Chapitre 4 La bibliothèque interdite
L'air frais de la cour me donna le coup de fouet qu'il me fallait. Et j'étais soudainement plus lucide. Roland, lui, traversa la cour sans perdre de temps, un peu trop à mon gout. Il avait pris la direction de la bibliothèque qu'Akachi avait emprunté plutôt et marchait très rapidement. Je le rattrapai en courant, et entraperçus qu'il était toujours aussi gêné. Ne s'était il pas remis de notre accident ?
- Banks ! Ralentissez !
Il ne répondit pas. Pire, il accéléra.
- Banks ! m'écriai je.
Il enfonça son chapeau un peu plus sur la tête comme s'il avait peur de le perdre.
- Roland ! M'égosillai je.
Il s'arrêta à son prénom et serra les poings. Je le rattrapai.
- Mais enfin, qu'est ce qu'il vous prend ! Je me suis excusé par rapport à tout à l'heure. Je ne pensai pas que j'avais atterri sur vous. Vous prenez la mouche juste pour cela !
Son visage se referma à ma remontrance.
- Roland regardez moi,
Ses yeux bleus gris dévièrent sur moi, et il attendit.
- Bon sang, ce n'est pas grave ! Nous avons réussi à nous en sortir, à deux. Nous formons une équipe, et... Enfin je suis maudit ! lâchai je.
- Hein ?
-Oui! Depuis le début vous savez qu'il m'arrive des bricoles. Des broutilles, et cet accident en fait parti. N'en faites pas tout un fromage et ne m'écartez pas de cette investigation juste à cause de cet indicent.
Il baissa les yeux comme un enfant qui était pris en flagrant délit d'une quelconque bêtise.
- Ce n'est pas cela, murmura t-il en guise de réponse.
Et recommença à avancer, mais plus lentement.
- Si ce n'est pas cela, alors qu'est ce qu'il y a ?
Son visage perdit la rougeur de ses joues, et sa mâchoire se contracta.
- Vous n'avez rien vu ? Rien senti ?
Je frottai ma bouche avec ma main en guise d'aide à la réflexion. Un toc pris pendant mes années fac. Je chuchotai alors :
- Et bien, le gaz vert a disparu dès qu'on a réussi à ouvrir cette satanée porte. Et je n'ai rien senti de particulier.
Il s'arrêta juste avant les arcanes du bâtiment de la bibliothèque.
- C'est exactement cela. Si cela avait été du gaz toxique, ne croyez vous pas qu'on aurait dû au moins senti une odeur ? Et ce n'est pas parce que nous avons réussi à ouvrir une porte, qu'un gaz toxique disparait par magie ! Il y a quelque chose d'étrange dans cette Université, en plus du Dr Armitage... Et cela ne me plait pas ! Venez allons cueillir Akachi et partons d'ici.
Je souris, il était redevenu normal.
- Je vous signale qu'il faut qu'on retrouve le Dr Rice.
J'entendis un gros mot puis un marmonnement de sa part.
- Vous avez peur ? demandai je.
Il se retourna vers moi, et fit une moue qui voulait tout dire.
- Non... Mais ce n'est pas dans mon manuel de fédéral.
Je ne comprenais pas l'allusion de son manuel.
- Comme cette fois ci, marmonna t-il pour lui même.
Il avança et s'engouffra sous les arcades. Je le suivais en silence, je ne voulais pas en savoir plus, sur cette "fois" là.
Un énorme escalier se présenta devant nous. Il y avait un panneau qui indiquait la direction de la bibliothèque. Il fallait grimper. Chacun de nos pas résonnèrent dans cette immense escalier. Ici aussi, tout était calme, pas un étudiant.
Une double porte nous barra le passage à la fin de l'escalade. Roland posa une main sur l'une d'elle et poussa. Cette dernière ne lui résista pas, et dans un grincement inquiétant, elle s'ouvrit sur une vaste salle remplie d'étagères croulant sous les livres. A son centre des dizaines de table éclairées par des petites lampes à l'abat-jour vert.
- Akachi ! cria Roland.
L'écho de sa voix résonnait plusieurs fois avant de s'éteindre. Akachi ne répondit pas. Nous avançâmes un peu plus à l'intérieur.
-Mlle Onyele ! criai je à mon tour.
Mon écho rebondit quelques instants pour disparaitre.
- Elle est peut être partie à notre rencontre, dis je à Roland.
- Si c'était le cas, nous l'aurions forcément croisé !
- C'est exact, répondis je en me frappant intérieurement ma main contre ma tête.
J'avais peut être retrouvé la lucidité dehors, mais ma perspicacité, elle semblait s'aménuiser au fil de temps passé à l'Université. Roland avait raison, il y avait quelque chose de bizarre ici. Plus vite on retrouverait le Pr Rice, plus vite on pourrait partir de cet endroit.
Roland s'avança dans les allées des bureaux d'étude, il avait allumé sa lampe torche pour y voir un peu mieux. Je le rattrapai pour ne pas rester seul. Le faisceau lumineux éclairait des dizaines et des dizaines ouvrages rangés en rang d'oignon. Quelques uns avaient été laissés à l'abandon par des étudiants peu enclin à les ranger correctement.
Soudain une idée me vint à l'esprit.
- La bibliothèque interdite ! dis je subitement
- La quoi ?
- Mon Dieu, je croyais que c'était une légende, mais finalement peut être pas. Une rumeur courrait comme quoi, il y avait une partie de la bibliothèque qui n'était pas accessible aux étudiants lambdas. On disait qu'elle renfermait des ouvrages qui faisaient perdre la tête. Qu'il fallait les manier avec précautions. Mais elle existe peut être finalement ? Et Akachi le sait. Venez allons explorer.
Sans rechigner, Roland me suivit avec sa lampe, et nous nous engageâmes dans les rangées sombres de la bibliothèque. Après quelques minutes de recherche, une porte à l'aspect dérangement fit son apparition dans le faisceau de la lampe. Je m'approchai rapidement d'elle et essayai de l'ouvrir.
- Non... Elle est bloquée ! informai je Roland.
Soudain une voix tremblante s'éleva de l'autre coté.
- Rex ? C'est vous ?
- Mlle Onyele ?
- Par tous les anciens, c'est vous ! Aidez moi ! Vite, je suis au prise au piège, et je ne suis pas seule...
Je pouvais l'entendre son souffle court et affolé.
- Roland ! Il faut l'aider.
Roland se ramena jusqu'à la porte et essaya de l'ouvrir juste avec la force de ses mains.
- Bon sang, mais c'est la loi des séries !
Il me regarda furieux.
- J'y suis pour rien, gémis je avec un air désolé.
- Faites vite, la créature qui est avec moi... Elle se rapproche, geint Akachi.
- Roland ! criai je
- Oui ! Oui ! rouspéta t-il, Akachi ! Écartez vous, je vais enfoncer la porte.
Il prit son élan et courut aussi vite qu'il le pouvait pour donner encore plus de synergie dans son action. Dans un grand fracas, Roland traversa la porte et s'engouffra dans la pièce. Je le suivis et découvrit face à nous une monstruosité. Une femme qui avait une partie de son corps complètement déformée par des boursouflures gigantesques. Elle s'exprimait par des cries atroces. J'attrapai Akachi par le bras.
- Venez ! Ne trainons pas ici !
- Je vous suis, dit elle
Roland qui se tenait le plus près de cette créature, ouvrit son imperméable et sortit son colt.
- Partez ! Cria t-il.
Nous ne fîmes pas prier. Je pris Akachi par la main et l'entraina à l'extérieur de cette bibliothèque maudite. Un coup de feu se fit entendre derrière nous, puis un deuxième. Alors que nous fuyons, une horde de rat venue de nulle part surgit sur nous.
- Ce n'est pas possible ! hurlai je
Akachi marmonna quelques paroles incompréhensibles à mes yeux, et les rats brulèrent d'un coup. Hébété par ce qu'elle venait de faire, je me statufiai.
- Vite ! dit elle à mon attention.
Je revins à mes esprits et sauta par dessus des cadavres de rats brulants encore. Un hurlement et un troisième coup de feu retentirent. Je me retournai vers la bibliothèque interdite, quand Akachi m'interpella une seconde fois :
- Nous devons sortir d'ici Rex ! Roland nous rejoindra, ne vous inquiétez pas pour lui.
J'hésitai, sortis un juron puis je me détournai de l'endroit où se trouvait le monstre et Roland.
Nous nous précipitâmes vers les escaliers et finalement atterrir dans la cour de l'Université. Nous reprîmes notre souffle et je regardai en direction de la bibliothèque. Roland n'avait pas suivi.
- Où est-il ? Dis je le souffle encore coupé par l'effort de la course.
Akachi regarda elle aussi en direction de la bibliothèque. Puis elle sourit.
- Le voilà...
Roland descendit les escaliers avec une aisance que nous n'avions pas, puis nous rejoint, la mine renfrognée.
- Qu'est ce que c'était que cette ... Chose ! S'écria t-il sur Akachi.
La jeune femme se redressa pour se donner un peu plus de prestance.
- Cette chose est une abomination des ombres occultes ! Elle n'est pas de mon fait ! Si c'est ce que vous insinuez !
Roland la regarda avec férocité, cherchant peut être un mensonge, puis il se calma.
- Comment êtes vous retrouvée dans cette maudite bibliothèque, avec cette ... monstruosité ?
-Vous êtes choqué autant que moi. Mais je voulais mettre la main sur un ouvrage rare qui aurait pu nous aider dans notre quête. Hélàs quand je suis rentrée, la porte s'est refermée derrière moi et je ne n'ai pas réussi à la débloquer. Alors, j'ai investi la bibliothèque, à la recherche de mon livre, sauf que, cachée dans les ombres, elle était là, à attendre.
- Quel livre vouliez vous trouver ? Demandai je
- Un livre qui aurait pu servir, répondit elle évasivement. Mais les forces occultes sont bien présentes. Il se trame quelque chose ! Finit elle
Je regardai Roland qui hocha la tête comme pour me donner l'autorisation sur ce que l'on venait de vivre de notre coté. J'expliquai rapidement ce qu'il s'était passé dans le bureau des Humanités, ce que l'on y avait découvert, cette porte bloquée, mais omis volontairement l'incident. Je sortis l'article de journal, et la photo du Necronomicon.
- C'est le Necronomicon ! s'exclama t-elle
- Vous connaissez cet ouvrage ? Ce n'est quand même pas celui ci que vous recherchiez ?
Elle resta muet, encore. Elle jeta un coup d'œil vers Roland, puis finalement, elle lâcha :
- Juste entendu des rumeurs étranges autour de ce livre. Mais pas plus que cela. Ne me dites pas que le Pr Armitage est mêlé à ce livre...
- Nous n'en savons pas plus que vous. Roland et moi pensions que nous devrions retourner le voir. Il nous cache des éléments importants dans cette enquête.
- Pas avant d'avoir retrouver le Pr Rice ! Répliqua Akachi
- Nous n'avons aucune piste, déclara Roland
- Vous non, moi si, répondit elle avec un air espiègle.
- Dites nous tout ! m'exclamai je
Elle sourit devant mon enthousiasme peu contrôlé. Elle raconta à son tour son investigation. Quand elle était arrivée à la bibliothèque, il y avait encore quelques étudiants présents. Elle les interrogea sur Rice, et l'un d'entre eux avait émis l'idée du bureau des enseignants. Mais pour cela il fallait trouver le concierge.
- Il s'appelle Jazz Mulligan et il pourrait nous ouvrir les portes de toute l'Université.
- Dans ce cas, il faut qu'on le trouve et qu'on en finisse avec cette histoire de disparition, déclara Roland.
Akachi et moi hochèrent tous les deux la tête, mais nous avions déjà fouillé deux lieux sans succès. Akachi sourit de nouveau.
- Où peut on trouver un concierge d'Université à cette heure tardive ? Demanda t-elle
Une idée me traversa l'esprit.
- Le dortoir des étudiants ! m'exclamai je
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