S06 - EP 18 ✤ part I
Partie 1/4
— Je pourrais avoir l'illusion d'être une star, soupira Marine.
Sandy abonda dans son sens.
— Dommage que notre tenue ne suive pas.
Nola partageait leur sentiment. Son frère gérait le harcèlement maternel par SMS. Les autres garçons s'adonnaient à une partie multi-joueurs de TMBC® VI. Ils avaient embarqué les consoles avec la bénédiction de Melissa. Premier arrivé à l'aérodrome, Enzo avait rejoint la troupe. Nola avait été choquée, tant il ressemblait à un basketteur professionnel comparé à ses camarades. Il n'était pas aussi costaud dans son souvenir. Sa petite-amie Sandy, pourtant bien bâtie, passait pour une brindille dans ses bras.
Nola soupira. Elle n'était pas sereine. Non parce qu'elle n'appartenait pas à cette bande, mais parce qu'elle avait poussé sa curiosité loin. Le site du magazine Dream's® venait de la déstabiliser, et elle n'osait pas partager sa trouvaille avec les autres.
『« Le classement actuel des plus hautes fortunes de l'État suit la méthodologie d'évaluation de l'agence Slymar© Ltd. Cette liste est mise à jour en tenant compte des variations des actions détenues par chacun des candidats. Elle ne prend pas en compte les têtes couronnées, exception faite à leur fortune personnelle. Certaines familles sont « individualisées » eu égard à leur politique d'entreprise. L'unité retenue est le dollar. (Survoler le nom avec le curseur pour plus d'informations.)
1. Torcy Reich-Andriana, multimilliardaire et puissant homme dans le domaine des médias et de la télécommunication, se maintient en pole position depuis 13 années.
2. Yngvi Von Grünnenbergen, multimilliardaire détrôné par Torcy Reich-Andriana, règne en maître sur le secteur de la distribution.
3. Jeremiah Mc Nelly, président général de L.F.C© dans le secteur du luxe et de la mode, gagne deux places de manière spectaculaire et accède au cercle fermé des multimilliardaires.
4. La famille Leblanc conserve sa place. Sa fortune s'accroit de quelques milliards mais la montée fulgurante de Jeremiah Mc Nelly maintient l'écart avec la troisième position.
5. Samuel McFheller, maître à penser du mobilier Fheller's©, gagne aussi deux places et occupe désormais l'ancienne position de Mc Nelly.
6. Sir Hughs Bacchum III, fondateur des tentaculaires Bacchus Industries©, maintient sa position.
7. Sir Sâminathan Hayes Edwards Meister VIII s'élève d'une place dans le classement. (Son héritage princier râjasthâni n'est pas comptabilisé.) À même pas trente ans, le jeune homme se trouve à la tête d'une fortune colossale issue des marchés de l'or et du pétrole.
8. La famille Lodge, détentrice des sociétés Oz© du secteur agroalimentaire, subit une dégringolade sans précédent, délogé par Mc Nelly.
9. Le Baron de Dertah, nouveau riche du secteur de l'Énergie, apparaît pour la première fois dans le classement.
10. La famille St-Hilaires, évoluant dans le multimédia et le sport, décroit d'une place et expulse du classement le géant de la finance, Larry Huderman. »』
Quatrième position et milliardaire... Nola avait lu le classement jusqu'au bout pour identifier les six candidats surclassés par la famille Leblanc. Des monstres de l'économie nationale, pour ne pas dire des pointures à l'échelle mondiale. La seule pensée d'avoir côtoyé avec insouciance l'héritier d'un groupe aussi fortuné lui donnait mal au ventre.
Nola se souvenait encore de leur rencontre. Une après-midi, en troisième année de collège, son frère ramenait à la maison un garçon à la blondeur douloureuse pour les yeux. Elle l'avait trouvé trop beau pour être vrai, puis lui avait attribué des origines scandinaves, zone du monde réputée pour ses blonds. Il descendait sûrement d'une pure souche nordique, mais elle n'avait pas osé poser la question.
Avec le recul, ce souvenir la mortifiait, tant elle avait joué la sœur chiante qui sautait sur le moindre prétexte pour jeter un œil dans la chambre de son frère. Elle était sans doute tombée en amour, cependant de façon non conventionnelle. Nola avait toujours jugé Rudy « trop bien pour elle ». Cet être unique évoluait dans un univers à part. Pourtant, elle avait voulu qu'il « reconnaisse » son existence. Car la providence en avait fait une muse. Elle s'était éprise de sa beauté à la manière d'une artiste, au point de majorer dans certaines de ses matières en s'inspirant de Rudy.
De toute façon, ce dernier ne l'avait jamais regardée comme une possible conquête. Le code mâle interdisait de toucher aux frangines des potes. L'histoire avait prouvé que même sans cela, Rudy n'était pas destiné à sortir avec n'importe qui. Puis Nola avait réalisé ne pas être la seule à vouloir qu'il « reconnaisse » son existence. Tous ses amis cherchaient son attention. L'introverti dissimulait du charisme. Presque malgré lui, Rudy exerçait un pouvoir attractif sur les autres, et T-eyes n'était qu'une énième victime.
Le garçon n'avait jamais paru égocentrique à Nola. Il n'avait pas la grosse tête, quand bien même il le pourrait. Aujourd'hui, elle découvrait que ce jeune homme atypique n'était qu'une facette de son identité. L'autre facette expliquait pourquoi ils sillonnaient les artères de Balmer à l'arrière d'une seconde limousine, éblouis par intermittence par les lumières citadines. Dans quel monde se rendait-elle à présent ?
— C'est aussi grand qu'à Saunes ?
— Je n'en ai pas fait le tour, sœurette.
Elle grogna après son frère et reporta son regard sur les tours de béton, de métal et de verre, qui défilaient dans un scintillement féérique et industriel. Ça devait être génial d'observer Balmer depuis leur sommet. Une lubie que pouvait se permettre Rudy...
— Il paraît que c'est plus beau ici, dit Marine. La fois où ma classe a visité Balmer au primaire, j'étais trop malade pour y aller. Ça m'a toujours dégoûtée. Je projetais de faire un tour, en squattant l'appart de Rudy. J'étais loin d'imaginer que je le ferais en limousine.
Elle apposa sa joue contre la vitre froide et tenta de distinguer la gigantesque silhouette d'un pont. Le Gustav Bridge semblait illuminé sur une moitié. L'autre se fondait dans les jupons de la nuit. Au-dessus, scintillait les feux d'un hélicoptère.
— C'est quoi là-bas ?
— Le Gustav Bridge, soupira Ben.
Il lui répondait comme à une pouilleuse ignare. Elle s'énerva.
— Je suis au courant. Pourquoi y'a comme un délestage ? C'est éclairé que d'un côté.
— Ouais, remarqua Bill.
— J'ouvre, annonça Nola en triturant la sécurité du toit ouvrant.
— Putain, touche pas à ça ! la houspilla son frère.
Sortant la tête, elle se prit la fraîcheur du vent marin dans la figure et les cheveux. Dévisagée par les passants, Nola couina son extase. Certains badauds la saluèrent. Elle le leur rendit. Elle adorait cette ville ! Le chauffeur ruina son « kiffe ».
— Je vous prierai de vous rassoir, mademoiselle. La manœuvre est dangereuse à la vitesse à laquelle je roule. Il serait fâcheux qu'il arrive malheur aux invités de Monsieur.
Nola leva les yeux au ciel.
— Gna, gna, gna, marmonna-t-elle.
Elle n'appréciait pas ce chauffeur guindé, plus collet-monté que Steeve. L'homme les prenait de haut. Blay et Melissa avaient été des perles. Même le pilote Jensen et son frère Ouriel les avaient traités de façon très courtoise. Mais cet homme jugeait ses clients à la valeur monétaire de leurs fringues. Nola le parierait. Elle avait vu son regard dédaigneux sur le parking de l'aérodrome.
— Tu ne sais pas te tenir ou quoi ? la sermonna Bill, comme elle refermait le toit.
— Lâche-moi la grappe. Je confirme, la moitié droite du pont est éteinte, dit-elle à Marine. Y'a un hélico qui fait des rondes avec des projecteurs. Vous savez pourquoi, monsieur ? demanda-t-elle au chauffeur, qui n'avait pas encore isolé son compartiment.
— Il y a eu un accident, leur apprit-il.
— Ah ouais ? s'étonna Bill.
— Vous ne suivez pas les infos ? dit le chauffeur, exaspéré.
Nola ne tint plus.
— Et si vous montiez le son de votre radio au lieu de l'écouter en solitaire ? C'est pas comme si on n'était pas dans un avion, il y a un quart d'heure.
Un silence lui répondit. Ben sourit.
— Je ne crois pas qu'il ait l'habitude de ce genre de requête. Il n'est pas censé taper la discute avec ses clients.
— Parce que je ne suis pas sa cliente, d'habitude, rétorqua Nola, pompeuse. Faut pas vous laisser troubler par si peu, monsieur, railla-t-elle.
— L'information est déjà passée, dit l'homme sur le ton de la conversation. Il semble qu'un planeur se soit pris les ailes dans les câbles de tension du pont. Il a endommagé des générateurs électriques.
— Le pilote a survécu ? s'enquit Bill, inquiet.
— Malheureusement non. Les secours évacuent la zone. Heureusement que vous êtes arrivés par l'aérodrome privé de la famille Leblanc. Vous auriez atterri à l'aéroport Brody Nuttingham, vous vous seriez retrouvés coincés de l'autre côté du pont.
— Ç'aurait été pas de bol, commenta Darel sans lever les yeux de sa console.
— Ouais, il aurait fallu trouver un hôtel dans ce cas, ajouta Bill en consultant une page d'information sur son portable. Ils disent que le pont ne sera pas autorisé d'accès avant demain matin. Il y a un risque d'explosion.
Le Gustav Bridge reliait la ville de Balmer à une île artificielle, conçue pour l'habitat et le tourisme. L'aéroport Brody Nuttingham en faisait une zone de forte affluence. Little Balmer, de son petit nom « Little-B », accueillait une pléthore d'hôtels, un éventail d'appartements hors de prix, de nombreuses propriétés privées, et moults services « attrape-touristes » entourés de marinas. Ces grands complexes résidentiels articulés autour des ports de plaisance voyaient au quotidien une sacrée procession de yachts et bateaux de luxe. L'île passait pour une vitrine de la collaboration de la White chain avec d'autres firmes industrielles. ISOTAL©, société de transport et de logistique urbaine, l'avait doté d'un réseau de tramway et d'un monorail aérien.
— Trouver un hôtel à Little-B, releva Hayden. Attends d'avoir accumulé trois ans de salaire avant de t'y risquer.
— Pas besoin d'en arriver là. On vous aurait dépêché un hélicoptère et vous serez arrivés en avance, dit le chauffeur, ironique.
Sandy cilla. Elle ne fut pas la seule.
— Pardon ?!
— La circulation de Balmer est un fléau, se plaignit le chauffeur. Les moyens de transport aérien sont, naturellement, les plus rapides. La moto reste cependant une alternative raisonnable à l'hélico.
La discussion se poursuivit durant le trajet, et Nola révisa son opinion. Le chauffeur n'était peut-être pas si pète-sec. Elle parvint à lui soutirer son prénom : Endre.
*o*o*
TBC ● EPISODE 18 - part 02
*MEDIA*
Intro vidéo : Shinedown - Brilliant. Des lyrics que je dédie à Nola, personnage sur qui se basera la bande son de cet épisode.
Let me clear my throat, let me catch my breath
Let my heart bleed out til there's nothing left
It's my day to be brilliant
It's my day to be brilliant
As the world collides and I fight for air
As I crash and burn like I just don't care
It's my day to be brilliant
It's my day to be brilliant
Count it down from 10 to 1
Quicker when your curious
Say it if you're one of us
The beaten and the furious
Are you mad or insane, mad or insane
Are you mad or insane, you'd better run for your life
It's my day to be brilliant
It's my day to be brilliant
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