S06 - EP 43 ✤ part II
Partie 2/3
La portière de la limousine s'ouvrit sur des pieds de femme, chaussés de sandales en veau-velours noir et de chaussettes raffinées à mi-jambe. Au même moment, une sportive écarlate se révéla sous l'éclairage bleuté des luminaires du jardin. Elle récolta le sifflet admirateur des connaisseurs et profanes, comme elle se garait derrière la voiture de Devin Smith.
Sous des yeux curieux, l'actrice Sacha Nuttingham, somptueuse dans sa robe en broderie anglaise, émergea de la limousine. Interloquée par son comité d'accueil, elle sourit quand elle reconnut Rudy. Sa réaction invoqua l'effarement : un cri strident à faire pâlir ses propres groupies.
— Rudyyyy !
Se précipitant vers lui, elle gravit à vive allure les marches du perron et le serra dans ses bras sans se soucier de ses états d'âme. Red protesta :
— Hey, mais ça a toujours été avec moi que tu le faisais.
On mit enfin une identité sur le conducteur de l'époustouflante Pagani Huayra.
— Fais-toi une raison, Andy, jeta Sacha. Tu nous as trop manqué, mon Caramel-vanille. Ça fait du bien de te revoir !
Rudy se résigna. Il signait pour un autre épisode d'embrassades. La surprise l'emporta cependant. Il ne se souvenait pas que Sacha se soit montrée aussi tactile avec lui par le passé. La fragrance de son parfum, la chaleur de son corps, réveillèrent un sentiment étrange mais agréable. Il nota alors sa chair de poule. Elle aussi ne s'était pas embarrassée d'une veste, sans doute abandonnée dans la limousine.
— Ça fait aussi du bien de te revoir. Mais tu me fais un peu mal, Sacha.
Elle appuyait sans s'en rendre compte sur le pansement dans sa nuque.
— Oh, pardon, pardon. Je suis incorrigible, dit-elle, mortifiée. Ce n'est pas faute d'avoir subi un lavage de cerveau, pendant tout le trajet en voiture, sur comment nous comporter avec la « petite chose fragile » que tu es.
— Mon père, je présume, maugréa Rudy.
— Tu le connais bien. (Sacha recula et saisit son visage en coupe.) Gosh, on en mangerait un morceau. Tu es vraiment beau, soupira-t-elle. Pourquoi es-tu aussi jeune ? déplora-t-elle.
Rey lui servit un regard torve. Non mais, oh ! Avait-elle conscience de son propos ? La pimbêche lui retourna une œillade mutine. Au pied des marches, Red la houspilla.
— T'as pas bientôt fini de faire des infidélités à ton homme ? Libère la place, t'es pas la seule à vouloir une part de tarte.
Ce fut plus fort que Rey :
— Et pourquoi tu distribues aux autres des parts de Rudy ?
Mais Red ne l'écoutait pas, investi dans un combat de poulettes avec Sacha.
— Commence pas, Andy ! Ça fait des jours que tu profites de lui en bon égoïste. T'as même pas pensé à partager un peu. Tu es dégueulasse.
— Pourquoi c'est devenu mon problème ? s'outra Red.
— Vous n'avez pas bientôt fini de me prendre pour une pâtisserie à la vanille ?
Arf, pourquoi avait-il rajouté « vanille » de lui-même ? se fustigea Rudy. On l'avait conditionné, à force. Pendant ce temps, la limousine libérait son contenu insolite au compte-gouttes. Bien des cœurs de fans fondirent lorsqu'une poupée blonde, à moitié dissimulée par son père, étudia la foule, circonspecte. Pour sa part, le batteur des Beat'ONE inspectait les lieux, curieux. Peneloppe lâcha sa main et se précipita vers Rey quand celui-ci lui sourit.
— Comment tu vas, amazone ? (Il lui caressa le menton, heureux de la voir.) Je ne savais pas que tu venais.
— Moi non plus, je ne savais pas que je venais, rétorqua-t-elle. Je vais bien.
Elle regardait Rudy, cependant, que Sacha refusait de lâcher. Le concerné s'en rendit compte et lui ouvrit grand les bras.
— Alors, j'ai pas droit à un câlin ?
— Je peux ?
Sa retenue finit d'inquiéter Rudy.
— Bien sûr que tu peux. Pourquoi tu ne pourrais pas ?
— Ton papa, il a dit qu'il faut qu'on fasse très attention à toi.
Rudy avait des oreilles paternelles à tirer.
— Qu'est-ce qu'il a encore raconté comme bêtises, celui-là ?
— Vous auriez dû le laisser avec sa voiture au lieu de refiler ses clés à Jeff, grogna Red.
Au même moment, la Nissan Juke de Dean dénicha une place dans la procession des voitures de prestige qui parasitaient le jardin. Ce n'était pas son propriétaire au volant. Rudy identifia le couple « Jana » à l'avant. Il réalisa enfin. Sa surprise portait le nom de Beat'ONE family. Son after-party devint la soirée la plus géniale au monde. Il revint à Peneloppe, désireux de tuer le malentendu.
— Est-ce que mon père sait mieux que moi ce dont j'ai besoin ?
Se doutant de la réponse qu'on attendait d'elle, la fillette fit non de la tête.
— Et moi, je dis que j'ai besoin d'un câlin de ma fiancée maintenant.
— Mais euh..., s'empourpra Peneloppe. Dis pas ça devant tout le monde !
Elle se jeta dans ses bras. Le cœur de Rudy enfla de joie. Du côté passager de la Pagani, descendit un jeune homme qu'il ne connaissait pas personnellement ; mais tout fan de KlaiM reconnaissait son chanteur. Michael Braun alias Dash accompagnait donc la guitariste de son groupe. Rajouter les jumeaux de Naytray, qui descendaient de la voiture de son père avec Hana, et Rudy frisa l'apoplexie.
Un émoi électrique gagna les convives face à cet arrivage de stars du rock et du cinéma. Korgan apparut avec la veste en daim de son épouse. Il marqua un arrêt devant le monde agglutiné à l'entrée et se passa une main nerveuse dans les cheveux. Son tic n'avait plus le même effet apaisant depuis qu'il avait réduit sa crinière glam-rock. Il avait un peu occulté la présence de nombreux inconnus. D'ordinaire, il se préparait mentalement aux bains de foule.
— Je ne suis pas le seul à avoir été chez le coiffeur, s'annonça-t-il.
Rudy nota avec regret la perte des longues boucles châtaines. L'effet coiffé décoiffé de la nouvelle coupe de Korgan lui couchait quelques mèches sur le front.
— Au moins ton coiffeur ne te les a pas massacrés, sourit Rudy.
Il caressait la chevelure de celle qui enfouissait toujours son visage dans son T-shirt. Peneloppe ne voulait plus le lâcher et lui sciait presque la taille de ses bras frêles. Rudy s'attendrit.
— Merci pour ta reconnaissance, réagit Red. J'aurais dû te laisser avec ta première coupe, t'aurais lancé un phénomène capillaire du plus mauvais effet.
— Prends pas la mouche comme ça ! Je faisais allusion aux infirmiers.
Se doutant que Red boudait pour amuser la galerie, Rudy salua Jay, Korgan et ne se déroba pas quand Jeff lui ébouriffa les cheveux. Hana quémanda son câlin. Il sourit, timide, à Dash qui le scrutait avec un intérêt poli. Il répondit au check d'Ayato et Ayame. Puis les jumeaux s'intéressèrent à Rey et taxèrent sa ceinture cartouchière.
— Elle est déjà réservée, intervint Rudy. Il me la refile.
— Je n'ai jamais promis une telle chose, nia Rey. Je sais que j'ai du goût, mais achetez vos propres affaires !
Un coin du cerveau de Rudy avait conscience d'être le sujet d'étude de ceux qui s'interrogeaient sur sa relation avec toutes ces stars. Se chamailler une ceinture avec Rey et les frères Yoshikawa restait un spectacle insolite pour le reste des fans. Ce mystère aurait tôt fait de lui tailler une drôle de réputation à Darney. Une marée haute de questions l'attendait au tournant. Ci-gît Quiétude.
Pour l'heure, ses retrouvailles avec les amis de son père se poursuivaient. Un père que Rudy avait toujours connu seul, jusqu'à ce qu'une jaquette d'album lui tombe sur les bras. La Beat'ONE family avait sociabilisé Dean Leblanc. Et nous a peopolisés, songea-t-il, résigné. Une voix haut perchée l'interpella :
— Rudy-kun !
— Ran ? hoqueta Rudy. (Il se tourna vers Rey.) Tu ne m'as parlé que d'Ayato et Ayame.
— Ne fais pas attention à cette sangsue, Rudy, dédaigna Ayato.
— Uruse !* l'insulta son bassiste. (Le sourire mielleux, Ran revint à Rudy.) On était tous les trois à la soirée de soutien en ton honneur, à Saunes. On boucle la boucle avec cette soirée pour ton retour, à Balmer. Dis, dis, Red-kun, je peux le papouiller ? demanda-t-il en contenant à peine son excitation.
— Tu as ma bénédiction, approuva Red, pour le plaisir d'embarrasser Rudy.
— Pas la mienne, s'annonça enfin Dean en quittant la limousine.
— Je te préviens, p'pa. Si tu gâches ma fête, je te vire d'ici. Tu iras à l'hôtel !
Évidemment, il était heureux de le revoir. Heureux de cette belle surprise. Mais il n'était pas obligé de le montrer à tout le monde. Son père lirait entre les lignes. Rudy se laissa donc papouiller par Ran. Peneloppe en rajouta une couche, sous l'œil perplexe de Rey. Depuis quand ces trois-là avaient ce genre d'affinité ? Red fondit.
— Aww, ne sont-ils pas adorables ?
— N'est-ce pas ? appuya Sacha.
Surtout dans le but de tourner Dean en bourrique. Celui-ci dévisagea son fils.
— J'ai tenté de te sauver de toute cette attention à outrance, et c'est ainsi que tu me remercies ? Ne viens pas te plaindre après, fiston.
Il se désintéressa de son fils et reprit sa conversation avec son interlocuteur. Rudy se concentra sur ce dernier.
— C'est qui ? souffla-t-il.
Au fond de lui, il savait. Mais le surréalisme de la situation alimentait son incrédulité. Red se rit de sa réaction.
— Tu ne le reconnais pas ?
L'espace d'une seconde, Rey aussi douta.
— Owlz ?!
— Putain, y'a aussi le chanteur des Mad Babiz, souffla l'un des invités dans la masse indistincte fignolée sur la véranda.
— Tu déconnes ? fit un autre en écho.
— Ouais, c'est lui, confirma Bill. Y'a que lui pour teinter ses cheveux en blanc argenté sans passer pour un magicien de roman fantasy.
— Je savais pas que tu connaissais Owlz, Rud', dit Darel, effaré.
— Je jure que c'est la première fois que je le vois en vrai, confessa Rudy.
— On était ensemble quand on a reçu l'appel de ton père, lui apprit Korgan. Pour ne pas annuler notre entrevue, vu qu'il a un agenda chargé, il s'est tagué.
— Et je ne suis pas déçu du voyage, renchérit le concerné. (Il monta deux marches et se planta devant Rudy.) Comme ça, sous prétexte qu'ils sont invités à ta fête, les Beat'ONE peuvent annuler leur rendez-vous avec d'autres personnalités ? On discutait de choses importantes.
— J'ai... jamais dit ça, bafouilla Rudy, largué et intimidé.
Patrick Silhver, alias Owlz, chanteur des Mad Babiz, le connaissait. C'est quoi ce délire ?!
— Ne te laisse pas avoir, Rudy. C'est une idée de ton père, le rassura Red.
— Je ne l'ai jamais incité à jouer au pique-assiette, se dédouana Dean.
— Pique-assiette, releva Owlz, piqué. C'est la première fois qu'on me la sort.
— Il faut un début à tout, se moqua Jay.
— Pourquoi on ne me dit jamais rien, intervint Ilona. J'ai l'impression d'être dans un moulin chez moi !
— N'empêche que tu te vanteras de ce moulin, dans deux jours, à tout le quartier, railla Red.
— Voilà que tu deviens mentaliste, confirma-t-elle. Les Beat'ONE, Naytray, KlaiM et Mad Babiz sur mon paillasson, et on s'étonne que ce paillasson prenne la grosse tête ? Mais entrez donc. Vous ne ressentez pas ce froid ? frissonna-t-elle.
Dans une agitation démesurée, elle entraîna tout ce beau monde à l'intérieur. Ilona ne savait plus où se mettre. Autant elle gardait son sang-froid dans des situations périlleuses, autant là, c'était trop demander à son cœur de fan. Les Beat'ONE au grand complet, le rêve ! Sacha Nuttingham en personne ! Un peu, et elle se sentirait gauche à côté. L'actrice se révéla d'un abord simple, sans chichis ni manières. Si Rudy connaissait tous ces gens... Ilona visualisait à présent le casse-tête de la police face aux potentiels mobiles de son kidnapping.
Le vacarme provoqué par l'arrivée des stars de la musique attira les stars du ballon ovale. La cacophonie prit du galon, quand les sportifs voulurent des autographes des musiciens et inversement. Cependant, la vedette de la série Hacienda remporta plus de succès. Sacha manifesta sa surprise de tomber sur un confrère des Brown Alley Studios. Elle s'entendait bien avec Devin Smith.
— Comme ça, tes frangins vont dans la même fac que l'une des mascottes des Beat'ONE ?
*o*o*
TBC ● EPISODE 43 - part 03
*Uruse = ta gueule/la ferme, en japonais (autre façon d'orthographier « urusai » pour le rendre plus vulgaire).
*MEDIA*
Intro vidéo : ZAYDE WOLF - HIGHER THAN HIGH. Lyrics dédiés à Rey et Rudy, à Dean et Red, et tant qu'à faire, à tous les couples de cette saison.
Did you ever think
That we would be standing here
Did you ever think we would?
Did you ever blink
And everything just disappear
Did you ever thing we could?
Let me show you how to be a dreamer
Let me show you how to chase down the sun
No looking back when you're a dreamer
We will overcome
Higher than high
Higher than we ever knew that we could go
Maybe we'll fly
Farther than the stars ever thought they could know
It's all looking up now
It's all looking up now we won't stop
It's all looking up now
Higher than high we won't stop
When I hear you say
"It's hard to keep from looking back"
Sometimes I think that too
Yeah I know it's tough
When every day is grey and black
But I'll keep on lifting you
Let me show you how to be a dreamer
Let me show you how to soak up the sun
You gotta keep walking on when you're a dreamer
And I know that we will soon overcome
Higher than high
Higher than ever knew that we could go
Maybe we'll fly
Farther than the stars ever thought they could know
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