S06 - EP 09 ✤ part II
Partie 2/4
Les yeux baignés de larmes, Rey apposa son front contre celui de Rudy, aux prunelles aussi noyées.
— Ne... me refais... plus jamais ça. Ne me quitte plus jamais... Plus jamais, t'entends ?
Il articulait avec peine. Rudy opina du chef, son larynx toujours gréviste.
— J'en mourrai... si ça se reproduit.
Rudy fit non de la tête, horrifié de tout son être. Mais la sincérité suintait des paroles de Rey. Cette vérité désespérée brûlait dans les yeux du bien nommé T-eyes. Rey pensait chaque mot. Avec effort, la boule au ventre, Rudy sollicita sa voix.
— Non !
— Si, opposa Rey, buté.
— Je te l'interdis.
— Tu ne sais pas à quel point vivre avec l'idée de ne plus te revoir est horrible. Si... si ça se reproduisait, je ne pourrais plus continuer. Je n'y arriverai pas.
L'amour se mêlait à l'angoisse dans cette déclaration.
— Hey, je suis là... Dis pas n'importe quoi.
Rudy renifla, pitoyable. Il ne saurait pas changer cet état d'esprit fataliste en pleurant comme une madeleine. Il essuya ses larmes avec sa manche et, de ses pouces, sécha celles de Rey. Il tenta de sourire, échoua. Rey murmura :
— Promets-moi de ne plus me quitter, Rudy. Même si c'était indépendamment de ta volonté, je m'en contrefiche ! Jure-moi que tu ne t'éloigneras plus. Tu ne disparaîtras plus jamais !
Rudy cilla. Les promesses n'engagent que ceux qui y croient, Rey. Il ne pouvait rétorquer cela, car Rey avait besoin de cette promesse utopique. Alors il sonda l'âme d'obsidienne de ses émeraudes et décida de changer cette utopie en vérité. Pour son homme, il y arriverait.
— Je te le promets. Plus jamais je n'irai loin de toi.
Ils restèrent ainsi, connectés par leur allégresse mâtinée de détresse, insensibles à la bise venue de l'océan qui mordait leur peau. Puis Rudy brisa le silence.
— Tu m'as manqué.
Piètre aveu exprimant à peine son ressenti. Aucun mot dans sa langue ne transcrirait son émotion. Rey le comprenait. La parole semblait si superflue... Il cueillit un baiser à ses lèvres. La douceur du geste mit Rudy au supplice. Aussi opposa-t-il sa passion. Étrangers à la réalité, ils se fondirent en l'autre. Leur corps avait soif d'intimité, mais ils eurent à peine conscience des frottements de leur bassin. Une plainte douloureuse explosa leur bulle. Rey s'alarma.
— Je t'ai fait mal ?
Un peu ; mais pour rien au monde Rudy ne l'avouerait. En resserrant l'étreinte, sa nuque s'était appuyée contre le mur en grès, sa blessure n'avait pas apprécié. L'expliquer invoquerait les démons de Rey. Rudy n'était pas encore disposé à les affronter. Il saisit la lèvre supérieure de son petit-ami entre les siennes et la téta. L'extase qu'il en tira l'enivra. Il dégrisa quand la caresse bouleversa Rey aux larmes. Son homme avait perdu le contrôle de ses écluses. C'était l'inondation. Désemparé, Rudy ne sut quoi faire.
— Hey... Je... Arrête, tu vas aussi me faire chialer. On aura l'air fin tous les deux !
Il essuya à nouveau ses larmes.
— Laisse-moi chialer en paix ! glapit Rey. J'ai pas encore atteint mon quota. Profite du spectacle, ce n'est pas tous les jours que t'auras T-eyes version « madeleine ».
Un rire mouillé échappa à Rudy. Rey tentait d'alléger la situation.
— Je t'aime, Rey.
— Je...
La déclaration dut le prendre au dépourvu. Rudy rit de ses rougeurs. Ces réactions mignonnes lui avaient tellement manqué ! Je t'aime plus que tout, Rey Lee-Cooper. Il grava dans sa mémoire le visage du jeune homme submergé par l'émotion. Ses sourcils sombres, son nez droit, ses lèvres pâles, son menton qui rappelait de plus en plus son paternel, ses iris si profonds, si intelligents. Il savourerait dorénavant chaque instant, chaque moment passé avec Rey comme si c'était le dernier.
— Je t'aime, dirent-ils ensemble.
Ils pouffèrent. Le froid se rappela à Rudy. Nu-pieds et sans veste, sous un soleil couchant d'hiver, n'était pas une tenue adaptée à la saison. Rey le reposa au sol. Il monta sur ses chaussures, fuyant le baiser du dallage. Il avait oublié ses chaussons. Amusé, Rey le protégea de son écharpe.
— On rentre ? proposa Rudy, une fois qu'ils furent présentables.
Rey le retint par la taille et colla leur bassin. Rudy devina que la chaleur à son bas-ventre se manifestait aussi sur ses joues. Rey soupira.
— Je déplore de ne pas avoir le pouvoir de téléportation. Je t'aurais emmené loin d'ici, sur une île chaude et déserte, pour te faire l'amour comme un sauvage sur la grève, pendant des jours.
Cette fois, le frisson de Rudy n'eut aucun rapport avec la météo. Son rire parvint aux habitants de la maison. On les accueillit avec quelques regards détournés et coupables. Dans son dos, Rudy entrecroisa ses doigts à ceux de Rey. Présenter son petit-ami le rendit un peu nerveux. Rey hoqueta :
— Farrell Lawrence !
Rudy arqua les sourcils, expression miroir à celle du footballeur. Un fan ? Farrell ne s'étonnerait pas qu'il demande un autographe.
— Comment fais-tu pour toujours être entouré d'insolite, Caramel ?
— Arrête avec ça ! coassa Rudy, gêné.
Pourquoi l'embarrassait-il toujours avec ce surnom sucré en public ? Rey ne le réalisait même pas ! Red se mordit la lèvre et tua son rire. Dean ricana.
— Il est cro, cro beau, ton zamoureux ! s'exclama Farrellia.
L'embarras de Rudy égala la sidération de l'assemblée. Il les toisa à tour de rôle. Qui le lui avait dit ?
— Comment a-t-elle su ? chuchota Dean à Red.
Ilona inclina la tête en tombant sur leurs doigts liés. Allons, bon, c'est sérieux cette histoire ?! Red avait insisté sur l'importance de cet « ami » pour Rudy sans lui mettre la puce à l'oreille. Elle l'avait vu très affecté, la veille. Elle aurait dû le saisir dès l'instant où Rudy s'était jeté dans ses bras. Seulement, le modèle ne sortait-il pas avec la petite-fille du patron de Bacchus Industries© ? Le Wassup'Mag® de décembre parlait de son couple avec Bianca Bacchum.
Farrell dévisagea sa fille, perplexe. Natsy interrogea Rudy du regard. Alors lui aussi était amoureux d'un garçon, comme son papa ? Où intervenait la maman dans tout ça ? Ashley luttait avec sa gêne et ne s'expliquait pas la réaction de sa fille. Yakim lança à Dean le regard « are you fucking kidding me? »
En infériorité numérique, Rey servit à tous un sourire circonspect. Se raclant la gorge, Rudy libéra sa main sans s'éloigner. Il brûlait d'envie de s'enfermer avec son mec dans une pièce et ne plus quitter ses bras, ses lèvres, sa peau, mais il fallait faire bonne figure. Sa moitié le devança.
— Rey Lee-Cooper, enchanté.
Autant prendre les choses en main. Rey en avait soupé de se laisser porter par les évènements. Il sourit à la fillette, charmeur.
— Merci du compliment, ma jolie.
Farrellia gloussa. Abasourdie par la réaction de la pimbêche et par la nouvelle, Ilona demanda :
— Comment tu as su que c'était son zamoureux ?
— Bah, il l'a porté comme papa, il porte maman. Z'ai vu.
Elle était bien décidée à faire mourir Ashley de honte.
*o*o*
TBC ● EPISODE 09 - part 03
*MEDIA*
Intro vidéo : Meat Loaf - I Would Do Anything For Love. Des lyrics que dirait Rey à Rudy.
And maybe I'm crazy
Oh it's crazy and it's true
I know you can save me
No one else can save me now but you
As long as the planets are turning
As long as the stars are burning
As long as your dreams are coming true-
You better believe it!
That I would do anything for love!
And I'll be there till the final act
And I would do anything for love!
And I'll take the vow and seal a pact
But I'll never forgive myself if we don't go all the way
Tonight
And I would do anything for love!
Oh I would do anything for love!
Oh I would do anything for love!
But I won't do that!
No I won't do that!
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro