.
— Être à la tête du G.L.O.B.E. ne te suffit plus ?
Nathan arqua un sourcil. Mikael se montra honnête :
— J'ai toujours soupçonné le jour où tu voudrais évincer ton père, mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi tôt. Je n'aime pas cette situation. Elle implique une déclaration de guerre ouverte à Jai Rao.
Nathan se rencogna dans son fauteuil.
— Pour mon frère, c'est une évidence que l'Agence lui « reviendra ». Du moins, tant que le pouvoir politique ne change pas de couleurs. Mais pourquoi lui céderais-je, sachant que dans le cas inverse, Jai Rao ne le ferait pas ?
— Edwards ne m'a pas semblé gâteux ni sénile, la dernière fois que j'ai vérifié. Je doute fort qu'une retraite précoce soit dans ses projets. J'ai appris une chose au contact des Meister : ils ne lâchent jamais prise une fois qu'ils ont en main ce qu'ils veulent.
— Effectivement. Le seul moyen de récupérer ce que tient un Meister est de lui couper la main, confirma Nathan sans sourciller.
— Je ne serai pas ce couperet, le prévint Mikael, le regard dur. Trouve quelqu'un d'autre pour cette basse besogne.
S'il se laissait embarquer, il tuerait définitivement ses chances de gagner sa liberté. Mais peut-être qu'au contraire, c'est ce qu'il me faut. Sâminathan lui serait redevable s'il l'aidait dans son putsch contre son paternel. Mikael pourrait alors monnayer sa liberté en paiement de dette.
Néanmoins, prendrait-il le risque de devenir l'objet de la rancœur d'Edwards, septième du nom, et son bras droit Jai Rao ? Il se coltinerait ces ennemis à vie. Qu'il le veuille ou non, Edwards et Jai Rao sauraient tôt ou tard son implication dans le projet de Sâminathan. Autant ne pas se mouiller en posant les limites. Le rire de son supérieur l'intrigua.
— Non, tu ne seras pas le couperet. Pas cette fois. J'en ai déjà un.
Curieux, Mikael se pencha en avant sans le réaliser.
— Qui est-ce ? À moins que cette info soit trop précieuse pour m'être divulguée.
— Même si je la taisais, tu tenterais de l'obtenir, quitte à compromettre mes projets. Ce ne sera pas un secret pour toi. En revanche, ça ne sort pas de ces murs.
Mikael s'impatienta. Pas besoin de souligner cette évidence.
— C'est Dean Leblanc.
La curiosité céda à la perplexité.
— Comment ?
— C'est pour cela que je suis le cerveau, mon petit Mika. Tu as encore beaucoup à apprendre.
— Alors apprends-moi, renifla Mikael, sarcastique. Et je ne suis plus ton « petit » Mika !
— Que se passera-t-il si Dean hérite de White Enterprise©, et les accords passés entre son père et le mien l'incommodent ? demanda Nathan.
Son air conspirateur cachait baleineau sous gravillon.
— Je ne vois pas pourquoi, ou comment, ça l'incommoderait, douta Mikael. Ces accords entre Leblanc et Meister octroient pas mal d'avantages aux dirigeants de l'Empire. Ça leur donne carrément accès à un pouvoir abusif. Il n'y a pas si longtemps, Dean n'a pas hésité à en user pour étouffer la défenestration de Lucas Levy.
— Oui, oui, je sais tout cela, balaya Nathan. Mais supposons que ce soit le cas. Ou mieux, disons que ce sera le cas. Comment réagira-t-il ?
Mikael se raidit. Nathan avait l'intention de faire de ces hypothèses une réalité.
— Tu vas mettre Dean à la tête de l'Empire et lui aliéner Edwards.
— C'est pour cette vive intelligence que je t'adore, mon p'tit Mika.
— Ça ne sera pas évident d'amener Dean à exécrer les avantages que lui confère l'Agence.
— Tu serais à ma place, comment t'y prendrais-tu ?
Mikael se mordilla la lèvre inférieure.
— Parle librement, l'encouragea Nathan.
— Je l'ai toujours fait, renifla Mikael.
Du moins, dans la peau d'Aurum il ne s'embarrassait pas de filtres.
— Si je devais penser comme un cerveau machiavélique et brillant, alors je m'assurerai que les accords tacites entre IANS et Leblanc nuisent à la prunelle des yeux de Dean. Ma cible serait sans conteste Rudy Leblanc.
Le dire à voix haute figea quelque chose dans son cœur. Comme si une main glaciale venait d'empoigner l'organe et d'en presser le sang. À tel point qu'il pâlit.
« Bordel, Mikael, tu t'es trop attaché au morveux ! »
Aurum pouvait parler, le cœur qui battait la chamade était aussi le sien ! Ils partageaient les mêmes craintes.
— Ce sera voué à l'échec, Nathan. Tu as assigné ton meilleur agent à la protection rapprochée de Rudy Leblanc.
Nathan lui lança un regard oblique. Mikael toisa le prédateur qui tentait de le sonder. Libre à son patron d'en tirer une conclusion, mais lui seul restait juge de son comportement vis-à-vis de Rudy. Ce garçon innocent ne paierait pas la note de l'avidité de monstres assoiffés de pouvoir. Ils en sniffaient jusqu'à l'overdose mais en demandait toujours plus ! Quitte à impliquer une âme pure et la souiller dans leurs guerres sordides d'influence.
Mikael savait comment cela se terminait. Ce n'était pas beau à voir. Ça engendrait des agents L. Des machines de guerre dépourvue d'âme, victimes hypersensibles obligées de sceller leur cœur dans un bunker en titane si profondément enfoui qu'il devenait difficile à atteindre. Des âmes privées de salut. Hors de question que Rudy subisse ce destin de damné.
— Je déduis que Rudy Leblanc est le meilleur moyen d'atteindre Dean Leblanc, fit Nathan, pensif.
— Ne le tourne pas comme si tu n'y avais pas déjà pensé ! Tu ne déduis rien du tout, maugréa Mikael. Je sais à quoi tu joues.
Le sourire de Nathan n'atteignit pas ses yeux.
— Fais ton travail, ainsi pourrons-nous espérer qu'il n'arrivera rien à cet agneau. Cependant, garde-toi de céder aux sentiments. Tu arpentes la mauvaise pente. (Il désigna le tirage de presse sur son bureau.) Rebrousse chemin, avant que je t'y incite.
Mikael réprima un frisson. Ne jamais montrer sa frayeur à cet homme, il s'en nourrissait et prenait de l'ascendant sur vous.
— Ce qui ne colle pas à ton point de vue est toujours « mauvais », Hayes. Nous ne débattrons pas dessus, tu n'ignores pas ma vision des choses.
— Parfois elle m'est obscure, confessa Nathan.
Venait toujours un moment où il n'arrivait plus à lire en Mikael. Quelque part, ça lui avait évité de faire du jeune homme un pion et il en était reconnaissant. Les pions s'éliminaient vite dans un jeu d'échec.
D'une expiration, Mikael regagna le contrôle de ses émotions. Son efficacité dépendrait des infos glanées.
— Comment comptes-tu t'y prendre avec Dean ?
Quelque chose le turlupinait. Nathan ne se mouillait pas assez en prenant cette décision qui irait dans le sens de Vince, si ce vieux corbeau projetait de rapprocher Dean du « trône ». À moins que Nathan dissimule ses manigances derrière cette aubaine. La confirmation vint.
— D'après mes nouvelles informations, j'ai des raisons de croire que Vince en fera son légitime successeur. Cependant, Dean peut l'envoyer au diable. Cet homme n'est pas du genre à laisser autrui décider de son destin.
Mikael opina du chef, notant le peu de détails de la réponse de Nathan.
— Et en dépit de son caractère indomptable, tu vas lui forcer la main ? L'obliger à céder à la volonté de son père ?
— Exact. Son frère nous y aidera.
— Son frère... Il me semble que leur père n'a jamais impliqué Dan dans ce genre d'affaires.
— C'est la faille à exploiter.
— C'est d'ailleurs étrange, releva Mikael. Comment pouvait-il savoir à l'avance que son fils aîné ne lui donnerait pas de successeur dans le temps imparti ?
— Tu n'es pas censé savoir ce genre de choses, se rembrunit Nathan. Aucun agent n'a été mis au courant du ridicule et néanmoins dangereux système de succession de l'Empire.
— N'insulte pas mon intelligence.
— Puisque tu es si brillant, tu dois avoir déduis les raisons des actes de Vince.
Mikael poussa la réflexion. La réponse expulsa l'air de ses poumons.
— Oh... Dan Leblanc ne peut pas avoir d'enfant biologique. Mais comment les autres l'auraient su ? Ce type est célibataire. En apparence, ça repousse son expérience de la paternité.
— Crois-moi, Dan ne trompera pas son ascendance en refusant de se marier, ironisa Nathan. Je te parie ce que tu veux que Vince ou Daniel-Ritchie ont la preuve médicale de son infertilité. Je ne sais pas si on peut dire qu'il a eu la chance que ce ne soit pas une insuffisance testiculaire. Ça aurait affecté sa croissance pubertaire. Ses gonades fonctionnent, mais les chromosomes de ses gamètes sont anormaux. C'est irréversible, sans être responsable d'un dérèglement hormonal qui aurait été physiquement perceptible. Sinon il serait aussi potelé que certains eunuques.
— Tu as piraté son dossier médical, exhala Mikael, blasé.
Tout ce laïus scientifique impliquait que Nathan connaissait le moindre détail des résultats négatifs des tests de fertilité de Dan Leblanc.
— Voyons, il y a des moyens plus simples que le piratage pour obtenir ce genre de chose ! s'indigna Nathan. On ne va tout de même pas se laisser mener en bateau par ces individus qui confondent l'IANS avec une cour de récré !
— Venant de toi, c'est d'une telle hypocrisie que ma mâchoire m'en tombe, renvoya Mikael.
Qui prenait le G.L.O.B.E. pour un RPG, déjà ? Nathan leva le menton, hautain.
— Le reste du monde a peut-être été berné par le subterfuge du célibat de Dan Leblanc qui l'aura desservi dans la course à la succession, mais je suppute que son paternel ou son grand-père n'ignorent pas la vérité. Une vérité beaucoup plus vieille, sinon Vince n'aurait pas écarté Dan d'entrée de jeu, sans envisager de lui faire miroiter l'idée d'une succession. Et comme tu l'as toi-même souligné, c'est louche. Il était temps que l'Agence y fourre son nez. À l'insu des concernés, bien entendu.
— Dans ce cas, quelle utilité pourrait-il avoir dans ton plan, s'il est inapte à la succession, selon la charte Leblanc ?
— On est d'accord que la raison pour laquelle Dean croit Dan hors course n'est pas la bonne. Comme certains, il doit penser que son frère a choisi de s'écarter de son destin d'héritier en boudant une mœurs familiale. En outre, la rumeur court que Dan s'est fait damer le pion par son cadet, quand celui-ci a mis en cloque une roturière et donné à l'Empire un héritier « mâle » avant l'heure. Hypothétiquement, cela justifierait l'espèce d'animosité entre les frères.
— J'ai l'impression d'entendre une intrigue féodale, marmonna Mikael, un tantinet sidéré.
Nathan pouffa.
— Comment rends-tu attractif un jouet auquel un enfant prête peu attention ?
— Tu vas me le dire...
Le sourire de Nathan grandit.
— Tu le lui retires des mains pour le donner à son frère.
— Je suppose que tu en sais quelque chose, ironisa Mikael.
La rivalité entre Sâminathan et Jai Rao se réduisait parfois à « mon frère a reçu un jouet meilleur que le mien ! » Le concerné feignit de ne pas entendre la pique sarcastique.
— Convaincre Dean de la possible paternité de Dan ne devrait pas être difficile. Cette paternité hypothétique remettra Dan en selle. Faire miroiter à Dean le trône à portée de main, puis feindre de le donner à Dan, le poussera à réagir.
Sidéré, Mikael se dit que Nathan n'aurait pas dû le surprendre après tant d'années, mais l'homme se surpassait. Il n'usurpait point son surnom « Meistermind ».
— Mais s'il s'avère que Dean le lui cède de bon cœur ?
— Il ne le fera pas, sachant que le testament de Vince concerne en grande partie Rudy, assura Nathan. De plus, Dean est mauvais perdant et est animé par une vendetta qui a besoin de suivre son cours. Je me suis assuré que l'inspecteur Kruger lui révèle le nom du commanditaire de l'enlèvement de son fils.
— Et l'identité de ce commanditaire est ?
— Joker.
Mikael s'esclaffa. Si Nathan la jouait ainsi, alors lui aussi disposait d'un joker. Rudy Leblanc connaissait aussi le commanditaire. Chayton lui avait révélé les tenants et aboutissants de son enlèvement.
— Une minute. Cette affaire n'incombait pas au G.L.O.B.E. à la base. C'est l'Agence qui a mené les opérations quand Chayton a été appréhendé. Comment l'as-tu récupérée aussi vite ?
— Je suis plus rapide que mon ombre.
— Mais encore ?
— Le Projet G.L.O.B.E. a été en partie financé par Vince. Et l'inspecteur Kruger est un fin limier. Il commençait à exhumer des corps. Mais sans l'expérience du fossoyeur, ça faisait désordre. En fait, Nil Kruger possède quelque chose que je convoite. L'occasion était trop belle pour ne pas tenter ma chance. S'il sait où demeurent ses intérêts, il aura dit à Dean ce que je lui ai demandé de transmettre.
Mikael fronça les sourcils.
— Que convoites-tu chez la STPD ?
— Focus, mon p'tit Mika. C'est déjà établi dans l'opinion publique que Rudy est l'héritier. Seulement, j'ai besoin d'accélérer les choses. À la fin de cette année, Dean Leblanc dirigera l'Empire. Et je serai devenu l'homme de la situation lorsqu'Edwards lui courra sur le haricot.
— Puis-je te souhaiter bonne chance ? lâcha Mikael.
Ça ne l'empêcha pas de se demander comment Nathan justifierait sa présence prolongée à Balmer. Bien qu'ils aient des bureaux dans cette ville, la maison mère du G.L.O.B.E. se trouvait à West-Town. Donc son patron comptait sévir durant une année sur la Côte Ouest. Comment ferait-il avaler cela à Edwards ?
— La chance n'a jamais été une donnée de mes calculs, rétorqua Nathan, condescendant. Mais je ne la minimise pas.
Son regard s'attarda sur les journaux. Il se rembrunit.
— Ces choses ont été publiées aujourd'hui. Elles ne seront commercialisées que durant vingt-quatre heures avant de subir une rupture de stock et une réédition. Concernant les versions électroniques, le service de censure a déjà commencé à supprimer ton visage de la toile.
Mikael acquiesça, circonspect. Ç'allait encore coûter une blinde. Il n'était pas l'agent le plus cher mais le secondait.
— La seconde bévue sera la dernière, Sainsbury.
Il se le tint pour dit.
— Compris.
— File ! le renvoya Nathan.
Ses yeux rieurs adoucirent son ton sec. Mikael le salua et quitta le bureau. Il ne se détendit qu'une fois au volant de sa Hennessey.
Son patron lui avait donné un nouvel ordre de mission : protéger Rudy Leblanc des manigances du G.L.O.B.E. Car pour introniser Dean Leblanc, Sâminathan Meister utiliserait son frère comme stimulateur ; et pour le maintenir sur le trône, il utiliserait la sécurité de son fils comme motivateur. Plus Nathan se rapprocherait de son but, plus le danger roderait autour de Rudy. À Mikael de s'assurer qu'il en sorte sauf, à défaut de sain.
Pour protéger la prunelle de ses yeux, Dean aurait besoin d'un pouvoir dont il ne disposait pas encore. Plus on lui ferait croire à une menace pesant sur la vie de Rudy, plus Dean s'investirait dans l'ascension au sommet de l'Empire, afin de gagner en puissance. Hélas pour Dean, Nathan n'était pas du genre à simuler. Le risque que Rudy en sorte blessé serait réel.
Mikael maudit sa condition de chien du G.L.O.B.E. Eh bien, il était leur meilleur chien de chasse. Pour Rudy, il deviendrait le meilleur chien de garde.
*o*o*
TBC ● EPISODE 07
Tout ça ne présage rien de bon ! Espérons que Rudy n'essuiera pas encore les plâtres...
*MEDIA*
Intro vidéo : Sam Tinnesz ft. Zayde Wolf - Man or a Monster. Des lyrics qu'on dédie à Sâminathan Hayes Meister...
When you close your eyes, what do you see?
Do you hold the light or is darkness underneath?
In your hands, there's a touch that can heal
But in those same hands, is the power to kill
Are you a man or a monster?
Are you a man or a monster?
Are you a man or a monster?
When you look at yourself, are you a man
Or a monster?
It's so hard to tell which side you're on
One day is Hell, the next day is the dawn
The lines are blurred, you keep rubbing your eyes
The tables turn, now it's time to survive
Are you a man or a monster?
Are you a man or a monster?
Are you a man or a monster?
When you look at yourself, are you a man
Or a monster?
You can't take back the damage you've done
Oh, you can hide but you can't run
No, you can't take back the damage you've done
Afraid of what you might become
A man or a monster
A man or a monster
Are you a man or a monster?
Are you a man or a monster?
Are you a man or a monster?
When you look at yourself
Are you a man or a monster?
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