S06 - EP 46 ✤ part III
Partie 3/3
Les festivités arrivèrent à leur terme aux alentours de quatre heures du matin. Les navettes reprirent du service et Rudy signa pour les au revoir, les prises de coordonnées et les promesses d'ajout dans sa liste d'aminautes. De quoi vilipender certaines lois de l'interaction sociale. La plupart de ceux qui traînaient encore étaient venus par leurs propres moyens.
Rudy n'avait plus revu Blacky, et Brendan avait confirmé son congé pris depuis belle lurette. Les B-Sharks poursuivraient leurs débauche jusqu'au matin, profitant de pseudo-vacances après l'Hawaii bowl avant le retour de l'entraînement intensif. Les Beat'ONE ne tarderaient plus à rejoindre leur hôtel, le temps de récupérer Peneloppe, endormie dans le boudoir où s'était retranché Red dans la journée, loin de la nuisance sonore. Dans le vestibule, Rudy intercepta Kyle et Sergil sur le départ. Taiji, rentré plus tôt, avait tiré à la courte paille pour ramener Mi-Hyun qui n'avait que la permission de minuit.
— Soulage-moi d'un doute, Kyle. Blacky travaille bien pour ton père ?
Le mystère autour de Blacky l'obnubilait. L'envie de pénétrer la bulle de ce garde du corps taciturne le taraudait. Jusqu'ici, une seule personne lui avait fait cet effet : Rey. Quoiqu'avec Rey, c'était l'inverse ; le jeune homme envahissait sa bulle sans l'importuner. Celle de Blacky l'intéressait par son opacité. Qu'y conservait-il si jalousement ? Comment nommer ce sentiment irrationnel ? Curiosité mal placée, possessivité puérile, héritage génétique Leblanc ?
Kyle tourna son visage lisse d'expression dans sa direction. Toutefois, on ne le qualifierait pas d'inexpressif. Rudy dirait ses traits « moins généreux » que ceux de ses frères. Aussi le plus petit signe sur son masque facial devenait une précieuse source d'informations. Chez Kyle, l'ascendant coréen plus marqué lui conférait une beauté froide et hautaine qui, de prime abord, dissuadait d'engager la conversation.
Cependant, son activité oculaire aiguillonnait sur une drôle de piste. Comme cette habitude de croiser le regard de Sergil avant de donner une réponse. Rudy avait noté ce manège à chacun de leurs rares échanges. Pourquoi Kyle attendait-il l'approbation de Sergil ? Il considéra le fils du président. L'homme n'avait pas eu l'air de s'ennuyer de la soirée, malgré son peu de rapports sociaux. La discrétion devait être une seconde nature ou une conséquence de la médiatisation de son nom. En attendant, sa réponse tardait.
— Alors, il travaille pour ton père ou pas ?
Kyle rétorqua avec réserve :
— Pourquoi cette question ?
Rudy grommela.
— Je croyais que les Leblanc en avaient l'exclusivité.
La perplexité de Kyle s'avéra plus lisible que le fond de sa pensée.
— L'exclusivité de quoi ? intervint Sergil.
— De répondre aux questions par une question.
Sergil partit d'un grand éclat de rire. Rudy eut le sentiment de louper la chute d'une plaisanterie.
— Je me trompe sûrement. Ça doit être une habitude des membres du MIP-Club, pour ce que j'en sais. Laisse tomber, Kyle, je demanderai à Mir. Ou à Vince, ajouta-t-il après réflexion.
Kyle manqua ciller. Le propos de Rudy n'aurait pas dû lui instiller un sentiment d'inutilité. Si Père attendait qu'il s'en fasse un « ami », il n'adoptait pas la bonne attitude. Le garçon leur tournait le dos quand Sergil le retint.
— Il a été un temps affecté à une unité spéciale de Wales Security©. C'est durant cette période qu'il a été mon garde du corps.
Rudy hocha la tête. Blacky avait donc de l'expérience dans son domaine et figurait parmi les meilleurs, s'il avait protégé un Alder-Olsten. Cela ne répondait toujours pas à sa question, qu'il estimait pourtant simple. Blacky travaillait-il actuellement sous les ordres de Joachim Wales ? Sa démarcation du reste des hommes en costume noir, qui semblaient le produit de la même fournée, justifiait le doute de Rudy. Doute renforcé par la proximité du jeune homme avec le capitaine des B-Shark à la personnalité exubérante.
Certes, le monde se voulait « petit », mais ce genre de coïncidences suivait une logique ou dissimulait une raison. Il la trouverait. En outre, le conseil de Taiji au sujet du krav maga et Blacky le travaillait. Sa difficulté à tirer les vers du nez de ses interlocuteurs l'irrita un peu. Puis ce fut l'illumination.
— La vérité a un prix, hein ? renifla-t-il.
Son sourire sardonique déboussola Sergil l'espace d'une seconde. Celui-ci le lui rendit, confirmant l'existence d'un tribut pour les informations désirées. Un comble. Il s'agissait de son garde du corps !
— Je déduis de ta réponse qu'il n'appartient plus à l'unité spéciale. Il a été affecté où, du coup ?
— Je persiste à demander pourquoi ces questions, dit Kyle.
Rudy se résigna à dévoiler ses pensées. Tant pis s'il passait pour ridicule ou parano.
— Il ne ressemble pas aux autres mecs de la sécurité, à l'entrée. On dirait un loup solitaire qui se serait tagué malgré lui à une meute.
Les sourcils de Sergil rejoignirent ses cheveux. Kyle dévisagea son acolyte. Rudy nota son hésitation.
— Avouez que c'est tout un personnage ! Il ne répond pas à mes questions. J'ai l'impression que c'est un jeu pour lui, et je n'ai pas l'intention de perdre. Donc je glande des infos. J'aurais volontiers cuisiné Brendan, mais il est trop occupé à mettre l'ambiance pour satisfaire ma curiosité.
— Je vois, fit Sergil.
— Non, tu ne vois pas, se moqua Rudy. La véritable raison, c'est que j'ai besoin de l'évaluer. Je dois réduire l'effectif de ma garde. Hors de question de me coltiner une queue de comète en costard durant mes déplacements. Je n'en ai jamais eu avant, ce n'est pas demain la veille que ça commencera.
— Tu n'as jamais eu de garde du corps « avant » ? s'étonna Sergil. Comment est-ce possible ?
— Tu es sûr d'avoir de quoi « payer » cette info ?
Le rire soudain de Kyle perturba Rudy. L'instant d'avant il reflétait la circonspection, et le voilà hilare. Sergil parut piqué par sa réaction moqueuse.
— C'est de bonne guerre, Sergil, reconnais-le. Tu as vu juste, Rudy. Ton Blacky a été recruté par une agence gouvernementale. Mais il en faut plus pour dissuader ton grand-père de s'offrir ses services. C'est l'un des meilleurs. Vu sa préciosité, ne va pas nous l'abîmer, d'accord ?
Kyle ignora le regard noir de Sergil. Rudy se demanda que tirer de leur attitude.
— Je n'ai pas pour habitude « d'abîmer » qui que ce soit, grommela-t-il. Pourquoi t'as changé d'avis ? Qu'est-ce qui t'a finalement décidé à répondre à ma question ?
Kyle lui sourit.
— Tu m'as fait rire. Ça vaut bien une réponse honnête.
— T'es étrange.
Le frère de son ami haussa les épaules. Rudy craignit de l'avoir vexé.
— Ne le prends pas mal. De mon point de vue, l'étrangeté n'est pas une mauvaise chose.
Sergil passa un bras autour des épaules de Kyle, qui se raidit sans se dérober.
— Ne t'inquiète pas de l'avoir froissé. À vrai dire, tu viens de lui faire un compliment et de me rassurer. Ta santé mentale m'aurait alarmé si tu ne le trouvais pas bizarre.
L'œillade acérée, Kyle grogna :
— Aish !
L'interjection coréenne arracha un rire à Rudy. Finalement, Kyle n'était pas si différent de Mir. Son ami pouvait se montrer « bizarre ». Un trait de famille, sans doute. Leur conversation fut interrompue par d'autres invités. Il expédia presque les au revoir, déterminé à ne pas rater sa chance de soutirer des infos sur un garde du corps étrange, au mépris de la bienséance. Sa curiosité laissa les deux hommes indécis.
— Tu veux son nom..., répéta le fils du président.
— Je ne l'appellerais pas Blacky-caramel si je l'avais, ironisa Rudy.
— Pardon ? hoqueta Sergil.
— Quand Mi-Ra m'en a parlé, je l'ai mis sur le compte de l'exagération, dit Kyle, pensif. En réalité, il atténue.
— Hein ? fit Rudy. Il atténue quoi ?
— Non, rien, marmonna Kyle.
Celui-ci était donc le Leblanc que d'aucuns redoutaient. La météo annonçait une vague de déception, songea-t-il, amusé.
— Tu veux dire que ce n'est pas lui qui t'a demandé de l'appeler ainsi ? insista Sergil.
Rudy plissa des yeux, impatienté.
— Puisque je vous dis qu'il refuse de me donner son nom ! Il m'a dit de le nommer comme bon me semblait. Et je lui ai attribué ce surnom à cause de son look corbeau. Blacky-caramel lui va bien, je trouve.
— Je trouve aussi, appuya Kyle. Son nom est Mikael Sainsbury. Un mètre soixante-dix-sept, vingt-cinq ans, lion. Cela satisfait-il ta curiosité ?
Rudy dissimula sa jubilation.
— Pas tout à fait... Je viens d'en développer à ton égard. Tu connais jusqu'à son signe astrologique ?
— Va te coucher, Rudy. Il est tard.
Hilare, Rudy leur souhaita un bon retour et alla jouer les hôtes avec ses derniers invités.
*
Dans le froid de l'heure précédant l'aurore, deux hommes tenaient une conversation en hâtant le pas vers leur véhicule garé à l'extérieur de la propriété.
— Qu'en conclus-tu ?
— J'en suis encore à l'introduction, grommela Sergil. On n'a jamais autant su brouiller les pistes !
— Qui dit qu'il les brouille ?
— Tu penses qu'il est naturellement comme ça ? Et c'est ça que Vince projette de mettre à la tête de l'Empire ?
Kyle opina du chef en remontant son écharpe. Sergil geignit.
— On va droit à la catastrophe !
— Je rirais de ta réaction si ce n'était pas aussi vrai.
— Je ne t'en aurais pas cru capable si je ne t'avais pas vu rire tout à l'heure.
— Tout le monde ne mérite pas mon rire. Toi encore moins. Il commence à comprendre que tout est lié, analysa Kyle, préoccupé. Il a donc entamé son initiation.
— Ce n'est pas le plus inquiétant, rumina Sergil. C'est le fait qu'il le prenne pour un jeu. Tu l'as entendu. « Je n'ai pas l'intention de perdre ». Quant au surnom « Blacky », je n'arrive pas à déterminer s'il nous dit la vérité ou s'il ment à ce sujet...
— J'opte pour la vérité. Il est trop candide pour avoir établi le lien entre son surnom au caramel et le nom de code de l'Agent Sainsbury. En même temps, ce code a toujours été compromettant, raison pour laquelle il est obsolète.
— Il n'empêche qu'il n'y a rien de plus dangereux que le « savoir » entre les mains ignares d'un individu trop marqué par la vie pour être encore qualifié d'innocent.
Kyle se garda de rétorquer. Rudy Leblanc venait de s'attirer l'attention d'un prédateur, qui risquait fort d'en avertir le reste de la meute.
*o*o*
ENTRACTE
INTERMISSION
(Fin de la première partie.)
TO BE CONTINUED ON SEASON 06 - VOLUME 2
Bon sang, qu'est-ce qu'il se trame ?!! Aura-t-on des réponses dans le volume 2 ?!!! Bon, j'arrête là ma tentative lamentable de prolonger le suspens et vous annonce que l'avant-propos du volume 2 de cette saison est désormais en ligne ! On se retrouve là-bas, Holy Readers !
Merci à toi qui as lu, à toi qui as voté, à toi qui as commenté, à toi qui as corrigé les fautes, souligné les incohérences, pointé les bugs, à toi qui a proposé de la musique, suggéré une image, inspiré une scène, à toi qui m'as ajoutée dans ta bibliothèque, dans ta liste de lecture, à toi qui as créé une liste de lecture spéciale Hot Chili, à toi qui as consacré une page de ton rantbook à ma/mes fiction(s), à toi qui t'es abonné(e), à toi qui as suivi mon activité sur les réseaux sociaux (instagram, facebook, twitter). MERCI de m'accompagner dans cette aventure que j'espère encore très longue ! ♥ ♥ See ya on HOT CHILI - season 6, vol 2!
*MEDIA*
Intro vidéo : The Hunter - Adam Jensen. Des lyrics dont je ne sais s'il faut les attribuer à Rudy, Sergil, Kyle ou Blacky.
Stanger on the mountain
Hanging on your words
Walking in a nightmare
Everything is blurred, oh no
Take me to the good times
Don't forget what you told me
I'm a wolf in sheep's clothing
Watching, waiting
My prey is praying
There's no escaping
My blood's pumping
I go on hunting
The hunter, the hunted
Oh, oh, oh, oh
OoohooohOoooh
Papa's in the spaceship
Crashing through the air
Devil's in the details
Leap is in your hair, oh no
I can see the future
Take another picture
Drop it on your tongue
Let your body burnt down
Breathe it in your lungs, oh no
Take me to your leader
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