S06 - EP 05 ✤ part II
Partie 2/3
Via l'écran du portable de Red Kellin, Natasha vit son fils encadrer le sien de ses jambes et le serrer contre sa poitrine. Dean avait lancé un FaceTime. Jugeant ses aprioris ridicules face à la gravité de la situation, Natasha s'était rapprochée du chanteur. Dan en avait fait de même. Si Red avait été surpris, il n'en avait rien montré, se contentant de dégager son téléphone pour leur donner un meilleur visuel.
L'âpreté de la conversation téléphonique de Vince l'avait obligé à se réfugier sur la terrasse de la cafétaria du centre médical, qui les accueillait depuis l'annulation des visites par Vermeer. Natasha soupçonnait son époux d'échanger un bras de fer avec Sir Edwards Meister. Dieu qu'elle avait soupé de ces intrigues souterraines !
À l'écran, Rudy arborait cette prostration typique de certains patients en psychiatrie. Natasha n'avait pas de mots pour décrire la scène, encore moins ses émotions. Qu'avait vécu ce petit cœur pour en arriver à cette réaction extrême ? La prise d'otage avait été l'apothéose de sévices traumatisants. Le responsable en payerait le prix fort.
Elle le vérifierait de ses propres yeux. Vince sévirait ou elle s'en chargerait. Elle savait que l'enlèvement représentait la partie émergeante de l'iceberg. Natasha s'était tenue à l'écart de la vie « officieuse » de sa belle-famille, parce qu'on n'attendait pas autre chose d'une épouse non née Leblanc. Mais en l'absence de mesures punitives, elle s'en mêlerait. Elle s'en faisait le sermon.
Elle comprit enfin le pourquoi du FaceTime. Dean demandait à Red Kellin de l'aider à chanter. En étaient-ils vraiment réduits à bercer Rudy comme un poupon ?! Les larmes montèrent aux yeux de Red, lorsqu'il accompagna Dean au refrain. Natasha contint les siennes. C'était vrai. Bébé, Rudy se calmait toujours dans les bras de son père.
Natasha Leblanc ignorait alors que dans sa détresse, son fils avait modifié les lyrics d'une façon qui avait raison du cœur du parolier, son amant.
Sweet, sweet lullaby
Whispered from the heart of a father
Little, little butterfly
Gently flying upon my innocent dreamer
Sleep well tonight 'cause the day is coming
Cheerful, colorful, delightful and blooming
A day of joy, 'cause I'll be there
To protect you everywhere
[Love, kisses and adore
Are what you're made for
And I have dreamt of an angel, you
Sent for me, for happiness and more
And I swear, I'll always be with you]
Bitter, bitter serenade
Moaned from the heart of evil
Grinned, soaked ballad
Fallacy of mouths made for cavil
Sleep today, my beloved dearest child
'Cause the night is coming, cold and wild
I've cursed the bad mouths
Which will speak ill of you
And don't get out without
Listening to what papa told you
Now, your world is dark
But your future will be bright
The reality may seem fake
But your dreams are so right
The wicked is by your side
But my love is never that far
Remember, my little angel
On your back you've got wings
To fly high toward your dreams
But now, daddy need you
To come back home, lil' soldier
Dean ne sut quelle voix, la sienne ou celle de Red, apaisa son garçon. Peut-être que ce furent la mélodie ou les paroles. Mais au moins un de ces paramètres dû servir de balise à son fils, de phare dans la tempête, de bouée de sauvetage. Rudy venait de passer ses bras autour de sa taille et enfouir son visage dans son cou. Sa respiration, plus calme, lui chatouillait la peau.
Le sourire las de Dean exprima son soulagement. Étouffant un sanglot, il glissa sa main libre dans la crinière clair de son ange, revenu des profondeurs d'un enfer. Un appel perturba son FaceTime. Contrarié, il lui céda néanmoins la priorité. Les choses bougeaient sans doute du côté d'Ilona. Cependant, l'identité de son correspondant lui inspira un vide sans nom.
— Edwards Meister, que me vaut l'honneur ?
Rudy s'agita. Il l'apaisa d'une caresse dans les cheveux.
— Ça commence à bien faire ! éructa Edwards.
— J'en déduis que Vince n'a pas su vous convaincre, s'agaça Dean. Mon fils a besoin d'une...
— Je me contrefiche de ce dont ton fils a besoin ! Ton ingérence dans mes affaires a dépassé le stade de l'épine dans le pied, Dean Leblanc.
Le vase de l'homme débordait. Cette fois, Edwards ne jouait plus. Dean non plus. Sans hausser le ton, pour ne pas alarmer Rudy, sa voix se fit acétique :
— Je pisse sur tes états d'âme. Rien à foutre que tu ressentes le besoin d'interroger la pnliste qui a aidé Kruger à maîtriser Chayton. Je m'en balance du secret-défense ! (Son faux calme vola aux éclats.) Tu détiens la psy de mon fils, Edwards. Je ne te fais pas un dessin sur les séquelles d'une séquestration et d'une prise d'otage. Libère-la avant que te pourrir la vie devienne ma vocation. Et je m'y emploierai avec dévotion !
— Elle arrive, cracha Edwards. Je te mets en garde, Dean..., commença-t-il d'une voix doucereuse.
Elle en aurait figé plus d'un d'angoisse, mais Dean avait épuisé les stocks de cette émotion avec son fils. Ce dernier, la voix éraillée d'avoir trop servi, détourna son attention.
— À qui tu parles ?
Dean parut étonné de l'entendre. Rudy retint une moue. Son père avait signé pour un long forfait d'inquiétude. Pour l'instant, il ne pouvait pas le lui faire résilier. Aussi reprit-il sa position et huma le parfum familier. La fragrance rassurante de Kanon® O avait été sa bouée de sauvetage dans l'océan tumultueux de sa crise. Il possédait une mémoire plutôt olfactive, et il n'en avait jamais été aussi heureux.
Le parfum lui évoquait de bons souvenirs. Au même titre que la chanson LOVE, KISSES & ADORE. Red portait le même parfum que son père. Ils en étaient tous deux les égéries masculines, et la firme cosmétique les ravitaillait sans qu'ils n'en fassent la demande. Rudy s'était rappelé qu'il se sentait bien avec le chanteur des Beat'ONE. D'ailleurs, il avait cru l'entendre chanter. Il l'avait sûrement imaginé. Mais son angoisse avait reflué et, guidé par la senteur et les voix, il s'était peu à peu reconnecté à la réalité.
Seulement, une perturbation nuisait à ce calme fragile. Elle lui injectait un soupçon de colère dont il peinait à déterminer l'origine. Était-ce lié à la discussion téléphonique de son père ? Au nom Meister, sans doute. Dean confirma :
— Je discute avec le patron de l'IANS.
Il optait pour la franchise. Son fils lui reprochait assez ses mensonges. Et puis, il n'avait plus la force d'en bâtir un à cet instant. Rudy redressa la tête.
— Ah ouais ? Pourquoi ?
Sa voix morne ne retranscrivit pas ses émotions avec fidélité.
— Je te le dirai tout à l'heure. Il montre des signes d'impatience. C'est un homme pressé.
— OK.
— Dean Leblanc..., marmonna Edwards, son irritation à son paroxysme. Je vais te passer l'envie de recommencer ce petit jeu.
— Tu aurais déjà raccroché, si ce « petit jeu » ne t'intéressait pas. Et si c'est un « jeu » à tes yeux, je crains que les conséquences ne t'amusent guère.
— Dis-lui que je n'aime pas ses méthodes, fit Rudy.
Dean le dévisagea, interloqué. Allons, que devait-il comprendre ? Il s'exécuta néanmoins. Difficile de s'opposer au regard acerbe d'un visage marqué des stigmates d'une crise.
— Mon fils te fait parvenir son mécontentement.
Ou l'euphémisme en sept mots.
— Pardon ? hoqueta Edwards.
De toute évidence, Dean avait atteint le stade du foutage de gueule magistral. À peine ému par l'indignation à l'autre bout, il s'enquit :
— Pourquoi, fiston ?
— Dis-lui aussi que je ne suis pas tenu de respecter l'accord qu'il a passé avec Grand-père.
— Mais de quoi parles-tu ?
Dean était largué et n'aimait vraiment pas ce sentiment. La colère de Rudy balaya son apathie.
— Dis le lui !
— Qu'est-ce qu'il raconte ? fit Edwards.
La beuglante de Rudy lui était parvenue. Sur une impulsion, Dean activa le haut-parleur. Quelque chose lui échappait. Entre Edwards, Vince et son fils, le liant se nommait Chayton. Qu'est-ce qu'on lui taisait ?
— Sir Edwards Meister ? commença Rudy.
Sa voix enrouée resta ferme.
— Qui est-ce ?
L'homme se doutait pourtant de son identité. Il voulait l'entendre se présenter, déduisit Rudy. Parfait. Pour la plus grande perplexité de son père, il répondit avec hauteur :
— C'est Rudy Daniel II Leblanc, futur C.E.O de White Enterprise©. Vous n'ignorez pas que les actes de Chayton Pratchett sont une conséquence de l'utilisation détournée qu'a faite l'IANS de l'ancien projet Swordfish, aujourd'hui majoritairement détenu par l'Empire Leblanc, n'est-ce pas ?
— Où voulez-vous en venir, jeune homme ?
Ouais, il a bien saisi que c'était une question rhétorique, songea Rudy, ironique. Son ton se fit glacial.
— Je tenais simplement à vous informer que je vous en veux, au même titre que Vince.
Il marqua une pause. Pour rassembler ses esprits et laisser à son interlocuteur le temps d'assimiler les tenants et aboutissants de sa déclaration. Edwards Meister était un homme intelligent, il ferait les bonnes déductions. Rudy lui facilita toutefois la tâche.
— Chayton a été poussé dans ses retranchements à cause d'une version erronée des faits. Ce manque de transparence est la conséquence du deal à la con entre Vince et vous, où l'Empire Leblanc sert d'écran aux activités de l'IANS. Je vais vous accorder que c'est peut-être un mal nécessaire. Mais je ne vous en tiendrai pas moins rigueur.
Il refusa de s'attarder sur la violence du trouble de son père. Cette information n'était pas accueillie avec sérénité au pays de Dean Leblanc. Ils débattraient dessus plus tard. La grosse bête qu'il tentait de mater requérait toute son attention, sinon il finirait encorné. Rudy « discutait » tout de même avec le patron de la Sécurité Nationale. Enfin, il proférait des menaces. Revendiquer sa place d'héritier direct l'obligeait à marcher à la cadence des Leblanc. Fini le biberonnage. Il avait trop la haine !
— Je n'apprécierai pas d'apprendre que d'autres que moi en ont subi les frais, déclara-t-il, lugubre. Je parle bien entendu de l'inspecteur Kruger. Entre autres. Si vous aspirez à ce que « l'entente » entre l'Empire et l'Agence perdure quand je prendrai la relève, il serait avisé de ne plus me contrarier, martela-t-il. Et ça me contrarie beaucoup qu'un homme qui a œuvré dans mon intérêt soit mis aux arrêts, pour avoir remué vos petits secrets pour me retrouver.
Bien qu'il y ait matière à relever, Edwards ne renchérit pas. Il écoutait. Une qualité de prédateur.
— Je n'avale toujours pas mon enlèvement. J'avalerai encore moins vos méthodes si elles bafouent mes convictions, Edwards Meister. Bonne journée.
Rudy raccrocha. À l'instar de son père, l'homme n'avait pas dû s'y attendre. Il ignora les interrogations muettes de Dean et retrouva sa position initiale, le nez dans le cou de ce dernier.
*o*o*
TBC ● EPISODE 05 – part 3
Les passages en gras dans les lyrics sont les modifications apportées par Dean.
Pour la traduction, j'ai la flemme. :P Aussi je vous renvoie à l'épisode 29 de la saison 4.
(S04 - EP 29 ✦ part IX)
*MEDIA*
Intro vidéo : Imagine Dragons - Believer. De puissants lyrics que je dédie à Rudy et Dean, parce qu'ils ont en bien besoin. Et parce que Rudy pourrait bien les dire à Edwards Meister.
First things first
I'mma say all the words inside my head
I'm fired up and tired of the way that things have been, oh ooh
The way that things have been, oh ooh
Second things second
Don't you tell me what you think that I could be
I'm the one at the sail, I'm the master of my sea, oh ooh
The master of my sea, oh ooh
I was broken from a young age
Taking my sulking to the masses
Writing my poems for the few
That look at me, took to me, shook to me, feeling me
Singing from heartache from the pain
Taking my message from the veins
Speaking my lesson from the brain
Seeing the beauty through the...
Pain!
You made me a, you made me a believer, believer
Pain!
You break me down, you build me up, believer, believer
Pain!
Oh let the bullets fly, oh let them rain
My life, my love, my drive, it came from...
Pain!
You made me a, you made me a believer, believer
Third things third
Send a prayer to the ones up above
All the hate that you've heard has turned your spirit to a dove, oh ooh
Your spirit up above, oh ooh
I was choking in the crowd
Building my rain up in the cloud
Falling like ashes to the ground
Hoping my feelings, they would drown
But they never did, ever lived, ebbing and flowing
Inhibited, limited
Till it broke open and rained down
And rained down, like...
Pain!
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