- C'était bon pas vrai ? s'exclama Ciela en frottant son estomac rempli.

Ash hocha vigoureusement la tête, se passant involontairement la langue sur les lèvres, complètement satisfait.

Après leur course effrénée à travers un petit dédale de ruelles, qui réussit à perdre le jeune homme qui pourtant connaissait les rues de l'île quasi par cœur, le couple, qui manquait de mourir de rire, déboucha sur une grande place ronde couverte d'étalages qui, chacun proposait, différentes gâteries : des pommes d'amour, des beignets, des crêpes, des churros, des hot-dog ... Sentant leur ventres gronder à la vue et la l'odeur de toutes ces effluves, ils finirent par acheter deux hot-dogs, et complétèrent leur repas avec deux crêpes. Les deux jeunes gens se sentaient d'accord pour dire que leur repas avait été grandement délicieux. Main dans la main, ils continuèrent de déambuler à travers la ville, discutant, cette fois-ci des vieux souvenirs qu'Ash entretenait avec l'île.

- Et là, avant, il y avait un magasin de farces et attrapes. L'intégralité des économies des jumeaux y passait. Ils me volaient même de l'argent des fois. Je suis persuadé qu'à eux deux, ils arrivaient à faire fleurir ce petit commerce.

- Hahaha ! Ça ne m'étonne pas ! Ils ont dû t'en faire subir, des misères. Au fait, je me posais une question. Tous leurs mauvais tours, je ne vois que toi en être la victime. Ils n'en ont jamais fait aux les autres ?

- Bah ... Avec Marika, ils n'ont jamais vraiment osé, et Amélia ... Disons qu'elle risquait de les pendre. Léo ... était trop sérieux pour que ce soit drôle, tout comme Violet, et vu que Kiwi était le compagnon de farce, peu de chance pour qu'il en fasse les frais.

- Et Sheena ?

Ash lui fit les yeux ronds.

- Sheena ? On touche pas à Sheena. La seule fois où ils ont essayé de lui faire une blague avec une araignée en plastique, elle a pleuré pendant plusieurs heures. Ça les a traumatisés.

- Cela devait être à mourir de rire !

- Oh oui ! Bon, après c'est moi qui suis devenu le victime attitrée, et qui ai subi toutes leurs pitreries ... Mais j'ai quand même réussi à me venger à plusieurs reprises ! Et j'en suis très fier.

- Raconte, raconte ! le pressa Ciela, les yeux pétillant de joie.

- Aussi stupide que ça puisse paraître, les jumeaux sont terrorisés par les chenilles et les vers de terre. Je suis allé au magasin de pêche un jour, et ... j'ai vidé un bocal entier de ces bestioles dans leurs lits. Ce jour là, j'ai cru qu'ils allaient faire une crise cardiaque lorsqu'ils sont allés se coucher.

La jeune fille ne put retenir un gloussement qui se mua lentement en grand éclat de rire, qui la fit presque pleurer. L'hilarité de sa petite amie contamina peu à peu l'écossais, et les deux Elements se retrouvèrent à pleurer de rire en plein milieu d'une place quasi-bondée de monde, regardés bizarrement par les passants ...

Ces moments de joie intense lui semblait à la fois si fugace et agréable ... Chaque seconde de cette journée resterait gravée en Ciela à jamais, elle le savait.

* * * * *

Romy, caché derrière un arbre, non loin d'Amélia, l'observait avec attention, perturbé. Celle-ci, apparemment énervée, ne cessait de renvoyer ses cheveux derrière son épaule, tapant du pied par terre, consultant sa montre presque toutes les secondes.

L'espagnol hésitait à aller voir la française pour lui demander ce qu'elle faisait ici, de peur de la déranger, ou pire, de se prendre une calotte. Elle semblait tellement sur les nerfs ... pourtant, sa curiosité le rongeait ... Au bout d'une dizaine de seconde, Romy prit une grande inspiration. S'il n'y allait pas, il ne saurait rien ! Tant pis pour les calottes !

Mais alors que Romy s'apprêtait à s'avancer, un adolescent se mit à courir vers eux, pantelant. Le jeune espagnol fronça les sourcils. Il le reconnaissait, cet adolescent. Un jeune garçon de quatorze, quinze ans du même couloir de chambre que la sienne. Pit Roland, ou quelque chose comme ça. Naïf, un peu timide, ultra complexé par sa carrure de rondouillard, si le roux se souvenait bien. Element de terre, aussi.

Le jeune garçon, rouge à cause de l'effort de la course, se traîna avec difficulté vers Amélia, la respiration sifflante. Une fois celle-ci revenu à la normale, il se redressa, plus droit qu'un ''I''.

- B-bonjour Amélia ... Je suis ...

- L'auteur du message ? Oui, j'avais compris. Bon, que me veux-tu ? Fais vite, s'il te plaît, je suis un peu dans l'urgence là ...

Le visage de Pit reprit la couleur d'une tomate bien mûre, et cette fois-ci, certainement pas à cause d'un effort physique. Romy mourait de curiosité. Mais que pouvait-il bien vouloir à Amélia ? Le concerné, toujours aussi rouge, toussa comme un forcené, avant de se jeter à l'eau.

- Je suis Pit Roland, et ... euh, et bien e-en fait, cela fait longtemps, très longtemps, que je t'observe, Amélia. T-tu es vraiment ... euh, et bien ... Ma ... magnifique à mes yeux, et euh ... Bien ... JE T'AIME ! A-alors je voulais savoir si ... si tu voulais sortir avec moi ... S-S'IL TE PLAIT !

Ne s'attendant certainement pas à ça, Amélia ouvrit de grands yeux, complètement sonnée. Romy, quand à lui, n'en revenait pas. Incroyable. Tout bonnement incroyable. Ce petit bonhomme craquait sur Amy ?! Instinctivement, il s'accrocha au tronc avant de vriller son regard vers l'Element de plante, appréhendant sa réponse, son cœur battant à tout rompre.

Celle-ci se massait les tempes, l'air ennuyée, cherchant ses mots.

- Hum ... Et bien, merci de ta déclaration, ça me touche beaucoup que tu sois venu m'en faire part, mais ... Je me dois de décliner. Honnêtement, je ne te connais même pas, et c'est la première fois que tu viens me parler. Tu ne m'intéresses pas. Désolée.

Romy retint un sifflement, grimaçant. Ouch. Ça, c'était un râteau plutôt violent. Le pauvre garçon, tout déconfit, virait au blanc, et sa lèvre inférieure tremblait. Romy se prit à éprouver un élan de compassion pour le pauvre garçon. Les boites de mouchoirs avaient du soucis à se faire ... Mais contrairement à ce que pensait l'espagnol, ça ne s'arrêta pas là.

- J-je ne comprends pas ! Pourquoi me rejettes-tu ?!

- Je viens de t'en dire ...

- Federico m'avait pourtant dit que tu m'aimais !

Le Barcelonais fronça les sourcils. Federico ? Federico Kant ?! Encore cet espèce de ... La leçon de Janvier ne lui avait pas suffi ?! Il allait vraiment finir par s'en prendre une celui-là ...

- C'est faux, désolée. Il t'a trompé.

- Mais ... Mais ...

- Excuse-moi, mais il faut vraiment que j'y aille ... J'ai du travail.

- NON !

Soudain, la terre craquela sous les pieds du jeune homme, et Amélia recula, surprise.

- Non ! Je ... Je t'aime, ne me rejette pas, s'il te plaît !

La française secoua la tête.

- Ce n'est pas comme ça que ça marche ...

- J'ai de l'argent, tu sais !

- Non, non ...

Romy fronça les sourcils. Le pauvre garçon s'enfonçait, désespéré. Son insistance devenait embarrassante ... Puis, l'espagnol eut l'impression de se prendre une claque.. Et si ... S'il ressemblait à ça, lui ? S'il était aussi ... Pitoyable ? Une boule se forma dans sa gorge. Il ne voulait pas ... Il ne voulait pas ... Il aimait Amélia, mais ... Pas comme ça. En s'imaginant dans le même cas que le garçon, un frisson glacé remonta le long de sa colonne vertébrale. Et il se fit la promesse de ne jamais, jamais agir comme Pit le faisait. Jamais.

- Si ... Si tu apprends à me connaître ...

- Arrête. Ça ne sert à rien ...

- Ma famille est productrice de film ! Le cinéma pourrait t'ouvrir ses portes ! Cela boosterait ta carrière de mannequin ! s'écria le jeune garçon, les yeux brillant, comme si c'était son dernier argument.

Amélia se figea et son expression se changea en un mélange de surprise et d'énervement.

- Comment es-tu au courant ?!

- Je lis Au Grand Paris ! J'ai chacun des numéros où tu apparais !

- Je m'en fiche ! Ne viens pas m'en parler ! Je ne suis pas une poupée en plastique qu'on manipule comme on veut ! Si c'est juste pour ça que tu me veux à tes côtés, alors va t'en ! lui cria Amélia, perdant son sang froid. Je ... Bref, excuse-moi, mais ça ne m'intéresse pas. Et ... S'il te plaît, ne répands pas ce que tu sais au sujet de ma carrière de mannequin. Moins en on parle, mieux c'est.

Oh ? Amélia ne voulait pas que le fait qu'elle soit mannequin se répande ? Peut-être était-ce la raison pour laquelle elle n'en parlait pas à qui que ce soit ?

Le jeune Roland baissait la tête, comme vaincu. Il tremblait de tout son corps, et des larmichettes commençaient à dévaler son visage rouge tomate. La française, sentant une pointe de culpabilité percer sa poitrine, s'avança vers Pit, peinée de le voir ainsi.

- Ce ... N'EST PAS JUUUUUUUUSTE ! beugla le jeune homme.

Soudain, le sol autour de lui explosa et une vague de terre molle sembla se jeter sur Amélia. Cette dernière, catastrophée, se replia sur elle même, attendant le choc ... Qui ne vint pas.

- AMY ! Tout va bien ?!

L'interpellée se redressa lentement ... et aperçut la vague de terre, stoppée à moins d'un mètre d'elle. Et juste devant cet amas d'humus et d'argile, se trouvait Romeo Altafuente, une main tendue fermement vers ce gigantesque mur de terre, tandis qu'il la fixait, son regard brillant d'inquiétude.

- R-R-Romy ... ? lui répondit la jeune fille, d'une voix saccadée par la surprise.

Un sourire soulagé remplaça le regard anxieux du Barcelonais, et il se retourna. L'Element d'air se concentra sur le parterre de fleurs réduit en bouillie devant eux deux, et d''un geste brusque de la main, il fit retourner la terre sur le plancher des vaches, laissant apparaître ce pauvre Pit qui semblait à deux doigts de s'évanouir.

- Je ... je ne voulais pas ... balbutiait-il, complètement choqué par son acte.

- TOI. Lorsqu'on ne sait PAS contrôler son élément, ON NE L'UTILISE PAS ! gronda Romy en s'approchant du jeune garçon, l'air pris dans une fureur monstre.

- Je suis désolé ! C'était pas intentionnel ! Je ne l'ai pas fait exprès ! couina l'Element de terre, en reculant.

Ce dernier trébucha sur un caillou, et tomba par terre dans un nuage de poussière. Romy alla se planta devant lui, et s'accroupit, se tenant à seulement quelques centimètres du perturbateur.

- Passe-moi ton téléphone ! lui siffla-t-il, autoritaire.

Pit s'exécuta, vert de peur. Romy supprima le numéro d'Amélia, et chercha dans le téléphone où bien le jeune homme avait-il pu l'apprendre. Il remarqua sans surprise que celui-ci venait de Federico.

« De : Monsieur Federico Kant.

Le numéro d'Amélia Loiseau, ton idole ! Je l'ai eu de Léo Graccio.

06 xx xx xx xx

Tout service est payant ~

N'oublie pas mon fric. »

Le sale petit ... Romy effaça immédiatement le message, fulminant. Ce soir, avant la fête de Sheena, il irait lui parler. Oh oui. Et ils auraient une longue, loooongue conversation. Sans violence, bien sûr. Juste un ou deux coquards.

- Plus jamais, je dis bien plus jamais, tu ne t'approcheras d'Amélia dorénavant. Me suis-je bien fait comprendre ? lui dit-il d'un ton si bas que seul Pit pouvait l'entendre, d'une voix lourde de sous-entendus.

- OUI ! glapit le garçon avec une voix suraiguë.

- Va t'en. Plus vite que ça ! gronda Romy, en lui lançant son téléphone.

Pit Roland se releva, et s'en alla à toute vitesse sans demander son reste. Une fois celui-ci disparu de son champ de vision, Romy sentit avec surprise ses muscles se détendre. Ce môme l'avait crispé à ce point ?

- Romy, tu y as été un peu fort là non ? lui demanda la jeune fille en s'approchant de lui d'un pas rapide.

- Amélia, ce gars aurait pu te blesser gravement ! protesta Romy en agrippant son amie par les épaules. Imagine si cette vague t'avait atteinte ! Tu aurais fini à l'hôpital, voire même pire !! Et en plus, il ...

Les yeux émeraudes d'Amélia s'écarquillèrent sous la surprise. Elle avait très rarement vu le jeune espagnol dans un tel état ! Il ... il s'inquiétait ... pour elle ? C'était ... touchant, mais ... ça ne passerait pas.

- ROMEO ALTAFUENTE !

Le cri de la demoiselle fit l'effet d'un électrochoc au roux qui sursauta violemment. Amélia poussa un long soupir avant de retirer doucement les mains de Romy de ses épaules.

- J'aurais pu me débrouiller toute seule ! Je ne suis pas en sucre, Romy. Ce n'est pas la peine de te mettre dans des états pareils pour moi, d'accord ? Mais ... Merci beaucoup. J'ai vraiment eu la frousse sur ce coup-là.

Puis Amélia lui décocha un sourire si chaleureux que Romy eut l'impression de fondre de l'intérieur, et sentit son sang lui monter au visage.

- Un coup de chaud ? demanda l'Element de Plante, en voyant le visage de Romy qui avait prit lentement la couleur des yeux de son ami écossais.

- Ça vaaaaaaa ... répondit le concerné en s'éloignant subitement de la demoiselle, tout en s'éventant avec ses mains, se forçant à regarder ailleurs.

- Hahahaha ! T'es vraiment incroyable !

Lorsque le rire cristallin de Amélia retentit à ses oreilles, un grand frisson remonta le long de sa colonne vertébrale, et il ne put s'empêcher de penser que cette fille, madre de dios, il l'aimait à la folie.

- A-au fait ... pour le truc de mannequin, là ...

- Tu ... as entendu, hein.

Romy pinça les lèvres et ne put s'empêcher de cacher son téléphone derrière son dos.

- Désolé. Je ... t'attendais et ...

- Ça va, t'embête pas ... grommela Amélia en se détournant, jouant nerveusement avec une mèche de ses cheveux. Simplement ... Pourrais-tu éviter d'en parler aux autres, s'il te plaît ? Je n'ai pas vraiment envie que ...

- Ça se sache ? Ouais. Compréhensible. Pas de soucis. Je ne dirais rien ! déclara l'Element d'air en levant solennellement la main, d'un air terriblement pompeux.

Amélia ne put retenir un sourire en voyant son ami dans une position si ridicule.

- Merci, Romy. Je te le revaudrai.

- Dis pas ça, tu pourrais le regretter, répliqua-t-il d'un ton taquin en ricanant.

La française lui décocha une petite calotte, un grand sourire franc et soulagé étendant ses lèvres d'une commissure à l'autre.

- On va rejoindre Ciela et Ash en ville ? proposa la jeune file, les mains sur les hanches.

- Et les déranger dans leur rendez vous en amoureux ? A cent pour cent.

Amélia lâcha un petit rire mesquin, et s'inclina, l'invitant à passer devant elle d'une façon théâtrale.

- Les hommes d'abord.

Entrant dans son jeu, Romy poussa un glapissement aigu, faussement surpris.

- Ooooh ! Merci ! C'est fou ce que la galanterie se perd de nos jours ! déclama-t-il d'un ton docte, d'une voix un peu perchée.

Mais alors que les deux amis se mettaient en route, Nancy déboula tout d'un coup, essoufflée ... et échevelée.

- OH ! Dieu merci vous êtes là !

- N-Nancy ? Que se passe-t-il ?! s'alarma Amélia, toute joie envolée.

- C'est ... Crìs ... Sheena ...

- Quoi ? Comment ça ?! s'écria à son tour Romy, devenant blême.

- Sheena a changé Crìs en statue de glace !

* * * * *

- Où est-ce que tu m'emmènes ? demanda Ciela pour la énième fois, retenant avec difficulté un rire nerveux.

Ash se retourna vers elle avec un sourire en coin, les yeux pétillant d'un drôle d'éclat.

- Qui sait ?

Voilà bien quinze minutes que Ash entraînait Ciela à sa suite, lui répétant qu'il voulait l'emmener dans un endroit ''spécial''. Ils étaient sortis du centre-ville, et les deux jeunes gens gravissaient une petite colline vers un coin boisé.

- Allez, tiens bon Ciela ! lui lança-t-il d'un ton enjoué. On y est presque !

Au moment où elle allait lui rétorquer que cela faisait un quart d'heure qu'il lui répétait ça, ils débouchèrent sur ... une aire de jeux abandonnée. Un tourniquet rose pâle un peu écaillé, une paire de balançoire délavée et une petite maison en bois accouplé d'un toboggan rouillé avaient sans doute fait le bonheur de dizaines de bambins des années auparavant. L'Element de lumière foula du bout de sa chaussure un épis d'herbe folles, un peu émerveillée. Ce genre d'endroit avait un charme propre qui lui plaisait énormément.

- Alors ?

- C'est ... Superbe.

- Héhé. Erick avait l'habitude de venir m'emmener ici quand on avait du temps libre en été. On y passait des heures ...

Perdu dans ses souvenirs, un sourire mi-nostalgique, mi-mélancolique s'étendit sur son visage, lui donnant une expression songeuse. Ciela enroula ses doigts autour de ceux de son petit ami, le faisant doucement redescendre sur terre.

- Ça marche encore ?

- Tu veux tester ? lui demanda-t-il en haussant un sourcil, sourire mesquin à l'appui.

En guise de réponse, la demoiselle sauta sur le tourniquet, lui jetant un regard de défis.

- Oh ? Tu veux jouer à ça avec moi, fillette ? déclara-t-il en faisant faussement craquer les jointures de ses doigts.

Puis, il remonta exagérément ses manches, et s'attela à faire tourner le tourniquet sans grande difficulté. Bien qu'ancien, celui-ci restait en parfait état de marche, étrangement. Quelques secondes plus tard, les rires de Ciela résonnèrent dans toute la zone boisée, tournant telle une toupie sur le tourniquet lancé à pleine vitesse. Ash ricanait dans son coin. Son frère avait une technique étonnante pour déclencher rapidement un sacré tourbillon sur le tourniquet sans se causer le moindre effort. Il avait mis des mois avant de la comprendre et de pouvoir l'user à son tour. L'écossais se souvenait encore du visage ahuri de son frère lorsqu'il l'avait utilisé à son tour sur lui. Surtout de sa couleur un peu verdâtre.

- ARRÊTE, ARRÊTE ! le supplia Ciela, agrippée aux barrières du tourniquet, le visage rouge.

Ash attrapa une des barres du tourniquet, l'arrêtant et le stabilisant lentement. Puis, il fit descendre Ciela en l'attrapant par la taille, la demoiselle titubant à cause du tournis.

- Ouuuuuuh ... Je me sens pas bien ... s'écria-t-elle d'une voix hachée un peu forcée en passant les doigts dans sa chevelure décoiffée par le tourbillon express, les yeux pétillant encore d'amusement.

Ash se décala sur le côté, et lui attrapa avec douceur ses mèches folles avant de s'incliner.

- Pas de soucis, je te tiendrais les cheveux quand tu vomiras, tel un parfait gentleman.

Ciela éclata d'un grand rire en lui assenant une claque sonore sur l'épaule, provoquant son fou rire à lui aussi. C'est alors que son téléphone sonna.

- Attends deux secondes ... Marika ? Qu'est-ce que ...

Retrouvant son sérieux, il décrocha.

- C'EST LA CATASTROPHE !

Son oreille tinta pendant quelques secondes et il écarta l'appareil de son oreille, sous le regard ahuri de Ciela.

- ASH, C'EST LA CATA ! SHEENA A ... ELLE A ... !

- Amélia c'est toi ? Bon sang de bonsoir mais qu'arrive-t-il ?

- Sheena a ... Congelé Crìs !

- ... Quoi ?

* * * * *

- Dites-moi que je rêve ... Non mais dites-moi que je rêve ! s'écria Marika pour la énième fois en remuant un autre flacon d'une de ses potions.

Inquiète, Ciela regarda Marika faire, lissant par nervosité l'une de ses mèches folles. Depuis qu'ils étaient rentrés à l'académie, Marika ne cessait de faire des mélanges bizarroïdes avec tout un tas de fioles de tailles, formes, et couleurs différentes à même le sol, semblant se ficher royalement des consignes de sécurité. Apparemment, elle connaissait un moyen de rendre à Crìs son état normal, mais elle ne se souvenait plus comment créer la potion qui pouvait le permettre ... Alors elle tentait plusieurs mélanges au hasard qui se rapprochait plus ou moins de la potion que l'Enerienne cherchait à obtenir.

D'après ce que Ciela avait compris, Sheena avait congelé Crìs pour raison X ou Y, sans aucun doute par accident, et s'était enfuie. Selon Ash, elle ne l'aurait jamais fait intentionnellement et devait sans doute l'avoir fait sous le coup d'une forte émotion : ça n'était pas la première fois que ça arrivait, en fait. L'autre fois, Sheena avait fait ça à une de ses anciennes persécutrices, par pur accident, et la situation avait tellement dégénéré que Sheena avait risqué de se faire renvoyer de l'académie, la famille de la ''victime'' menaçant de lui coller un procès. Helen avait réussi par une sorte de miracle divin à calmer le jeu. Sauf que Sheena s'était tout de même pris une telle savonnette qu'elle en avait pleurer pendant des jours.

Si jamais Helen ou un adulte apprenait qu'une telle situation s'était reproduite, Sheena ne ferait pas long feu à l'académie. Et ça, c'était hors de question. C'est pourquoi Ash, avec l'aide de Ciela, avait fini de dégivrer le couloir à l'aide de leurs éléments, et avait expliqué non sans mal aux surveillantes que la moquette mouillée était dû à une très mauvaise blague des jumeaux. Au final, ils s'en tiraient avec une convocation expresse des jumeaux chez Helen, avec sans doute de belles heures de colles à la clé. Romy s'était rendu au bureau d'Helen et avait prétexté que l'absence de Crìs était dû à un rhume carabiné qui le gardait enfermé dans sa chambre. Au bout du compte, les deux garçons avaient bel et bien récoltés quatre heures d'intérêt général dans l'académie le lendemain. Toutefois, ça n'était pas cher payé comparé à ce que Sheena aurait écopée si le pot aux roses avait été découvert.

Déterminés à retrouver la demoiselle avant que quelque chose de grave n'arrive encore, Nancy, Romy, et Amélia étaient partis à sa recherche, laissant Ash et Ciela récupérer de leur prouesse élémentaire, et Marika faire son petit mélange.

- Mais qu'est-ce qui a bien pu se passer ?

- Connaissant Crìs, il a du faire ou dire une bêtise et Sheena a craqué. C'est pas un bon jour pour elle, le 14 février.

- Mais c'est son anniversaire pourtant, non ?

- C'est pas le fait que ce soit son anniversaire qui la gêne ... Disons que sa mère ... N'en a pas fait le meilleur jour de l'année. Parfois, certaines personnes peuvent être affreuses envers leurs progénitures, grimaça Ash.

Ciela se sentit frissonner d'horreur, n'osant même pas penser à ce qui aurait pu arriver. Elle savait que Sheena n'avait pas eu une vie heureuse avec sa mère mais ... Au point qu'elle en haïsse le jour de son anniversaire ? Oh non ...

- C'est pour ça que vous vouliez lui faire une super fête ? Pour qu'elle oublie tout ça ?

- Oui. Les autres années, on a pas pu le faire à cause du sous sol, ou ... Hum. D'autres problèmes. Alors cette année, malgré l'absence de Kiwi et Violet, on le fera à cent pour cent. Du moins c'est ce qu'on pensait ... Mais là, ça me paraît bien mal barré ... Bon sang de bonsoir mais qu'est-ce que cette fichue carotte a bien pu faire encore ?! gronda-t-il, frustré, en donnant un coup de talon au pied de la chaise sur laquelle il était assis.

Ciela, elle-même assise sur son lit, se leva et lui prit le visage entre ses mains, un sourire éclatant illuminant son visage.

- Ça va aller. On va décongeler Crìs, et retrouver Sheena, puis on fera la fiesta la plus cool que l'académie n'ait jamais connue !

- ... Oui, tu as raison, admit l'écossais avec un sourire un peu ému.

Ciela se pencha en avant, prête à l'embrasser une nouvelle fois ... Quand Marika poussa un grand cri de victoire, agitant un grand erlenmeyer au contenu nacré au dessus de sa tête.

- BINGO ! J'ai réussi ! Hep les tourtereaux ! Venez m'aider !

Ash bondit de sa chaise, Ciela à sa suite, et obéirent aux instructions de Marika. Ils se mirent de chaque côté du jeune homme, et laissèrent Marika verser l'étrange liquide sur la tête de Crìs. La potion s'écoula sur tout le corps de l'espagnol, le faisant fumer d'une manière très étrange ... Puis Crìs bascula en avant dans un grand hoquet, tremblant de toutes ses forces. Ash et Ciela le réceptionnèrent à temps, et l'enroulèrent dans des couvertures que Marika leur avait demandé d'apporter. Pendant qu'Ash se dépêchait de passer un coup de fil à Romy, Ciela frictionnait le pauvre espagnol complètement groggy, qui claquait des dents aussi fort que des castagnettes, les lèvres bleuies par le froid.

- Légère hypothermie, pas de soucis à avoir, grommela Marika à leur attention en fouillant dans ses affaires d'alchimiste.

- Les autres arrivent. Hé, Crìs. Tu m'entends ? Ça va vieux ? demanda doucement Ash en se mettant lui aussi à le frictionner.

Le jeune homme hocha la tête et déglutit avec difficulté.

- Il ... passé quoi ?

- Sheena t'a ... congelé. En fait. Tu ... sais pourquoi ?

Il blêmit soudainement, et ce n'était très certainement pas à cause du froid, Ciela le comprit.

- Aie ... fait une bêtise.

Ash renifla, presque moqueur.

- On s'en doute gros bêta. Mais une grosse, ou une petite bêtise ?

- ... Sais pas.

Ash grimaça de nouveau.

- Crìs !

Les autres étaient revenus. Romy se précipita sur son frère et le prit dans ses bras en ayant l'air de sérieusement s'énerver contre lui en espagnol, Amélia le forçant à reculer pour le laisser respirer. Nancy expliqua à Ciela en deux mots qu'ils n'avaient pas retrouvé la trace de Sheena, et que personne ne semblait l'avoir vu après qu'elle soit sortie du dortoir des filles.

- Mais c'est pas vrai ... marmonna Ash en se passant la main dans les cheveux, complètement sidéré.

Décidément, même sans l'aide des Guerriers Légendaires et des Saint Souls, ils trouvaient le moyen de se mettre dans les embrouilles jusqu'au cou. Ils devaient avoir un don pour ça.

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Brefeuh. OUI JE SAIS CE TRUC SE FAIT ATTENDRE DEPUIS PRESQUE PLUS D'UN AN PARDONSCUZEZMOIJ'AIPASD'EXCUSES

Mais il est enfin là. Avant dernière partie !

Et au cas où si vous vous demandez, oui, j'ai encore des hors séries en réserve. Rien que pour vous les petits loups !

Courage Sheena, la vie n'est pas si pourrie !

A la prochaine mes loulous de Poméranie !