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Chapitre 15 - #3

Transis, nous sortons non sans difficultés de notre terrier. Il a neigé tout le début d'après-midi et toutes nos traces ont été recouvertes. Si les mecs de l'IPOC avaient essayé de nous retrouver, ce n'est pas dit qu'ils auraient réussi.

— Comment va ta blessure ?

Je porte une main à l'abdomen et palpe la plaie par-dessus mes vêtements ; ça fait mal, mais ça va. J'ai connu pire.

— Te fais pas de soucis de ce côté-là. T'aurais pu être chirurgien dans une autre vie et j'en ai vu d'autres.

Vu son air sceptique, j'ai dans l'idée qu'il ne croit pas un mot de ce que je viens de dire.

— Je t'assure que ça va aller, le rassuré-je. De toute façon on n'a pas le choix, tu l'as dit toi-même que tu ne tenais pas à moisir ici cette nuit.

— Alors en route.

Avant qu'il ait fait un pas, je pose une main sur son avant-bras pour l'interpeller :

— Je ne te l'ai pas encore dit, mais... merci. Je n'ai pas été très sympa après... enfin, tu vois. Voilà je suis désolée et merci pour ce que tu as fait. Je t'en dois une.

— T'inquiète, tu viens de perdre ta famille, je peux comprendre ton attitude de merde.

Et pan ! Je ne l'ai pas volée celle-là...

— Mais tu ne me dois rien, continue-t-il d'un ton égal. Tu aurais fait la même chose si les rôles avaient été inversés.

Je lui lâche le bras et il se met en route. L'air glacial me fait frémir. Je parie un poulet rôti que le thermomètre est descendu en dessous de 0°C aujourd'hui. La boule au ventre et la mort dans l'âme, j'emboîte le pas à Khenzo ; mes pieds s'enfoncent dans la poudreuse, comme une automate.

Des clolias rouges s'ouvrent peu à peu à mesure que nous progressons, comme si nous laissions des gouttes de sang derrière nous. Cette variété de fleurs a la particularité de s'épanouir en hiver ; une pure invention de l'Homme. Maman était une adepte du bio et pourtant elle les adorait. Elle en avait planté de couleur blanche, rose et violette autour de l'allée qui menait à l'arrière du jardin, grimpant sur les arches en bois qui la protégeaient. L'été, les fleurs laissaient place à une sorte de lierre épais et très envahissant.

Papa en avait marre de devoir sans cesse se baisser pour parcourir l'allée et plus d'une fois il avait failli tout couper. Le regard implorant de maman l'en avait à chaque fois dissuadé. Elle aimait ces fleurs. Et papa aimait maman. Ils n'ont pas mérité leur sort. Aucun de ceux que je connaissais et qui sont morts sur cette place ne méritait ce qu'il leur est arrivé. Non, aucun.

Me revoilà partie dans mes sombres pensées... Je dois me reprendre. Toutes ces choses ne doivent plus m'atteindre. Me blinder. Je n'ai pas le choix. Sinon ils auront gagné. Pour les miens, je dois me battre jusqu'au bout. Jusqu'à la toute fin. Et je leur jure sur ma vie que je les vengerai.

Rapidement, nous sortons du bois pour récupérer une route qui suit plus ou moins le fleuve. Une vieille borne datant du siècle dernier affiche encore son ancien numéro : la D2152. Soit.

Par moment, le bruit des eaux tumultueuses se fait plus fort et notre regard est attiré par ce serpent insaisissable qui s'écoule entre les deux rives immaculées. Khenzo scrute l'horizon et pointe du doigt un pont en mauvais état situé à plusieurs centaines de mètres. Toujours sans un mot nous gagnons l'autre rive pour rejoindre une autre départementale.

Impraticable en voiture, notre progression n'en est pas plus facile à pied ; la neige recouvre le sol d'une bonne dizaine de centimètres, nous empêchant d'avancer rapidement à travers un lieu-dit répondant au doux nom de Saint-Hilaire-Saint-Mesmin. Comment pouvaient s'appeler les habitants de cet endroit ? Les Saint-Hilairois-Saint-Mesminins ? Bref, en fait on s'en cogne complètement, qui ça peut intéresser de savoir ça ?

À la sortie du lieu-dit, un rayon de soleil perce enfin les nuages pour venir caresser ma peau. L'air devient plus sec, et avec délice, je ferme les yeux quelques instants pour profiter de cette éclaircie bienvenue. Un peu de vitamine D ne pourra pas faire de mal vu les circonstances...

À mes côtés, Khenzo reste de marbre, avançant toujours au même rythme : lent, mais régulier. Comme un métronome qui bat le tempo. Il n'a pas dit un mot depuis que nous avons repris notre chemin. Je lui jette un regard en biais pour observer son profil. Ses traits paraissent crispés... non, soucieux.

Puis d'un seul coup, je suis frappée d'un éclair de génie... enfin génie, non... plutôt un éclair de lucidité, à l'image de la petite lumière qui s'est soudainement allumée dans mon cerveau embrumé : cet homme est triste. Cette vérité m'apparaît à présent éclatante. Son sourire bienveillant n'est en réalité qu'une façade derrière laquelle se cache une profonde tristesse. Moi qui me targuais de savoir lire chez les gens comme dans un livre ouvert... Peut-être qu'avec le temps je ne fais plus aussi attention à ces choses-là qu'avant. Comme si les évidences devenaient de plus en plus floues à discerner. Comme si je voulais me satisfaire de l'apparence.

Pourquoi cette tristesse ? Pourquoi Khenzo n'a-t-il en réalité rien à voir avec ce jeune homme plein de vie et de fougue pour lequel il se fait passer ? Non. Encore une fois, Xalyah, ce n'est pas une bonne idée. Ne pas s'attacher aux gens, ne pas essayer de se mettre à leur place, ne pas éprouver d'empathie. Surtout ne pas gratter sous les masques. Pas maintenant. Pas après les avoir perdus. Je dois me libérer de tout ça si je veux survivre et les venger. L'empathie ne sera qu'une entrave à mes projets de vengeance.

En proie à une intense réflexion qui ne me mène nulle part, je n'ai pas vu le temps passer. Et elle est là, devant moi, me rappelant enfin à la réalité. Cette réalité qui fait que jamais plus rien ne sera comme avant. Définitivement.

La Grand-Place, grandiose en son temps – mais qui sera dorénavant synonyme d'horreur, se tient là, à mes pieds, parée de son manteau blanc glacial. De la scène du massacre, il ne reste plus aucune trace. Les corps ont visiblement été ramassés et rassemblés au centre sous une soixantaine de petits monticules déjà recouverts de neige. Repenser à toutes ces vies qui se sont arrêtées ici me rend triste. Mais pas que. Je sens la colère gonfler sous ma poitrine.

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Prénom : Samuel.

Nom : Lisandin.

Sexe : masculin.

Âge : cinq ans.

Type : caucasien.

Représente une menace imminente pour le New Generation Political Party et l'International and Political Oil Corporation.

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Mon cul oui ! Qu'est-ce qu'un gosse de cinq ans pouvait bien représenter comme danger ? Qu'est-ce que ce putain de gouvernement provisoire à la con pouvait reprocher à mon petit frère ?! Pourquoi lui avoir troué la poitrine avant de le balancer au bout d'une corde ? La vie est à chier, putain. Si elle doit ressembler à ça, je n'ai pas envie de la vivre.

Prise d'une bouffée d'angoisse et de tristesse, je m'appuie contre un arbre pour reprendre mes esprits. Quand tu es dos au mur, tu dois penser stratégie ; évalue les risques, mesure les enjeux et établis tes objectifs. Ensuite, accomplis-les, les uns après les autres, calmement, froidement. Ce sera toujours la clé de la réussite, ne l'oublie pas. Merde, papa, j'aimerais tellement que tu sois à côté de moi pour me rabâcher tes cours sur la force mentale ; j'en aurais bien besoin.

Je me redresse et fais un pas en direction du Grand Arbre. Khenzo, qui comprend mon besoin soudain de solitude, s'éloigne un peu pour faire un tour. Je vois encore leurs corps se balancer dans le froid, comme de vulgaires babioles qu'on aurait accrochées dans les arbres pour faire du bruit. Eux n'en faisaient pas, silencieux comme les morts, pâles comme les cadavres. C'était eux, et en même temps ça ne l'était plus. Leurs enveloppes charnelles trahissaient leurs dernières émotions, mais leurs âmes s'étaient envolées. Ils ne ressemblaient plus qu'à des coquilles vides.

Je m'agenouille devant les quatre tombes où reposent leurs dépouilles, touchant chacune d'entre elles du bout des doigts après les avoir portés à ma bouche, comme un dernier baiser d'adieu. C'est fini. Dorénavant, ils ne vivront plus que dans mes souvenirs, dans mon esprit, dans mon cœur.

Cela faisait des mois que je ne les avais pas vus. Des mois que j'espérais les retrouver un jour. Si je m'étais habituée à leur absence au quotidien, j'avais toujours cet espoir qui motivait chacun de mes actes. Aujourd'hui, que me reste-t-il ?

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