S06 - EP 14 ✤ part I
Partie 1/4
Son entrevue avec Torcy Reich-Andriana s'était déroulé sans chichi. Glenn en était assez surpris. Il aurait cru qu'une certaine « loyauté » existait entre ces gens pleins aux as. Mais que savait-il de ce monde ? Il mettait à peine les pieds dans sa chambre d'hôtel, que l'accueil lui annonçait de la visite. Son portable sonna dans la foulée. À l'autre bout de la communication : son fameux visiteur.
— Je t'invite au Palazzio. C'est sur le trottoir d'en face. Il y a une chose importante que tu dois savoir.
Malgré sa méfiance, Glenn accepta l'invitation de Torcy-Junior. Une fois installé autour d'une grande boisson au café, le jeune homme naguère désinvolte dans le bureau de son père montra un autre visage.
— Il me reste peu de temps avant mon vol. En perdre avec ton engeance étant un mal nécessaire, j'irai droit au but.
En une réplique, Junior posait les bases de leur relation. Inamicales. Glenn rencontrait enfin le fils hautain d'un milliardaire et première fortune nationale.
— Quelles raisons t'ont poussé à amorcer un outing national de Dean Leblanc ?
— En quoi ça te concerne ? se braqua Glenn.
— En quoi ça me concerne ? répéta Junior comme s'il découvrait chaque mot. Tu n'as pas compris. Merde alors ! Pourquoi c'est à moi d'apprendre à l'ignare que Torcy n'est pas le père Noël ? geignit-il. C'est le seul moyen que tu as d'échapper au piège de mon père.
Glenn cilla.
— Piège ?
— Tu crois vraiment pouvoir te la couler douce, alors que Torcy sait que tu détiens ce genre d'info sur un Leblanc ? Sais-tu de qui Dean Leblanc est le fils ?
— Je suis de Balmer. Tu ne m'apprends pas ce qu'est un Leblanc.
Junior renifla, écœuré. Pauvre imbécile !
— Je me demande si tu pèches par ignorance ou par arrogance.
— Tu m'as fait venir pour m'insulter ?
Junior glissa une carte violacée sur la table, de la taille d'une carte d'identité.
— Sais-tu ce que c'est ?
— MIP..., lut Glenn. (Il dévisagea Junior.) « Most Important Personality ».
Il connaissait ce statut supérieur à VIP, mentionné par une certaine jet-set. Cela ne le surprenait pas que le gamin en soit un, mais Glenn ne s'attendait pas à ce qu'une carte l'atteste. Il ne voyait toujours pas où l'autre voulait en venir. En pleine réflexion, Junior se massa l'arête nasale.
— Si tu sais ce que ça veut dire, tu m'épargnes une partie de l'introduction. Les inventeurs du concept, les patrons de ce club sélect, sont les Leblanc. J'ai le malheur et la chance de figurer dans la promo L.E.A.D. de Darney avec deux Leblanc, dont le fils de Dean.
— Le fils de Dean... Rudy, fit Glenn.
— Ouais, tu dois connaître, ironisa Junior. Bouille angélique, copie de son père mais les muscles en moins. La chance tient au fait que c'est amusant. Le malheur vient du fait qu'on ne sait pas encore comment se nommera notre promo. Promotion « Rudy Daniel II Leblanc », ou promotion « Regan Wyatt Leblanc ». Tu vois, pour nous autres L.E.A.D., notre devenir – que ce soit dans le MIP-Club ou dans le monde des affaires –, est corrélé aux affinités que nous avons avec le Leblanc qui donne son nom à notre promotion.
— J'ai du mal à te suivre...
— Contente-toi d'écouter, tu ne pourras pas me suivre, tu ne tiendras pas le rythme, assena Junior, cassant.
La mine pincée, Glenn se demanda pourquoi il poursuivait cette conversation. Mais le mot « piège » le collait à son siège rembourré.
— Pour une âme avisée, ce que je suis sans me vanter, pérora Junior, se renseigner sur le background de chaque Leblanc de ma promo est primordial. Or il y a un énorme piège dans cette promo, et pas mal d'aveugles sont tombés dedans. Rudy n'est pas inscrit dans la filière réservée à l'élite de l'élite, Spéciale E., contrairement à Regan. Mais Rudy, fils de Dean, appuya-t-il, ironique, est l'héritier de lignage direct de l'Empire Leblanc. Dans à peu près une décennie, il sera à la tête de White Enterprise©.
Glenn hoqueta, sceptique.
— Ce gamin ? Cette bouille à la tête de la White chain ?
— Je peux comprendre ta réaction. Mais il me semblait que je n'avais pas à apprendre à un Balmerien ce qu'est un Leblanc.
Glenn s'agaça.
— Écoute, je ne saisis pas le sens de ton discours. Lignage direct, promo L.E.A.D., Spéciale E... Quel est le rapport avec notre présence ici ?
— C'est encore l'apéritif. Patiente jusqu'au plat de résistance.
Glenn s'échina à garder une attitude adulte. Le gamin le prenait vraiment de haut avec son jargon. Malheureusement, cela en disait assez sur le fossé entre Dean et lui. N'étant pas stupide, il réalisait peu à peu qu'il avait confondu « fossé » et « canyon ».
— Il y a quelques années, une promo s'est appelée « Dean Lightfoot III Leblanc ». Ce n'est pas d'elle dont je vais te parler mais de son aînée de trois ans, celle nommée « Dan Thomas Junior Leblanc ».
Sans s'en rendre compte, Glenn se laissait happer par la narration. Junior le hameçonnait avec sa curiosité et le mystère enrobant cette famille élitiste.
— Quelle est cette promotion ? demanda-t-il.
Poser des questions lui donnait l'illusion de participer à la conversation et non la subir.
— Il s'agit de celle du frère aîné de Dean, l'homme actuellement à la tête de White Flight©. Celui par qui tout le monde transite pour acquérir ses justificatifs MIP. C'est un tuyau que je te refile. On le monnaie cher dans le milieu, alors fais gaffe, le prévint Junior d'un ton de mafieux. Sans trop de marge d'erreur, je dirais que 38 % du gouvernement actuel sont membres du MIP-Club. Peu importe leur parti politique. Quant aux tenants de l'économie nationale, le pourcentage fluctue. Je ne serai fixé qu'en septembre de l'année prochaine. Mais grosso modo, ça ne descend pas en-dessous de 50 %. Ce qui nous ramène à la carte MIP.
Il l'agita devant ses yeux malicieux. Le malaise de Glenn grandit. Le garçon jouait avec lui comme le chat qui avait déjà mangé la souris. Comme s'il savait un secret. Pourquoi lui donnait-il ces informations ? Le savoir, ce pouvoir, s'avérait parfois une arme dangereuse, susceptible de vous coûter la vie. Était-ce le message transmis par le jeune homme d'un ton badin ? En divulguant sa découverte pour la modique somme d'un dollar, Glenn s'arrogeait-il des droits sur un joujou qui ne lui appartenait pas ? De fait, il avait manipulé une arme dont il ignorait le mécanisme. Il avait poussé une motte de neige du haut de la montagne de son arrogance, et l'avalanche commençait à gronder... Glenn s'adossa contre son fauteuil et tenta de dissimuler sa nervosité.
— Je croyais que tu courais derrière le temps.
— Je le rattraperai ; ne t'inquiète pas, je suis rapide. Avec cette carte, certains membres du Club peuvent s'assurer que tous les titres prévus dans le JT du Canal 1, ce soir, soient modifiés. Je te conseille vivement de me croire sur parole. (La façade enjouée de Junior céda à une dureté qui tua le scepticisme de Glenn.) Mais pour que tu piges le « comment », je dois te parler de la promotion « Jonathan Donnovan II Leblanc », le cousin de Dean. Le mec à la tête de White Park©, si ça te parle mieux. La censure de l'information audiovisuelle est son dada.
Il laissa à Glenn trois secondes pour imprimer l'information.
— Cela nous amène à l'audiovisuel, domaine dans lequel évolue mon père tel un squale dans l'océan, dit-il avec une grandiloquence sarcastique. Premièrement, grâce à sa fortune et son appartenance au MIP-Club, les restrictions des Leblanc glissent sur lui comme de l'eau sur les plumes d'une oie. Cygne serait beaucoup trop gracieux pour ce vioque, renifla-t-il, moqueur.
Cette fois, Junior laissa deux secondes pour ménager son effet.
— Deuxièmement, à la différence de The Verve®, le Canal 3 et le magazine people chient sur la censure de Jonathan Leblanc. Jusqu'à un certain point. Je dis bien « jusqu'à un certain point ». Car mon père possède un instinct de préservation. Et quand on l'a aussi puissant que le sien, on ne s'aliène pas l'Empire Leblanc, juste pour un bon buzz. Ça se change vite en bad buzz. En revanche, il a un faible particulièrement vicieux pour la torture psychologique, dont j'ai hélas hérité le gène.
Soupir théâtrale. Glenn dut se forcer à respirer calmement. Il voyait les dents du piège à présent. Ou les dents du squale. Junior ne lui accorda qu'une seconde pour angoisser. L'appréhension de Glenn le disait assez intelligent pour réaliser à quel point il avait été stupide.
— Il existe, de manière tacite, ce qu'on appelle une « motion de censure étatique » sur le clan Leblanc. Ça signifie que quand les médias officiels en parlent, c'est parce qu'ils ont reçu l'autorisation de l'Empire. Tout ce qui se dit sur eux est « contrôlé ». Ça possède le tampon « lu et approuvé » de l'Empire. Concrètement, qu'est-ce qui empêcherait mon père de te vendre aux Leblanc, pour la modique somme d'un dollar ?
La respiration de Glenn s'accéléra. Junior se demanda à partir de quel niveau de frayeur sa peau ébène pâlirait.
*o*o*
TBC ● EPISODE 14 - part 02
*MEDIA*
Intro vidéo : Monster - Willyecho. Un artiste découvert depuis peu, que je vous recommande ! Ses lyrics sont badass. Et ceux-ci vont si bien à Junior...
I can see the truth
no you don't have to lie to me
don't fill your head with things and think you're free
I can smell the fear, i think you made clear (yeah)
I can be rude, be in a mood, I can be rotten
I can be cruel, might act a fool, but never forgotten
creeping in the dark waiting for you
you won't like what you see
Yeah I feel like a monster
and I'm just here to haunt ya
I become your nightmare steppin' in you dreams
I'm the definition of the worst kind of mean.
Yeah I feel like a monster
and I'm just here to haunt ya
I become your nightmare steppin' in you dreams
I'm the definition of the worst kind of mean.
Yeah I feel like a...
monster
monster
monster
Yeah I feel like a...
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