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Chapitre 37 (1)

Ordy observait avec une fascination mêlée de reconnaissance les Sirènes. Grâce à elles, les Anges avaient cessé leur salve de flèches et les dragons, bien que méfiants, pouvaient enfin s'envoler pour affronter les Anges.

- Tu ne nous avais pas dit qu'elles ne participeraient pas au combat ? souffla-t-il à Daïbel alors que les Anges ne savaient plus quoi faire.

- C'est ce qu'elles m'avaient dit lorsque je leur ai demandé de participer à la guerre.

- Le principal, intervint Kynel en les rejoignant, c'est qu'elles soient de notre côte. Srenta, enchaîna-t-elle en plongeant son regard dans celui du Sage de la Lumière, tu as pu un peu retrouver ta magie ?

Ordy ferma les yeux et tenta d'appeler à lui ses pouvoirs. Ils commençaient à peine à revenir.

- C'est léger, marmonna-t-il alors que de petits picotements envahissaient ses doigts. Ce n'est plus qu'une question de temps.

Kynel hocha la tête et reporta son attention sur le ballet qui se déroulait dans le ciel. Le Prince héritier avait réussi à reprendre le contrôle de ses ailes et les guerriers qui l'avaient soutenu l'encadraient. Il semblait chercher quelqu'un du regard. La colère que Ordy avait pu voir dans ses yeux avant l'intervention de Daro'Shamada avait laissé la place à une pointe de panique.

Un rugissement attira l'attention et des cris de joie s'élevèrent de la foule des soldats sous les ordres des Sages. L'un des Pahmar-raht avait enfin réussi à attraper un Ange. Il le jeta au sol et ses acolytes bondirent sur lui pour l'achever. Les autres Khajiits l'imitèrent et il commença à pleuvoir des Anges. Une fois cloués au sol, ils n'avaient aucune chance. Les guerriers, qu'ils soient Vampires, Chimères, Elfes, Incubes ou Métamorphes, les harcelaient, les blessaient sans jamais les achever. Les crocs, les griffes ou les cornes entaillaient la moindre parcelle de peau qui dépassait de l'armure dorée angélique. Dans certains cas, les Chimères maintenaient l'ennemi au sol et les autres s'amusaient à les plumer... sur les quatre en même temps, arrachant de douleur pleurs aux Anges.

- C'est une boucherie, gémit Maya, peut habituée à ce genre de scène.

- Et encore, marmonna Z'en en observant le champ de bataille, il n'y a pas de démembrement

Une moue dégoûtée déforma le visage de la Sage de la Terre. Elle balaya du regard les alentours et se figea quand elle vit des silhouettes se dessiner aux alentour du palais impérial.

- On va avoir une nouvelle visite, chuchota-t-elle en se rapprochant d'Ordy.

Il détourna la tête du spectacle sanguinolent et observa l'horizon.

- Que vois-tu, Daro'Shamada ?

Il savait parfaitement qui arrivait en renfort, mais il voulait en avoir le cœur net. Ou peut-être qu'il espérait se tromper...

- Des Anges. Et... s'interrompit-elle pour déglutir, la queue battant l'air nerveusement. Et l'Empereur.

- Merci, souffla Ordy, les mâchoires serrées et son regard rivé sur l'horizon. Va rassembler les généraux. Nous devons nous réorganiser au plus vite.

La Khajiit acquiesça, puis se dirigea vers les troupes qui démembraient les Anges.

- C'est le pire scénario qu'on puisse imaginer, dit Z'en en s'approchant du Sage de la Lumière.

- On n'est pas préparés pour affronter et l'Empereur et son héritier, murmura Maya d'une voix tremblotante.

- Peu importe. Il faut faire avec ce que nous avons, intervint Kynel, déjà prête à en découdre.

Les généraux arrivèrent avant que la Sage de la Terre ne puisse rajouter quelque chose. Ordy s'approcha d'eux et, alors qu'il allait ouvrir la bouche, l'un d'eux se jeta sur lui et le plaqua au sol. Il tenta de se débattre, mais aperçut un Ange passer au-dessus de leur tête à toute vitesse, volant en rase-motte.

- Désolé, Messire Srenta, dit la Chimère en se redressant, le regard alerte, mais c'était pour la bonne cause...

- Merci de m'avoir sauvé, lui répondit-il en se relevant. Nous n'avons plus le temps de démembrer nos ennemis : les renforts sont arrivés, et l'Empereur avec. Continuez à attraper les Anges que les Sirènes vous amènent au sol et affrontez ceux qui arrivent. Nous devons récupérer nos dragons, enchaîna-t-il en se tournant vers ses confrères.

Ils acquiescèrent et les rappelèrent alors que les généraux rejoignaient les soldats. Daro'Shamada, deux Valkyries et leurs loups ainsi que Mary et deux guérisseurs suivirent les Sages alors qu'ils se dirigeaient vers l'Empereur qui observaient d'un air las le champ de bataille.

- Bravo à vous, marmonna-t-il quand ils arrivèrent à leur hauteur. Vous avez réussi à défaire une grande partie de mon armée d'élite.

- Cela aurait pu être évité si vous n'aviez pas pris l'Académie et retenu prisonnier Junal ! s'exclama Arkaï, le regard flamboyant de rage. Rendez-le-nous !

- Si vous pouvez faire revenir mon second fils à la vie, pas de souci, mais je ne crois pas que ce soit le cas.

Kynel tiqua et s'avança d'un pas dans la direction de l'Empereur.

- Que s'est-il passé ? murmura-t-elle, le cœur en peine alors que la Première Sage de l'Air pleurait la perte des siens.

- Comme si vous ne le saviez pas ! cracha-t-il en s'approchant d'elle à toute vitesse. L'un des étudiants était un Dragon ! Un putain de Dragon !

Ce disant, il l'attrapa par le col et la fit décoller de terre pour qu'elle soit au même niveau que lui.

- Je croyais, reprit-il la rage vibrant dans ses yeux, que les Sages les avaient éradiqués il y a des centaines d'années de cela !

- C'est le cas, s'affola Kynel en saisissant sa main. Nous n'étions pas au courant !

- À d'autres ! Vous allez aussi me dire que vous ne saviez pas que l'une des étudiantes ne parlait pas un mot de Draconique et que, du jour au lendemain, elle le parlait couramment ?

Il resserra sa prise et les Sages s'apprêtaient à intervenir, mais Kynel les en dissuada d'un geste discret. Ordy fronça les sourcils et comprit : elle essayait de leur faire gagner du temps. Leur groupe devait se scinder en deux. L'un pour affronter l'Empereur, l'autre pour sauver Junal. Il se pencha vers Daïbel et Maya et leur souffla doucement le plan que Kynel voulait mettre en place. Les deux Sages se dévisagèrent, peu convaincues que se séparer soit la meilleure décision, mais elles finirent par obtempérer en voyant ce que leur camarade accomplissait. Elles firent signe aux soldats et guérisseurs de les suivre sans se faire remarquer. Ils quittèrent le groupe au compte-goutte, puis filèrent se cacher dans les haies qui bordaient le chemin où ils se trouvaient.

- Nous ne sommes pas au courant des particularités de chaque étudiant, contrairement à Junal, murmura Kynel en serrant les dents.

- Vous auriez dû, car c'est ce qui va vous coûter la vie !

Il dégaina son épée à la lame aussi brillante que le soleil et s'apprêtait à la plonger dans le corps de la Sage de l'Air, mais un grand dragon blanc s'éleva depuis son poignet et attrapa l'arme dans sa gueule. Ses yeux noirs comme la nuit étaient plantés sur l'Empereur qui faisait tout son possible pour tenter de terminer son mouvement. Un dragon jaune s'enroula alors autour de sa main qui tenait Kynel et resserra ses anneaux jusqu'à ce qu'il lâche prise. Ordy se précipita aux côtés de sa collègue et la soutint alors qu'elle reprenait sa respiration. Kunsumid relâcha l'Empereur et retourna auprès de son invocateur, sur la défensive. Z'en envoya son dragon bleu rejoindre le blanc de Kynel.

- Elles sont parties, souffla Ordy à l'oreille de la Sage de l'Air. Merci pour la diversion.

Elle grogna comme seule réponse et rappela son dragon alors que celui d'Arkaï venaient en renfort. Les deux hommes se jetèrent dans le combat, leur magie parcourant leur corps. Ordy et Kynel les observèrent faire, tentant de trouver une ouverture pour les rejoindre.

- Tu vas mieux ?

Kynel acquiesça alors qu'ils se relevaient.

- Peu importe mon état : il faut que nous le battions. Nos troupes ne doivent pas être les seules à participer à la guerre.

Ordy opina du chef et fixa intensément la danse qui avait lieu devant lui. L'Empereur utilisait ses six ailes comme arme et comme bouclier. Tantôt il se repoussait une salve de magie, tantôt il assenait un violent coup sur la tête des Sages. Heureusement, leurs dragons les protégeaient et repoussaient aussi tous les guerriers d'élite qui tentaient de se frayer un passage pour venir aider leur chef suprême.

- Maintenant, murmura Kynel en poussant fort sur ses pieds, sa magie lui donnant l'impulsion pour se projeter en avant à une vitesse vertigineuse.

Ordy papillonna des paupières en la voyant faire. Elle ne faisait vraiment plus qu'un avec son élément. Il avait l'impression qu'elle volait tellement elle allait vite. Kunsumid le sortit de sa contemplation en lâchant un grondement menaçant. Des Anges l'avaient entouré pendant qu'il rêvassait. Il se maudit, mais reprit son sang-froid. Il appela sa magie et invoqua son second dragon. Kunsumid et son compagnon l'entourèrent de ses anneaux pile au moment où les guerriers ailés décochaient une salve de flèches enflammées.

Quand il se sentit prêt, Ordy écarta deux anneaux, visa et mitrailla chaque Ange qui passa à sa hauteur grâce à des boules de lumière pure, arrachant des hurlements de souffrance à ses ennemis. Une fois qu'il s'en fut débarrassé, il courut, ses dragons sur les talons, vers ses coéquipiers qui affrontaient l'Empereur. Il serra les dents en voyant leur état déplorable. Leurs dragons repoussaient la garde rapprochée du chef des Anges et ils allient leurs pouvoirs pour créer des techniques surpuissantes. Mais l'Empereur leur résistaient et repoussaient sans arrêt leur attaques grâce à ses ailes qui semblaient invincibles.

- Il faudrait les lui arracher, grogna Arkaï alors qu'il préparait une nouvelle combine avec Z'en. C'est à cause de ses putains d'ailes qu'on n'arrive pas à l'atteindre !

- Seul un Dragon a réussi cet exploit, contrat Kynel, les dents serrées en encaissant une déferlante de poussière.

- Nous avons des dragons !

- Il faudrait le plaquer au sol, intervint Kunsumid d'une voix grave. Et nos corps allongés ne nous permettent pas cet exploit. Seules les Wyverns ou les Dragons-Varans en seraient capables.

Kynel claqua sa langue contre son palais, invoqua une langue d'air et fonça sur l'Empereur.

- On va essayer de l'immobiliser, dit Z'en sa main liée à celle d'Arkaï. Attrapez-le dès que vous en avez l'occasion.

Les dragons acquiescèrent, à la fois dubitatifs et déterminés, puis s'envolèrent et observèrent attentivement le champ de bataille.

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