Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

S06 - EP 15 ✤ part II

Partie 2/3

Mira n'était pas une fille. Juste un garçon qui adorait les poney roses et parme. Le soir de la découverte, Farah gérait une grosse crise de larmes. Elle en voulut un peu à la mère de Mira d'avoir gentiment ri de leur méprise. Yae-Rin était nouvelle ; pas encore au fait des ragots. C'était curieux de débarquer en fin d'année, mais son fils avait eu quelques difficultés d'intégration dans son ancienne maternelle. On lui avait conseillé cet établissement. Farah rirait presque de l'ironie. Pas de pot, Mira s'acoquinait le pestiféré ! Mais cela expliquait que Junior se soit trouvé une « copine ».

— Pourquoi tu as cru que c'était une fille ? C'est flagrant que c'est un garçon !

Peut-être qu'à cet âge, ils avaient encore du mal avec la question des genres, se ravisa-t-elle. Le petit métis asiatique portait ses cheveux longs jusque dans le dos et un prénom de fille (à moins qu'il soit masculin dans la culture d'origine de sa mère, pour ce qu'elle en savait...). Greffez sur des traits poupins une imagination infantile, et lui attribuer un sexe féminin tombait sous le sens.

— Mais elle... Il... il joue parfois à la poupée à la récréation ! l'accusa Junior. Même qu'elle... qu'il me les a montrés, ses poneys roses !

— Oh, fit Farah, ravie de l'entendre parler. Tu sais... ce n'est pas interdit aux garçons de jouer à la poupée ou aux poneys. Ça reste un jouet.

— Pour les filles !

— C'est pas écrit sur la boîte, Junior.

— Alors pourquoi tu m'achètes pas des poupées ?

Bonne question.

— Mais tu as l'air de préférer les voitures, donc je t'achète ce que tu préfères. Si un jour tu veux une poupée, il suffit de demander, je t'en offre une.

Elle tentait de rattraper la casse. Elle aussi avait songé que le cadeau de Junior se destinait forcément à une fille. Yae-Rin n'avait pas eu l'air offusquée que son fils offre un poney rose au sien. Elle l'avait surprise avec son commentaire.

— Pourquoi étouffer sa personnalité et sa sensibilité ? Sur quelle base décrète-t-on que les garçons ne doivent pas aimer les choses mignonnes ?

Farah se demandait si cette « sensibilité » du petit métis n'était pas responsable de ses difficultés d'intégration dans son ancien établissement maternel. La réponse de Junior corrobora ses spéculations :

— Elle... il m'a demandé de ne pas cafter à la maîtresse et aux autres. Et j'ai dit que je n'allais pas le faire. Parce que j'étais sûr que les autres allaient se moquer. C'était normal, non ?

— Oui, mon bébé. Tu as bien fait. Maman est fière de toi.

Mais maman se sentait impuissante face aux larmes. Elles ne tarissaient pas.

— Je croyais que c'était une fille qui s'habillait comme un garçon. Je trouvais ça mignon, ce décalage, parce qu'elle est... il... il est super fort au judo !

Le pauvre luttait avec le choix des prénoms. Après avoir attribué « elle » à Mira, il devait mettre à jour ses archives, réécrire tous ses souvenirs au masculin. Farah compatit. Mais s'il avait fallu un tel choc pour le sortir de son mutisme, peut-être bénirait-elle Mira.

— Je lui ai même demandé pourquoi elle... il ne portait pas de jolies robes, ou des jupes avec des collants colorés comme les autres filles... et... et... elle... i-il m'a menti ! Je ne suis plus son ami !

— Oh, mon bébé !

C'était la diatribe la plus longue que son fils lui ait servie en un an et demi. Impressionnée, elle tombait en plus des nues : son fils s'exprimait couramment. Farah avait commencé à craindre une tare, un trouble régressif ou un retard, mais son garçon n'avait jamais cessé de s'éveiller, malgré son refus de s'exprimer avec des mots.

— Tu parles très bien, tu sais ?

— Je sais.

— Ah bon ?!

— J'ai juste pas envie, d'habitude.

Quelle conclusion en tirer ? Il y avait là un trouble psychologique qu'elle ne saurait gérer, et probablement une précocité qui taisait son nom. La pédopsychologue s'en chargerait. En attendant, le problème n'était pas réglé. Le premier et seul ami de son fils lui avait brisé le cœur. Les sanglots de Junior réclamaient réparation. À qui demander des comptes ? Sûrement à toutes ces harpies qui osaient s'affubler du statut de mère !

*

— Ma maman m'a dit qu'il faut pas jouer avec Junior. Sa maman est mauvaise, et lui aussi.

— Même que ma mère, elle dit qu'il est maudit...

— Maudit comme le bossu de Notre Dame ?

— Il n'est pas maudit, Quasimodo. Il est juste laid. Lui, il est maudit, il porte malheur. C'est pas bien de jouer avec lui.

— Il parait que son papa a déjà une autre femme. Et c'est pas sa maman.

*

— Pourquoi Junior, il est tout le temps méchant ?

— Parce qu'on n'aime pas jouer avec lui. De toute façon, il ne sait pas jouer à nos jeux. Je l'aime pas ! Tu as vu comment il est.

*

— Tu sais pourquoi on doit pas jouer avec lui, toi ?

— Je sais pas... Peut-être que Maîtresse l'a dit. Je m'en souviens plus. Mais on lui a jamais parlé, de toute façon. D'abord, il ne parle pas.

— Si, je l'ai déjà entendu parler une fois avec sa maman.

— Donc il ne veut pas parler avec nous. Et moi non plus, j'ai pas envie de parler avec lui.

— Pourquoi ?

— Parce qu'il est illégitime.

— C'est quoi illé... ? C'est quoi, ça ? C'est une maladie ?

— Bah oui ! Je veux pas de quelqu'un comme lui dans notre équipe.

— Mais non, c'est pas une maladie. Ça veut dire que sa maman l'a eu sans papa.

— Il n'y a que le petit Jésus qui est né sans papa. Je l'ai appris au catéchisme.

— Dans Star Wars aussi !

— Il a un papa, le petit Jésus. C'est Dieu. T'as pas écouté au catéchisme.

— Non, il n'a pas de papa. Un ange est venu dire à la mère de Jésus qu'elle aura un enfant sans papa.

— Mais c'est Dieu, son papa. Puisqu'on dit le fils de Dieu !

— Mais c'est pas ça le problème. On parlait de Junior, d'abord ! Lui, il n'a vraiment pas de papa. Sa maman vit seule.

— Bah... elle a divorcé.

— Non, elle n'est pas mariée. Et elle a voulu voler le mari d'une autre.

— C'est nul ! Ça se fait pas.

— Du coup, il n'a pas de papa.

— Ça aussi c'est nul.

— C'est pour ça qu'il est méchant. Parce qu'il est jaloux de nous. Nous, on a nos papas.

— Ah, d'accord !

*

— Il ne parle pas, il passe son temps à hurler ou à pousser les autres. Même qu'il a déchiré mon cahier la dernière fois.

— Ouais, la maîtresse l'a envoyé au coin. Je me souviens, c'était trop drôle.

— Pas du tout ! Je me suis fait fâcher à la maison, quand j'ai dit que c'était Junior qui avait déchiré mes affaires. Mère ne voulait plus que je sois dans la même classe que lui. Mais Père a refusé.

— Moi je sais-euh, moi je sais. C'est parce qu'il n'est pas né dans les choux, comme les autres garçons, qu'il est vilain.

— C'est pas la cigogne qui l'a déposé à la porte ?

— Qu'est-ce que tu racontes ? La cigogne ne dépose pas les bébés à la porte, mais à l'hôpital ! Même que j'y étais pour mon petit-frère.

— Il n'y a pas de cigogne dans l'histoire, vous êtes trop stupides. Mon chien Spiky est plus intelligent que vous !

— On n'est pas stupides. Et pis on t'a pas causé, Mira. C'est ton chien qu'est stupide.

Du haut de ses sept ans et de sa petite taille, Mi-Ra toisa la bande d'imbéciles.

— S'il est stupide, il reste quand même plus intelligent que toi, Cole. Mon grand-frère Kyle m'a dit qu'il n'y a pas besoin de cigogne pour faire des bébés. Il faut une maman et un papa. Donc Junior a forcément un papa.

— C'est ton grand-frère qui est stupide, opposa Cole.

— Non, c'est vous. Vous êtes stupides, idiots, bêtes et méchants, appuya Mi-Ra.

— Je vais le dire à la maîtresse.

— Avant ça, retire ce que tu as dit sur Kyle.

— Sinon quoi ? Retourne à tes poneys, toi !

Et la bande d'imbéciles de s'esclaffer. Junior suivait la scène en retrait, fasciné par le visage de Mi-Ra. Depuis qu'il connaissait l'orthographe exact de son prénom, il avait cessé de sonner féminin à son oreille. Le métis ne paraissait pas vexé ou gêné. Rien ne se lisait sur ses traits. Junior ne saurait même pas dire s'il était fâché. Cela lui fit peur. Il avait toujours su lire les expressions des autres, deviner leurs émotions. Parce qu'il observait au lieu de parler. Mais Mi-Ra... était différent.

Ce jour-là, Junior apprit qu'il existait un moyen efficace de bâillonner plusieurs personnes. Faire du plus haut gradé du groupe un exemple. Les graines de sa psychologie retorse furent semées à cet instant. Il n'avait que sept ans, mais cette scène le marquerait à vie : Mi-Ra ramassa une feuille de papier dans la cour, la roula en boule, l'enfonça dans le gosier de celui qui avait eu l'outrecuidance de le renvoyer dans les pattes de ses poney rose-parme, et le força à avaler. Cole Smith – le plus vieux de la bande, qui doublait sa classe –, avala. En larmes. Personne ne cafta. Car le petit despote promit le même traitement à qui serait trop stupide pour l'ouvrir à nouveau.

Après avoir fixé sa loi, Mi-Ra sourit à Junior. Un sourire espiègle, qu'il lui rendit, timide. Ils avaient commencé sur un malentendu, ils ne se quittèrent plus.

*o*o*

TBC ● EPISODE 15 - part 03

*MEDIA*
Intro vidéo : My Love Will Never Die - Claire Wyndham. Parce qu'à sept ans, Junior pouvait déjà dire ces lyrics à Mir.

My love,  my love
My fearless love
I will not say goodbye..
Sea may rise, sky may fall
My love will never die..

Go on, go on
Go bravely on
Into the blackest night..
(Ooh, Ooh, Ooh...)

My heart, my heart
My drowning heart
Oh all the tears I've cried
Oh I may weep forevermore
My love will never die..

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro