S06 - EP 16 ✤ part II
Partie 2/3
— Ton fils n'a pas envie d'organiser une boum ?
— Qui dit encore « boum » au vingt-et-unième siècle ?
Ilona frappa Yakim. Dean se garda de rire.
— Justement, je venais vous en parler. Rudy va recevoir du monde ce soir.
— Il est libre de recevoir qui il veut, le rassura Yakim. Vous avez une aile de la propriété.
— Le meilleur moyen de revoir ses amis en une seule fois reste d'organiser une soirée, insista Ilona.
— J'avais pensé à un évènement du genre pyjama party, révéla Dean.
— Comme ça il dormira avec eux, fit Ilona. Pas mal.
— Mais cela attendra la fin de la semaine. Ses amis sont en partiels.
— Je vois, acquiesça-t-elle. Il me faudra le nombre d'invités pour la logistique « pyjama ».
— Ne t'inquiète pas pour les considérations matérielles.
— Je ne m'inquiète pas, ça me fait plaisir d'organiser. Je n'ai jamais fait de soirée pyjama. Mes parents étaient trop stricts avec moi.
— Bébé, ça ne te concerne pas mais Rudy, rappela Yakim avec patience.
— Laisse-moi le plaisir de jouer les grandes-sœurs. Tu ne sais pas ce que c'est d'être enfant unique, t'as une nuée de frangins !
Yakim soupira. Dean se retint de se moquer. Son ami lui lança un regard accusateur.
— Quand elle commence, on l'arrête plus. Elle est capable de changer tout le séjour de votre aile en un dortoir énorme, avec des draps à froufrous, des fanfreluches, des coussins pelucheux et une tonne de doudous ! Elle a un stock inépuisable d'idées loufoques.
Sans compter qu'elle n'était pas censée jouer à la « grande-sœur » avec Rudy. Elle restait sa psychothérapeute. Yakim craignait que le personnel empiète sur le suivi. Cependant, il n'éventa pas ses inquiétudes. Ilona était une professionnelle, elle saurait compartimenter.
— En attendant, mon stock inépuisable est ce qui me permet de voir avec Rey comment organiser une soirée dansante. Ne nous coupe pas dans notre élan.
— Je me disais aussi qu'il mijotait quelque chose, comprit Dean.
Son silence téléphonique était douteux. De toute évidence, Rey préparait une surprise à son petit-ami et le faisait languir entretemps.
— Tu ne lui dis rien, hein ? fit Ilona d'un air entendu.
— Quand est prévue cette soirée ?
— Samedi. Rey s'est proposé de m'offrir un DJ. On n'a pas encore décidé du thème. Je veux la faire disco, il veut la faire pop-rock. On n'est vraiment pas de la même école, soupira-t-elle.
Yakim soupira en écho.
— Puisque je te dis que c'est pour Rudy. Cesse de prioriser tes goûts personnels.
— J'aurais proposé rockabilly dans ce cas. Ton peu de connaissances sur mes goûts, au seuil de notre mariage, m'afflige, mon chéri.
— Au seuil ? Parce que tu t'es enfin décidée sur la date ?
— Pas encore, dit-elle avec désinvolture. (Yakim abdiqua.) Pour les invitations, tu penses pouvoir nous donner un coup de main, Dean ? Rey n'est pas spécialement libre cette semaine.
— Hm... Voyez avec Timothy. Je te refile ses coordonnées. C'est un ami de mon fils qui saura faire le pont entre ses copains de Saunes et ceux de Balmer.
— Les copains de Saunes... c'est vrai, marmonna Ilona. Je n'avais pas vu cet aspect.
— Je m'assurerai de leur présence, promit Dean. Tenez-moi au courant de votre avancée.
Il prenait congé quand Yakim l'informa de la compagnie de Kurt et sa copine pour le dîner. Dean songea que cela n'enchanterait pas Red.
— J'en parle à Rudy. Et à Andy, parce qu'il ne va plus tarder à zoner dans ta cuisine sophistiquée si on le laisse faire.
— Tu sais que je ne m'en plains pas ? lâcha Ilona. Je la lui laisse, s'il la veut.
— C'est de l'exploitation, gronda Dean. Il est à moi, tu devrais me payer un tribut.
— Ce qui ferait de toi un esclavagiste qui vend les talents culinaires de sa possession, assena Yakim.
Dean s'horrifia, pris à son propre jeu. Le couple ricana. Il maudit leur complicité et les quitta sous des rires gras.
— Abrutis...
Des abrutis qui se pliaient en quatre pour le plaisir de son fils. La reconnaissance de Dean envers le couple fut sans commune mesure. Se savoir épaulé lui réchauffait le cœur. Depuis que Red avait grappillé des pans de son âme en s'imposant dans sa vie, celle-ci avait recommencé à se peupler. Il ne trompait plus sa solitude.
*o*o*
Des bras autour de sa taille détachèrent Red de sa contemplation du coucher du soleil. Portable à l'oreille, il camoufla sa tristesse. Il sut au baiser sur son épaule que Dean lisait en lui.
Qu'est-ce qui te travaille, Joli cœur ? pensa Dean. Il s'en voulut d'avoir raté ce « glissement ». D'ordinaire, il le sentait venir.
« Quand tu es en possession de tous tes moyens. Tu n'es pas vraiment toi-même, ces dernier temps. »
L'enthousiasme si solaire de son amant lui faisait défaut. On se serait attendu à le voir survolté après le retour de Rudy, mais son phénix semblait terne. L'oiseau de feu amorçait sans doute la phase de son cycle qui le changerait en cendres, avant une renaissance incandescente. Son Red tout feu tout flamme lui manquait.
— Qui était-ce au téléphone ? chuchota-t-il quand Red raccrocha.
— Tu es relou avec ta curiosité. Surtout quand on sait que tu m'aurais rabroué si nos positions avaient été inversées. Mais puisque tu vas bouder, c'était Dilan.
— Si tu ne voulais pas répondre, tu n'étais pas obligé, rétorqua Dean, interdit.
Se retournant dans l'étreinte, Red passa les bras autour de son cou.
— Pardon, je suis à cran. C'est passager.
Il quémanda un baiser. Dean le satisfit à peine.
— Que se passe-t-il, Andy ?
— Comment fais-tu pour savoir quand je ne vais pas bien ?
— Tes baisers ont une autre saveur. Je te sens préoccupé, Joli cœur.
— Je ne pensais pas que ça se verrait autant, confessa Red. J'aime quand tu me donnes des petits noms affectueux.
Dean remua la tête. Red papillonnait. Bon signe ou diversion ? Il posa son front contre celui de son partenaire.
— Je t'embrasserai dorénavant quand quelque chose n'ira pas. Tes baisers sont un bon senseur.
— C'est romantique.
Red pouffa quand Dean leva les yeux au plafond. Ce dernier se rassura un peu de l'entendre rire. Le sujet de préoccupation de son amant n'entamait pas totalement son humeur.
— Comment va ton frère ?
— Il va bien. Je lui ai refilé le nouveau numéro de Rudy. Je crois que ton fils va passer sa soirée au téléphone. Toute la Beat'ONE family l'appellera.
— Ça lui fera du bien.
— Mais peut-être que je n'aurais pas dû... Ce sera pas cool pour ses amis qui arrivent.
— Ne te tracasse pas pour cela.
Red défroissa un pli de la chemise de Dean. Ses doigts réclamaient une activité musicale. Il avait embarqué une guitare acoustique à Balmer, mais la batterie de son inspiration se trouvait à plat. Or son inconfort grandissait quand ses doigts étaient animés d'une énergie créatrice et son cœur à sec. Parfois, tenir l'instrument décoinçait les engrenages.
— J'ai eu Chloé avant, finit-il par dire, comme Dean ne posait aucune question.
Son amant attendait qu'il se décide à se confier. Red sourit en son for intérieur. Ils avaient fait du chemin ensemble. Il fut un temps où Dean l'aurait acculé avec ses questions chiantes et pertinentes. Lui se serait braqué. Par pitié pour l'homme suspendu à ses lèvres, il continua :
— Elle a des contacts dans la presse people. Les publications de janvier ne me feront pas de cadeau, apparemment. Elle m'a demandé de me blinder. Les attachés de presse de Coop-Com Record© auront du pain sur la planche. À la base, c'est l'équipe formée pour gérer la com autour de The Broken Coda, mais elle supplée le congé maternité de Pantiz.
Dean coinça un paquet de mèches écarlates derrière son oreille.
— Et si... (Il hésita.) Et si tu prenais ton séjour ici comme un break ?
Il le proposait sans conviction. Mais l'éventualité du retour de Red à Saunes le minait. La menace de son amant de prendre le premier vol le hantait encore. Au-delà du chantage affectif, du travail attendait bel et bien le chanteur à Coop-Com Record©.
Les Beat'ONE avaient suspendu leurs activités depuis le drame à Nior. Finir un concert grandiose par l'enlèvement du jeune homme en lice pour le rôle de troisième mascotte avait saigné leur moral. Rudy avait été enlevé en backstage. Les musiciens et le staff entier – surtout le staff sécurité –, auraient besoin de temps pour panser cette blessure. Mais moral à zéro ou non, le retour de Rudy annonçait la reprise du travail. Connaissant le rythme rock'n'roll de ces artistes, Red honorerait bientôt ses obligations.
Le label Coop-Com Record© démarrait à peine dans le milieu et avait besoin d'assoir sa crédibilité. Le lancement de The Broken Coda ne devait pas déboucher sur un flop. Le succès de l'opération reposait sur un investissement financier et psychologique ; du temps, de la patience, de l'acharnement. La presse musicale les taclerait en cas de raté, et la concurrence se gausserait. Mais une réussite appellerait des collaborations avec des artistes de renoms. Grâce à sa notoriété, la maison de production acquerrait de nouveaux poulains. Dans ces conditions, proposer une pause à Red n'était pas correct. Dean en avait conscience. D'autant qu'à l'automne dernier, son amant refusait de prendre des vacances à cause d'un agenda surbooké. Red ne considéra même pas l'idée.
— Un break à Balmer ? Impossible, quand toute la presse sait que Red Kellin y séjourne. Ma définition du break est « loin de tout appareil photo autre que le mien ou le tien ». Les paparazzis sont sur le qui-vive. Trouver mon adresse sera décrocher le jackpot. Ce n'est qu'une question de temps, maintenant que Rudy reçoit des visites. Ils ont déjà fait le lien entre Red Kellin et @Authentic-Caramel-vanilla... Ces enquiquineurs de journaleux sont de bons enquêteurs. Pas que je me plaigne. Je suis content que Rudy voit du monde.
Prendre un hôtel était incompatible avec sa quiétude. Il ne s'éloignerait pas des blonds de ses joies et ses peines. Ces deux-là avaient besoin de sa présence et inversement. Dean se montrait démonstratif, et ce n'était là que le plus minime des changements notoires de son comportement. Son homme était trop instable pour qu'il s'en éloigne.
Pas plus tard que la veille, Dean avait failli tuer quelqu'un. Cet acte faisait froid dans le dos. Heureusement que Red l'aimait à la folie, car seule la folie expliquerait son soutien. De toute façon, il serait le dernier à le juger quand lui-même avait manqué de saigner Sloan. Raison pour laquelle il était le mieux placé pour désamorcer la bombe Dean. Quant à la bombe Rudy, Red se doutait que ses circuits lui réservaient encore des surprises. Le refus de s'alimenter du garçon était un cas épineux, qu'il espérait passager.
*o*o*
TBC ● EPISODE 16 - part 03
*MEDIA*
Intro vidéo : GIMS & Sting - Reste. Jolie collaboration ! J'adore le beat, le tableau scénique, les lyrics que je dédie à Dean et Red.
Comme la rose, rose qu'elle a posée sur ma poitrine
J'ai prié de peur qu'elle s'envole et ne s'abîme
Elle a fait de moi la victime de mes insomnies
Et j'me demande comment j'ai fait pour tenir jusqu'ici
Et si jamais je m'en vais
Mais tu iras où-où-où si jamais je m'en vais?
Ça m'rendrait eh-eh-eh si jamais tu partais
Mais tu iras où-où-où si jamais je m'en vais?
Ça m'rendrait eh-eh-eh si jamais tu partais
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