S06 - EP 20 ✤ part IV
Partie 4/4
La compétition de natation commença enfin. Dean n'y assistait pas. L'horloge indiquait 22 h. Vince décrocherait.
— Es-tu au courant pour les mariachis ?
— Est-ce une question rhétorique ?
Dean grogna.
— On devrait breveter cette manie de répondre à une question par une autre question. Marque déposée Leblanc™.
— Quelle est la raison de ton appel, Dean ? demanda Vince, qu'on aurait dit amusé. Rudy n'a pas apprécié ?
— Tu n'aurais jamais permis une telle chose avec...
Dean mordit dans sa réplique. Elle était ridicule. Ridiculement jalouse. Comme le lui prouva Vince.
— Aurais-je la grâce de te voir grand-père un jour ? Souhaite à mon petit-fils une bonne soirée de ma part. Bonne nuit, fils.
Son énergumène de géniteur raccrocha.
— Ça va ?
La question inquiète lui fit réaliser qu'il toisait méchamment son téléphone. Il explosa enfin :
— Ce que ce « type » peut me taper sur le système !
Red se tint coi, puis comprit. Son père.
— Tu veux un câlin ?
— J'aurais pensé qu'il serait difficile de me confondre avec Farrellia, répliqua Dean, cassant.
— Je dois t'avouer que parfois la limite est floue, rétorqua Red, pince-sans-rire.
— Oh toi, tu cherches querelle, Andy Rell, gronda Dean.
Red lui servit un sourire canaille, ravi d'avoir réveillé Calamity Dean. Il le regretta aussitôt.
— Putain, Dean, non ! Hé, pose-moi !
Le chahut attira l'attention, comme Dean l'embarquait sur son épaule avec la ferme intention de le jeter dans la piscine. Ses ruades désespérées se révélant infructueuses, la victime appela à l'aide. Elle récolta, à son grand dam, une absence totale de compassion. Sous l'hilarité du plus grand nombre, son plongeon dans le bassin interrompit la compétition de natation. Rudy protesta, véhément :
— Mais p'pa, tu ruines tout ! Rey gagnait !
— Tu manques d'objectivité, fiston.
— Si, il était en tête, confirma Yakim.
— Carton rouge, Dean, lança Ilona. On ne jette pas Red Kellin dans une piscine comme un sac de patates !
— D'abord ! martela Rudy.
Ilona incita les jeunes à le huer. Un « bouh » généralisé s'éleva, au mépris du sommeil d'une petite fille.
— C'était avant qu'il fallait me défendre ! pesta Red. Et « sac de patates » ? Franchement, Ilona, il y a plus glamour pour décrire ma gracieuse personne.
Elle ricana.
— Désolée, mais c'est l'effet que ç'a donné.
— Je suis curieux de voir l'effet que tu donnerais, maugréa Red.
Son regard croisa celui de Dean. Ce dernier ne se fit pas prier. Arrachée du sol dans un glapissement, Ilona subit le même destin que Red. Après plusieurs éclaboussures, elle mit toute sa hargne et son indignation dans sa lamentation, lorsqu'elle finit de recracher la tasse.
— Il m'a jetée à l'eau, bébé, et tu restes là, les bras croisés ? J'aurais pu me faire mal dans mon état ! appuya-t-elle, vicieuse.
La carte de la femme enceinte : imparable. La montagne de muscles qu'elle avait pour fiancé leva les mains au ciel et coula un regard résigné à Dean.
— Tu sais ce qu'on dit, gros... Ce que femme veut, Dieu veut.
Une cacophonie de quolibets et encouragements s'éleva, tandis que les deux hommes se coursaient autour de la piscine. Véloce et agile, Dean donna du fil à retordre à Yakim. Le bulldozer entrait comme un bourrin dans les obstacles – gare à qui se trouvait sur son passage –, quand Dean les enjambait. Sans scrupule, ce dernier se servit de boucliers humains et lutta pour préserver sa peau de la moindre goutte d'eau chlorée. Le duel se solda par un grand plouf du grand blond, à la suite d'un tacle en traître de Farrell. Pour la jouissance du public. Cette nuit-là, l'âge mental des plus vieux décrut de deux décennies.
*
Emmitouflés dans leur peignoir et se séchant les cheveux, Red et sa copine Ilona, aidés d'Ashley, s'adonnaient à l'art au ragot avec sur le dos de Soizic. L'âge mental continuait de chuter sur le cours de la maturité.
— Comment tu fais pour la tolérer ? disait Ashley. Elle est à l'image de son homme des cavernes. Elle ne sait pas se tenir. Je l'ai surprise avachie dans un fauteuil en face de Natsy, les jambes écartées avec sa mini-jupe. Et elle porte des dessous transparents !
— Non ! hoqueta Ilona, écœurée.
— Je te l'aurais étranglée ! On dirait que ça lui plaît de s'exhiber.
— Pas on dirait. Elle se plaît à être reluquée. La plupart des jeunes qui l'ignoraient n'ont pas arrêté de baver sur son passage, une fois remis du choc d'apprendre que Terrence The Boulder sortait avec la bombasse Soizic Ferry de S.O.S. (Ilona roula des yeux.) Dans l'émission, déjà, elle se comportait comme ça.
— S.O.S., c'est quelle émission ? Show Of Secrets ? s'enquit Red.
Ilona confirma.
— Ça porte bien son nom. « S.O.S. » est un appel à l'aide face à la stupidité intersidérale des lofteurs. (Red et Ashley pouffèrent.) Et je ne vous parle même pas de la guéguerre ridicule que se font les team Saunes et Nior. Même émission, même groupe de production, mais les candidats se jettent les mots à la tête.
— Les chroniqueurs aussi, ajouta Ashley. C'est peut-être parce que c'est diffusé sur deux chaînes télés différentes.
— Je ne vois pas en quoi ça explique la chose, grogna Ilona.
— D'ailleurs, c'est pas contre les lois de la concurrence ? fit Ashley.
— Pas quand les deux chaînes appartiennent au même groupe média, expliqua Ilona. M. Entertainment© détient le Canal 6 qui diffuse la team Nior et Emy-TV, pour la team Saunes.
— Soizic est de quelle team ? demanda Ashley.
— Saunes. Son secret stupide reposait sur sa plastique. « Mes seins ne sont jamais passés sous un scalpel ». Pour ce qu'on en a à faire ! Ils ne sont peut-être jamais passés sous le bistouri, mais l'histoire ne dit pas qu'ils ne sont jamais passés sous le chirurgien.
Red et Ashley ricanèrent.
— On va lui reconnaître que ses obus ont le don d'abrutir les gens autour d'elle. Elle se sentira moins seule dans sa connerie, vu comment les neurones de certains se mettent sur « pause » sur son passage.
— Oh, c'est méchant, Red, renifla Ilona, hilare.
— Elle est exaspérante à chaque fois qu'elle ouvre la bouche, grommela Red.
— Mais méfie-toi, elle n'en pense pas moins, le prévint Ilona. Elle n'est pas arrivée en final seulement grâce au vote phallique du public. C'est une excellente comédienne. Je me montre courtoise avec cette créature « ultra-poumonnée » par égard pour Yakim. Certains membres de son équipe, dont Kurt, hélas, occupent une place spéciale dans son cœur. Donc Dean aussi s'est mis sur « pause », hm ?
— Ne m'en parle pas ! souffla Red, excédé. Je te l'aurais claqué, hier soir !
Pour son malheur, il fallait qu'elle soit une blonde à gros nibards plutôt jolie. Dean ne se gênait jamais de lorgner dans son décolleté, tant elle se montrait partageuse. Soizic se plaisait vraiment à aguicher. Elle serait une lumière, Red lui trouverait probablement des circonstances atténuantes. Mais elle n'était qu'une bonnasse qui avait trouvé son « prince charmant » grâce à un coup de pouce de la télé-poubelle. Sans quoi, elle aurait fini call-girl, bunny-girl ou stripteaseuse. Soit, il était aigri. Mais la faute à Dean !
— Et il a osé se justifier de la reluquer en me regardant dans les yeux !
— Ah oui ? sursauta Ashley.
— Je cite : « c'était en tout bien tout honneur que je reluquais ces excroissances qui m'ont tant interpellé par leur volume sidérant. »
Les deux femmes firent des yeux ronds, partagée entre hilarité, compassion et outrage. Red continua de mordre dans le citron de son amertume.
— Quand elle l'a surpris en train de mater, la connasse a eu le culot de lui dire : « je ne suis pas une faussaire, il y a authenticité ». Son abruti de Jules a confirmé en pelotant ses nénés. Je suis réputé sans gêne, mais même moi j'estime qu'il y a des limites !
— Ah, quand même, fit Ilona, songeuse. Je crois que Kurt choisit avec qui il le fait.
Cette situation ne s'était jamais produite avec Yakim, en sa présence. Ashley alla dans son sens.
— C'est clair qu'il ne le ferait pas avec Farrell. En tout cas, pas devant moi. Il a intérêt à ne pas donner d'ouverture à cette mégère, dit-elle, farouche.
Monsieur savait ce qu'il risquait. Et là se situait tout le problème, comprit Red. Dean ne s'offusquait pas des manières rustres de Kurt, et ce dernier ne considérait pas Red. Après cet échange déplacé, Dean avait ri, tandis que son ami appréciait sous ses yeux le moelleux du sein droit de sa copine à travers la soie de sa robe. La concernée avait réprimandé son homme d'une tape sans conviction et d'un « sois sage, bébé », plus grivois que réprobateur.
Quand un pote se conduisait de façon incorrecte, l'on passait outre une fois ses intentions jugées non mesquines, ou on le lui signalait avec une garantie de recevoir des excuses en cas de vexation. Mais Kurt n'était pas le « pote » de Red. L'homme tentait de dissimuler son homophobie derrière un manque de raffinement assumé. Aussi Red avait-il décidé de l'ignorer, au point de mettre sa patience à rude épreuve.
Il encaissait avec le sourire les sous-entendus salaces de Jeff, car en dépit de sa grossièreté, son bassiste respectait sa personne. Et puis, leurs échanges évoluaient en joutes verbales d'une envolée lyrique parfois inspirée, pour la plus grande hilarité de Korgan, sous l'œil blasé ou l'oreille zen de Jay. Les remarques licencieuses de Kurt lui hérissaient l'épine dorsale.
— Ça m'énerve que Dean le suive dans son trip de macho du siècle dernier ! Tu penserais que des mecs d'origine aristo se conduiraient de manière plus civilisée.
— Détrompe-toi, leurs manières guindées dissimulent parfois une goujaterie de l'âge de pierre, renifla Ilona. Je n'aimerais pas verser du sel sur tes blessures, mais garde l'œil ouvert. Kurt et Soizic ne sont pas contre l'échangisme.
Red grogna, écœuré. Non qu'il juge les pratiques sexuelles d'autrui. Mais l'idée que Dean se tournerait sur le passage de cette pintade, s'il avait été célibataire, l'ulcérait. Le profil de cette créature ne collait pas à l'intelligence de son amant. Cependant, quand le phallus l'emportait sur l'encéphale, fallait-il chercher à rationaliser la chose ?
La première fois que Red avait vu Soizic, elle ne lui avait pas inspiré cette antipathie. Peut-être parce qu'elle dissimulait ses attrape-nigauds sous un polo piqué à son homme. Ce soir-là, sa parka à fourrure avait révélé un décolleté vertigineux et une mini-jupe trop serrée pour péter avec aise. La faute de goût... Certes, goûts et couleurs ne se discutaient point, mais l'auteur de cet adage n'avait pas croisé la route de Soizic Ferry.
*o*o*
TBC ● EPISODE 21
Quand Red joue les bitches, parce que parfois, ça fait du bien d'évacuer.
Ami(e)s germanophone, j'ai besoin d'aide ! Google trad me dit que « chaton » en allemand se dit « kätzchen » et « compris ? » se dit « verstanden ? ». Confirmez-vous ? J'en ai besoin pour le prochain épisode ! Toute aide sera très appréciée par la maison !
Vous voulez en savoir plus sur l'émission de téléréalité S.O.S ? Jetez un œil à l'épisode pilote de ma fiction CRIMINAL QUEST. Comment je fais trop ma pub de vénale ! Pour la petite anecdote, un candidat de cette émission fera l'objet d'une side story de Hot Chili. Vous ne découvrirez pas ce personnage dans la saison 6 mais dans la suivante.
*MEDIA*
Intro vidéo : Theory of a Deadman - Straight Jacket. Des lyrics qui iraient bien à Red, dans sa relation bancale, un tantinet toxique avec Dean. Ils ne sont pas près de trouver l'équilibre parfait, ces deux-là... Ils me fatiguent !
I wear a 36 long, white is my color
A little tight in the shoulder
But you know, it still fit me good
Anyone can see we're a perfect match
An innocent boy and a psychopath
A week's worth of dating
and you talk about moving in
(Talk about moving too fast)
My mom disapproved and my friends would say
To break the girl's heart but I'm too afraid
Her clickbait body was a tractor beam
She was a Tesla Model S with the ludicrous speed
The sex was good but we always fight
I'd try to leave your sorry ass
but end up spending the night
Your sweetness, my weakness,
you're mean though ingenious
Nothing can come between us
(Ah, have you seen us?)
I've lost it, you're toxic,
I botched this, I'm nauseous
Man, I gotta be
Out of my mind, be going crazy
'Cause it doesn't faze me
Yeah, the way you treat me so bad
I must be out of my brain
Hallucinating
Well, it doesn't faze me
Yeah, the way you treat me so bad
I must be out of my mind
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